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    2. Ulysses
    3. Chapitre 241
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    bien que dans Portrait de l’artiste en jeune homme, évoquent le catholicisme de Stephen Dedalus. Et il se souviendra que le premier texte publié par l’auteur, « Les Sœurs », était centré sur un vieux prêtre au psychisme en déroute, qui mettait littéralement à la question un jeune garçon sur les points les plus compliqués et litigieux de la doctrine chrétienne. Or, rien de tout cela ici.

    Certes, le principe est maintenu, qui régit le catéchisme, au dire de l’étymologie, celui d’un tac au tac entre questions et réponses sur ce qui doit être connu du sujet concernant le visible et l’invisible (visibilium omnium et invisibilium, comme l’énonce le Credo) : c’est ce principe dont Joyce nous dit, à la cantonade, qu’il l’a suivi :

    Je rédige Ithaque sous forme de catéchisme mathématique. Tous les événements se résolvent en leurs équivalents cosmiques, physiques, psychiques (par exemple Bloom dégringolant l’escalier, tirant de l’eau au robinet, la miction dans le jardin, le cône d’encens, le cierge allumé et la statue) pour que le lecteur sache tout, et de la façon la plus nue et la plus froide, si bien qu’ainsi Bloom et Stephen deviennent des corps célestes, vagabonds comme les étoiles qu’ils contemplent. / Le dernier mot (humain, bien trop humain) est laissé à Pénélope. C’est l’indispensable visa du passeport de Bloom pour l’éternité1.

    L’écrivain et critique Wyndham Lewis a fait ce reproche à Joyce : « C’est la méthode naturaliste poussée jusqu’au parfait cauchemar2. » De fait, le lecteur a le sentiment que l’écrivain est marqué par le scientisme perceptible dans la culture à la fin du XIXe siècle, et son frère nous le présente en admirateur de l’esprit scientifique3. On sait maintenant qu’à l’époque de la rédaction de cet épisode il se plongea dans le tout récent ouvrage de Bertrand Russell, Introduction to Mathematical Philosophy. À en juger d’après les notes qu’il prit alors, il s’agissait pour lui de mathématiser le discours en prenant en compte la théorie de l’induction et des relations « ancestrales ». Il s’intéresse aux notions de nombre et de collection, d’ordre, de suite et de succession, de relation, de série et d’infini, de fiction logique, etc. Il ne se laisse pas entraîner à des analogies faciles que le vocabulaire de Russell pouvait proposer, comme « ancestral », « successeur », « héréditaire », qui aurait pu rejoindre la thématique de la paternité, dont on sait la place qu’elle tient dans le livre. Russell interroge les philosophes, qui, selon lui, auraient pu gagner à éclaircir la notion de structure en termes de relations et de similitudes.

    L’originalité de Joyce est de reprendre à nouveaux frais ces suggestions de Russell. Il va exploiter les possibilités offertes par la structure du discours en tant qu’il est fondé sur un certain dialogisme, sur l’interlocution, qui suppose la possibilité de ruptures logiques. Il va exploiter ces ruptures, approfondir les failles du discours, de façon expérimentale, et ce jusqu’à l’absurde. On peut sans exagération voir là une extension de l’expérience de cette « épiphanie » qu’il avait tenté de théoriser au début de sa carrière : « Une soudaine manifestation spirituelle, se produisant dans la vulgarité de la parole ou du geste, ou bien dans une phase mémorable de l’esprit même. » La différence est qu’ici Joyce ne dénonce rien, ni personne, mais décrit en acte ce qui se passe dans les dessous du discours courant, jusque dans ses aléas logiques, susceptibles de confiner à l’absurde. Il reste en cela fidèle à sa perspective « scientifique », et à son idéal de vivisection appliqué à la littérature, selon la suggestion de Claude Bernard, qu’il prône dans ses premiers écrits.

    Il vise ici à approfondir les ruptures constitutives du discours, les points où le sujet est mis en suspens. Cette expérience peut donc être envisagée sous deux angles complémentaires. Si l’on se place du point de vue de l’écriture, sa logique de son exploration du discours est en train de le conduire vers un travail sur la lettre en tant que hors-sens : un travail qui va déboucher sans plus tarder sur Finnegans Wake. D’un autre côté, cette mise en suspens du sujet devient mise en jeu, et mise en cause, du lecteur, le confronte assurément au défi de ce qui en lui est à la fois le plus décisif et le plus obscur : sa jouissance. Le texte devient une machine à fabriquer du symptôme, dont la moindre manifestation ne sera pas, dans les pages qui suivront, le discours de Molly Bloom.

    J.A.

    a

    La Lecture de VLB (2006)

    L’Odyssée d’Homère. Tandis que Télémaque rassure sa mère Pénélope, prend un bain et mange (comme dans les westerns à l’aube de l’affrontement ultime), Ulysse entre à Ithaque déguisé en mendiant. Assailli par le maître-chevrier qui lui doit tout, Ulysse reçoit mauvais coups de langue et de poing sans rien dire. L’important, c’est qu’il arrive au château sans que personne ne le reconnaisse. Mais il y aura le chien Argos qui gît, étendu au devant du portail, sur le tas de fumier des mulets et des bœufs. Voyant Ulysse, il remue la queue et couche ses deux oreilles, puis meurt sans que son maître puisse s’approcher de lui et lui faire une ultime caresse. Avoir attendu si longtemps le retour du maître, lui être resté si fidèle et mourir ainsi, sur un tas de fumier, comme fait la vermine !

    Entré dans le corps principal du château, Ulysse subit les foudres d’Antinoos qui manque lui briser la hanche en le frappant avec un tabouret. Prévenue de l’arrivée du mendiant, Pénélope demande à le voir, face à face. Ulysse refuse, commettant ainsi un crime de lèse-majesté : Pénélope est reine et ses sujets doivent répondre dans l’instant à ses demandes, puisqu’elle représente l’autorité suprême et que lui dire non, c’est encourir une punition exemplaire. Pourtant, faisant fi de ses responsabilités de reine, Pénélope accepte sans rien dire qu’un mendiant venu d’on ne sait où lui oppose une fin de non-recevoir ! Il y a quelque chose de pourri en royaume d’Ithaque, et le faible Télémaque n’en est pas le seul responsable.

    Insulté par un gueux plus jeune que lui, Ulysse le terrasse et le traîne dehors au grand plaisir des prétendants. Pénélope ne comprend pas que son fils ne soit pas intervenu pour garder intacte la seule règle qui tienne encore debout toute seule en Ithaque contrée : celle de la sacro-sainte hospitalité. Ainsi l’admoneste-t-elle vigoureusement, ce fils si incompétent : Es-tu donc sans esprit et sans cœur ? Tout petit, tes desseins étaient mieux réfléchis ; te voilà grand : tu vas entrer dans l’âge d’homme ; à te voir bel et grand, il n’est pas d’étranger qui ne te proclamât le fils d’un homme heureux ; mais, parfois, tu parais sans esprit et sans cœur ! Qu’allons-nous devenir si, jusqu’en nos maisons, un paisible étranger peut être maltraité aussi cruellement ! Quelle honte pour toi et quelle flétrissure ! Que répond Télémaque ? Qu’il est faible et seul, à la merci des prétendants, tous rapaces. Ce fils manqué sait pourtant faire preuve de débrouillardise quand il le veut : s’il a réussi à affréter un navire plein d’hommes pour aller sur la mer prendre des nouvelles de son père, pourquoi n’a-t-il jamais pensé à lever une armée de mercenaires afin de débarrasser le château de ses innombrables prétendants ? En deux coups de cuillers à pot, la place aurait été nettoyée, sa mère libre et lui-même affranchi. À dire vrai, les prétendants ne semblent pas aussi dangereux que le croit Télémaque, puisqu’il n’a qu’à leur demander de rentrer chez eux pour dormir, et que tous obtempèrent sans rechigner, comme une bande de deux de pique à qui on peut commander sans même à avoir à hausser le ton.

    Le départ des prétendants permet à Ulysse de s’entretenir enfin avec Pénélope. Il reste déguisé en gueux, question de mieux l’impressionner en faisant, sur le long et sur le large, sa propre louange. Comme Ulysse est brave, valeureux et sage ! Comme Pénélope a eu raison de l’attendre aussi longtemps ! Pas une seule fois il ne s’informe de ce que, pour elle, a été la vie sans sa présence. Pas une seule fois non plus, il ne la questionne sur Télémaque par ailleurs disparu dans le paysage on ne sait trop comment ni pourquoi. Puis laissant Pénélope s’en aller à sa chambre, se couche sur peaux de mouton, le divin Ulysse aux mille Tours, et rêvasse, mais sans que la chose ne concerne ni Pénélope ni Télémaque.

    Quand se lève le matin, les prétendants de Pénélope reviennent occuper le corps principal du château. Télémaque s’est habillé comme un dieu de la guerre pour leur faire face enfin. Lui qui n’avait guère de volonté ni de force morale en l’absence d’Ulysse, le voilà transformé, autoritaire s’affiche-t-il devant les prétendants, leur disant : Cette maison n’est pas une place publique : c’est la maison d’Ulysse, et j’en suis l’héritier. Aussi bien, prétendants, modérez votre humeur ! Ni menaces ni coups, si vous ne voulez pas de querelle et de rixe ! Pénélope n’est plus la même elle aussi. Elle qui refusait de se montrer aux prétendants survient, vêtue de ses royaux attributs, portant carquois plein de flèches et l’arc d’Ulysse, ses servantes la suivant avec le coffre rempli de fers bronzés. Aux prétendants s’adresse-t-elle ainsi : Voici le grand arc de mon divin Ulysse ; s’il est ici quelqu’un dont les mains, sans effort, puissent tendre la corde et, dans les douze haches, envoyer une flèche, c’est lui que je suivrai, quittant cette maison, ce toit de ma jeunesse, si beau, si bien fourni ! Que je crois

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