d’Amelia Jenks Bloomer (1818-1894) qui prônait le port de ces habits féminins adaptés à une vie naturelle qu’on appelait des bloomers.
80. Claddagh ring, bague imitant les motifs celtes traditionnels, censée porter bonheur.
81. Le Boudoir de ma Dame : chanson de F.E. Weatherly et H. Temple.
82. Nevada sierra : chaîne de montagnes à 150 km au nord-est de Gibraltar.
83. Mme Fleming : c’est la femme de ménage des Bloom en 1904. – Au furry glen ou aux fraisières : Furry Glen et Strawberry Beds, lieux de promenade dans Phoenix Park.
84. La baie des Catalans : baie et village à l’est de Gibraltar. Les pêcheurs qui y habitent prétendaient descendre de familles génoises.
85. Apporter un peu de sel : geste traditionnel pour conjurer le mauvais sort quand on s’installe dans une nouvelle maison.
86. Lloyd Weekly News : magazine du dimanche publié à Londres entre 1902 et 1918.
87. La mettre à l’académie Skeny : Molly aurait préféré inscrire Milly à Skerry’s College pour prendre des cours de secrétariat commercial, tandis que son mari l’a envoyée à Mullingar apprendre la photographie.
88. Nelson Street : me perpendiculaire à Eccles Street.
89. La Seule Manière, The Only Way : pièce de Freeman Croft Wills et de Frederick Langbridge (1899), adaptation du roman A Tale of Two Cities (Un conte de deux villes) de Dickens. L’acteur Martin Harvey, mentionné plus loin, était acclamé dans son interprétation de Sydney Carton, le héros. Carton se faisait passer pour le marquis de Saint-Evremont et mourait guillotiné, laissant le vrai marquis vivre auprès de la marquise pour laquelle Carton avait conçu une passion toute platonique.
90. Beerbohm Tree dans Trilby : les 10 et 11 octobre 1895, Sir Beerbohm Tree jouait le rôle de Svengali dans Trilby au Gaiety Theatre à Dublin.
91. Broadstone : terminus de la gare.
92. Mme Kendal était le nom de scène de Mme Grimston, actrice anglaise souvent en tournée à Dublin. Son mari était metteur en scène.
93. Une pièce très osée : la pièce de G.A. Greene The Wife of Scarli (1897) fut jouée pour la première fois à Dublin le 22 octobre 1897 au théâtre de la Gaîté. C’était une adaptation de la pièce de Giuseppe Giacosa (1847-1906), Tristi Amori (1887). Dans cette pièce, que Joyce connaissait bien, Emma, la femme de l’avocat Scarli, fortement tentée par une aventure avec le fils d’un comte, décide de revenir vers son mari pour ne pas perdre sa fille.
94. O comme les eaux descendent sur Lahore : écho du poème de Robert Southey « The Cataract of Lodore » (1823). Cette cataracte se trouve dans le Cumberland. Molly la transforme en la ville indienne de Lahore, ce qui ajoute la suggestion de whore, la prostituée.
95. Ce qui émane de lui est objet de beauté et de joie éternelle : Léopold citait à Molly les mots célèbres de John Keats, « A Thing of Beauty is a Joy for Ever », dans son Endymion (1818).
96. À cause du fait que j’étais juive : c’est la confirmation du fait que Molly Bloom est juive. Le texte garde une certaine ambiguïté, certains ont lu « on account of my being jewess looking after my mother » comme « jewess-looking ». Pourtant, il est plus logique d’entendre une virgule après jewess ; ceci implique que la mère de Molly, Lunita Laredo, était juive. Il s’ensuit que Molly est juive selon la loi religieuse. Laredo était le nom d’une famille juive sépharade de Gibraltar. Une communauté juive s’était installée à Gibraltar après sa capture par les Anglais. Le Traité d’Utrecht de 1713, qui donnait Gibraltar à la Grande-Bretagne, spécifiait que ni juifs ni maures n’y seraient admis. Mais cette clause ne fut jamais respectée, ce que les Espagnols prirent comme prétexte pour assiéger la forteresse en 1727, sans succès. Vers la moitié du XVIIIe siècle, la population juive de Gibraltar faisait plus d’un tiers de la population civile. À l’époque de la naissance de Molly, il y avait près de 1500 juifs répertoriés à Gibraltar, où l’on trouvait quatre synagogues. Ces familles sépharades parlaient le plus souvent le ladino.
97. O beau pays de la Touraine : air de la reine Margot au début de l’acte II des Huguenots de Meyerbeer.
98. Ce dieu indien : il s’agissait en fait de la statue d’un Bouddha couché. Bloom exagère un peu le nombre des bouddhistes dans le monde.
99. Vieux Cohen : l’annuaire de Gibraltar mentionne un David A. Cohen, marchand de bottes, habitant au 22, Engineer Lane. Nous apprenons ici que Leopold Bloom ne connaît pas le secret de la provenance du lit conjugal, contrairement à Ulysse dans l’Odyssée. Il croit que son beau-père a acheté son lit dans une vente aux enchères et qu’il appartenait à Lord Napier, gouverneur de Gibraltar, alors qu’il vient tout simplement d’un marchand de chaussures juif. Ulysse prouve son identité à Pénélope en lui racontant comment il a fabriqué son lit dans un tronc d’olivier (Odyssée, chant XXIII, v. 183-204).
100. Coadys lane : rue donnant sur Bessborouh Avenue dans les faubourgs nord de Dublin. Un certain John Griffith habitait à Bessborough Avenue et faisait partie de la famille d’Arthur Griffith, le fondateur du Sinn Fein.
101. Molly déforme « Aristote » en « Aristocrate ».
102. Homblower : voir p. 1337, n. 109.
103. Tom Kernan : personnage de « La Grâce » dans Dublinois. Tous les personnages nommés ensuite se retrouvent dans cette nouvelle.
104. Bill Bailey wont you please come home : citation d’un air de ragtime de H. Cannon de 1902, très populaire à l’époque.
105. L’erreur du ténor Bartell d’Arcy, qui prononce sweet tart (littéralement, « douce pute ») au lieu de sweet heart (« chérie ») lorsqu’il chante l’air « Phoebe dearest goodbye sweetheart » de la chanson « Phoebe Dearest » de C. Bellamy et J.L. Hatton, est évitée par Simon Dedalus. Molly insiste sur la nécessité d’accentuer et de ponctuer correctement textes et chansons.
106. Professeur d’italien à l’université : carrière qui parut un moment devoir être celle de Joyce.
107. L’horloge de la mort : il s’agit d’un insecte appelé death-watch (psoque, atropos, vrillette ou horloge de la mort) dont le vrillement nocturne était censé annoncer un décès. Molly repense à la mort de Rudy qui aurait atteint l’âge de onze ans, mais refuse de s’apitoyer.
108. Tarifa : ville d’Andalousie située à environ quarante kilomètres de Gibraltar.
109. Vers de « Dans le vieux Madrid », voir p. 457.
110. Margate plage : plage publique de Gibraltar sur la côte est. Elle était parfois réservée aux hommes.
111. Coronado : Molly pense sans doute à cornudo, « cocu » en espagnol, mais elle dit « couronné ».
112. Embrassé notre porte d’entrée : Bloom a réalisé l’équivalent de la cérémonie juive qui consiste à embrasser l’entrée de sa maison (mezuzah).
113. Hardwicke lane : près d’Eccles Street.
114. Les vents que soufflent mes soupirs vers toi : titre d’une chanson de H.W. Challis et W.V. Wallace.
115. Tous ces noms sont ceux de personnes ayant habité à Gibraltar ou de rues de Gibraltar.
116. Juan Valera (1824-1905), romancier et diplomate espagnol dont le roman le plus connu est Pépita Jiménez (1874). Allusion cachée au nom d’origine cubaine et espagnole d’Eamon de Valera (1882-1975), futur président de la République irlandaise.
117. Criada : « domestique » en espagnol.
118. J’ai tout changé de place : voir « Ithaque », p. 1082-1084.
119. Dos huevos estrellados senor : « deux œufs grillés, monsieur », en espagnol, dernière métamorphose du thème du petit-déjeuner au lit.
120. Walpole : marchand de tissus situé aux 8 et 9, Suffolk Street.
121. Mi fa pieta Masetto… presto non son più forte…, « Tu me fais pitié, Masetto, tout à coup je ne suis plus forte » : paroles de Zerline face à Don Giovanni, acte I, scène III de l’opéra de Mozart.
122. Alicia Lambe, fleuriste au 33, Sackville Street Upper, non loin d’Alexander Findlater, marchand de thés et vins, au 29-30 de la même rue, dans un quartier très chic.
123. Lipton : marchand de thés et d’alimentation générale au 59-61, Dame Street à Dublin.
124. Gâteau à l’anis : ce gâteau appelé seedcake avait donné des problèmes aux traducteurs, qui avaient d’abord pensé à une « madeleine », mot trop proustien qui ne plut pas à Joyce. Joyce écrivit le 13 juillet 1924 à Sylvia Beach qu’il fallait éviter ce terme, et suggérait à la place un « gateau aux amants ». Joyce tenait à conserver le côté érotique du mot, puisque seed signifie « semence » ou « sperme ». Léon-Paul Fargue s’opposa à cette trouvaille, défendue par Sylvia Beach et Adrienne Monnier, et il eut gain de cause. La traduction de 1929 préfère « gâteau au cumin ».
125. L’excursion amoureuse des Bloom sur le promontoire de Howth eut lieu le 10 septembre 1888, et comme 1904, c’était une année bissextile.
126. Posadas : « auberges » en espagnol.
127. Le veilleur qui faisait sa ronde serein : jeu sur « sereno », le veilleur de nuit en espagnol.
J. -M.R.
Notes de la postface
1. Le texte utilisé est celui de l’édition originale (1922), dans l’édition procurée par Jeri Johnson (Oxford World Classics), corrigé ultérieurement en partie par James Joyce, et par les émendations proposées par Philip Gaskell et Clive Hart dans « Ulysses », Review of Three Texts, The Princess Grace Irish Library, n° 4, Colin Smythe, Gerrards Cross, 1989. Nous ne nous sommes pas interdit d’incorporer, après débat, quelques rares émendations de l’édition procurée par Hans Walter Gabier (1985-1987), ou fondées sur la consultation de l’édition fac-similé du manuscrit, dit Manuscrit Rosenbach, préparée par Harry Levin et Clive Driver (Octagon Books, Farrar, Straus and Giroux, New York, in association with The Philip H. & A.S. Rosenbach Foundation, Philadelphia).
2. À cet égard, il nous