▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
Recherche avancée
Sign in Sign up
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
    Sign in Sign up
    1. Home
    2. Ulysses
    3. Chapitre 48
    Prev
    Next

    en retraite. Je prendrai un petit morceau chez Davy Byrne. Un en-cas. Ça m’aidera à tenir. J’ai pris un bon petit déjeuner.

    — Un rôti purée à la trois.

    — Un demi.

    Chacun pour soi, bec et ongles. Goulée. Gorgée. Goulée. Goulegueule.

    Il se retrouva dans un air plus pur et revint sur ses pas en direction de Grafton street. Manger ou être mangé. Tue-le ! Tue-le !

    Imaginons un peu cette cuisine communautaire qui nous attend peut-être un jour. Tout le monde trottant avec des écuelles et des gamelles à remplir. On en dévorerait le contenu dans la rue. John Howard Parnell par exemple, le doyen de Trinity College tous les enfants à leur maman sans parler des doyens et du doyen de Trinity femmes et enfants, cochers, prêtres, pasteurs, maréchaux, archevêques. Venant d’Allesbury road, de Clyde road, des quartiers ouvriers, de l’asile nord de Dublin, le maire dans son carrosse en pain d’épices116, la vieille reine dans sa petite voiture117. Mon assiette est vide. Après vous et votre hanap municipal. C’est comme à la fontaine de Sir Philip Crampton118. On essuie les microbes avec son mouchoir. Le type suivant en remet une fournée avec le sien. Le père O’Flynn119 les ferait courir. On s’y bousculerait quand même. Tout pour sa pomme. Les enfants se battraient pour lécher le fond de la marmite. Faudrait une marmite aussi grande que Phœnix Park. On y harponnerait des morceaux de lard et des gigots. On se prendrait à détester tous ses voisins. Comme au City Arms Hotel120 ce qu’elle appelait La table d’hôte. Soupe, plat garni et dessert. On ne sait jamais la pensée de qui on est en train de mâcher. Mais qui laverait toutes les assiettes et toutes les fourchettes ? Peut-être qu’à cette époque on se nourrira seulement de cachets. Les dents devenant de plus en plus mauvaises.

    Après tout il y a du vrai dans ce délicat goût végétarien des produits de la terre l’ail, c’est sûr, ça pue l’oignon craquant des joueurs d’orgue de barbarie italiens, les champignons les truffes. La souffrance des animaux aussi. Plumer et vider une volaille. Les malheureuses bêtes au marché aux bestiaux qui attendent que le merlin leur fende le crâne. Meuh. Les pauvres veaux tout tremblants. Meuh. Flanchet de meuglard. Bœuf au chou. Chez les bouchers, le mou tremblote dans les seaux. Mets-nous ce morceau de poitrine qui est accroché là. Flop. Têtedemort et vieuxtibias. Moutons écorchés les yeux vitreux pendus par les pattes, museaux de mouton dans du papier sanguinolent les narines dégouttant de la confiote sur la sciure. Pour la tête et les déchets, à la caisse. Ne sabote pas ces morceaux, toi le petit jeune.

    Du sang frais encore chaud, on le prescrit à ceux qui dépérissent. On a toujours besoin de sang. Insidieux. Le lécher, encore fumant, un sirop épais. Spectres affamés, vampires121.

    Ah, j’ai faim.

    Il entra chez Davy Byrne. Vertubistrot. Il n’est pas bavard. Offre un verre de temps en temps. Une fois tous les quatre ans les années bissextiles. A endossé un chèque pour moi une fois.

    Qu’est-ce que je vais bien pouvoir prendre ? Il tira sa montre. Voyons. Un panaché ?

    — Salut Bloom ! lança Naze Flynn depuis son coin.

    — Salut Flynn.

    — Comment va ?

    — Impecc… Voyons. Je vais prendre un verre de bourgogne et puis… voyons voir.

    Des sardines sur les étagères. Rien qu’à les voir on a l’impression d’en manger. Un sandwich ? Lotte et sa descendance assaisonnées ici et enfournées dans du pain. Pâté en boîte. Une maison n’est pas une maison sans les conserves Plumtree. Il lui manque quelque chose. Quelle pub imbécile ! Sous les notices nécrologiques ils l’ont collée. Tous fichus avec ou sans conserve. Dignam en boîte. Bon pour les cannibales accompagné de citron et de riz. Ces missionnaires blancs sont tellement salés122. Comme du porc en saumure. On attend du chef qu’il consomme les parties nobles. Devaient sûrement être coriaces à force d’exercice. Ses femmes en rang devant lui pour contempler les effets. Il était un bon vieux roi nègre. Qui mangea ou chosa en cachette Les choses du révérend Lagâchette. Avec, c’est le paradis. Dieu sait quelle mixture. Turbans de tripes pourries trachées tranchées truquées. Cherchez la viande ! Casher. On ne mélange pas la viande et les laitages123. Hygiène comme on appelle ça maintenant. Le jeûne de Yom Kippour, le grand nettoyage de printemps. La guerre et la paix dépendent de la digestion d’un type. Religions. Dindes et oies de Noël. Massacre des innocents. Mangez, buvez et embrassez qui vous voudrez. Après quoi beaucoup se retrouvent aux urgences. Le front bandé. Le fromage, ça fait tout digérer, sauf lui. Fromage qui marche tout seul.

    — Vous avez un sandwich au fromage ?

    — Oui monsieur.

    Quelques olives avec, ça me plairait bien s’ils en avaient. C’est l’italien que je préfère. Un bon petit bourgogne ; enlève ça. Lubrifie. Une bonne salade, frais comme le concombre124. Tom Kernan sait l’assaisonner. Il la relève bien. Huile d’olive pressée à froid. Milly m’a servi un jour une côtelette avec un brin de persil. Prendre un oignon d’Espagne. Dieu a fait l’aliment, le diable l’assaisonnement. Crabe à la diable.

    — Votre femme ça va ?

    — Bien, merci… Un sandwich au fromage, donc. Vous avez du gorgonzola ?

    — Oui monsieur.

    Naze Flynn sirotait son whisky à l’eau.

    — Elle chante ces temps-ci ?

    Faut voir sa bouche. Il pourrait se siffler dans les oreilles. Des oreilles décollées, c’est assorti. La musique.

    Il s’y connaît autant que mon cocher. Mais bon autant lui dire. Ça fait pas de mal. De la pub gratuite.

    — Elle a été engagée pour une grande tournée à la fin du mois. Vous en avez peut-être entendu parler ?

    — Non. C’est un bon coup. Qui monte ça125 ?

    Le garçon le servit.

    — Ça fait combien ?

    — Sept pence monsieur… Merci monsieur.

    M. Bloom découpa son sandwich en minces languettes. M. Lagâchette. Moins compliqué que ces trucs rêveurs crêmeurs. Ses cinq cents femmes. Vécurent ça sans drame.

    — De la moutarde, monsieur ?

    — Oui, merci.

    Il émailla l’intérieur de chacune des languettes de flaques jaunes. Sans drame. J’y suis. Et ça lui fait une belle quéquette.

    — Qui monte ça ? dit-il. Eh bien, c’est le même principe qu’une société. Investissements partagés, bénéfices partagés.

    — Ah oui, je me souviens maintenant, dit Naze Flynn en glissant la main dans sa poche pour se gratter l’aine. Qui a pu me dire ça ? C’est pas Flam Boylan qui est mêlé à l’affaire ?

    Une gifle d’air chaud et moutardé déchiqueta le cœur de M. Bloom. Il leva les yeux et rencontra le regard bilieux de l’horloge. Deux heures126. L’horloge du bistrot avance de cinq minutes. Le temps passe. Les mains tournent comme les aiguilles127. Deux heures. Pas encore.

    Pris de spasmes, son diaphragme se souleva, s’affaissa, se souleva de désir et encore de désir.

    Du vin.

    Il humasirota son cordial et après avoir contraint sa gorge à l’avaler d’un trait, il reposa délicatement son verre.

    — Oui, dit-il. C’est lui l’organisateur en fait.

    Rien à craindre. Rien dans le crâne.

    Naze Flynn reniflait et se grattait. Une puce qui se fait un bon petit repas.

    — Il a fait son beurre, Jack Mooney me disait, avec ce match de boxe que Myler Keogh a gagné contre ce soldat de la caserne de Portobello128. Bon sang, il l’a mis au vert ce petit blanc-bec dans le comté de Carlow qu’y me disait…

    Espérons que cette goutte ne va pas tomber dans son verre. Non, il l’a reniflée.

    — Pendant presque un mois, vieux, jusqu’au grand jour. À gober des œufs de canard, putain, jusqu’à nouvel ordre. L’empêchait de se cuiter, vous comprenez ? Oh, putain, Flam est un vieux singe.

    Davy Byrne sortit de son arrière-boutique ses manches de chemise remontées d’un tour, il s’essuya la bouche en deux coups de serviette. Rougeur de hareng. Dont le sourire en chaque trait joue avec tel ou tel bourrelet. Trop de beurre dans les épinards.

    — Et voici notre homme et bien remonté, dit Naze Flynn. Est-ce que vous pouvez nous donner un tuyau pour la Coupe d’or ?

    — C’est pas mon truc, monsieur Flynn, répondit Davy Byrne. Je mise jamais rien sur un cheval.

    — Z’avez bien raison, dit Naze Flynn.

    M. Bloom mangeait ses languettes de sandwich, du pain blanc et frais, en les savourant avec dégoût, la moutarde forte, le fromage persillé qui sent les pieds. Les gorgées de vin apaisaient son palais. Pas du bois de campêche, ça. Plus de bouquet par ce temps quand il fait moins froid.

    Joli bistrot, tranquille. Joli bois sur ce comptoir. Joliment façonné. Aime bien la façon dont il s’incurve ici.

    — J’voudrais pour rien au monde m’engager dans cette voie, dit Davy Byrne. Ils en ont mis plus d’un sur la paille ces chevaux-là.

    Loterie des marchands de vin. Licence pour la vente et la consommation de bière, de vin et de spiritueux129. Face je gagne pile tu perds.

    — Vous êtes dans le vrai, dit Naze Flynn. À moins que vous ayez des tuyaux. Il n’y a plus tellement de sport réglo. Lenehan en a quelquefois des bons. Aujourd’hui, il donne Sceptre gagnant. Zinfandel est favori, à Lord Howard de Walden, il a gagné à Epsom. C’est Morny Cannon qui le monte. J’aurais pu gagner sept contre un en misant contre Saint-Amant, il y a quinze jours.

    — C’est vrai ? dit David Byrne…

    Il se dirigea vers la fenêtre et prit son livre de comptes qu’il feuilleta.

    — Vrai de vrai, dit Naze Flynn en reniflant. Un sacré bon morceau ce cheval. Par saint Frusquin. Elle a gagné pendant un orage, la pouliche Rothschild, avec de la ouate dans les oreilles130. Casaque bleue et toque jaune. Maudit soit big Ben Dollard et son John O’Gaunt. C’est lui qui m’a empêché de la

    Prev
    Next

    YOU MAY ALSO LIKE

    Brouillons d’un baiser – James Joyce
    Brouillons d’un baiser
    August 17, 2020
    Gens de Dublin – James Joyce
    Gens de Dublin
    August 17, 2020
    Molly Bloom – James Joyce
    Molly Bloom
    August 17, 2020
    Portrait de l’artiste en jeune homme – James Joyce
    Portrait de l’artiste en jeune homme
    August 17, 2020
    Tags:
    Classique, Fiction, Littérature, Roman
    • Privacy Policy
    • ABOUT US
    • Contact Us
    • Copyright
    • DMCA Notice

    © 2020 Copyright par l'auteur des livres. Tous les droits sont réservés.

    Sign in

    Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Sign Up

    Register For This Site.

    Log in | Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Lost your password?

    Please enter your username or email address. You will receive a link to create a new password via email.

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!