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    3. Chapitre 250
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    oui. »

    4. Voir James Van Dyck Card, An Anatomy of Penelope, Rutherford, Farleigh Dickinson University Press, 1984.

    5. Samuel Butler, The Authoress of the “Odyssey”, Londres, 1897. Butler y exposait l’idée que l’Odyssée n’avait pu être écrite que par une femme.

    DOSSIER

    JOYCE, TOUJOURS

    Philippe SOLLERS

    Le lecteur français veut savoir tout de suite si la nouvelle traduction d’Ulysse, de James Joyce, était nécessaire, et si elle est préférable à l’ancienne. La réponse, à quelques détails près, est oui. Le texte est plus précis, plus dru, plus cru. Cela dit, la curiosité du lecteur va-t-elle plus loin ? On aimerait le penser, mais, malheureusement, il est de plus en plus difficile de rencontrer quelqu’un qui a lu le livre. Toute personne cultivée a entendu parler de Joyce, connaît trois ou quatre anecdotes sur lui, mais, sur le fond, à part les redites des commentaires universitaires, on reste dans le brouillard, et ce n’est pas la mascarade du “Bloomsday”, le 16 juin de chaque année, à Dublin, qui pourra éclairer le problème.

    Joyce n’est pas plus trouvable à Dublin que Proust au bois de Boulogne, Kafka à Prague, Cézanne sur la montagne Sainte-Victoire, Céline à Meudon. Une ville se prête à la célébration d’un personnage de roman pour mieux évacuer son auteur ? Voilà qui est digne de l’extravagant humour de ce génie encore peu compris. Joyce n’aurait certainement pas accepté d’être identifié au seul Léopold Bloom. Il est Bloom, c’est entendu, mais aussi Stephen Dedalus, Buck Mulligan, Homère, Hamlet, Dieu, Shakespeare, Aristote, Gerty, un certain nombre de théologiens, d’ivrognes, de prostituées, et puis Molly, et puis n’importe qui. Le jour de Joyce est le plus long de toute l’histoire humaine. Nation, famille, raison bornée, religion, tout vole en éclats du matin au soir, et on entre ainsi, pour la première fois, dans une réalité entièrement libre, comique, lyrique, intime, cosmique. Sans parler d’une obscénité naturelle, d’autant plus mystérieuse et détachée qu’elle n’a rien à voir avec la pornographie.

    Il vaut mieux dire, c’est évident, “putain”, “bordel”, ou “Bon Dieu”, plutôt que (comme dans l’ancienne version) “sapristi” ou “sapristoche”. Ancienne traduction : “J’en ai assez de me battre avec ces satanés œufs.” La nouvelle : “Je peux pas passer mon temps à trifouiller ces œufs à la con.” Bon. En revanche, on ne voit pas en quoi “navette à encens” ajoute à “encensoir”. Parfois un des traducteurs s’amuse et remplace froidement “c’est en forgeant qu’on devient forgeron” par “c’est en lisant qu’on devient liseron”, introduisant ainsi Queneau dans Ulysse. D’ailleurs, qu’est-ce qui ne peut pas “entrer” dans Ulysse et Finnegans Wake ? Ce sont des trous noirs, pas moyen d’en sortir.

    On a beaucoup répété qu’Ulysse était illisible et, par conséquent, les commentaires insistent sur les questions formelles. “Joyce a voulu dérégler le langage”, entend-on. Mais pas du tout : il a voulu au contraire le régler autrement, à la mesure d’un monde en plein dérèglement (ça continue de plus belle). Il y avait quelque chose de pourri du côté de l’anglais, de l’Irlande, de la civilisation occidentale, de la métaphysique, de l’espace, du temps, de la religion, des objets, des hommes, des femmes. Joyce a simplement voulu faire le ménage dans ce foutoir. Le résultat est explosif, mais toujours très clair (sauf du point de vue de la domination ou de la servitude). C’est le sens d’Ulysse qui fait question, pas les mots pour le dire.

    Que fait donc ici ce Bloom, né Virag, juif d’origine hongroise, et Marion, sa femme, la très célèbre Molly qui achève le concert par son fameux “oui” ? Qui est ce Stephen Dedalus, échappé des jésuites, avec son refus blasphématoire de s’agenouiller devant sa mère mourante ? Pourquoi ce couple masculin, juif infidèle mais persistant (hébreu) et catholique décalé grec ? “Un juif grec est un grec juif “,dit Joyce. Ce duo est choisi avec la plus grande logique. C’est lui qui est chargé de s’opposer au conformisme ambiant (l’antisémitisme), tantôt dans la dérision, tantôt dans la pulsion, dans la révolte ou la compassion.

    Duo ? Non : trio, puisque l’auteur pénètre, comme personne avant lui, dans les petits papiers du psychisme féminin. Fin de la sainte mère, fin de l’idole idéale. Laisse-moi être, laisse-moi vivre, dit Stephen à sa mère, tout en la traitant intérieurement de “goule” et de “mâcheuse de cadavres”. Il y a un péché originel lié à la procréation et, donc, à la mort ? C’est probable, terrible, mais surtout cocasse. Stephen est la vision “artistique” de Joyce, Bloom son versant progressiste et scientifique voué à l’obsession sexuelle. Les hommes et les femmes ? Malentendu complet, mais justement. Commencez par le splendide épisode de Nausicaa : la jeune boiteuse ravissante sur la plage, renversée en arrière pendant un feu d’artifice, et le sombre satyre Bloom en train de la regarder depuis les rochers en se masturbant. Le lieu est-il clairement indiqué par le tourisme en Irlande ? On en doute.

    Qu’est-ce qui saute avec Joyce ? La hiérarchie. On comprend qu’une telle insurrection n’ait pas été du goût de l’ordre existant (et surtout pas des marxistes). Le rationalisme plat est moqué, le parti dévot ridiculisé, l’auteur est aussi à son aise en juif qu’en femme, sans parler de sa conviction que Dieu, s’il existait, serait “toutentous” (et aussi bien toutentoutes).

    Les morts sont vivants, les vivants sont en train de mourir, on enterre quelqu’un, un accouchement a lieu, on célèbre des messes, on rédige le journal du jour, on boit dans un tripot, on donne la clé de l’œuvre de Shakespeare, on écoute parler la parole, on se glisse dans les rêves et les cauchemars, on raisonne sur la maternité et la paternité. Un père n’est pas un géniteur : “L’engendrement conscient n’existe pas pour l’homme. C’est un état mystique, une succession apostolique, du seul engendreur au seul engendré.” Résultat inattendu, l’Eglise catholique, comme le monde lui-même, est immuablement fondée sur le vide. Bloom est très impressionné par ce Stephen intransigeant, il le drague, il serait volontiers son mentor (quitte à lui proposer sa femme). Il pense que le sexe est tout-puissant, Molly aussi, mais c’est pour rire. Il serait plutôt socialiste, Bloom, à quoi Stephen répond sèchement : “Nous ne pouvons pas changer le pays, changeons de sujet.”

    Ithaque, avec Télémaque, Nausicaa et Pénélope, est un des épisodes les plus réussis d’Ulysse. Chaque relecture est un enchantement, questions et réponses, aussi vertigineuses les unes que les autres. Vous êtes un peu perdu dans le diabolique et délirant Circé ? Normal, puisque “l’Histoire est un cauchemar dont j’essaie de m’éveiller”.Mais écoutez plutôt Stephen, à moitié ivre, crier son “Non serviam !” et son “Nothung ! ” aux cadavres et aux fantômes, tout en sabrant le lustre du bordel avec sa canne de frêne (celle-là même, sans doute, que le pauvre Artaud dira avoir été la canne de saint Patrick). Et appliquer ce simple principe de base : “Tiens-toi au maintenant, à l’ici, à travers quoi tout futur plonge dans le passé.”

    Discours Parfait,

    Gallimard, Folio n° 5344

    NOTES SUR ULYSSE DE JOYCE (1924)

    Stefan ZWEIG

    Genre : un roman ? Nullement : un sabbat de l’esprit, un gigantesque capriccio, une phénoménale nuit de Walpurgis cérébrale. Un film de situations psychiques, éblouissant, trépidant, se déroulant à l’allure vertigineuse d’un express au milieu d’un paysage psychologique plein de détails ingénieux et géniaux. Un dédoublement, un « détriplement » de la pensée, un chevauchement, un entremêlement, une juxtaposition désordonnée de tous les sentiments, une orgie psychologique vue à travers une loupe à scruter le temps ultra perfectionnée qui désintègre chaque mouvement, chaque vibration. Une tarentelle de l’inconscient, une fuite désordonnée et tumultueuse des idées, entraînant indistinctement dans son tourbillon tout ce qui se trouve sur son chemin, ce qu’il y a de plus subtil et de plus banal, de plus fantastique et de plus freudien, théologie et pornographie, lyrisme et trivialité de portefaix : un chaos, en somme, non point issu des confuses visions enfantées par le cerveau ivre d’un Rimbaud, embrumé par le démon de l’alcool, mais orchestré hardiment en connaissance de cause, par un intellectuel à l’esprit perçant, ironique, cynique. On crie de ravissement, on rage, on se lasse, puis l’intérêt stimule encore une fois votre attention, on finit par avoir le vertige comme si l’on avait tourné dix heures de suite sur un manège ou écouté une musique interminable, une musique tantôt fascinante, aux sonorités flûtées, tantôt brutale, tapageuse, barbare comme du jazz, mais toujours d’un modernisme voulu, qui s’exprime ici dans une débauche de vocables, la plus raffinée à laquelle se soit jamais livrée aucune langue. Il y a dans ce livre quelque chose d’héroïque et en même temps d’une parodie lyrique de l’art ; bref, c’est bel et bien un sabbat de sorcières, une messe noire dans laquelle le diable mime et singe l’esprit saint de la façon la plus osée, la plus irritante. Mais c’est unique, inimitable, nouveau.

    Origine : quelque chose de maladif. Depuis sa jeunesse, une haine est en James Joyce ; il souffre d’une affection primaire, d’une blessure de l’âme, d’une offense. C’est à Dublin, sa ville natale, qu’elle a dû lui être faite par les bourgeois qu’il hait, par les prêtres qu’il hait, par les professeurs qu’il hait, par un être quelconque. Car tout ce qu’écrit ce génie grandiose c’est pour se venger de Dublin : hier, son Stefan Dedalus, cette autobiographie magnifique d’impudeur ; aujourd’hui, cette féroce analyse, cette orestie psychologique. Parmi les quinze cents pages d’Ulysse, on n’en trouve pas dix qui soient empreintes de cordialité, d’abandon de soi, de bonté, d’aménité, toutes sont cyniques, sarcastiques, la révolte y gronde avec la puissance d’un ouragan, toutes sont explosives ; sous l’impulsion d’une surexcitation nerveuse, elles se précipitent à un rythme

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    Classique, Fiction, Littérature, Roman
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