cet artisan de l’indépendance italienne qui œuvra pour que cesse la domination autrichienne sur son pays connut la prison, l’évasion et l’exil, ce qui le rapproche de James Stephens.
85. Selon la coutume anglaise et irlandaise, on mange de l’oie le jour de la Saint-Michel.
86. L’Armée du Salut offrait un petit pain d’un penny à quiconque témoignait de sa « conversion » en défilant dans les rues.
87. Dans l’Irlande préhistorique, les tumulus funéraires étaient surmontés de monolithes. – Les tours rondes étaient caractéristiques de l’architecture irlandaise du IXe au XIIe siècle. Elles servaient de tours du guet et de refuge contre les envahisseurs.
88. Les bicoques de Kerwan : l’entrepreneur dublinois Michael Kerwan construisait des habitations bon marché dans un quartier à l’est de Phœnix Park.
89. Le révérend docteur Salmon : ce mathématicien distingué fut président de Trinity College de 1888 à 1902.
90. John Howard Parnell, frère de Charles Stewart Parnell, fut député de South Mead de 1895 à 1900. En 1904, il était « officier de la ville de Dublin ». L’officier de ville avait pour tâche (entre autres) de maintenir l’ordre lors des réunions du conseil municipal.
91. Fanny la folle : Frances Isabel Parnell (1854-1882) milita au sein du mouvement nationaliste irlandais et soutint ardemment la cause de son frère. – Mme Dickinson : née Emily Parnell (1841-1918). Après la mort de son frère elle écrivit une biographie au ton assez ambigu, A Patriot’s Mistake (« L’erreur d’un patriote »).
92. David Sheehy, député nationaliste de South Galway, se présenta contre J.H. Parnell en 1903 pour le siège de South Mead et l’emporta avec plus de mille voix d’écart.
93. Des commissaires de la Couronne patrouillaient autrefois dans les collines de Chiltern, repaire de bandits de grand chemin. Lorsqu’un député britannique souhaite quitter ses fonctions il demande à être nommé « Steward of the Chiltern Hundreds ». Cette nomination équivaut à une démission du mandat électoral car on ne peut pas être à la fois député et au service de la Couronne.
94. Lors de rassemblements patriotiques dans Phœnix Park, les nationalistes irlandais mangeaient des oranges, un geste symbolique visant les orangistes protestants, partisans de l’Union et adversaires des patriotes. Ils suggéraient par là qu’une Irlande unie et indépendante ne ferait qu’une bouchée de ses adversaires.
95. De la pieuvre à deux têtes : parodie de l’occultisme et peut-être allusion aux relations difficiles que Russell entretenait avec McGregor, théosophe comme lui.
96. Russell signa sa première œuvre « Aeon » mais le typographe lut : « A.E. » et Russell conserva ce pseudonyme.
97. Albert Édouard, l’aîné des fils de la reine Victoria, qui fut pendant soixante ans Albert Édouard, prince de Galles, choisit de régner sous le nom d’Édouard VII. Il serait ironique qu’un patriote irlandais adoptât ce patronyme. Le second prénom est probablement une référence à Arthur Edmond Guinness, lord Ardilaun.
98. Russell était vêtu de tweed tissé à la main pour affirmer sa croyance en l’avenir de la paysannerie et de l’artisanat irlandais et il se déplaçait souvent à bicyclette.
99. Lentilles Goerz : la firme allemande connaissait alors un énorme succès avec ses jumelles à prismes.
100. Ennis : c’est là qu’est enterré le père de Bloom, qui s’y rend chaque année pour l’anniversaire de Rudolph Virag.
101. Le bout de son petit doigt dissimula le disque solaire : chez les druides, ce geste et ce phénomène étaient considérés comme symbolisant la capacité divinatoire de l’homme.
102. En août 1893, on observa des taches solaires et il y eut le 9 septembre 1904 une éclipse totale de soleil qui ne fut pas visible de Dublin.
103. L’astronome et professeur d’astronomie Charles Jasper Joly (1864-1906) dirigeait l’Observatoire de Dublin.
104. Un gaz, puis un solide, puis un monde : écho des hypothèses que Laplace (1749-1827) formula sur les origines de la terre.
105. La Tolka : cette petite rivière sinueuse longe les faubourgs nord de Dublin et se jette dans la baie de Dublin à Fairview.
106. Théâtre de la Harpe : dans les années 1890, Pat Kinsella avait dirigé ce cabaret dont le nom est cher aux Irlandais. En 1904, les locaux étaient occupés par l’Empire Buffet
107. Dion Boucicault : auteur et acteur irlandais (1820 ?-1890).
108. « Trois Petites Demoiselles de Pensionnat » : chanson extraite de l’acte II de The Mikado (1885) de Gilbert et Sullivan.
109. Jeu sur la chanson de Thomas Moore : « The Harp that once through Tara’s Halls » (« La harpe qui autrefois dans les châteaux de Tara »).
110. La causa e santa ! : sans doute un écho de « Rataplan », chœur qui ouvre l’acte III de l’opéra de Meyerbeer, Les Huguenots (1836), dont le sujet est la Saint-Barthélemy. Il est tout au long de l’œuvre question du caractère sacré de la cause.
111. Elles disent que ça coupe l’am : une superstition qui voudrait qu’offrir une épingle coupe l’amitié (ou l’amour). Joyce fait ici en sorte que la graphie mime le sens.
112. Joyce avait confié à Frank Budgen qu’il avait travaillé une journée entière pour trouver dans quel ordre il convenait de mettre les mots qui composent ces deux phrases.
113. Dans The Burial of King Cormac (« Les Funérailles du roi Cormac »), Samuel Ferguson relaie la légende selon laquelle ce monarque s’étrangla avec une arête de poisson, un châtiment des druides en punition de sa conversion au christianisme. En fait, Cormac vécut deux siècles avant que saint Patrick ne vienne évangéliser l’Irlande.
114. Regardez-moi ce tableau… : dans Hamlet (III, IV, v. 53), Hamlet demande à sa mère de comparer le portrait de son père et celui de son oncle : « Contemplez l’un de ces deux tableaux, puis l’autre. »
115. Les organisations clandestines visant à la réforme agraire donnaient à leurs chefs le pseudonyme de Captain Rock. Elles devaient terroriser, voire assassiner, les huissiers qui travaillaient pour le compte des propriétaires. Le nom de cet huissier, dont on ne sait s’il a réellement existé, prend donc ici une dimension ironique.
116. C’est dans ce carrosse en pain d’épices richement ouvragé que le lord-maire de Dublin effectuait ses sorties officielles.
117. À la fin de sa vie, la reine Victoria prenait l’air dans une chaise en osier.
118. Cette fontaine, érigée à la mémoire de Sir Philip Crampton, chirurgien dublinois de renom, était équipée d’un gobelet fourni par la municipalité.
119. Écho de la ballade « Father O’Flynn » d’Alfred Percival Graves (1846-1931), qui met en scène un curé populaire et jovial.
120. City Amis Hôtel : les Bloom résidèrent dans cet hôtel en 1893-1894. Ils s’y lièrent d’amitié avec Mme Riordan.
121. Avant de parler, les âmes de l’Érèbe boivent le sang des animaux qu’Ulysse a immolés en offrande (voir L’Odyssée, chant XI, v. 525-535).
122. C’est ainsi qu’on expliquait, de façon humoristique, la survie des missionnaires blancs en Afrique.
123. On ne mélange pas la viande et les laitages : un des principes de la diététique juive.
124. Frais comme le concombre : cette expression, qui sert à désigner ceux qui ne perdent jamais leur sang-froid, est un écho du Manuel de conversation polie de Jonathan Swift (2e conversation), de même que, quelques lignes plus loin, « Dieu a fait l’aliment, le diable l’assaisonnement ».
125. C’est un bon coup. Qui monte ça ? : le sous-entendu est nettement grivois.
126. Deux heures : ce « deux » signifie l’heure que marque la pendule mais évoque aussi pour Bloom le couple que forment Boylan et Molly. L’heure de fermeture des bars était alors strictement réglementée, aussi les horloges des cafés avançaient-elles systématiquement de cinq minutes.
127. Le même mot désigne en anglais les mains et les aiguilles des pendules. On a ici un rappel des jeux de mains auxquels se sont livrés Molly et Boylan.
128. Une publicité du Freeman’s Journal du 28 et 29 avril 1904 annonçait un combat opposant M.L. Keogh à Garry, du 6e dragons.
129. Licence pour la vente et la consommation de bière : c’est la formule qui figure sur la licence des débitants de boissons alcoolisées.
130. Ce Derby eut lieu le 2 juin 1904 et Saint-Amant (un poulain et non une pouliche) gagna dans les conditions évoquées par Flynn.
131. Le sot et son oseille : début d’une expression proverbiale : « Un sot et son argent ne restent pas longtemps ensemble. »
132. Vers six heures : c’est à 4 heures qu’a lieu le rendez-vous de Molly et de Boylan.
133. Oui mais que dire des huîtres ? : dans le Manuel de conversation polie de Swift, le colonel Atwit remarque : « Celui qui le premier a mangé une huître a eu bien du courage. »
134. Huîtres de Redbank et roteuse : la combinaison d’huîtres et de champagne était tenue pour aphrodisiaque.
135. Au décès de Louis II de Bavière, son frère Otto Ier devint roi bien qu’il fût atteint d’aliénation mentale. Son oncle Leopold gouverna à la place de son neveu. Bloom confond ici l’oncle et le neveu car Otto était un Wittelsbad et non un Habsbourg.
136. Édouard II avait déclaré que tous les esturgeons vivant dans les eaux territoriales anglaises étaient propriété de la Couronne.
137. Micky Ha, Hache A : le poissonnier est en train d’épeler son nom.
138. Cachés sous les fougères de Howth : c’est sur ce promontoire qui domine l’entrée de la baie de Dublin que Bloom avait eu son premier rapport charnel avec Molly. Il sera plusieurs fois fait allusion à ce lieu et aux souvenirs heureux qui lui sont associés. La date du 16 juin a été choisie par Joyce en souvenir de sa première rencontre avec Nora Barnacle.
139. Pygmalion, sculpteur et roi de Chypre, était tombé amoureux d’une statue qu’il avait sculptée. La déesse Aphrodite donna vie à la statue, Galatée, que son auteur put épouser.
140. Allsop : une bière bon marché fabriquée par