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    2. Ulysses
    3. Chapitre 237
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    à une régénération sociale, mais on l’accuse ensuite d’être un démon libertin, et, finalement, on le proclame femme. Le docteur Dixon (médecin-résident de la maternité) lit son rapport médical : « Le professeur Bloom est un exemple complet du nouveau mâle féminin. Son être moral est simple et sympathique, bien des gens ont trouvé que c’était un digne homme, un brave cœur. En somme, c’est un individu assez particulier, très timide mais sans faiblesse d’esprit au sens médical du terme. Il a écrit une lettre remarquable, un véritable poème, au délégué judiciaire de la Société pour l’Édification des Prêtres Repentis, qui explique tout. Il s’abstient presque de boissons alcooliques et je puis affirmer qu’il fait son lit d’une paillasse et se nourrit du brouet le plus lacédémonien, de pois secs sortant du sac. Hiver comme été, il porte la haire et se donne la discipline tous les samedis. Il fut un temps, si j’ai bien compris, où la maison de correction de Glencree le comptait parmi ses délinquants de première catégorie. Un autre rapport signale que c’est un enfant particulièrement posthume. Je fais appel à la clémence au nom du mot le plus sacré que nos lèvres aient jamais été appelées à prononcer. Le malheureux est sur le point d’être mère.

    « (Stupeur et compassion générales. Des femmes s’évanouissent. Un riche Américain fait dans les rues une collecte pour Bloom.) »

    Etc. À la fin de la scène, Bloom, dans la réalité du livre, suit Zoé dans le bordel à la recherche de Stephen. Nous avons maintenant compris comment fonctionne la machinerie du chapitre. Tel ou tel détail de la réalité s’anime brusquement pour mener de son côté une vie autonome, une allusion se met à vivre de son existence propre. Ainsi la conversation « réelle » à la porte du bordel entre Zoé et Bloom est interrompue de façon à y intercaler l’Ascension et la Chute de Bloom avant son entrée dans la maison.

    Scène 4. Dans la maison mal famée, Bloom rencontre Stephen et Lynch. Différentes visions surgissent. L’auteur fait apparaître le grand-père de Bloom, Léopold Virag, puis, dans une autre hallucination, une massive patronne de bordel à la moustache naissante, Bella Cohen, qui évoque les péchés passés de Bloom et, au cours d’un amusant échange de sexes, se montre horriblement cruelle à l’égard de l’impuissant Bloom. Apparaissent également des nymphes des eaux et des cascades, sur le thème musical liquide si cher à Joyce. Un aperçu de réalité se fait jour. Bloom récupère son talisman, sa pomme de terre, auprès de Zoé. Stephen tente de dissiper l’argent qui lui reste en poche. (Notez que ni Stephen ni Bloom n’éprouvent le moindre intérêt pour les femmes qui les entourent.) Bloom s’arrange pour récupérer l’argent et le mettre de côté pour Stephen. Une livre sept. « M’en fous comme de l’an quarante », dit Stephen. De nouvelles hallucinations de l’auteur suivent : apparaissent même Boylan et Marion. Dans la réalité de la scène, Stephen imite de façon très comique l’anglais tel qu’on le parle à Paris. Puis les hallucinations de l’auteur commencent à harceler Stephen. La mère de Stephen apparaît de façon horrible :

    « LA MÈRE (Avec le sourire subtil et dément de la mort.) – J’ai été jadis la belle May Goulding. Je suis morte.

    STEPHEN (Horrifié.) – Lémure, qui êtes-vous ? Qu’est-ce que c’est que cette diablerie infernale ?

    BUCK MULLIGAN (Secouant sa birrette à grelot.) – Ironie des choses ! Kinch a tué sa pauvre peau de chien de chienne de mère. Elle a passé l’arme à gauche. (Des larmes de beurre fondu tombent de ses yeux sur le scone.) Notre mère grande et douce ! Epi oinopa ponton.

    LA MÈRE (Se rapprochant et soufflant doucement sur lui son haleine de cendres mouillées.) – Tous doivent y passer, Stephen. Sur la terre, il y a moins d’hommes que de femmes. Vous aussi. L’heure viendra.

    STEPHEN (Suffoquant d’horreur, de peur et de remords.) – On prétend que je vous ai tuée, mère. Il a offensé votre mémoire. C’est le cancer, ce n’est pas moi. C’est le destin.

    LA MÈRE (Un vert filet de bile coulant du coin de sa bouche.)

    — Vous me chantiez cet air : L’amer mystère de l’amour.

    STEPHEN (Ardemment.) – Dites-moi le mot, mère, si vous le savez maintenant. Le mot que tous les hommes savent.

    LA MÈRE. – Qui vous a sauvé le soir que vous grimpiez dans le train à Dalkey avec Paddy Lee ? Qui avait pitié de vous quand vous étiez triste, entouré d’étrangers ? La prière est toute puissante. Prière pour les âmes du purgatoire dans le manuel des Ursulines, quarante jours d’indulgences. Repens-toi, Stephen.

    STEPHEN. – Vampire ! Hyène !

    LA MÈRE. – Je prie pour toi dans mon autre monde. Obtiens de Dilly qu’elle te fasse de ce riz à l’eau tous les soirs pour te remettre de ton travail de tête. Pendant tant d’années je vous ai aimé, mon fils, mon premier né, et quand je vous portais en moi. »

    … Et cela continue ainsi jusqu’au moment où Stephen fracasse la suspension avec sa canne.

    Scène 5. Stephen et Bloom quittent la maison, et nous sommes à présent dans Beaver street, non loin de là. Stephen, toujours saoul, divague, et les deux soldats anglais Carr et Compton décident qu’il a insulté leur roi, Edouard VII (qui apparaît également dans l’hallucination de l’auteur). L’un des soldats, Carr, se jette sur Stephen et l’étend raide. Des sergents de ville apparaissent. Ceci est la réalité. Également dans la réalité, Kelleher, l’employé des pompes funèbres, se trouve passer par là et aide Bloom à convaincre les sergents de ville que Stephen a seulement fait un peu la bringue – la jeunesse, c’est la jeunesse. À la fin de la scène, Bloom se penche sur Stephen allongé par terre, qui murmure : « Qui ? Panthère noire vampire ? » et cite des fragments du poème de Yeats « Who goes with Fergus ? » Le chapitre se termine sur une dernière hallucination qui fait apparaître aux yeux de Bloom le fils qu’il a perdu, Rudy, sous l’aspect d’un enfant de onze ans, jeune prince enlevé par les fées, qui rencontre sans les voir les yeux de Bloom et baise la page du livre qu’il est en train de lire de droite à gauche.

    a

    Notes de Daniel Ferrer

    1. Michael Groden, Ulysses in Progress, Princeton University Press, 1972, p. 52.

    2. C’est du moins ce dont se plaint Joyce dans une lettre à John Quinn du 7 janvier 1921. Au vu des documents existants, on a longtemps pensé que Joyce exagérait, mais deux nouveaux brouillons ayant été retrouvés récemment, on tend maintenant à penser que ce chiffre n’est pas loin de la vérité. Pour une excellente mise au point de l’état actuel des connaissances sur la genèse de « Circé », voir Ronan Crowley, « Fusing the Elements of “Circe” : From Compositional to Textual Répétition », James Joyce Quarterly, 47.3 (printemps 2010), p. 341-361.

    3. À quelques exceptions près. Voir par exemple p. 897.

    4. Voir p. 1230.

    Notes sur la lecture de Nabokov

    A. Ailleurs, dans les notes de V. N. concernant ce passage : « Bernard Shaw, écrivant à propos d’Ulysse à l’éditeur dudit roman Sylvia Beach, le définit comme une rêverie – mais le constat fidèle d’une phase dégoûtante de la civilisation. » (NdFB)

    XVI. EUMÉE

    Notice Gallimard (2013)

    Arrivé dans son royaume, Ulysse se réfugie dans la cabane d’un de ses fidèles serviteurs : un porcher auquel il raconte maintes fables avant de se faire reconnaître de Télémaque venu le rejoindre. « Eumée » inaugure le Nostos qui scelle les retrouvailles de Bloom avec un fils qu’il a décidé de conduire jusqu’au domicile conjugal. L’épisode est marqué par la notion de retour qui porte en elle la possibilité de l’imposture. Le langage se fait ici à la fois complice et vecteur de la duplicité, dans un épisode qui, pour la dernière fois, restitue le discours de deux des principaux personnages avant de céder la place à une énonciation sans sujet (« Ithaque ») et à l’énonciation d’un corps sans sujet (« Pénélope »).

    Qu’est-ce qui fait retour dans « Eumée » ? Principalement une histoire qui, pour Stephen comme pour ses compatriotes, est cauchemardesque. Pour qu’elle soit supportable, elle est présentée comme pleine de bruits et de rumeurs. Déjà évoqué dans Hadès, l’éventuel retour de Parnell est au centre des conversations. Il est associé à un passé magnifié. Son absence a laissé un vide dans lequel, au mépris du principe de réalité, viennent s’investir les fantasmes des Irlandais. Tombé victime de la rumeur, il en alimente d’autres dans un défilement perpétuel qui dévoie la notion même d’Histoire. L’adultère qui causa sa chute est récupéré par Bloom : trompé par sa femme, il banalise l’infidélité et fait de Molly un avatar de Kitty O’Shea. L’histoire des deux amants rejoue sa propre situation conjugale : les deux femmes n’ont-elles pas toutes les deux du sang espagnol ?

    L’Histoire est rabaissée au rang d’anecdote : en restituant le chapeau de Parnell, Bloom croit accomplir une action « rigoureusement historique ». Par cet acte, dont la portée symbolique lui échappe, il rétablit le « roi sans couronne » dans sa majesté, et c’est le même geste qu’il aura pour Stephen dont le prénom, rappelons-le, signifie « le couronné ». De même, il est symptomatique que Howth fasse pour lui partie de l’héritage historique, car c’est là le point d’ancrage d’un fantasme qui ne cesse de faire retour. Le véritable retour de l’Histoire serait-il à chercher du côté de la fidélité aveugle d’un serviteur à son maître ? Hélas, le chef est mort, trahi par ceux-là mêmes qu’il avait tenté toute sa vie de libérer. La

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