▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
Recherche avancée
Sign in Sign up
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
    Sign in Sign up
    1. Home
    2. Ulysses
    3. Chapitre 25
    Prev
    Next

    : dans la même barque. Et que je te passe de la pommade. C’est que ça finirait par vous taper sur le système. Incapable d’entendre la différence ? Je pense que c’est quand même bien sa tendance. Ça me prend à rebrousse-poil au bout du compte. Pensais que Belfast lui clouerait le bec. J’espère que la petite vérole25 n’a pas empiré là-haut. Imagine qu’elle refuse de se refaire vacciner. Ta femme et ma femme.

    Dis donc, serait-il pas là à jouer les entremetteurs ?

    M. Bloom s’arrêta au coin de la rue, ses yeux errant sur les panneaux d’affichage riches en couleurs. Cantrell et Cochrane26 : Bière au gingembre (Aromatisée). Soldes d’été chez Clery27. Eh non, il file tout droit. Tiens. Leah ce soir : Mme Bandmann Palmer28. Ça me fait envie de la revoir là-dedans. Hamlet, c’est ce qu’elle jouait hier soir. Rôle masculin29. Peut-être que c’était une femme30. Serait pourquoi Ophélie s’est suicidée ? Pauvre papa31 ! La manière dont il parlait toujours de Kate Bateman32 dans ce rôle ! Planté devant l’Adelphi à Londres, attendant tout l’après-midi pour avoir une place. L’année précédant ma naissance : en 65. Et la Ristori33 à Vienne. C’est quoi déjà le nom exact ? De Mosenthal que c’est. Rachel, pas vrai34 ? Non. La scène dont il parlait tout le temps, celle où Abraham vieilli et aveugle reconnaît la voix et pose ses mains sur son visage.

    La voix de Nathan ! La voix de son fils ! J’entends la voix de Nathan qui abandonna son père, le laissant mourir de chagrin et de misère entre mes bras, qui abandonna la maison de son père et abandonna le Dieu de son père35.

    Chaque mot est tellement profond, Leopold.

    Pauvre papa ! Pauvre homme ! Je suis bien content de ne pas être entré dans cette pièce pour regarder son visage. Quelle journée ! Mon dieu ! Mon dieu ! Fooouuu ! Mais peut-être était-ce mieux ainsi pour lui.

    M. Bloom tourna au coin de la me et passa non loin des haridelles harassées de la station de fiacres. Ça ne sert à rien d’y penser désormais. L’heure du sac d’avoine. Qu’est-ce que j’ai fait de rencontrer ce bougre de M’Coy.

    Il s’approcha et entendit un broiement d’avoine dorée, la mastication tranquille de leurs dents. Leurs grands yeux de biches le contemplèrent tandis qu’il s’avançait baigné par les doux effluves avoinés de pisse de cheval. Leur Eldorado. Pauvres niais ! Tu parles qu’ils en ont quelque chose à braire, pour ce qu’ils en savent, leur grand nez collé dans le sac d’avoine. La panse trop remplie pour causer. Remarque, ils s’en tirent pas mal avec la bouffe et le coucher. Et châtrés : leur bout de caoutchouc noir qui ballotte mollement entre les cuisses. Sont peut-être heureux comme ça malgré tout. Semblent être de braves pauvres brutes. N’empêche que leur hennissement peut être vraiment pénible.

    Il sortit la lettre de sa poche et la mit dans le journal qu’il portait. Pourrais bien me retrouver nez à nez avec elle par ici. La ruelle est plus sûre.

    Il passa devant l’abri du cocher36. Curieuse cette vie des cochers en maraude, par tous les temps, partout, à l’heure ou à la course, jamais leur mot à dire. Voglio e non. J’aime bien leur donner une cigarette à l’occasion. Sociables. Lancent quelques syllabes ailées au passage. Il fredonna :

    Là ci darem la mano

    La la lala la la.

    Il vira dans Cumberland street et, après quelques pas, s’arrêta à l’abri du vent près du mur de la gare. Personne. Meade, bois de construction. Poutres empilées. Ruines et taudis. Regardant où il mettait les pieds il coupa au-dessus d’une marelle où traînait le palet oublié. Pas âme qui vive. Près du chantier un enfant accroupi jouant aux billes, seul, tirant le calot d’une pichenette. Une chatte pleine de sagesse, sphinx clignant des yeux, regardait tout depuis son rebord de fenêtre tiède. Dommage de les déranger. Mohammed coupa un bout de son manteau pour ne pas la réveiller37. Ouvre-la. Et autrefois j’ai joué aux billes quand je fréquentais l’école de cette vieille dame. Elle aimait le réséda. Madame Ellis38. Et Monsieur ? Il ouvrit la lettre rangée dans le journal.

    Une fleur. Je crois que c’est une. Une fleur jaune aux pétales aplatis. Pas fâchée alors ? Qu’est-ce qu’elle dit ?

    Cher Henry,

    J’ai bien reçu votre dernière lettre et je vous en remercie. Je regrette que vous n’ayez pas aimé ma dernière lettre. Pourquoi avez-vous joint ces timbres ? Je suis terriblement fâchée contre vous. Si seulement je pouvais vous punir pour ça39. Je vous ai traité de méchant garçon parce que je n’aime pas ce mont-là40. Je vous prie de me dire quel est le vrai sens de ce mot. N’êtes-vous pas heureux en ménage mon pauvre petit polisson. Si seulement je pouvais faire quelque chose pour vous. Je vous prie de me dire ce que vous pensez de ma pauvre petite personne. Je songe souvent au nom magnifique que vous avez. Cher Henry, quand nous verrons-nous ? Je pense à vous si souvent vous n’avez pas idée. Je ne me suis jamais sentie aussi attirée par un homme qu’avec vous. J’en ai si honte. Je vous prie de m’écrire une longue lettre et de m’en dire plus. Rappelez-vous bien que si vous ne le faites pas je vous punirai. Alors maintenant que vous savez ce que je vais vous faire, espèce de méchant garçon, si jamais vous n’écrirez pas41. Oh comme je brûle de vous rencontrer. Henry très cher, ne rejette pas ma demande avant que ma patience soient épuisée42. Alors je vous dirai tout. Au revoir à présent, méchant chéri. J’ai tellement mal à la tête aujourd’hui. Et puis écrivez par retour du courrier à celle qui se languit pour vous.

    Martha.

    P. -S. N’oubliez surtout pas de me dire quel parfum est-ce que votre femme utilise. Je tiens à le savoir,

    x x x x

    Il arracha la fleur avec gravité en tirant sur l’épingle sentit sa quasi pas de senteur puis la plaça dans la poche côté cœur. Langage des fleurs. Elles adorent parce qu’il n’y a pas d’oreille indiscrète. Ou un bouquet empoisonné pour le frapper mortellement. Puis, tout en poursuivant lentement son chemin, il relut la lettre, murmurant çà et là quelque1 mot. Tulipes très en colère contre vous chéri homme-fleur punirai votre cactus si vous non je vous en prie pauvre myosotis comme je me languis violettes aux chères roses lorsque nous prochainement anémones verrons toutes ces très vilaines belladones épouse parfum de Martha. Arrivé au terme de sa lecture il retira la lettre du journal et la remit dans l’une des poches de son veston.

    Faible un sentiment de joie entrouvrit ses lèvres. Plus la même depuis la première lettre. À se demander si elle l’a écrivé elle-même. À jouer les indignées : une fille de bonne famille comme moi, de bonne réputation. Pourrions nous voir un dimanche après le rosaire. Sans façon : je ne fréquente pas la boutique. Les éternelles escarmouches amoureuses. Et puis on finit par se courir après dans les coins. Aussi éprouvant qu’une dispute avec Molly. Le cigare a un effet apaisant. Narcotique. Pousser les choses plus loin la prochaine fois. Méchant garçon : punir : peur des mots, évidemment. Brutal, et pourquoi pas ? À essayer en tout cas. À petites doses.

    Palpant toujours la lettre au fond de sa poche, il en retira l’épingle. Ordinaire cette épingle, hein ? Il la jeta sur la chaussée. L’a prise sur ses vêtements à quelque endroit : avec des épingles qu’ils tiennent. Impensable le nombre d’épingles qu’elles se trimballent. Pas de roses sans épines.

    Des voix à l’accent bien dublinois se mirent à brailler dans sa tête. Les deux catins de ce soir-là dans le quartier de la Coombe43 qui s’accrochaient l’une à l’autre sous la pluie.

    Ah c’est Mairy qu’a perdu

    Les épingles de sa culotte,

    Et la sotte, et la sotte,

    Elle sait pas, elle sait plus,

    Quoi faire pour pas montrer son cul.

    Son quoi, son cul ? Sa culotte44. Tellement mal à la tête. Tu parles, les Anglais qui débarquent une rose à la main45. Ou alors c’est de rester assise à faire la dactylo toute la journée. Fatigue visuelle mauvaise pour l’estomac. Quel parfum est-ce que votre femme utilise. Sûr qu’une chose pareille ça ne s’invente pas !

    Pour pas montrer46

    Marthe, Marie47. J’ai vu ce tableau un jour où je ne sais plus vieux maître ou contrefaçon alimentaire. Il48 est assis chez elles et parle. Mystérieux. Elles aussi, les deux catins de la Coombe, l’écouteraient.

    Pour pas montrer

    Agréable sensation vespérale. Ne plus errer sans fin. Simplement se prélasser là : tranquillité du crépuscule : laisser courir. Oublier. Raconter les endroits où l’on a été, les coutumes étranges. L’autre, une jarre posée sur la tête, apportait le souper : fruits, olives, l’eau si délicieusement fraîche tirée d’un puits, glacée comme le marbre, pareille au trou dans le mur d’Ashtown49. Faut que je me munisse d’un gobelet en carton la prochaine fois que j’irai aux courses de trot attelé. Elle écoute, immenses, sombres et doux sont ses yeux50. Lui dire : plus et plus encore : tout. Suit un soupir : silence. Long long long repos.

    Passant sous le pont de chemin de fer il sortit l’enveloppe de sa poche, la déchira vivement en petits morceaux et les dispersa en direction de la route. Les morceaux voletèrent au loin, sombrèrent dans l’air humide : petit battement d’ailes blanches puis tout sombra.

    Henry Flower. On pourrait déchirer un chèque de cent livres de la même manière. Simple morceau de papier. Lord Iveagh51 encaissa un jour un chèque de sept chiffres, un million, à la banque d’Irlande. Ça vous montre un peu l’argent

    Prev
    Next

    YOU MAY ALSO LIKE

    Portrait de l’artiste en jeune homme – James Joyce
    Portrait de l’artiste en jeune homme
    August 17, 2020
    Molly Bloom – James Joyce
    Molly Bloom
    August 17, 2020
    Gens de Dublin – James Joyce
    Gens de Dublin
    August 17, 2020
    Brouillons d’un baiser – James Joyce
    Brouillons d’un baiser
    August 17, 2020
    Tags:
    Classique, Fiction, Littérature, Roman
    • Privacy Policy
    • ABOUT US
    • Contact Us
    • Copyright
    • DMCA Notice

    © 2020 Copyright par l'auteur des livres. Tous les droits sont réservés.

    Sign in

    Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Sign Up

    Register For This Site.

    Log in | Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Lost your password?

    Please enter your username or email address. You will receive a link to create a new password via email.

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!