et Mme Purefoy, la parturiente de l’épisode XIV. Ce trait est d’autant plus remarquable que « Les Bœufs du Soleil » traite d’un accouchement et de l’histoire de la littérature anglaise.
75. Cet incident sera narré à la manière d’une épopée dans « Les Bœufs du Soleil ».
76. L’évasion du chef fénian James Stephens donnait lieu à d’innombrables légendes. Bloom associe, sur la base de leurs patronymes, deux personnes bien différentes : O’Brien, gérant des bains de Tara street, et William Smith O’Brien (1803-1864), l’un des chefs du mouvement hostile à l’union avec la Grande-Bretagne (réalisée en 1800) et dont Stephens fut l’aide de camp et le complice.
77. Enthousiaste : on peut penser que ce terme, s’il est pris comme substantif, fait allusion à un mouvement séparatiste puritain du XVIIIe siècle, partisan d’une utopie agraire anarchiste que Bloom rapprocherait du mouvement sioniste pour lequel Dlugacz aurait quelque sympathie.
78. Tout comme Stephen craignait d’être vu collant la crotte séchée extraite de sa narine dans « Protée », Bloom a peur d’être surpris en train de déféquer.
79. Le titre cité par Bloom ne figure nulle part dans les archives du journal. Le coup de maître est peut-être l’un des nombreux projets que fait Bloom en cette fin d’épisode et dans le roman tout entier. En associant un peu plus loin M. et Mme L.M. Bloom, il annule les effets de l’intitulé de l’adresse figurant sur la lettre d’un Boylan qu’il évince ainsi, du moins virtuellement, du duo qu’il forme avec Molly.
80. Peut-être une pique à l’encontre de George Roberts, directeur commercial de l’éditeur dublinois Maunsel, qui avait refusé de publier une nouvelle de Dubliners : « Ivy Day in the Committee Room » (« Ivy Day dans la salle des commissions »). Il trouvait en effet que quelques phrases étaient injurieuses vis-à-vis du roi Edouard VII.
81. C’est au cours de ce bal que Molly a rencontré Boylan. La danse des heures se situe dans l’acte III de La Gioconda (1876), opéra de Ponchielli. Changements de costumes et jeux de lumière représentent la ronde des heures mais aussi la lutte entre les puissances de la lumière et des ténèbres.
82. Cette sonnerie qui marque moins le quart est peut-être la même que celle entendue par Stephen à la fin de « Télémaque ».
Marie-Danièle Vors
V. LES LOTOPHAGES
1. Brady : ruelle d’habitations pauvres. – Arpète : apprenti.
2. Maison de : nom du foyer de l’Armée du Salut (en hébreu : « maison de Dieu » ; c’est le nom du lieu saint, près de Jérusalem, où était conservée l’Arche de l’Alliance). – Aleph, Beth : les deux premières lettres de l’alphabet hébreu. C’est l’une des nombreuses correspondances entre le monologue intérieur de Bloom et celui de Stephen (voir l’épisode III, « Protée »).
3. Tom Kernan est représentant en thé.
4. Peut-être un écho du titre d’un des premiers recueils de poèmes de Byron, Hours of Idleness (« Heures oisives », 1807).
5. Peut-être un écho du poème de Shelley The Sensitive Plant (1820), qui oppose le dépérissement des plantes à l’éternité de l’amour et de la beauté.
6. Le principe d’Archimède.
7. Nom fictif sous lequel Bloom a entamé une correspondance avec une certaine « Martha Clifford » au moyen d’une petite annonce dans le Irish Times. On pourra comparer la relation épistolaire entre Bloom et Martha Clifford et l’étrange liaison qui s’établit entre Joyce et Marthe Fleischmann à Zurich de décembre 1918 à mars 1919, et commença par une correspondance. Le pseudonyme de Bloom évoque aussi un air célèbre de l’opéra Maritana (1845) de W. Vincent Wallace, alors très populaire à Dublin.
8. Bloom regarde les affiches pour le recrutement de l’armée. Le régiment du commandant Tweedy, le père de Molly, était celui des Royal Dublin Fusiliers.
9. Lors de la guerre des Bœrs (1899-1902), Maud Gonne, ardente nationaliste, fit une campagne pour demander aux Irlandais de ne pas s’engager dans l’armée britannique et fit distribuer un tract exhortant les femmes irlandaises à ne pas fréquenter les soldats britanniques.
10. Le journal de Griffith : le United Irishman, fondé par Arthur Griffith en 1899.
11. Habillé en pompier : on voyait souvent Édouard VII (qui régna de 1901 à 1910) vêtu d’uniformes de divers régiments. – Franc-maçon : le futur Édouard VII fut grand-maître des Francs-Maçons anglais de 1874 jusqu’à son avènement au trône en 1901.
12. Hôtel Grosvenor : hôtel élégant.
13. Dans Jules César de Shakespeare, Marc-Antoine, lors de son oraison funèbre de César, répète à plusieurs reprises la phrase « Brutus est un homme honorable » (III, II, v. 89,96 et 101), mettant ironiquement en doute les raisons qui ont poussé Brutus à tuer César.
14. Conway : pub et marchand de vin.
15. Broadstone : gare terminus de la ligne menant vers l’ouest du pays.
16. L’Arche : pub dans le centre de Dublin.
17. Titre de la seconde partie du poème de Thomas Moore, « Lalla Rookh, An Oriental Romance » (1817). Ce poème a été mis plusieurs fois en musique, notamment par Schumann (Le Paradis et la Péri, 1843). Dans la mythologie persane, les péris sont des êtres déchus et chassés du paradis, qui ne peuvent y retourner qu’une fois leur pénitence accomplie. L’expression « paradise and the péri » est parfois utilisée pour signifier la frustration au moment d’atteindre le but.
18. En argot, a pot of bliss désignait une belle grande femme ; to pot one’s meat, « empoter sa viande », est une expression argotique pour « copuler ». Tout le slogan prend ainsi une dimension sexuelle.
19. M’Coy a emprunté à Bloom une valise sous le prétexte que sa femme en avait besoin pour partir en tournée, et ne la lui a jamais rendue.
20. Ulster Hall : grande salle de concert et de réunion.
21. La phrase anglaise (Who’s getting it up ?) peut être entendue de façon grivoise avec des connotations d’érection.
22. Variation sur un vers de la comptine « Sing a song of six pence ».
23. En cartomancie, la dame brune peut être la dame de pique ou la dame de trèfle, l’homme blond le roi de cœur ou le roi de carreau. Les deux figures renvoient ici à Molly Bloom et Flam Boylan. On se souvient que Molly Bloom s’est tiré les cartes lors de son petit déjeuner.
24. Les régates de Wicklow avaient lieu chaque année en août dans la ville côtière de Wicklow, au sud de Dublin.
25. Il y avait eu un début d’épidémie de variole à Belfast en mai-juin 1904.
26. Cantrell et Cochrane : compagnie vendant des eaux de table.
27. Clery : grand magasin qui existe encore de nos jours.
28. Leah : il s’agit de la pièce Léa, la vierge juive, adaptée par l’auteur américain Augustin Daley à partir de la pièce Deborah (1850) de l’auteur autrichien Solomon Hermann von Mosenthal. L’histoire est située dans un village autrichien au début du XVIIIe siècle. La jeune juive Léa, poursuivie par le juif apostat Nathan, finit par se suicider. – Le Freeman’s Journal du 16 juin 1904 annonçait la venue de la célèbre actrice américaine Millicent Palmer dans le rôle principal de Léa au Gaiety Theatre de Dublin.
29. Il arrivait assez souvent que des actrices jouent des personnages masculins dans les pièces de Shakespeare, jugeant que les rôles féminins n’étaient pas assez gratifiants.
30. Edward Payson Vining, dans son livre Le Mystère de Hamlet. Tentative pour résoudre un vieux problème (1881), soutient qu’Hamlet est une jeune fille élevée par sa famille comme un garçon afin d’obtenir le trône du Danemark.
31. Le père de Bloom, Rudolph Virag, s’est suicidé le 27 juin 1886.
32. Kate Bateman : actrice célèbre qui triompha dans les rôles de Léa, Juliette, Lady Macbeth et Médée.
33. Adélaïde Ristori, célèbre actrice italienne qui joua le rôle de Léa à Vienne.
34. Bloom confond Deborah et Rachel, peut-être parce que dans la Genèse (XXIX), Rachel est la sœur de Léa.
35. Scène de Deborah (II, XIV) de Mosenthal.
36. L’abri du cocher : c’est là que se déroulera une bonne partie de l’épisode XVI, « Eumée ».
37. Cette anecdote fait partie des légendes populaires sur Mahomet.
38. Mrs Ellis dirigeait une école maternelle que fréquentait Bloom enfant.
39. On comparera la veine un peu sado-masochiste de la lettre à certaines lettres de Joyce à Nora (lettre du 13 décembre 1909 à Nora, dans Œuvres, Bibl. de la Pléiade, t. I, p. 1282-1283). On retrouvera cette veine chez Bloom dans certains des fantasmes de l’épisode XV, « Circé ».
40. Manifestement un lapsus de Martha Clifford écrivant « world » (monde) pour « word » (mot).
41. If you do not wrote : faute d’anglais de Martha, qui met le verbe au prétérit au lieu du présent.
42. Before my patience are exhausted : encore une faute d’anglais de Martha, qui met le verbe au pluriel avec un sujet au singulier.
43. La Coombe : rue du quartier des Liberties, proche de la cathédrale Saint-Patrick.
44. It ? Them : Bloom remarque avec raison qu’il y a une contradiction grammaticale dans le texte de la chanson. En effet « drawers » (la culotte) est un pluriel alors que « it » (ça) est un singulier.
45. C’est-à-dire les menstrues.
46. On peut imaginer une préoccupation sexuelle plus masculine dans la répétition par Bloom de ce vers précis de la chanson. En effet « to keep it up » peut aussi avoir le sens de « maintenir dressé ».
47. Marthe, Marie : sœurs de Lazare auxquelles le Christ rendit visite (Évangile selon saint Luc, x, 38-42).
48. Il : le Christ.
49. Ashtown : faubourg de Dublin où se trouvait la résidence du vice-roi. Le trou dans le mur était une ouverture par laquelle les électeurs pouvaient passer la main et la retirer pleine d’argent, ignorant ainsi l’identité de la personne qui les soudoyait.
50. Marie, plus