Amis », ou quakers. Son nom signifie « renard », mot qui avait aussi été un pseudonyme de Parnell.
78. Ici il médite de choses qui ne furent pas… : énigme célèbre que cite sir Thomas Browne dans Hydriotaphia (1658) au chapitre 5.
79. Pensées ensevelies tout autour de moi… : Stephen se souvient de ses méditations sur Thot (que Joyce écrit Thoth), le dieu égyptien de l’écriture, dans le Portrait de l’artiste en jeune homme, et du discours de Taylor sur Moïse dans « Éole ».
80. Ta an bad ar an tir. Taim imo shagart : cette phrase en gaélique provient d’un livre d’apprentissage élémentaire et signifie : « Le bateau est sur la terre. Je suis un prêtre. » Beurla signifie la langue anglaise en gaélique.
81. Littlejohn : lieutenant de Robin des Bois, surnom donné à Eglinton par George Moore.
82. Un peu d’indulgence pour moi : comme le dit Marc Antoine dans Jules César, III, II, v. 107.
83. Stephen cite ici Brunetto Latini (1220-1294), le maître de Dante qui figure au chant XV de L’Enfer. Son premier Livre dou trésor contient une description du basilic, animal magique capable d’empoisonner quelqu’un par le simple regard.
84. Dans la mythologie gaélique, Dana est la déesse mère des « Tuatha De Danaan », les premiers habitants de l’Irlande. Stephen cite la célèbre expression de Walter Pater qui, dans la conclusion de The Renaissance (1873), évoquait « cet étrange mouvement de tissage et de détissage de nous-mêmes ».
85. P.B. Shelley explique dans A Defence of Pœtry (1821) que « l’esprit en train de créer est comme une braise près de s’éteindre qu’une influence invisible, comme un vent inconstant, ravive et éclaire un instant ».
86. Le poète écossais William Drummond, né au château de Hawthornden (1585-1644), médite sur la mortalité dans son « Cypress Grove » (dans Flowers of Sion, 1630). Il écrit : « Si tu te plains qu’il y aura un temps dans lequel tu ne seras pas, pourquoi ne te lamentes-tu pas qu’il y ait eu un temps dans lequel tu n’as pas été ? […] Cela sera après nous qui fut aussi longtemps avant nous. »
87. Cette tache est la dernière à disparaître : écho d’Hamlet, I, IV, v. 23.
88. Ernest Renan (1823-1892) voulut ajouter une suite à La Tempête de Shakespeare dans son Caliban (1878). Joyce était un lecteur de Renan, comme le montrent ses lettres.
89. Périclès ne faisant pas partie du premier « Folio » des œuvres de Shakespeare (1623), on a souvent douté de son attribution. Marina est la fille de Périclès.
90. Shakespeare, la gourme de Bacon : Stephen implique que le « bon sens » de John Eglinton reprend la sagesse de Bacon critiquant les vaines disputes des doctes dans son Advancement of Learning (1605), mais il fait aussi allusion à la théorie selon laquelle Bacon aurait écrit les pièces attribuées à Shakespeare.
91. Ceux qui jonglent avec les codes : Joyce avait dans sa bibliothèque l’ouvrage d’Edwin Borman, Francis Bacon’s Cryptic Rhymes (1906) et il connaissait les ouvrages d’Ignatius Donelly (1831-1901), qui appuyait la théorie de Bacon auteur des œuvres de Shakespeare sur des codes cachés, dans The Great Cryptogram. Francis Bacon’s Cipher in the socalled Shakespeare’s plays (1887) et dans Cipher in the Shakespeare Play s (1900).
92. A.E., éon : origine du nom de plume de George Russell.
93. Tir na n-og : nom gaélique de la mythique « contrée de la jeunesse » qui serait un paradis terrestre situé à l’ouest de l’Irlande.
94. D’ici Dublin combien de milles ?… : comptine anglaise adaptée à Dublin par Stephen.
95. Georg Morris Cohen Brandes (1842-1927), célèbre écrivain et critique danois, était l’auteur d’un William Shakespeare (1898) aussitôt traduit en anglais par William Archer, et qui faisait autorité.
96. Sydney Lee, auteur de Life of William Shakespeare (1898). Il était de fait né Solomon Lazarus Lee à Londres.
97. Ce sont les héroïnes de Périclès, de La Tempête et du Conte d’hiver.
98. Mon épouse bien-aimée […] ressemblait à cette vierge : Périclès, V, i, v. 108-109.
99. L’art d’être grandp : référence à L’Art d’être grand-père de Victor Hugo (1877).
100. Amor vero aliquid… : ce passage, restauré par Gabier dans son édition, qui suit le manuscrit Rosenbach, a été beaucoup commenté. Il mélange deux phrases tirées de la Summa contra Gentiles de saint Thomas d’Aquin, au chapitre XCI du livre I, « Qu’en Dieu se trouve l’amour ». Une traduction approximative donnerait : « L’amour en vérité veut quelque chose de bon pour quelqu’un et donc ces choses que nous désirons. » Cette citation détourne effectivement le sens de l’argument de saint Thomas, qui vise à opposer amour et désir, alors que Stephen semble les relier ou les identifier l’un à l’autre.
101. George Bernard Shaw (1856-1950) avait publié des commentaires sur Shakespeare dans la Saturday Review en 1890.
102. On avait découvert en 1904 que l’alque était une espèce d’oiseau qui venait de s’éteindre.
103. Car vous l’obtiendrez dans votre maturité : tiré de l’autobiographie de Goethe, Poésie et Vérité (1814), où Goethe se donne comme devise la phrase, traduite dans le texte : Was man in der Jugend wünscht, hat man im Alter Fülle.
104. Une buonaroba : une femme légère ; voir Henry IV, deuxième partie, III, il, v. 26. – Une jument que tous les hommes montent : citation du sonnet CXXXVII de Shakespeare, v. 6. Il s’agit ici de Mary Fitton, fille d’honneur de la reine Elizabeth depuis 1595. Elle avait dix-sept ans à l’époque, avait été mariée à seize ans, se remaria plus tard et eut en tout trois enfants illégitimes de géniteurs différents.
105. Ris-et-couche-toi-là : nom d’un jeu de cartes populaire de l’époque élisabéthaine.
106. La défense du sanglier l’a blessé là où l’amour saigne toujours : citation de Vénus et Adonis, v. 1052.
107. Stephen cite la définition du péché originel du Catéchisme de Maynooth. Ses conséquences sont évoquées en ces termes : « il a assombri notre compréhension et affaibli notre volonté ».
108. Et dans le porche de leur oreille je verse : écho d’Hamlet I, v, v. 22.
109. Nous passons du sein de Lucrèce dans The Rape of Lucrece (v. 407) au sein d’Imogène dans Cymbeline (II, II, v. 37-39).
110. Écho d’Hamlet, I, II, v. 230.
111. M’as-tu trouvé, ô mon ennemi : c’est ce que dit Achab à Élie dans 1 Rois, XXI, 20.
112. Was Du verlachst wirst Du noch dienen : proverbe allemand signifiant « Tu continueras à servir ce dont tu te moques ».
113. En plus de l’hérésiarque Photius, déjà rencontré dans « Télémaque », et de saint Malachie, voici Johann Most (1846-1906), un anarchiste allemand qui émigra aux États-Unis où il continua à publier son journal Die Freiheit. Il avait fait de la prison à Londres pour avoir applaudi aux attentats des nationalistes irlandais et approuvé le meurtre de Lord Cavendish en 1882. Le paragraphe qui suit cite presque littéralement une parodie de l’Acte des Apôtres publiée par Most dans son livre The Deistic Purulence (1902).
114. Bon mot de Gogarty depuis que Yeats avait déclaré que Synge était un nouvel Eschyle.
115. J’ai appris qu’une actrice jouait Hamlet… : il s’agit bien sûr de Mme Bandmann Palmer, déjà rencontrée dans « Les Lotophages ».
116. Edward Payson Vining (1847-1920) soutenait dans son livre The Mystery of Hamlet (1881) que l’intrigue de la pièce s’éclairait si l’on considérait Hamlet comme une femme éduquée en homme afin de conserver le trône à la famille royale.
117. En effet, Hamlet jure par saint Patrick (Hamlet I, v, v. 139). Le juge Dunbar Plunket Barton tenait Hamlet pour un Irlandais, et il exposa cette thèse dans Links between Ireland and Shakespeare (1919).
118. Oscar Wilde publia The Portrait of Mfr.] W.H. en 1889. Il tente de démontrer que le W.H. à qui les sonnets sont dédiés serait un certain Willie Hughes, jeune acteur amant de Shakespeare. Best déforme son argument, fort complexe il est vrai, lorsqu’il lui fait dire que Willie Hughes aurait été l’auteur des sonnets.
119. Tame essence of Wilde : jeu de mots sur Wilde (qui signifie « sauvage ») souvent utilisé dans le magazine satirique Punch à l’époque de son procès et de sa chute.
120. Trois petits verres d’usquebac : mot gaélique pour le whisky.
121. Humour wet and dry : Joyce se cite lui-même. Il avait évoqué dans son poème satirique « De l’eau dans le gaz » l’humour irlandais – sec (à froid) ou mouillé – qui consistait à jeter de la chaux vive dans les yeux de Parnell.
122. Tu donneras tes cinq esprits… : écho du vers 3 du sonnet II de Shakespeare.
123. Linéaments du désir satisfait : citation de « The Question Answer’d » de William Blake, poème de 1793 dans lequel cette phrase revient au refrain.
124. Le sentimental est celui qui voudrait la jouissance… : Stephen cite l’une des maximes de George Meredith qui définit ainsi le sentimentalisme dans The Ordeal of Richard Feverel. A history of Father and Son (1859). Joyce cite l’édition de 1875 dans laquelle le texte avait été modifié.
125. Et nous une heure et deux heures… : Mulligan se livre ici à une parodie du style de Synge et mêle des expressions populaires irlandaises de l’Ouest et du Wicklow.
126. Ghasthule : quartier de Kingstown (aujourd’hui Dun Laoghaire) où Synge résidait en 1904.
127. Joyce rencontra Synge plusieurs fois lors de son séjour parisien en 1902-1903. Ils avaient des discussions souvent houleuses. Oisin, fils de Finn MacCool, aurait été converti au christianisme par saint Patrick au Ve siècle. Leur dialogue, rejoué ici par Joyce et Synge, est un thème classique de la littérature irlandaise.
128. J’ai rencontré un fou, dans la forêt : écho de Comme il vous plaira, II, vu, v. 12. Synge avait raconté cette