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    2. Ulysses
    3. Chapitre 225
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    derrière l’oreille. Flâneuse, triste, or éteint, elle tord, tortille, tirebouchonne un cheveu. Triste elle tirebouchonne en flânant un cheveu d’or derrière une ronde oreille. »

    De quoi se nourrit cette tristesse ? lui demande Miss Douce dont la peau se dépigmente, sans doute est-ce à cause de la fumée des cigares et des cigarettes, de l’haleine chevaline que soufflent sur elle, mélange d’ail, de purin et de fumier, les ouvriers du marché aux bestiaux quand ils entrent à l’Ormond Bar pour se saouler la gueule après une journée passée à envoyer chez l’équarrisseur quartiers entiers de bœufs, de moutons et de cochons. Ne me parlez pas de Bloom, cette espèce de vieux dégoûtant ! dit Miss Kennedy quand Miss Douce croit voir passer Bloom dans la rue. Dans une salle pénombrienne de concert, a essayé de la peloter en douce, le vicieux Bloom : Tordant ! Je verrai toujours son œil de crapaud ! Penser qu’on pourrait être mariée à un homme comme ça ! Avec ses deux poils de barbe. Mariée à ce nez huileux ! Et les deux sirènes-serveuses de l’Ormond Bar, de sirèner encore et longuement derrière ce récif qu’est le comptoir du bar : Gamme de rire, de l’aigu au grave, de bronze et d’or, elles se provoquent l’une l’autre, carillon sur carillon, sonneries alternées or bronze, bronzor, gravaïgu, rire sur rire. Rien d’autre que du placotage sur les hommes, en forme de brèves fables. Sans conséquence c’est… ainsi que le dit Artaud : Oui, dans ma main il y a une rose, mais voici que ma langue tourne sans rien.

    Entre enfin à l’Ormond Bar son client le plus assidu, Simon Dédalus qui a besoin d’un médicament alcoolisé pour oublier que sa journée, jusqu’à maintenant, n’a été que de mal en pis, poursuivi qu’il a été par ses rejetons dépenaillés et affamés, et ignoré par le Fils mal-aimant qui a joué de ruse avec lui pour ne pas l’approcher. Préférer au Père la compagnie de têtes enflées à la Buck Mulligan, ce frais chié sans doute homosexuel, qui étudie la médecine en Grande-Bretagne et joue au grand seigneur cynique du haut de sa tour Martello ! A grande nécessité de s’asseoir devant le récif du comptoir, le Simon Dédalus, pour se repaître de whisky, rinçage de dallot desséché, rinçage d’œil par-devers Miss Douce et Miss Kennedy, leurs mamelles nourricières s’offrant, généreuses, à dégorger le lait chaud. Qu’en profite vite Simon Dédalus, car bientôt va apparaître le tombeur Dache Boylan, et son beau corps, et ses yeux bleu ciel vont accaparer toute l’attention des deux sirènes-serveuses. Toute la mer sans amertume dans son regard, cette virilité du roc dressé dans le pantalon, quel plaisir c’est quand on peut en frôler le pic acéré, le pic lacérant ! Mais ne chantent pas encore les sirènes-serveuses dans l’Ormond Bar ; ce sont les clients qui roucoulent, qui médisent et, dans un menuet ragotant, se rient de la femme de Léopold Bloom, l’éternelle apprentie cantatrice qui, jadis, bouclait ses faims de mois en tapinant gaiement. Une experte en poirier fourchu, en longues pipes, toujours consentante, que ce fut par devant ou par derrière, quelle importance si l’esquif-épieu rentre à bon port et si le porc vicieux glande avec énergie ? Sont tous jaloux de la grosse et vivifiante queue de Dache Boylan, sont toutes jalouses de la molle Molly Bloom en sirène de béatitude. Cessons d’y penser, chantons plutôt, dit Ben Dollard. Les sirènes-serveuses vont rester muettes derrière le récif du comptoir, Simon Dédalus s’installant au piano frais raccordé et le ténor Cowley entonnant Sonambula. Puis Simon Dédalus lui faisant concurrence : Il a crevé sa femme ; maintenant il chante.

    Quand il ne reste plus rien, il y a toujours la musique et la voix qui la porte et l’emporte, en pur ravissement, comme un coït ininterrompu où se rassemblent toutes les couleurs et toutes les odeurs, celles de la mer, du vent, des feuillages, du tonnerre, des eaux, des vaches qui beuglent, des coqs, des poules qui ne font pas coquerico, des serpents qui szszszent. Par le chant s’oublient le banal quotidien, la pauvreté de corps et d’esprit, la superbe et l’arrogance du Vice-Roi de Grande-Bretagne et d’Irlande roulant or et bronze dans les rues de Dublin, applaudi par les uns à cause de ses pompes triomphantes et hué par les autres qui ne peuvent pas, qui ne veulent pas oublier le martyre de Robert Emmett qui a dit : Quand mon pays prendra sa place parmi les nations de la Terre, alors, mais alors seulement, que mon épitaphe soit écrite.

    Comme il se doit, c’est le si seul Léopold Bloom qui a cette bonne pensée pour Emmett le révolutionnaire alors qu’attablé à quelques coins de rues de l’Ormond Bar, il mange, mastiquant des viscères et des entrailles, noires ; et ruminant aussi de si sombres souvenirs que tout le paysage autour de lui s’obscurcit. Son ventre trop gonflé, sa tête trop réfléchissante, c’est dur pour la digestion de broyer autant de tirasseuse viande. S’il ne se lève pas de table, il va, telles les monstresses Charybde et Scylla, régurgiter son manger et, par morceaux, son foie vert-pituite et ce qu’il y a dedans va se répandre, malodorant, dans les rues sales et transversales de Dublin. Bronze et Or ternis à jamais, clinquetantacier pour rien ? Ça serait impertnent, vraiment tnentnent ! Pauvre huileux Bloom, dans tant de machin toc brun !

    a

    La lecture de Nabokov

    Les personnages du chapitre 11 sont :

    1. Dans le salon de l’hôtel et au bar :

    — deux barmaids, Lydia Douce aux cheveux de bronze et Mina Kennedy aux cheveux d’or ;

    — le chasseur, un jeune garçon effronté qui leur apporte leur thé ;

    — Simon Dedalus, le père de Stephen ;

    — le chroniqueur hippique Lenehan, qui arrive peu de temps après pour attendre Boylan ;

    — Boylan lui-même, en chemin pour aller rejoindre Molly ;

    — le gros Ben Dollard et le mince Père Cowley, qui rejoignent Simon Dedalus au piano ;

    — M. Lidwell, un avocat qui courtise Miss Douce ;

    — Tom Kernan, le pompeux négociant en thés.

    Il y a également deux messieurs inconnus qui boivent de la bière dans des chopes ; et enfin, à la fin du chapitre, l’accordeur aveugle vient rechercher son diapason.

    2. Dans la salle à manger adjacente se trouvent le garçon. Pat (chauve, sourd), Bloom et Richie Goulding. Ils entendent les personnes qui chantent dans le bar, et Bloom aperçoit les barmaids.

    Tout au long du chapitre 8, on devine qu’approchent trois personnes avant qu’elles ne fassent réellement leur entrée dans l’hôtel Ormond : Bloom, Boylan et le jeune aveugle qui revient chercher son diapason. Le bruit de sa canne qui frappe le trottoir tandis qu’il approche – son leitmotiv – se fait entendre au milieu du chapitre, et ce bruit, ces « toc », peuvent être relevés çà et là, s’amplifiant dans les pages suivantes : « Toc. Toc. Toc », puis : « Toc carcaratoc. » Son diapason, abandonné sur le piano, est remarqué par Simon Dedalus. On le devine en train de passer devant la vitrine de Daly, puis finalement : « Toc. Un jeune homme a pénétré dans un corridor d’Ormond désert. »

    On ne pressent pas seulement l’arrivée de Boylan et de Bloom, on pressent leurs déplacements. Boylan, après avoir parlé chevaux avec Lenehan, bu une lente et sirupeuse prunelle, regardé la timide Miss Douce imiter la sonnerie d’une pendule en faisant claquer sa jarretière contre sa cuisse, file précipitamment à son rendez-vous avec Molly, mais suivi de Lenehan qui veut lui parler de Tom Rochford. Tandis que l’on continue à boire au bar et à manger au restaurant, le cliquetis tintinnabulant de son cab continue à être perçu par Bloom et par l’auteur, et, tandis qu’il poursuit son chemin vers Eccles street, on suit sa progression tout au long du chapitre, par de petites phrases intercalées dans le texte : « Cliquetis. Ça y est », « Cliquetis du cab qui cascade le long des quais. Dache se berçait aux rebonds des pneumatiques », « Sur le Bachelor’s Walk, cahincahotait en cab Dache Boylan, célibataire, sous le soleil caniculaire, tal de la jument qui luit au trot, chatouilles du fouet, rebonds des pneumatiques : vautré, siège échauffé, Boylan d’impatience, tout feu tout flamme », « Cliquetis du cancan des clochettes du cab », « Devant les rochers à l’ananas de Graham Le mon, devant l’éléphant d’Elvery cahin-caha cahote le cab ». Se déplaçant à un rythme moins rapide que dans l’esprit de Bloom : « Cab cliquetant le long des monuments de Sir John Gray, d’Horatiomanchot Nelson, du Révérend Père Théobald Matthew, comme dit plus haut cahotait présentement. Au trot, au chaud, siège en chaleur. Cloche. Sonnez-la. Cloche. Sonnez-la. Plus lente, la jument grimpe le long de la Rotunda, Rutland Square. Trop lente au gré de Boylan, de Dache Boylan, Boylan, d’impatience, allait la jument cahin caha. » Puis : « Cliquetis dans Dorset street » et, approchant : « Un cab de place, numéro trois cent vingt-quatre, conducteur Barton James du numéro un de Harmony Avenue, Donnybrook, dans lequel un client, un jeune homme très bien, élégamment vêtu d’un complet de serge indigo sortant des ateliers de George Robert Mesias, tailleur et coupeur, numéro cinq Eden Quay, et portant un chapeau de paille dernier cri acheté chez John Plasto, numéro un Great Brunswick street, chapelier. Hein ? Ceci est le cab qui cahin caha cliquette. Devant la charcuterie Dlugacz, chapelets luisants d’Agendath passaient au trot les belles fesses d’une jument. » Le cliquetis s’infiltre même dans le cours des pensées de Bloom à l’hôtel tandis qu’il rédige une lettre de

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    Tags:
    Classique, Fiction, Littérature, Roman
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