la nourriture omniprésente dans l’épisode.
29. La bière Bass est une bière irlandaise fortement alcoolisée.
30. En 1888, Bloom a travaillé chez Wisdom Hely.
31. Boylan et M’Glade dirigeaient des entreprises de publicité. Notons que Bloom ne peut se résoudre à prononcer le nom de son rival.
32. Statue de sel : voir le châtiment de la femme de Loth dans Genèse, XIX, 26.
33. Hely’s, 85 Dame street : l’adresse donnée ici est inexacte. Faut-il y voir l’influence de l’homonymie entre le nom de l’employeur de Bloom et « he lies », « il ment » ?
34. Le couvent de Tranquilla : les sœurs de ce couvent fondé en 1833 et situé à Rathmines, un faubourg au sud de Dublin, hanteront les pensées de Bloom.
35. C’est une bonne sœur […] qui a inventé le fil de fer barbelé : encore une des nombreuses erreurs de Bloom, qui sera reprise plus tard.
36. Le « rover », ou vagabond, est un personnage traditionnel des ballades irlandaises, en harmonie avec le personnage d’Ulysse.
37. L’année de la mort de Phil Gilligan : c’est l’année de la mort de Rudy. Il est révélateur que Bloom choisisse d’autres points de repère pour situer cette année-là.
38. Un dîner avait lieu chaque année à Glencree, dans le comté de Wicklow, au bénéfice de l’orphelinat de Saint-Kevin qui recueillait des garçons de religion catholique.
39. Pour tout ce que nous avons déjà reçu que le Seigneur nous : formulation inversée et tronquée du bénédicité : « Que Dieu nous inspire de la reconnaissance pour ce que nous allons recevoir ».
40. Les monts Sugarloaf (littéralement « Pain de sucre »), situés à une vingtaine de kilomètres au sud de Dublin. Leur nom rappelle l’univers fait de sucreries sur lequel s’ouvrait l’épisode.
41. Bloom a acheté un savon pour Molly, un rapprochement entre la mère et la fille maintes fois signalé dans le roman.
42. Stefan Virag, un cousin de Rudolph Virag, avait un atelier de daguerréotypie en Hongrie.
43. The History of Pendennis (1850) est un roman de W.M. Thackeray. De façon significative, la première syllabe du nom de ce personnage de fiction, celle dont se souvient Bloom, signifie « plume » et se relie à l’écriture. Lorsque le nom que cherchait Bloom lui revient en mémoire, on s’aperçoit que ce qui vient à la place de « rose » est, à la lettre près, le prénom du mari de Mme Breen, une amie de Molly que Bloom avait courtisée alors qu’elle était célibataire.
44. Winds that blow from the south : Molly envisage de mettre à son répertoire cette chanson dont on a dit qu’elle servait de code à Parnell pour communiquer avec sa maîtresse.
45. Cette réunion de la loge : pour de nombreux Dublinois, y compris Molly, Bloom est un fils de la lumière. La franc-maçonnerie acceptait les juifs mais Bloom s’est converti au catholicisme pour épouser Molly.
46. Peut-être pour un jour peut-être pour toujours : paraphrase de « Kathleen Mavourneen », une chanson de Julia Crawford et Frederick Crouch, dont le thème est la séparation.
47. Dégrafant le buse de son corset : Bloom, à l’instar de Joyce, semble être fasciné par les sous-vêtements féminins, qui seront évoqués à plusieurs reprises dans le roman.
48. Bloom télescope deux chansons : « His Funeral Is Tomorrow » (« C’est demain son enterrement ») de McGlennon et « Comin’ Thro’ the Rye » (« En battant la campagne ») de R. Burns.
49. Ses deux grands yeux. Toujours aussi beaux : Bloom avait autrefois été attiré par cette amie de Molly. Le temps et les maternités ont prématurément vieilli Mme Breen, qui sera plus loin comparée à Mme Bloom.
50. Pendant les mois d’hiver, l’association chrétienne Dublin Free Breakfasts for the Poor (« Petits déjeuners pour les pauvres de Dublin ») offrait aux indigents des repas à un penny. Les couverts étaient enchaînés aux comptoirs devant lesquels les bénéficiaires mangeaient debout.
51. H.S. Hors service : le sous-entendu est nettement d’ordre sexuel. Ce message reviendra à plusieurs reprises dans le roman.
52. John Henry Menton avait effectivement un bureau au 27 de Bachelor’s Walk. Il assiste à l’enterrement de Dignam et figure au nombre des admirateurs de Molly dans la liste qu’en dresse Bloom dans « Ithaque ».
53. Un autre excentrique dublinois. Deux de ses patronymes évoquent la filiation. O’ est l’ancienne particule servant à marquer la filiation en Irlande. Fitz, du latin filius, est un préfixe qui a servi à composer les noms donnés aux fils illégitimes de princes. L’historien Macaulay appelait « Fitz » un Irlandais d’origine anglo-normande, mettant ainsi en évidence l’inscription de la bâtardise chez le personnage.
54. Meshuggah : « cinglé, excentrique » en yiddish.
55. Ellmann dépeint cet assistant du sous-shérif de Dublin, familier des Joyce, comme « un joyeux compère, inépuisable en histoires scatologiques ».
56. L’Irish Times : c’est dans ce quotidien d’obédience protestante et conservatrice que Bloom a passé l’annonce à laquelle a répondu Martha Clifford. Le texte de cette annonce figure quelques lignes plus bas, suivi de notations empruntées à la lettre que Bloom a lue dans « Les Lotophages ». En 1903, Joyce avait caressé l’espoir (déçu) d’être embauché comme correspondant de ce journal en France.
57. Lizzie Twigg : personnage réel, cette protégée de George Russell (dont le pseudonyme était A.E.), publia dans l’United Irishman des poèmes sous le nom gaélique d’Elis ni Chraobhin. Joyce se défiait de la théosophie et on peut penser que l’adjectif « illustre » a ici une valeur ironique.
58. James Carliste est le directeur de l’Irish Times Ltd en 1904. En 1903, l’Irish Time Ltd avait versé 6,5 % de dividendes à ses actionnaires.
59. Deux sociétés de filature, celle de James et Peter Coates (établie en Écosse) et celle de Clarke and C°, fusionnèrent, créant un monopole qui eut pour résultat une forte augmentation de la valeur des actions.
60. The Irish Field : ce journal dominical était consacré aux intérêts des gentlemen campagnards.
61. La Ward Union : cet équipage de chasse à courre était l’un des plus célèbres d’Irlande.
62. De la méthode dans sa folie : lorsque Hamlet feint la folie, Polonius, qu’il tourne en dérision, remarque : « Bien que ce soit de la folie, voici qui ne manque pas de logique », Hamlet, II, il, v. 207-208.
63. Les laiteries-écoles (Educational Dairy Produce Stores, Ltd) offraient, dans leurs magasins de Dublin où l’on pouvait déjeuner, une nourriture saine et des boissons sans alcool.
64. Au château de Dublin : un rappel de la mainmise de l’Angleterre sur l’Irlande. Ces bâtiments abritaient l’administration britannique et plus spécialement la police.
65. Un proverbe dit du chien du jardinier qu’il ne mange ni ne laisse manger.
66. Tom Kernan : ce représentant en thés (d’où l’enchaînement des pensées de Bloom) emprunte des traits à John Joyce et à un de ses amis.
67. Lors de la naissance de son huitième enfant, le prince Léopold, la reine Victoria reçut une faible dose de chloroforme. Il en fut largement fait état car l’anesthésie était encore à ses débuts.
68. La croyance populaire attribuait aux tuberculeux un appétit sexuel accru.
69. Bloom télescope ici deux expressions tirées du discours patriotique de Dan Dawson que Ned Lambert a déclamé sur le ton de la dérision dans les bureaux du Freeman’s Journal dans « Éole ».
70. En 1904, les bâtiments qui avaient abrité le Parlement irlandais jusqu’à sa dissolution, en 1800, étaient en fait depuis longtemps occupés par la Banque d’Irlande.
71. Apjohn, moi et Owen Goldberg : ce patronyme a vraisemblablement été choisi par Joyce pour sa consonance juive.
72. Le sort d’un agent c’est pas dégoûtant : écho parodique d’une chanson extraite de l’acte II de The Pirates of Penzance, opéra de Gilbert et Sullivan (1880), où l’on trouve : « A policeman’s lot is not a happy one » (« Le sort d’un agent n’a rien d’enviable »).
73. Trinity College : université fondée par Élisabeth Ire en 1592. Elle s’oppose à University College (catholique) où Joyce étudia sous la direction des jésuites.
74. Tommy Moore : ce poète irlandais (1779-1852) étudia à Trinity College, qui venait de s’ouvrir aux catholiques. On trouve dans le roman plusieurs citations de ballades qu’il composa.
75. Michael Balfe : musicien dublinois (1808-1870).
76. Joe Chamberlain : cet homme d’État anglais opposé au Home Rule était particulièrement impopulaire en Irlande pour sa responsabilité dans la guerre des Bœrs. Le diplôme qui lui fut conféré à titre honorifique à Trinity College donna lieu à des émeutes au cours desquelles la police chargea les manifestants.
77. De Wet : ce général boer conduisit la guérilla contre les Anglais. Les Irlandais soutenaient les Bœrs dans leur combat contre l’oppression anglaise, combat plusieurs fois évoqué dans le roman.
78. Vinegar Hill, dans le comté de Wexford, fut le quartier général des rebelles lors du soulèvement de 1798.
79. La guilde des Crémiers de Dublin avait constitué une fanfare qui était présente lors de la manifestation évoquée par M. Bloom.
80. On se prépare de grands moments, Mary : une façon d’annoncer l’imminence d’une révolution.
81. Pour éviter délations et infiltrations, James Stephens avait scindé son association en cercles de dix membres, chacun ne connaissant que le centre de son groupe. Les centres rendaient des comptes aux centres de districts qui rendaient des comptes aux centres divisionnaires qui s’adressaient au conseil suprême, composé de onze membres.
82. Sinn Fein : expression gaélique signifiant « Nous-mêmes » ou « Nous seuls ». Le Sinn Fein fut fondé par Arthur Griffith en 1904-1905 et visait à faire accéder l’Irlande à l’indépendance. La première utilisation de ce nom date de novembre 1904 et constitue ici un anachronisme.
83. Au début du XXe siècle, les membres de l’Irish Republican Brotherhood qui tentaient d’abandonner l’association étaient menacés d’exécution sommaire par la Main secrète (the Hidden Hand).
84. Garibaldi :