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    2. Ulysses
    3. Chapitre 244
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    (Urim et Thummim) ; le lunch sommaire (rite de Melchisédech) ; la visite au musée et à la Bibliothèque nationale (Saints Lieux) ; la pêche aux bouquins dans Bedford Row, Merchant’s Arch, Wellington Quay (Simchath Torah) ; la musique à l’Ormond Hôtel (Sira Shirim) ; l’altercation avec un truculent troglodyte dans le débit de Bernard Kiernan (Holocauste du bouc émissaire) ; un laps de temps indéterminé impliquant une course en voiture, une visite à la maison mortuaire, des adieux (le désert) ; l’excitation sexuelle engendrée par exhibitionnisme féminin (rite d’Onan) ; l’accouchement laborieux de Mme Mina Purefoy (Oblation) ; la séance dans la maison close de Mme Bella Cohen, 82 Tyrone street, Lower, et la dispute et la rixe fortuite qui s’ensuivirent dans Castor street (Armageddon), la déambulation nocturne pour aller à l’Abri du Cocher, Pont Butt, et pour en revenir (Expiation). » Bloom quitte la salle de séjour pour la chambre à coucher, qui est joliment décrite, tant en ce qui concerne les vêtements de Molly, éparpillés partout, que les meubles. La pièce est éclairée ; Molly somnole. Bloom grimpe dans son lit :

    « Que rencontrèrent ses membres en s’étendant graduellement ? « De nouveaux draps, propres ; des odeurs supplémentaires ; la présence d’un corps humain, le sien à elle ; l’empreinte d’un corps humain masculin, non le sien à lui, quelques miettes, quelques bribes de viande de conserve, recuite, qu’il épousseta. »

    En se glissant sous les draps, il réveille Molly :

    « Qu’est-ce qui suivit cette silencieuse action ?

    « Une somnolente appellation, une moins somnolente identification, une commençante excitation, de catéchistiques interrogations. »

    À la question, sous-entendue, qu’as-tu fait de toute la journée ?, la réponse de Bloom occupe un espace singulièrement court, comparé à la longueur de la méditation de Molly au chapitre suivant. Il omet délibérément de mentionner trois choses : (1) la correspondance clandestine entre Martha Clifford et Henry Flower ; (2) l’altercation dans le bar de Kiernan ; (3) sa réponse onaniste à l’attitude provocante de Gertie. Il raconte trois mensonges : (1) qu’il est allé au Théâtre de la Gaieté ; (2) qu’il a dîné à l’hôtel Wynn ; (3) que la raison pour laquelle il a ramené Stephen passer un moment chez lui était que Stephen avait été victime d’un ébranlement momentané causé par un mouvement mal calculé au cours d’une séance de gymnastique après le repas. Comme le révèle plus tard le monologue mental de Molly, Bloom lui raconte aussi trois choses vraies : (1) à propos de l’enterrement ; (2) à propos de sa rencontre avec Mme Breen (l’ancienne amie de Molly, Josie Powell) ; et (3) à propos de son intention de lui faire donner des leçons d’italien par Stephen.

    Le chapitre s’achève sur Bloom s’enfonçant peu à peu dans le sommeil.

    « Dans quelle posture ?

    « Auditrice : étendue semilatéralement, à gauche, la main gauche sous la tête, la jambe droite étendue en ligne droite et appuyée sur la jambe gauche, fléchie, dans l’attitude de Gea-Tellus, comblée, couchante, grosse de semence. Narrateur : couché latéralement, à gauche, la jambe droite et la gauche fléchies, l’index et le pouce de la main droite appuyés sur l’arête du nez, dans l’attitude représentée sur une photographie instantanée faite par Percy Apjohn, l’homme-enfant las, F homme-enfant dans les limbes.

    « Limbes ? Las ?

    « Il repose. Il a voyagé.

    « Avec ?

    « Sinbad le Marin et Tinbad le Tarin et Jinbad le Jarin et Whin-bad le Wharin et Ninbad le Narin et Finbad le Farin et Binbad le Barin et Pinbad le Parin et Minbad le Malin et Hinbad le Harin et Rinbad le Rabbin et Dinbad le Karin et Vinbad le Quarin et Linbad le Yarin et Xinbad le Phtharin.

    « Quand ?

    « Allant vers le sombre lit il y avait un carré rond Sinbad le Marin œuf de roc d’alque dans la nuit du lit de tous les alques des rocs de Sombrembad le Jourclairdairin.

    « Où ? »

    Question qui n’est suivie d’aucune réponse. Mais la réponse serait : nulle part ; il dort.

    a

    Notes de Jacques Aubert

    1. Lettre à Frank Budgen du 28 février 1921, dans James Joyce, Lettres, trad. Marie Tadié, Paris, Gallimard, 1961,1.1, p. 184.

    2. Time and Western Man, Londres, Chatto & Windus, 1927, p. 108.

    3. « In theory he approves only of the scientific method […], He wishes to take every advantage of scientific inventions », The Complete Dublin Diary of Stanislaus Joyce, éd. George H. Healey, Comell University Press, 1962, p. 53-54.

    XVIII. PÉNÉLOPE

    Notice Gallimard (2013)

    Pénélope est une femme avant d’être un mythe, et c’est en tant que femme qu’elle a le dernier mot dans le roman, dernier mot qui outrepasse les frontières de l’humain. Joyce la présente ainsi : « Le dernier mot (humain, bien trop humain) est laissé à Pénélope. C’est l’indispensable visa [countersign] du passeport de Bloom pour l’éternité1. » Un peu plus tard, il change sa formule : « Je réprouve l’interprétation habituelle de Pénélope, apparition humaine. […] Par la conception et la technique, j’ai essayé de peindre la terre préhumaine et peut-être posthumaine2. » Joyce se contredit-il ? Sans doute, mais c’est pour imiter le mouvement de Pénélope qui se tisse et se détisse à la fois dans ses mensonges qui disent la vérité. Joyce trouve l’équivalent textuel de la fameuse ruse de l’héroïne homérique. Pendant trois années, la femme d’Ulysse réussit à tromper les prétendants ; elle ne choisira l’un d’entre eux que lorsqu’elle aura terminé un suaire pour son beau-père Laërte. Et, chaque nuit, elle défait à la lueur des torches ce qu’elle a tissé pendant le jour. Ce n’est qu’une fois qu’elle aura été dénoncée par une servante qu’elle devra terminer son ouvrage. Ulysse revient à temps pour massacrer les prétendants et aussi les servantes. Cela ne suffit pas : Pénélope ne le reconnaît qu’après qu’il lui a confirmé qu’il connaissait le secret de la fabrication de leur lit.

    Molly Bloom, fille du major Brian Cooper Tweedy et de Lunita Laredo, dont on découvre seulement dans cet épisode qu’elle est juive, figure Pénélope, comme elle a déjà incarné Calypso dans l’épisode IV. Elle est aussi Géa-Tellus, la Terre ou la voix de la Nature. Dans la nuit du 16 au 17 juin 1904, Molly tisse et détisse la trame d’Ulysse en huit longues phrases dont la souple ligne mélodique commence et s’achève sur un « oui ». Cette composition est rigoureuse, Joyce la décrit en des termes qui montrent qu’il est conscient de son audace : Pénélope est le clou du livre. La première phrase contient 2 500 mots. Il y a huit phrases dans l’épisode, qui commence et se termine par le mot femelle yes. Il tourne, comme l’énorme globe terrestre, lentement, sûrement et également, en un perpétuel tourbillon. Ses quatre points cardinaux sont les seins, le cul, le ventre et le con des femmes, exprimés par les mots because, bottom (dans tous les sens du terme : bouton du fondement, fond du verre, fond de la mer, fond de son cœur), woman, yes. Bien que sans doute plus obscène qu’aucun des épisodes précédents, il me semble que Pénélope est une Weib [femme, épouse en allemand] parfaitement saine, complète, amorale, fertilisable, déloyale, engageante, astucieuse, bornée, prudente, indifférente. Ich bin der [sic] Fleisch der stets bejaht3.

    Le choix de ces adjectifs indique une volonté de rendre Molly aussi universelle que possible, en multipliant les ambiguïtés et les contradictions. L’analyse de la genèse de cet épisode menée par James Van Dyck Card4 confirme ce programme. Card montre comment Joyce s’ingénie à insérer peu à peu des énoncés qui se contredisent. Veut-on savoir ce que Molly pense de son lit ? Tour à tour elle l’adore ou peste contre le bruit qu’il fait, et veut s’en débarrasser. Et les fesses des femmes ? Tantôt un emblème de désir, tantôt une masse de chair sans expression. Elle repousse l’idée d’épouser un autre homme, mais pense un moment divorcer et prendre le nom de Boylan. Card démontre que Joyce a voulu ces contradictions, ajoutant des phrases qui contredisent les précédentes (mais pas au même endroit) au cours de ses révisions successives.

    On ne peut donc rien affirmer qui ne soit sujet à caution ou à révision au sujet de Molly. Est-elle une bonne ménagère qui sait le prix des légumes ou des huîtres et se souvient de recettes espagnoles, ou bien une fainéante qui traîne au lit et laisse s’accumuler la poussière ? Est-elle une bonne mère soucieuse d’éduquer sa fille, ou une amante désireuse de l’éloigner pour se livrer à ses ébats avec Boylan ? Va-t-elle accéder à ce qu’elle a compris comme une demande de petit déjeuner de la part de son mari ? Compte-t-elle continuer sa liaison adultère au cours de leur concert à Belfast, ou bien souhaite-t-elle avant tout réveiller le désir de Leopold et ainsi entamer une nouvelle phase de leur vie commune ? Rares sont les points sûrs : elle semble détester la politique en général et le nationalisme en particulier, elle ne verrait aucun mal à séduire un jeune homme comme Stephen Dedalus, elle craint le tonnerre et la fin du monde, elle croit en Dieu, elle désapprouve les manières cavalières de Boylan et admire le savoir-faire de son mari qui a plus de manières et d’intuition que son amant. Et si elle pense que les hommes ne savent rien des femmes, elle reconnaît que Leopold comprend ce qui fait une femme. Joyce s’est donc plu à dresser le portrait contradictoire d’une Vierge qui serait aussi une Putain, et qui, entre ces extrêmes, révèle une femme bien réelle, un « être de fuite » bien campé dans sa chair. Le portrait de Pénélope, fidèle et infidèle

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