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    2. Ulysses
    3. Chapitre 219
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    côté du transparent, par ce nom : « Hamlet, je suis l’esprit de ton père », lui enjoignant de l’écouter. C’est à un fils qu’il parle, le fils de son âme, le prince, le jeune Hamlet, et au fils de sa chair, Hammet Shakespeare, qui est mort à Stratford afin que vécut à jamais celui qui portait son nom.

    Bloom écoute attentivement : sa femme Molly lui a donné un fils, Rudy, qui n’a vécu que onze jours et cet enfant mort-né hante ses pensées : aurait-il pu être un bon père et le rendre dans ses grosseurs sans porter atteinte ni à son intelligence ni à l’équilibre de ses sentiments ? Le sujet obsédait Joyce dont la paternité, du temps qu’il écrivait Ulysse, était malaisée. Son fils Giorgio, il ne l’aimait pas beaucoup parce que, très attaché à sa mère, il se comportait déjà comme le remplaçant de son père auprès d’elle. Quant à Lucia, l’affection de Joyce, pervertie par des rêves incestueux, ne laissait rien présager de bon pour l’avenir. Dès son jeune âge, Lucia avait manifesté des signes de schizophrénie ; que Joyce et Nora fissent semblant de ne pas s’en rendre compte ne changeait rien aux problèmes que la chose ne pouvait pas ne pas soulever, d’où les interrogations de Stephen Dédalus : si Hammet Shakespeare n’était pas mort à Stratford, serait-ce le père d’Hamlet plutôt que lui qui aurait dû assumer la folie ? Autrement dit, le fils de Shakespeare, tel le Christ, s’est-il sacrifié pour racheter les péchés de son père et lui permettre de rester glorieux ? Ainsi, à travers le spectre du père sans repos, l’image de son fils sans existence, regarde. Regarde aussi l’image de la femme et de la mère, en l’occurrence Anne Hathaway, la ménagère de Shakespeare, plus âgée que lui, qui le viola dans un champ de blés et lui fit la vie dure : elle ne savait rien du théâtre et n’en voulait rien savoir, la vie n’est pas une comédie à jouer sur une scène, dans les vêtements de la pauvreté, la vie doit être la recherche systématique des honneurs, de la richesse et du confort, elle doit permettre l’assouvissement du corps et rien d’autre. Nora Barnacle et Anne Hathaway, même combat. Et comme conséquence logique, l’inévitable trahison. Femme qui prend les devants continue, dit Dédalus. La femme de Shakespeare aurait commis l’adultère, avec un gardien de moutons ; Joyce incitait sa femme à le tromper. Et Shakespeare aurait eu des relations homosexuelles et Joyce ne cessait pas d’en imaginer, et Léopold Bloom ne cesse pas de s’interroger sur ses fantasmes lesbiens, et Stephen Dédalus se tient à la limite du raisonnable et du déraisonné. La faute seule des femmes, toutes constituées comme Charybde et Scylla, en monstresses mangeuses de pénis !

    Le plus étonnant dans la théorie de Dédalus sur Shakespeare, c’est qu’il en fait le Juif par excellence : C’est un produit allemand, qui passe le tampon du vernis français sur les histoires scandaleuses italiennes. Un shylock du verbe et un shylock dans la vie : il poursuivit un acteur son camarade pour le prix de quelques sacs de malt et exigea sa livre de chair pour intérêt de toute somme prêtée. C’était aussi un homme dur par-devers ses trois frères, Gilbert, Edmund et Richard. Encore là, le parallèle avec Joyce est évident, lui qui a exploité Stanislaus sans vergogne et n’a pas fait mieux que Shakespeare léguant pour tout bien à sa femme le moins bon de ses lits. Conclusion de la démonstration de Dédalus : mi-dieu bourreau, mi-homme dénaturé, Shakespeare est un ange androgyne, étant à lui-même une épouse. Le sceptique Buck Mulligan s’amuse de cette véritable épiphanie de Dédalus et, à la gloire du plus grand créateur de mondes après Jéhovah, entend composer pour la scène L’école des onanistes, ou une lune de miel dans la main, immoralité nationale en trois orgasmes !

    Là-dessus se termine le voyage en la bibliothèque-caverne de Charybde et de Scylla, les monstresses à voix de petits chiens, à moignons de pieds, à neuf cous-pieuvres et à six têtes vomissant en couleur vert-pituite les gras lecteurs et commentateurs de Shakespeare. Dans la rue et le jour, aussi bien dire sur l’océan brouettée par le soleil. Cessons de combattre. Paix des druides de Cymbeline, biérophantique ; de la vaste terre un autel.

    a

    La lecture de Nabokov

    Heure : Aux environs de deux heures.

    Lieu : À la Bibliothèque nationale.

    Personnages : Stephen a envoyé à Buck Mulligan un télégramme laissant entendre qu’il pourrait lui abandonner la tour, et, en attendant, à la bibliothèque, il parle de Shakespeare avec un certain nombre d’écrivains et d’érudits appartenant au groupe « Renaissance Irlandaise ». Il y a là Thomas Lyster (personnage réel), ici qualifié de bibliothécaire quaker parce qu’il porte un chapeau à larges bords pour couvrir une grosse tête chauve ; il y a dans l’ombre George Russell, nom de plume A.E., haute silhouette et écrivain irlandais bien connu, barbu, vêtu d’homespun, que Bloom a vu passer dans le chapitre précédent ; il y a John Eglinton, un joyeux puritain, il y a un M. Richard Bon, qui s’embrouille dans l’histoire du « moins bon lit » que Shakespeare a laissé à sa veuve Anne Hathaway (ce Bon est dépeint comme un homme de lettres quelque peu conventionnel et superficiel) ; et arrive bientôt, arborant un gilet primevère, le moqueur Malachie Mulligan, tenant à la main l’énigmatique télégramme de Stephen qu’il vient juste de recevoir.

    Action : Stephen discourt sur Shakespeare, prétendant que 1 le Spectre dans Hamlet est en réalité Shakespeare lui-même, 2 qu’il faut identifier Hamlet avec Hammet, le jeune fils de Shakespeare, et 3 que Richard Shakespeare, le frère de William, avait une liaison avec Anne Hathaway, la femme de Shakespeare, d’où l’amertume de la pièce. Lorsqu’on lui demande s’il croit à ses propres thèses, Stephen répond sans hésiter : non. Tout se recoupe étroitement dans ce livreA. La discussion, dans ce chapitre, fait partie de ces choses qui sont plus amusantes à écrire pour un écrivain qu’à lire pour un lecteur, et il n’est pas nécessaire d’en approfondir le détail. Cependant, c’est dans ce chapitre à la bibliothèque que Stephen remarque Bloom pour la première fois.

    Joyce a entremêlé le motif Bloom et le motif Stephen beaucoup plus étroitement qu’on ne le croit généralement. Le lien est créé dans le livre bien avant que Bloom ne dépasse Stephen sur les marches de la bibliothèque. Il se noue dans un rêve. Personne n’a jusqu’à présent noté – il est vrai que l’on n’a pas beaucoup écrit sur le vrai Joyce, Joyce l’artiste –, aucun commentateur n’a remarqué jusqu’à présent que, comme dans l’Anna Karénine de Tolstoï, il y a dans Ulysse un double rêve significatif, c’est-à-dire le même rêve, vu par deux personnes au même moment.

    Au début du livre, Stephen se plaint à Mulligan, qui est en train de se raser, que Haines l’a réveillé pendant la nuit, en divaguant dans son sommeil et en voulant tirer sur une panthère noire. La panthère noire conduit à Bloom, le doux chat noir, vêtu de noir. Voici comment les choses s’articulent : se promenant sur la plage après que Deasy lui a réglé son salaire, Stephen observe les chercheurs de coques et leur chien, qui vient juste de goûter « les simples plaisirs du pauvre » en levant la patte contre un rocher. En une réminiscence de la devinette qu’il a posée à ses élèves, le cours des pensées de Stephen prend tout d’abord les couleurs de sa faute : « Puis ses pattes de derrière dispersent le sable ; puis ses pattes de devant patrouillent et fouissent. Quelque chose qu’il a enterré là, sa grand-mère. Il fouge le sable, patrouille et fouit, s’arrête pour écouter le vent, fait voler de nouveau le sable avec des ongles frénétiques, s’arrête court, un léopard, une panthère, produit adultérin, un rapace déchiquetant le cadavre.

    « Après qu’il [Haines] m’a réveillé la nuit dernière, est-ce que ce n’était pas le même rêve que j’ai eu ? Voyons. Un porche ouvert. Rue des filles. Me rappeler. Haroun al Raschid. J’y presque suis. Cet homme me conduisait, parlait, je n’avais pas peur. Le melon qu’il tenait, il l’approchait de ma figure. Il souriait : fragrance crémeuse du fruit. C’était la règle, disait. Entrez. Suivez-moi. Tapis rouge par terre. Vous verrez qui. »

    Or, ceci est un rêve prémonitoire. Mais notons que vers la fin de la deuxième partie, chapitre 10, chapitre au cours duquel Bloom est lui aussi sur une plage, Bloom, brièvement et confusément, se rappelle le rêve qu’il a fait la même nuit – même nuit aussi que celle du rêve de Stephen. D’abord, le cours de ses pensées, accroché par une publicité, s’attarde sur son ancien béguin, Mme Breen, désormais vieillissante et sans charme, et dont le mari, auquel on a fait une blague, est allé consulter son avocat au sujet de l’insultant message anonyme qu’il a reçu : « Pantalons de dame en flanelette grise à trois shillings la paire, occasion exceptionnelle. Laide aimée est toujours aimée. Laide, aucune femme ne croit l’être vraiment. Aimons, trompons et soyons belles car demain nous mourrons. Celui-là qui roule partout cherchant qui lui a joué le tour. Fou. Tu. : Foutu. C’est écrit. Lui, pas moi. La même chose arrive à une boutique, je l’ai souvent remarqué. On dirait qu’une malédiction s’acharne après. Ai-je rêvé cette nuit ? Quoi donc ? Quelque chose d’embrouillé. Elle avait des mules rouges. Turque. Elle portait des culottes. » Après quoi sa pensée diverge dans une autre direction. Dans le chapitre 11, le chapitre à la maternité, est

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