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    2. Ulysses
    3. Chapitre 49
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    jouer. Ouais.

    Il but avec résignation, le nez dans sa timbale, en faisant courir ses doigts sur les cannelures.

    — Ouais, dit-il en soupirant.

    Debout, mâchant bruyamment, M. Bloom considéra ce soupir. Naze naseau. Est-ce que je lui dis ce cheval Lenehan ? Il le sait déjà. Vaut mieux qu’il oublie. Il irait et perdrait encore. Le sot et son oseille131. Le voilà qui goutte encore du nez. Doit l’avoir froid quand il embrasse une femme. Peut-être qu’elles aiment ça. Les barbes qui piquent elles aiment. Museau froid des chiens. La vieille Mme Riordan avec son Skye terrier gargouillant du ventre au City Arms Hotel. Molly qui le flattait sur ses genoux. Ô le gros toutou-baouahououhaou.

    Le vin mouillait et adoucissait la pâtée pain-moutarde au bout d’un moment fromage écœurant. Bon vin. Le goûte mieux parce que je n’ai pas soif. À cause du bain naturellement. Encore une bouchée ou deux. Et vers six heures je pourrai132. Six, six. Du temps aura coulé sous les ponts. Elle…

    La douce ardeur du vin réchauffait ses veines. J’en avais rudement besoin. Je me sentais défaillir. Ses yeux inaffamés parcouraient les étagères de boîtes de conserve, sardines, pinces de homard criardes. Toutes ces bizarreries que les gens ramassent pour se nourrir. Des coquilles, les bigorneaux qu’on retire avec une épingle, sur les arbres, par terre les escargots que les Français mangent, de la mer avec un appât au bout d’un hameçon. Le poisson, l’imbécile, n’a rien appris en mille ans. Si on n’est pas au courant, risqué de se mettre quoi que ce soit dans la bouche. Baies empoisonnées. De l’églantier. Quand c’est rond on croit que c’est bon. Quand c’est d’un coloris criard on se dit gare. Un l’a dit à l’autre et ainsi de suite. Que le chien le goûte d’abord. Guidé par le nez ou par l’œil. Fruit de la tentation. Cornets de glace. Crème. L’instinct. Plantations d’orangers par exemple. Nécessitent une irrigation artificielle. Bleibtreustrasse. Oui mais que dire des huîtres133 ? On dirait un affreux glaviot. Coquilles immondes. Et puis une catastrophe à ouvrir. Qui a bien pu découvrir ça ? Se nourrissent d’ordures et d’eau de vidange. Huîtres de Redbank et roteuse134. Bon pour la sexual. Aphrodis. Il était à Red Bank ce matin. Était-il huître ou vieux poisson à table. Peut-être qu’il est chair tendre au lit. Non. Juin n’a ni r ni huîtres. Mais il y a des gens ils apprécient le gibier faisandé. Civet de lièvre. Commencer par attraper le lièvre. Les Chinois mangent des œufs qui ont cinquante ans, bleus puis verts à nouveau. Dîner de trente services. Chaque plat inoffensif peut se mélanger à l’intérieur. Bonne idée pour un mystérieux empoisonnement. Cet archiduc, était-ce Léopold ? Non. Si, ou bien était-ce Otto, l’un de ces Habsbourg135 ? Ou qui c’était qui avait pour habitude de manger ses propres pellicules ? Plus économique repas il n’y a pas. Des aristocrates, naturellement. Que les autres imitent ensuite pour être dans le vent. Même Milly le pétrole et la farine. La pâte crue, même moi je l’aime. La moitié de la récolte d’huîtres ils la rejettent dans la mer pour maintenir les prix élevés. Bon marché. Personne n’en achèterait. Du caviar. Jouer le grand jeu. Le vin du Rhin dans des verres verts. Un gueuleton chic. Lady truc. Gorge poudrée perles. L’élite. La crème de la crème. Il leur faut des plats spéciaux pour prouver qu’ils en sont. Un ermite avec une platée de légumes secs réfrène les aiguillons de la chair. On se connaît, mangeons ensemble. Esturgeon royal136. Une huile de la municipalité, Coffey, le boucher a droit aux venaisons des forêts de son excell. Devrait lui renvoyer la moitié d’une vache. Quel festin j’ai vu préparer dans les cuisines du Juge à la Chancellerie. Un chef bonneté de blanc comme un rabbi. Canard flambé. Chou frisé à la duchesse de Parme. Ce serait bien d’écrire tout ça sur le menu en sorte de savoir ce qu’on mange, trop de choses gâchent la sauce. J’en sais quelque chose. Ce qu’ils y mettent de bouillons Kub. Oies gavées à en crever rien que pour eux. Homards ébouillantés vivants. Retprenez tonc un tpeu tperdrix. Refuserais pas d’être garçon dans un grand hôtel. Les pourboires, les habits de soirée, les dames à moitié dénudées. Vous laisserez-vous tenter par encore un petit morceau de ce filet de sole citronnée, mademoiselle de Wimafoy ? Oui ma foi. Et je le vis elle en reprit. Un nom huguenot, je suppose. Une mademoiselle de Wimafoy habitait Killiney, je m’en souviens. De, vi, ma, foi, du français. Pourtant c’est le même poisson, c’est peut-être le vieux Micky Hanlon de Moore street qui lui a arraché les boyaux, grâce à quoi il a fait des affaires en or, le doigt dans les branchies, peut même pas écrire son nom sur un chèque, je pense qu’il dessine le paysage avec les contorsions de sa bouche. Micky Ha, Hache A137. Ignorant comme des brodequins irlandais, il pèse cinquante mille livres.

    Scotchées à la vitre, deux mouches bourdonnaient, scotchées.

    Le vin ardent sur son palais s’attardait une fois bu. Écrasant dans son pressoir les raisins de Bourgogne. Toute la chaleur du soleil. C’est comme une caresse furtive qui parle à ma mémoire. Au contact humide ses sens se souvenaient. Cachés sous les fougères de Howth138. Au-dessous de nous la baie au ciel dormant. Pas un bruit. Le ciel. La baie pourpre à la pointe du Lion. Verte à Drumleck. Vert-jaune vers Sutton. Prairies sous-marines, des lignes marron clair dans l’herbe, villes englouties. Ma veste servait d’oreiller à ses cheveux, des perce-oreilles dans les touffes de bruyère ma main sous sa nuque, tu vas tout me bouleverser. Ô quelle merveille ! Sa main amoldoucie par les onguents me touchait, me caressait : ses yeux fixés sur moi ne se détournaient pas. Allongé au-dessus d’elle, en extase, j’embrassais ses lèvres à bouche que veux-tu. Miam. Elle me mit délicatement dans la bouche du gâteau chaud à l’anis qu’elle avait mâché. Chair écœurante que sa bouche avait pétrie, aigre-douce de sa salive. Joie : je le mangeai : joie. Jeune vie, ses lèvres qui se donnaient dans une moue. Ses lèvres douces, chaudes, collantes comme des bonbons. Des fleurs ses yeux, prends-moi, des yeux consentants. Des cailloux dégringolèrent. Elle restait immobile. Une chèvre. Personne. En haut, dans les rhododendrons de Ben Howth une bique avançait d’un pas sûr, semant des raisins de Corinthe. Cachée derrière l’écran de fougères elle riait chaudement enlacée. Sauvagement je me laissai tomber sur son corps, je l’embrassai : les yeux, ses lèvres, son cou tendu, palpitante, sa poitrine de femme remplissait sa blouse en voile de bonne sœur, les bouts épais et tendus. Chaud, j’y allais de la langue. Elle m’embrassait. J’étais embrassé. Toute à moi, elle ébouriffait mes cheveux. Embrassée elle m’embrassait.

    Moi. Et moi aujourd’hui.

    Scotchées, les mouches bourdonnaient.

    Son regard baissé suivait les veines silencieuses du panneau de chêne. Beauté : il s’incurve : les courbes, c’est la beauté. Déesses aux belles formes, Vénus, Junon : des courbes que le monde entier admire. On les voit à la bibliothèque au musée debout dans le hall circulaire, déesses nues. Ça aide à digérer. Peu leur importe quel homme les regarde. On peut tout voir. Ne parlent jamais, je veux dire à des types comme Flynn. Mettons qu’elle parle Pygmalion et Galatée139, que dirait-elle en premier ? Mortel ! Vous remettrait à votre place. Buvant du nectar à grands traits à la cantine avec les dieux, plats en or, tout ambroisie. Pas vraiment un repas à six sous, mouton bouilli, carottes et navets, bouteille de piquette Allsop140. Le nectar, c’est comme si tu buvais de l’électricité141 : la nourriture des dieux. Les formes délicieuses des femmes sculptées genre Junon. Délicieuse immortelle. Et nous qui fourrons la nourriture dans un trou pour que ça ressorte par un autre : nourriture, sucs, sang, excrément, terre, nourriture : faut l’alimenter comme on chauffe une locomotive. Elles n’ont pas de. Jamais regardé. Je regarderai aujourd’hui. Le conservateur ne verra rien. Me baisserai laisserai tomber quelque chose pour voir si elle.

    Par petites gouttes, un appel tranquille de sa vessie lui arrivait pour l’envoyer faire ne pas faire là mais faire. En homme toujours prêt il vida son verre jusqu’à la lie et sortit, aux hommes aussi elles se donnaient, conscientes de la présence des hommes, couchaient avec leurs amants humains, un éphèbe a joui d’elle, jusqu’à la garde.

    Quand le bruit de ses bottines eut cessé Davy Byrne dit de derrière son livre :

    — Qu’est-ce que c’est qu’il est ? Est-ce qu’il est pas dans les assurances142 ?

    — Il n’y est plus depuis longtemps, dit Naze Flynn. Il fait de la prospection publicitaire pour le Freeman.

    — Je le connais bien de vue, dit Davy Byrne. Il a eu un malheur ?

    — Un malheur ? dit Naze Flynn. Pas que je sache. Pourquoi ?

    — J’ai remarqué qu’il était en deuil.

    — En deuil ? dit Naze Flynn. C’est vrai ma foi. Je lui ai demandé comment ça allait chez lui. Vous avez raison, parbleu. Il était en deuil.

    — J’aborde jamais le sujet dans ces cas-là, dit Davy Byrne avec humanité. Ça ne fait que raviver les choses.

    — Ce n’est pas la femme, en tout cas, dit Naze Flynn. Je l’ai rencontré avant-hier il sortait de cette laiterie irlandaise que tient la femme de John Wyse Nolan sur Henry street avec à la main un pot de crème qu’il rapportait chez lui pour sa tendre moitié. Elle est bien nourrie, je vous le dis. Ortolans sur canapé.

    — Et est-ce qu’il s’en sort bien, au Freeman ? dit Davy Byrne.

    Naze Flynn fit une moue.

    —

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