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    2. Ulysses
    3. Chapitre 221
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    en fait au service de la continuité dans l’épisode où elles constituent une tentative pour rendre la simultanéité.

    La section 10 de l’épisode X nous place au centre du labyrinthe que construisit Dédale pour dissimuler le Minotaure, né de la violation d’un interdit. Nous sommes dès lors amenés à nous interroger sur l’objet de la quête que mène ce personnage vu de dos que nous présentait une interpolation dans la section précédente. Tout converge ici sur le Livre. L’écrit est omniprésent dans « Les Rochers Errants ». Il apparaît sous sa forme minimale : les lettres que portent les hommes-sandwichs. Ils doivent déambuler dans un ordre préétabli afin d’assurer la lisibilité d’un message qui est de l’ordre de la réclame (un rappel de l’activité professionnelle de Bloom). C’est aussi de la réclame qui s’affiche sur les murs de Dublin ou qui descend le cours de la Liffey jusqu’à rejoindre la mer. Pour le jésuite, le livre est un texte auquel on ne peut rien changer, et pour les enfants Dedalus c’est une marchandise dont le prix permet une conversion des nourritures spirituelles en nourritures terrestres. Le livre établit aussi un lien subtil entre Bloom et Stephen et prépare à leur future rencontre. Tous les deux sont vus comme des artistes potentiels et tous les deux y investissent leurs fantasmes amoureux. Stephen a une approche intellectuelle, désincarnée, alors que Bloom trouve dans l’ouvrage semi-pornographique qu’il feuillette les échos de sa propre histoire conjugale. Le roman qu’il choisit, dont le titre anglais « Sweets of Sin » restitue l’acronyme SOS qui figurait au début de l’épisode VIII1, vise à satisfaire le désir de Molly et à la confirmer dans son rôle de refuge vers lequel le mari ne cesse de se tourner. À l’inverse, Boylan, le conquérant, fait peu de différence entre fantasme et réalité. Toutefois, le livre est également là pour établir Bloom dans son statut de juif. L’arche sous laquelle il se situe, les Contes de Ghetto qu’il déclare posséder, le prénom de l’auteur de cet ouvrage sont autant d’éléments qui surdéterminent l’hébraïcité du personnage et rappellent qu’il plonge ses racines dans un peuple qui, par définition, est un perpétuel pérégrinant. On peut aussi voir dans cette silhouette noire sans visage un avatar du lecteur lui-même qui occupe ce point aveugle, cette zone d’ombre où la vérité ne peut que se dire à demi.

    L’arc-en-ciel, la couleur assignée à l’épisode, le laissait présager. Comme la lumière blanche la ville se décompose et se recompose lorsqu’elle est vue à travers le prisme d’une écriture dont l’ultime effet n’est pas le réalisme, but que prétendait poursuivre Joyce. Pour en sortir indemne il faudra suivre Artifoni : à l’instar de la colombe lâchée par Jason il permettra, par la médiation d’un art justement inscrit dans son patronyme, au récit de se poursuivre et au roman d’exister.

    M. -D.V.

    a

    La lecture de VLB (2006)

    L’Odyssée d’Homère. Ulysse est peut-être un homme avisé, mais on ne peut pas dire qu’il écoute beaucoup quand on lui parle. Circé l’avait prévenu : s’il voulait passer entre les antres de Charybde et de Scylla, il lui fallait se montrer humble et ne rien revêtir de ses glorieux habits de guerrier. Ulysse est tellement infatué de lui-même qu’il ne songe même pas qu’à ne pas suivre les enseignements de Circé, c’est tout son équipage qu’il met en danger. Se greyant de ses plus beaux atours, Ulysse prend en mains deux longues piques et va se poster au gaillard d’avant, espérant découvrir la Scylla de pierre avant quelle ne causât le malheur de mes gens. Entré dans la passe, Ulysse ne voit que de la roche embrumée et errante. Puis, sans qu’on puisse réagir, Scylla se saisit de six hommes d’équipage, les plus valeureux, les frappe contre les rochers et les mange tout ronds. Non ! Jamais de mes yeux, je ne vis telle horreur, à travers tous les maux que ma valus sur mer la recherche des passés ! Ulysse pourrait se sentir coupable, éprouver du remords puisqu’il a six morts d’hommes sur la conscience, mais non : dès que ses hommes sont avalés par Scylla, il n’a plus aucune pensée pour eux comme il n’entretient encore aucun doute sur son aptitude à mener son vaisseau à bon port. Ce qu’il lui reste de compagnons seraient en droit de contester son leadership, voire de tramer une mutinerie, car ils auraient raison de vouloir se défaire d’Ulysse. Ils continuent pourtant de le suivre aveuglément, comme s’ils étaient, non des hommes libres, mais ses esclaves. Cet équipage ne pense pas, n’agit et ne réagit qu’en fonction de ce que prétend Ulysse dans les discours qu’il leur tient. Ce sont des moutons si peu intelligents qu’ils n’arrivent pas à imaginer qu’on pourrait bien les mener à l’abattoir sans même qu’ils ne s’en rendent compte. Ils ne sont que le peuple ballotté au gré des flots et aliéné par la puissance du verbe que seul Ulysse maîtrise. Tels les rois, un usurpateur. Tels les grands seigneurs, un imposteur.

    L’Ulysse de James Joyce. Recteur du collège de Clongowes, le père Conmee déambule dans les rues de Dublin et croise plein de rochers errants. S’ils ont forme humaine, le père Conmee s’en rend-il vraiment compte, lui qui vit déjà par procuration au royaume de Dieu dans lequel les corps ne comptent pas, seules les âmes étant porteuses de sens. Un matelot manchot lui quête de l’argent ? Pourquoi devrait-il lui en donner quand, par son membre manquant, il frappe déjà à la porte du paradis ? La souffrance importe peu, car l’espérance l’ennoblit. On vit dans une vallée de larmes, c’est entendu, mais pour qui a la foi, voilà bien quelque chose qui compte pour rien. La bonne humeur ! Quand on est chrétien, la bonne humeur vient à bout de toutes les outrances qui défigurent le monde. Tu es cette pierre sur laquelle j’ai bâti mon église. Aucun rocher errant ne peut prévaloir contre elle. Ces rochers-là qui viennent à lui, le père Conmee se contente de les bénir tout en faisant un petit pas de côté pour ne pas avoir à se frotter à eux. Quand on se tient à distance, tout est merveille aux yeux de Dieu et de son représentant sur terre : Sous les arbres de la promenade de Charleville, le père Conmee aperçut une péniche de tourbe amarrée, un cheval de halage la tête pendante, un homme à bord avec un chapeau de paille sale, qui fumait en fixant une branche de peuplier au-dessus de sa tête. Tout à fait pittoresque, et le père Conmee songea à la bonté du Créateur qui avait placé la tourbe dans les marais pour que les hommes puissent l’extraire, la distribuer dans les villes et les villages et en alimenter le foyer des humbles.

    De son pas leste, traversant la ville, puis prenant le tram, où s’en va donc le père Conmee et, par-devers Léopold Bloom et Stephen Dédalus, que vient-il faire dans l’histoire ? Ça serait évidemment trop simple si Joyce nous le disait tout de suite. On aura droit avant à d’autres rochers errants ; après le marin manchot, un militaire unijambiste marmottant contre la Grande-Bretagne ; et les sœurs de Dédalus, dépenaillées, cherchant après leur ivrogne de père parce qu’on n’a plus rien à manger à la maison ; le journaliste Ned Lambert visitant la fameuse chambre du conseil de l’abbaye de Sainte-Marie où Thomas Le Musqué proclama sa rébellion en 1534 ; Dache Boylan achetant des fleurs pour Molly Bloom et les faisant livrer au 7 Eccles street, car tous les rochers errants convergent vers cette rue, grandes langues salées comme les égouts qu’on répare près de chez Léopold Bloom, vomi vert-pituite des ragots, cette fois-là que Chris Callinan pelotait Molly dans la diligence et qu’elle le masturbait tandis que le Juif errant, assis devant eux, ne voyait que les étoiles au plafond du ciel. Pour l’heure, le Juif errant bouquine, jette de ci de là un œil hypocrite, faisant semblant de s’intéresser à ces planches montrant des enfants ramassés en boule dans de sanglantes matrices, quelque chose comme du foie de bœuf frais détaché, alors que tout ce que recherche Bloom est un livre pornographique à acheter à Molly. Le vieux libraire à la face sanguine et non rasée fait les cent pas, tousse, se racle la gorge et lance un paquet de mucus sur le plancher, pose le pied sur son crachat et le frotte de sa semelle. Charybde et Scylla toujours se délectant des odeurs infectes du vomi, le littéraire comme le littéral.

    Mais la question se pose toujours : sur quel vaisseau débriscaillé Joyce compte-t-il nous emmener ? Si c’est au 7 Eccles street, dans l’antre de la monstresse aux petits pieds et aux six cous tentaculaires, pourquoi faire aussi long ? Cette chronique de ce qui se passe par un bel après-midi dans les rues de Dublin, pleines de personnages à la présence éphémère, aux idées aussi fragmentaires que semblent l’être leurs corps, quelle importance de vouloir tout en dire ? Là où Homère met deux pages pour raconter une aventure d’Ulysse, Joyce nous en donne cinquante, mais sans qu’Ulysse s’y trouve vraiment. Veut-il par cela nous dire que Léopold Bloom est la somme de tous les rochers errants que le lecteur percute dans son odyssée de lecture ? Cette intention-là, on l’a déjà comprise ; alors, à quoi riment toutes ces saynettes détachées les unes des autres, toutes éclopées dans leur forme comme dans leur fond ? Pourquoi ces morceaux de haute voltige sur les courses, la boxe et le passage dans Dublin de la voiture noire du Vice-Roi de Grande-Bretagne

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    Tags:
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