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    2. Une apologie des oisifs
    3. Chapitre 7
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    timide et tatillonne s’ils sont issus des classes moyennes – contribue, de nos jours, à accentuer la différence d’âge et à conférer plus de distinction aux cheveux blancs. Mais leur supériorité repose sur des bases plus solides que des signes extérieurs ou des gestes. Ils marchent devant nous sur le chemin de la vie ; ils ont plus ou moins résolu ce problème épineux ; ils ont traversé à force de luttes l’équinoxe de l’existence ; ils ont maintenu leur cap dans le bonheur comme dans le malheur ; et maintenant, sans honte flagrante, ils touchent au port et au but de leurs efforts. Il se peut que la fortune nous ait percés d’un de ses traits ; c’est à peine si nous pouvons rester polis, tant notre esprit est bouleversé. Pourtant, longtemps avant qu’on ait même pensé à nous concevoir, une calamité similaire s’est abattue sur le vieil homme ou la vieille dame qui aujourd’hui nous taquine gentiment sur notre étourderie, assis en toute sérénité au soir béni de la vie humaine, là où le soleil brille après la pluie. Nous avons honte alors de nos ennuis, tout récents, cuisants et âpres, comme un mauvais cognac avalé dans une taverne de rouliers ; nous voyons la vie dans une perspective aérienne, sous les cieux de la foi ; et dans la pire situation, la simple présence de nos aînés sereins suffit à nous faire considérer l’avenir avec espoir. La peur recule devant eux “comme une créature réprouvée”, non la peur passagère et inoffensive de la mort, mais la terreur pressante et tenace des responsabilités et des vengeances de la vie. Leurs discours sont certes prudents ; ils conviennent qu’il y a des lions sur le chemin ; ils recommandent d’avancer avec précaution ; mais leurs visages marqués et sereins en disent plus et rendent un autre son de cloche. Là où ils sont passés, nous passerons aussi, sans crainte excessive ; ce qu’ils ont enduré sans faiblir, nous aussi, avec l’aide de Dieu, nous saurons le supporter.

    Non seulement la présence des gens âgés est en soi un remède, mais leur esprit est rempli d’antidotes, de plantes médicinales de la sagesse, de considérations pleines de bon sens négligées par la jeunesse. Même les plus stupides ont des choses à nous apprendre. Leur conversation n’est pas seulement de la littérature, c’est de la grande littérature ; classique grâce au détachement de notre interlocuteur, et parsemée, comme un récit de voyage, de détails que nous n’aurions pas appris autrement. Grâce, je l’ai dit, au détachement de notre interlocuteur – et c’est pourquoi, de deux hommes âgés, c’est celui qui n’est pas votre père qui vous donne les conseils les plus sensés ; car dans la relation paternelle, la personne la plus âgée se sent vivement concernée, et reste jeune. Ainsi, j’ai connu deux jeunes gens qui étaient grands amis ; chacun ne jurait que par le père de l’autre ; le père de chacun ne jurait que par le rejeton de l’autre ; et pourtant père et fils dans chaque famille se chamaillaient sans cesse. L’histoire est typique : on croirait la trame de quelque comédie bon enfant.

    Les gens âgés apparaissent, dans la conversation, sous deux jours principaux : le critique silencieux et le bruyant conteur d’anecdotes. Ce dernier est peut-être celui que nous recherchons le plus volontiers ; il est peut-être le plus instructif. Un vieux monsieur chargé d’ans, assis avec grâce et naturel devant la fenêtre de son grand âge, considère son expérience en remontant dans le passé ; et, tout sourire et babil, il nous communique les accidents et tire les leçons de sa longue carrière. Les opinions se renforcent au fil du temps, mais elles deviennent aussi plus clairsemées. Ce dont le regard du vétéran, retiré du monde dans son ermitage, ne se détache jamais, ce qui contribue encore à son bonheur, ce qui continue à faire battre son vieux cœur honnête -voilà les “choses vraiment durables” que Whitman nous recommande de préférer. La sagesse réside là où la jeunesse est en accord avec l’âge mûr, non là où ils s’opposent ; et il n’y a d’enseignement possible que lorsque le jeune disciple sent son cœur battre à l’unisson de celui de son professeur à barbe blanche. J’ai connu un vieux monsieur, dont je peux donner le nom, puisqu’il a été rappelé auprès de ses pères – Robert Hunter, Juge de Dumbarton, et auteur d’un excellent ouvrage de droit, encore réédité et imprimé. Je serais bien en peine de dire s’il était, au départ, grand ou petit. Lorsque je l’ai connu, il était branlant et chancelant ; difforme et chétif ; sanglé dans un gilet rigide qui le maintenait ; affligé de maladies qui le forçaient constamment à quitter la pièce en boitillant ; un pied atteint de la goutte ; portant une perruque, par bienséance plutôt que par coquetterie ; rasé de près, sauf sous le menton, ce dont il ne cessait de s’excuser car cela allait à rencontre de toutes les traditions de sa vie. Vous pouvez imaginer le traitement qui lui serait réservé dans un roman de Miss Mather ; et pourtant, ce vétéran éclopé jouit pleinement jusqu’à son dernier jour de tout ce qu’il y a de meilleur en l’homme, débordant de bonté, et aussi stoïque, devant ses diverses infirmités, qu’un soldat romain. On n’aurait pu dire qu’il avait perdu la mémoire, car il pouvait citer des pages entières de Shakespeare, Webster, Jeremy Taylor et Burke ; mais le parchemin était rempli, il n’y avait plus de place pour de nouvelles inscriptions, et il pouvait répéter la même anecdote lors de plusieurs visites successives. Sa voix avait conservé toute sa puissance, et c’est avec fierté qu’il en faisait usage. Lors de son dernier voyage comme Responsable des Phares, il héla un bateau au large sans l’aide d’un porte-voix, tout en se rengorgeant de son propre exploit avec la vanité qui convient. Il avait l’habitude d’allonger ses mots de hums interrogatifs, ce qui était déroutant et quelque peu lassant, car cette attitude s’accordait mal avec son apparence, et semblait un vestige de quelque époque ancienne où il était plus corpulent. Au temps jadis, lorsqu’il était grand marcheur et ne dédaignait pas un bon bordeaux, il devait avoir ponctué de ces salves ses allocutions à la Chambre. Il était d’humeur parfaitement égale, hors d’atteinte du destin ; la goutte, les rhumatismes, les calculs et la gravelle avaient beau combiner leurs forces contre ce frêle tabernacle, lorsque j’arrivais le dimanche soir, il posait la Vie du Christ de Jeremy Taylor et me saluait avec le même front serein, la même dignité amicale. Ses opinions et ses sympathies dataient l’homme à la décennie près. À ses débuts dans la vie, sous l’influence de sa mère, il avait admiré Junius, mais, lorsque sa connaissance eut mûri, son admiration alla plutôt à Burke. Il me recommanda, avec une profonde gravité, d’être toujours scrupuleux dans mon usage de l’anglais ; de ne jamais oublier que j’étais Écossais, que l’anglais était une langue étrangère ; et que si je m’essayais à la langue familière, je me couvrirais certainement de honte : la remarque était pertinente, je suppose, à l’époque de David Hume. Scott était trop récent pour lui ; il avait connu l’écrivain – et avait également eu connaissance de ses opinions Tory ; pour le véritable humaniste, un contemporain pose toujours problème. Depuis toujours, un amour profond du théâtre l’habitait ; il avait même, comme il le disait fièrement, joué un certain rôle dans l’histoire du renouveau shakespearien, ayant avec succès, soufflé à Murray, du vieux Théâtre d’Édimbourg, l’idée de mettre en scène les féeries de Shakespeare avec un grand luxe d’accessoires. D’opinions religieuses modérées, il fut grandement frappé, dans les dernières années de sa vie, par une conversation avec deux jeunes revivalistes. “H’m, disait-il, c’est nouveau pour moi. Je n’ai jamais rien – h’m – connu de tel”. Il éprouva, non de la peine, mais plutôt un solennel intérêt philosophique, en constatant que, lui, tout Chrétien qu’il espérait être, et Chrétien de si longue date, pouvait entendre ces jeunes gens discuter de son sujet de prédilection, des armes avec lesquelles il avait livré la bataille de la vie, “et – h’m – n’y rien comprendre”. De cette manière à la fois sage et élégante, il se montrait juste envers lui-même comme envers les autres, il n’était en rien ébranlé dans ses vieilles convictions et reconnaissait leurs limites sans colère et sans crainte. L’ultime remarque qu’on lui ait entendu faire, le dernier soir de sa vie, intervint après une discussion animée avec son pasteur à propos du calvinisme. Comme il avait été interrompu par une douleur insupportable, “tout compte fait, dit-il, de tous les – ismes, je n’en connais pas de pire que les rhumatismes”. Pour ma part, je l’avais vu pour la dernière fois quelque temps auparavant, et nous avions dîné ensemble dans une auberge ; il avait fait sa tournée, car il considérait ses devoirs comme l’élément majeur de son existence ; et c’est, pour autant que je me souvienne, la seule fois où je l’aie entendu souiller ses lèvres d’un mot d’argot – qu’il abhorrait. Comme moi, il se prénommait Robert ; et comme nous nous asseyions à table, il me dit avec un éclair malicieux dans le regard : “Nous formons, comme qui dirait, une belle paire de roberts.” Il m’offrit du porto, qui était selon lui le lait qui convient à la jeunesse ; parla de “billets de 20 shillings” ; et, pendant tout le repas, se montra affable et original comme on savait l’être dans

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