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    2. Ulysses
    3. Chapitre 79
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    lignage, la plus belle de sa race.

    Le petit Alf Bergan se pointa à la porte et s’embusqua dans l’arrière-salle de Barney, rigolant comme un perdu et qui c’est qui était assis là dans le coin que je n’avais pas vu ronfler ivre mort, aveugle au monde qui l’entoure, Bob Doran himself. Je n’avais aucune idée de ce qui se passait et Alf qui continuait à faire des signes en direction de dehors. Et voilà que putain c’était rien moins que ce sacré vieux guignol de Denis Breen avec ses charentaises et deux sacrés gros bouquins sous l’aisselle et sa femme sur les talons, cette pauvre infortunée qui le suivait comme un caniche. J’ai cru qu’Alf allait en crever.

    — Regarde-le, il me fait. Breen. Il traîne partout dans Dublin avec une carte postale que quelqu’un lui a envoyée avec H.S. écrit dessus, en route pour int…

    Et le voilà reparti à rire de plus belle.

    — Pour int… quoi ? je demande.

    — Pour intenter un procès en diffamation, il répond, pour dix mille livres de dommages et intérêts.

    — Nom de dieu ! je fais.

    Le sale cabot commença à gronder à vous donner une sacrée frousse en voyant qu’il se passait quelque chose mais le citoyen lui carra un coup de pied dans les côtes.

    — Bi i dho husht, ta gueule, il lui dit.

    — Qui ? dit Joe.

    — Breen, fait Alf. Il était chez John Henry Menton et de là il est allé faire un tour chez Collis et Ward37 et ensuite Tom Rochford l’a rencontré et l’a envoyé faire un tour chez le sous-shérif pour lui faire une blague. Bon dieu, j’en peux plus de rire. H.S. Hors service. Le long John lui a lancé un regard aimable comme une porte de prison et depuis ce putain de vieux fou est parti dans Green street à la recherche d’un type de la police.

    — Quand est-ce que le long John va se décider à pendre ce type à Montjoie38 ? fait Joe.

    — Bergan, fait Bob Doran qui se réveille. C’est pas Alf Bergan qui est là ?

    — Si, fait Alf. Le pendre ? Attendez un peu que je vous montre. Hé, Terry, mets nous un p’tit verre. Ce sacré vieux maboul ! Dix mille livres. T’aurais vu la tête de long John. H. S…

    Et il recommença à rire.

    — De qui vous vous moquez ? demande Bob Doran. C’est pas Bergan ?

    — Vite, Terry, mon garçon, fait Alf.

    Terence O’Ryan l’entendit et lui apporta aussitôt la coupe de cristal emplie de la mousse d’ébène écumeuse que les nobles frères jumeaux Bieriveagh et Bierardilaun39 ont toujours brassée dans leurs divins fûts, aussi rusés que les fils de l’immortelle Léda40. Car ils engrangent les baies succulentes du houblon, ils les rassemblent et les trient, les pressent et les brassent et ils y mélangent les aigres jus puis apportent le moût au feu sacré et ils n’interrompent leur labeur ni le jour ni la nuit, ces frères rusés, rois des fûts.

    Ainsi fis-tu, chevaleresque Terence, tu tendis, familiarisé de naissance avec ces mœurs41, ce breuvage nectaréen, et tu offris la coupe de cristal à celui qui avait soif, l’âme de la chevalerie, égale en beauté aux immortels.

    Mais lui, le jeune chef des O’Bergan, ne put souffrir d’être surpassé en hauts faits généreux tant et si bien qu’il tendit aussitôt en un geste gracieux un teston42 du bronze le plus précieux. Forgée en relief sur ce remarquable ouvrage on pouvait voir l’image d’une reine au port souverain, descendante de la maison de Brunswick43, Victoria était son nom, Sa Très Gracieuse Majesté, par la grâce de Dieu, du Royaume Uni de Grande Bretagne, d’Irlande et des Dominions de l’empire britannique au-delà des mers, reine, championne de la foi, Impératrice des Indes, celle-là même qui détenait la règle, victorieuse de tant de peuples, la bien-aimée, car ils la connaissaient et l’aimaient du lever du soleil jusqu’à son couchant44, le pâle, le sombre, le rouge et l’éthiopien45.

    — Qu’est-ce qu’il fout ce putain de franc-maçon, fait le citoyen, à rôder comme ça dehors de long en large ?

    — Qui ça ? demande Joe.

    — Voilà, fait Joe en faisant rouler son flouze. À propos de pendaison, je vais vous montrer un truc que vous avez jamais vu. Des lettres de bourreaux. Regardez-moi ça.

    Alors il a sorti de sa poche une liasse de bouts de lettres et d’enveloppes.

    — Tu te fous de nous ? je dis.

    — Parole que non, fait Joe. Lis-les.

    Alors Joe a pris les lettres.

    — De qui vous vous moquez ? demande Bob Doran.

    Alors j’ai vu qu’il allait y avoir du vilain. Bob il est un peu spécial quand la porter lui monte à la tête, alors je fais, juste pour dire un truc :

    — Il va comment Willy Murray ces temps-ci, Alf ?

    — Je sais pas, il me répond. Je l’ai vu à l’instant sur Capel street avec Paddy Dignam. Mais j’étais en train de courir après cet enfoiré…

    — T’as quoi ? fait Joe qui en laisse tomber les lettres. Avec qui ?

    — Avec Dignam, fait Alf.

    — Tu parles de Paddy ? demande Joe.

    — Oui, fait Alf. Pourquoi ?

    — Tu sais pas qu’il est mort ? fait Joe.

    — Mort, Paddy Dignam ? fait Alf.

    — Ouais, fait Joe.

    — J’en donne ma main à couper que je l’ai vu y a pas plus de cinq minutes, fait Alf, clair comme de l’eau de roche.

    — Qui est mort ? demande Bob Doran.

    — Alors t’as vu son fantôme, fait Joe, que Dieu nous protège.

    — Quoi ? fait Alf. Bon dieu. Y a pas cinq… Quoi ?… et Willy Murray qui était avec lui, les deux là près de chez chezpluscomment… Quoi ? Dignam mort ?

    — Qu’est-ce qu’il y a Dignam ? fait Bob Doran. Qui parle de… ?

    — Mort ! fait Alf. Il est pas plus mort que vous et moi.

    — Possible, fait Joe. Ça n’empêche qu’ils ont eu le toupet de l’enterrer ce matin même.

    — Paddy ? fait Alf.

    — Ouais, fait Joe. Il a payé son tribut à la nature, Dieu ait pitié de lui.

    — Nom de dieu ! fait Alf.

    Putain il en était ce qui s’appelle tout estomaqué.

    Dans le noir on sentit voltiger les mains de l’esprit et lorsque la prière tantrique46 fut dirigée vers l’endroit adéquat, un éclat faible mais croissant de lumière vermeille se fit de plus en plus distinct, l’apparition du double éthérique s’animant grâce à l’émanation de rayons jiviques47 depuis le sommet de la tête et du visage. La communication fut établie à travers le corps pituitaire48 mais également au moyen de rayons d’écarlate et d’orange ardent émanant de la région sacrée et du plexus solaire. Interrogé par son nom terrestre sur son séjour dans le monde céleste il répondit qu’il était maintenant sur le chemin de pralaya49 ou chemin du retour mais qu’il était encore soumis à jugement entre les mains de certaines entités assoiffées de sang qui règnent au niveau astral inférieur. En réponse à la question portant sur ses premières impressions sur le grand passage dans l’au-delà il dit qu’au début il lui semblait voir comme en un miroir et confusément mais que ceux qui ont trépassé voyaient s’ouvrir à eux des possibilités supérieures de développement atmique50. À la question de savoir si la vie là-haut ressemblait à notre expérience corporelle il répondit qu’il avait su par des êtres maintenant mieux établis que lui dans l’esprit que leurs demeures étaient équipées de tout le confort moderne, avec talafane, asasar, achadafad, watarklasat51, et que les adeptes les plus avancés étaient plongés jusqu’au cou dans les vagues de la voluptuosité la plus pure. Ayant réclamé deux pintes de petit lait qui lui fut apporté il se sentit apparemment soulagé. On lui demanda s’il avait un message particulier à adresser aux vivants et il exhorta tous ceux qui se trouvaient encore du mauvais côté de Maya52 à entrer dans la connaissance de la vraie voie car il était rapporté dans les cercles dévaniques que Mars et Jupiter menaçaient à l’angle oriental, zone de pouvoir du bélier53. On sonda ensuite le défunt pour savoir s’il n’avait pas des vœux particuliers à transmettre et il répondit : Nous vous saluons, amis de la terre, qui êtes toujours dans vos corps. Faites attention que C.K. n’en rajoute pas. Il fut clairement établi qu’il y avait une allusion à M. Cornélius Kelleher, directeur de l’entreprise de pompes funèbres populaires de MM. H.J. O’Neill, un ami personnel du défunt, qui avait été responsable de la conduite des opérations d’enterrement. Avant de partir, il demanda qu’on dît à son cher fils Patsy que son autre botte, celle qu’il cherchait, était à présent sous la chaisepercée dans la pièce située à mi-étage et qu’il fallait envoyer la paire chez Cullen à ressemeler seulement étant donné que les talons étaient encore bons. Il déclara que tout cela avait grandement perturbé sa tranquillité d’esprit dans l’autre monde et il insista fortement pour que son vœu fût transmis. On l’assura qu’on s’emploierait à la chose et il nous fut précisé que cette assurance lui donnait toute satisfaction.

    Il a quitté le repaire des mortels : O’Dignam, soleil de notre matin. Léger était son pied sur la fougère : Patrick au front resplendissant. Tu peux gémir, Banba54, et faire souffler tes vents : et tu peux gémir, Ô Océan, et agiter la tempête.

    — Le revoilà, fait le citoyen qui regardait dehors.

    — Qui ? je demande.

    — Bloom, il répond. Il est là à faire le planton de long en large depuis au moins dix minutes.

    En effet putain, j’ai vu sa tronche jeter un œil à l’intérieur et puis se défiler encore une fois.

    Le petit Alf en restait comme deux ronds de flan. Ma parole.

    — Bon

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