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    2. Ulysses
    3. Chapitre 238
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    loyauté tourne à vide dans ce qui a été qualifié, à juste titre, de « pays le plus déprimant ». À la recherche d’un nouvel homme providentiel, l’Irlande répète l’histoire des Juifs qui crucifièrent un Messie qu’ils n’avaient pas reconnu.

    Tromperie et duplicité sont omniprésentes dans un épisode où les choses elles-mêmes ne sont pas ce qu’elles semblent être. Stephen contemple une brioche-brique, et des pierres ont remplacé le corps de Parnell. Un langage jugé poétique par Bloom ne sert qu’à lancer une bordée de jurons ; mieux encore, les personnages perdent toute identité repérable. Stephen joue pour Corley le rôle que tint Eumée pour le roi d’Ithaque. Fitzharris est peut-être l’un des Invincibles, et c’est Murphy qui correspond à l’Ulysse d’Homère. Son patronyme fait de lui le Monsieur Tout-le-monde irlandais et c’est lui qui, comme le fit le roi d’Ithaque chez le porcher, mène l’assemblée en bateau. Bloom devient ainsi paradoxalement l’eiron, ce personnage rusé qui feint l’ignorance et qui tente de démasquer celui qui le répète et le détruit à la fois. La pierre de touche qui établira ou réfutera la véracité des dires de cet imposteur qu’est l’alazon est nettement de l’ordre du fantasme, liée qu’elle est à Molly, indissociable chez Bloom de Gibraltar. Le matelot, quant à lui, s’insère dans la lignée des conteurs célèbres, rejoignant ainsi l’archétype de l’artiste tel qu’il est vu dans la tradition irlandaise. Ni la filiation (difficile, voire impossible à établir avec certitude) ni le nom ne sont garants de l’identité des personnages. L’homonymie vient brouiller les cartes : le patronyme de Dedalus ne représente pas la même chose pour le marin et pour Stephen, et la distance que prend ce dernier avec son père creuse un écart dans lequel Bloom tentera de s’installer, devenant ainsi un nouveau Joseph.

    Dans un épisode où règne l’incertitude, le patronyme n’a plus de lien univoque avec celui qui le porte. Celui de Bloom tel qu’il figure dans le journal du soir a été amputé de la lettre « l », réplique typographique du « i » majuscule qui, en anglais, désigne le pronom « je ». Impossible également d’ajouter foi à un article de presse qui fait à tort figurer Stephen au nombre de ceux qui assistèrent aux funérailles de Dignam. Quant à la mention de M’Intosh parmi cette assistance, elle illustre parfaitement le fait que le nom n’est, en définitive, qu’une enveloppe vide.

    La duplicité contamine le langage tout entier. Si « Éole » dressait le catalogue des figures de rhétorique, « Eumée » fait l’inventaire des expressions toutes faites : le narrateur y emploie les mots de « la cohue parlante qui nous précède », dans un effort constant pour dire un réel impossible à cerner. La narration, ici qualifiée de « vieille », fait la part belle aux idées reçues. Les topoï participent à la mise en abyme de la notion de retour, illustrés qu’ils sont d’exemples tirés de la littérature ou du folklore. Dans « Eumée », le langage est emprunté aux deux sens du terme : le narrateur a recours à des locutions étrangères, dont un grand nombre d’expressions latines qui échouent à en restituer la dimension historique (le latin étant une source de l’anglais). Bien loin des ambitions poétiques qu’il affichait, Stephen enchaîne des signifiants dissociés des idées qu’ils sont censés véhiculer, et le narrateur, une voix anonyme, fait un usage intensif des doubles négations, affaiblissant ainsi les concepts dans le même temps qu’il les énonce. Le langage se parodie lui-même en jouant sur les distorsions entre sens propre et sens figuré, sur le mélange entre style soutenu et expressions triviales. L’épisode est écrit notamment sous la forme d’un pastiche de gros titres de journaux. Joyce détourne les clichés et introduit l’écart dans les expressions figées, passant sans cesse de l’univoque à l’équivoque, jusqu’à ce qu’à la fin de l’épisode un même effet de fondu affecte le trajet suivi par les deux héros et la voix du sujet, qui se dilue dans un fragment de chanson populaire.

    M. -D.V.

    a

    La lecture de VLB (2006)

    L’Odyssée d’Homère. Tel il était parti d’Ithaque sans savoir où il allait, tel il aborde sur la terre ancestrale sans s’en rendre compte, l’Ulysse aux mille Tours. Il faut que la déesse Athéna lui apparaisse encore pour qu’il sache enfin qu’il est de retour chez lui. Ulysse pense-t-il à sa femme Pénélope, à son fils Télémaque dont il a été loin depuis neuf ans ? Non. Il ne s’inquiète que pour le butin qu’il rapporte de sa voyagerie et dont il craint par-dessus tout qu’on veuille le lui voler. Sans doute est-ce son peu d’intérêt pour Pénélope et pour Télémaque qui lui vaut d’être ainsi puni par Athéna : Sache les soucis que, jusqu’en ton manoir, le destin te réserve. Il faudra tout subir, sans jamais confier à quiconque, homme ou femme, que c’est toi qui reviens après tant d’aventures ; sans mot dire, il faudra pâtir de bien des maux et te prêter à tout, même à la violence !

    Ulysse accepte d’être transformé en vieillard hideux, chauve et recouvert d’une grande peau râpée de cerf. Tandis qu’il va se rendre chez Eumée, le chef de ses porchers pour y faire on ne sait trop quoi encore, Athéna part à la recherche de Télémaque. C’est elle qui devra le sauver de l’embuscade que veulent lui tendre les prétendants. On comprend mal qu’Ulysse ne demande même pas à l’accompagner, ce que tout père digne de ce nom ferait en apprenant que son fils est en danger. Mais on en est pas à une incongruité près avec le glorieux guerrier aux mille Tours, une part du fait que les gens l’aiment venant précisément de ses inconséquences de pensée, qui se traduisent par un grand manque du côté du jugement, ce qui ramène le héros hautain au ras des pissenlits, donc au niveau de la démagogique populace, déraisonnée pour n’avoir jamais appris à penser.

    En l’absence d’Ulysse, le porcher Eumée a pris grand soin de ses bêtes. Les truies ont toutes cochonné et, ailleurs sur les terres d’Ulysse, les douze troupeaux de vaches, de moutons et de chèvres mangent, safrement, l’herbe verte des prés. Le problème, c’est que les prétendants de Pénélope sont voraces et obligent Eumée à leur livrer chaque jour les plus gras des animaux de son riche cheptel. Pour apaiser la faim de son maître qu’il ne reconnaît évidemment pas, Eumée doit tuer deux porcelets, ce que, en Grèce ancienne, on considérait outrageant parce qu’indigne pour les hôtes qu’on recevait à sa table. Si Ulysse mange quand même tout son content, pas d’autre raison que celle-ci : tout le temps qu’il a voyagé, il n’a fait que se cochonner et qu’en cochonner les autres, compagnons d’équipage comme les habitants de toutes les terres sur lesquelles il a mis les pieds. Et puis, quelle importance tout cela ? Télémaque va arriver bientôt et vaut mieux revoir le fils avec le ventre plein.

    Mais pourquoi Télémaque, qui vient d’échapper à la mort que lui promettaient les prétendants ne songe-t-il pas à se venger deux, pour ainsi dire dans l’instant même, et pourquoi aussi ne court-il pas vers sa mère pour la rassurer ? Depuis quand les rois et les fils de rois portent-ils tant d’attention à un simple gardien de porcs, fils d’esclave et esclave lui-même ? La raison invoquée par Télémaque ne tient pas debout toute seule : C’est pour toi que je viens, pour te voir de mes yeux, pour apprendre de toi si ma mère au château continue de rester ou si quelqu’un déjà est son nouveau mari et si le lit d’Ulysse, en proie aux araignées, n’est plus qu’un cadre vide. Comment le porcher, qui vit loin d’Ithaque et n’y met jamais les pieds, peut-il rassurer Télémaque qui n’aurait eu qu’à se rendre au château pour connaître par lui-même la vérité ? Tout cela est cousu de fils blancs, par une tisseuse sacrément moins experte que la douce Pénélope. Que Télémaque permette aussi à Ulysse déguisé en Juif errant de rester assis sur la banquette pour se contenter, lui fils de roi, de prendre place sur un simple banc rembourré de peaux de moutons, échappe à l’entendement. Lorsqu’Eumée suggère à Télémaque de prendre l’étranger à sa charge, la réponse qui lui est faite dit bien jusqu’à quel point est inconscient et faible le fils de Pénélope et d’Ulysse : Je suis trop jeune encore pour compter sur mon bras et protéger un hôte qu’on voudrait outrager. S’ils l’outrageaient, j’aurais trop de chagrin !

    Du chagrin pour quelqu’un que Télémaque ne connaît même pas, qui n’est selon toutes les apparences qu’un vieillard venu de l’étranger, qui n’a pour tout bien que les guenilles qu’il porte ? Quand on sait toute l’importance que Télémaque donne à la richesse, on imagine mal qu’il puisse accorder tant d’attention à quelqu’un d’aussi misérable qu’Ulysse déguisé en mendiant. On s’étonne aussi qu’Ulysse ne cherche pas à savoir de quel bois se chauffe vraiment son fils avant de se présenter à lui en tant que père retrouvé. Il s’en va plutôt dehors pour se changer et quand il réapparaît à la face de Télémaque dans ses plus beaux atours de guerrier, le fils de s’apeurer aussitôt et de lui dire plutôt pitoyablement : Prends en grâce les dons, victimes ou vases d’or, que nous voulons t’offrir, et laisse-nous la vie ! Quel pleutre, ce fils ! Ulysse devrait s’inquiéter d’avoir un pareil rejeton, qui est prêt à capituler avant même de livrer combat, mais le père cochonné ne voit ni n’entend rien. Il chiale ; et le fils, qui excelle aussi en ce domaine, d’en faire autant :

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