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    2. Ulysses
    3. Chapitre 213
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    fantôme – qui diable cela peut-il être ?

    On trouve une nouvelle référence à ce personnage au chapitre 9, le chapitre dans lequel on voit le doux et gentil Bloom, dans le bar de Kiernan, importuné par un voyou, le « citoyen » anonyme, et par le redoutable chien qui appartient au grand-père de Gertie. Bloom, d’un ton très tendre et très grave (qui le hausse au-dessus de son propre niveau personnel, par trop prosaïque dans d’autres parties du livre), Bloom le juif parle :

    « — Et moi aussi j’appartiens à une race qui est haïe, que dit Bloom, et persécutée. Encore de notre temps. Aujourd’hui même. En ce même instant. » Le citoyen ricane :

    « — Est-ce que vous parlez de la Nouvelle Sion ? que demande le citoyen.

    — Je parle de l’injustice, que dit Bloom. […

    — Mais tout est inutile, qu’il dit. La force, la haine, l’histoire tout. C’est pas une vie pour des hommes et des femmes, l’insulte et la haine. Et tout le monde sait que c’est le contraire qui est la vraie vie.

    — Quoi ? dit Alf [le barman).

    — L’amour, dit Bloom. »

    Soit dit en passant, c’est là l’une des bases essentielles de la philosophie de Tolstoï – la vie humaine est l’amour divin. Cependant, « amour », pour les esprits simples qui forment la clientèle du bar, veut dire amour physique. Mais, dans la litanie qui suit : « L’agent 14A aime Mary Kelly. Gertie MacDowell aime le jeune homme qui a une bicyclette. […] Sa Majesté le Roi aime Sa Majesté la Reine », etc., réapparaît un instant notre mystérieux personnage : « L’homme au mackintosh brun aime une dame qui est morte. » Nous remarquons qu’il se détache en contraste marqué avec le constable, ou même avec « le vieux M. Verschoyle qui a un cornet acoustique aime la vieille Mme Verschoyle qui a un œil qui dit zut à l’autre ». Notre homme mystérieux s’est vu ajouter quelque chose de poétique. Mais qui est-il, cet homme qui apparaît aux moments cruciaux du livre – est-il la mort, l’oppression, la persécution, la vie, l’amour ?

    Dans le chapitre 10, à la fin de la scène de masturbation sur la plage, pendant le feu d’artifice de la kermesse, Bloom se rappelle brièvement l’homme au mackintosh brun qu’il a vu au bord de la tombe et, au chapitre 11, dans un bar, juste avant l’heure de fermeture, à onze heures, un bar situé entre une maternité et une maison mal famée, dans les brouillards de l’ivresse, on aperçoit l’espace d’un instant l’homme mystérieux : « Mince alors, par le riffaudeur à perpète, qui c’est-il que le malfoutu au machintoc ? Un bibi-la-purée. Pige-moi ses fringues. Bon sang de sort ! Qu’est-ce qu’il est en train de bouffer ? Ta bouche, bébé. C’est du Bovril, vertudienne. En a bougrement besoin ? Tu connais-t-y Chaussettes-russes ? Le vieux miteux du Richmond ? J’ te crois, Benoît ! 11 se figurait qu’il avait un dépôt de plomb dans le pénis. Insanité trompéraire. C’est nous qu’on l’appelle le Père-la croûte. Ça, m’sieu, fut un temps qu’ c’était un citoyen à la hausse. Voilà le pauvre haillonneux qu’épousa la belle aux grands yeux. Du coup, elle en a avalé sa gaffe. Voyez, bonnes gens, le délaissé. Mackintosh, Chevalier Errant de la Sierra. À la soupe et au pieu. L’heure réglementaire. Vingt-deux, v’là les flics. Siou-plaît ? C’est-il lui que je l’ai vu ojord’hui au fumeterre ? C’est-il un pote à vous qu’a déposé son mandat ? » Le passage, comme toute la dernière scène du chapitre est sans nécessité obscur, mais on y reconnaît clairement l’homme qui avale avidement sa soupe « Bovril », avec ses chaussures poussiéreuses, ses chaussettes trouées et son amour perdu.

    Un homme au mackintosh brun fait irruption dans la scène du bordel, chapitre 12, qui est une amplification grotesque des pensées désarticulées qui traversent l’esprit de Bloom, pensées désarticulées se produisant sur une scène obscure en une comédie-cauchemar. Ce chapitre ne doit pas être pris au sérieux, pas plus qu’il ne faut prendre sérieusement la brève vision, par Bloom, de l’homme au mackintosh brun qui le dénonce comme le fils d’une mère chrétienne : « Ne croyez pas un mot de ce qu’il dit. Cet homme est Léopold M’Instoh, le célèbre incendiaire. Son vrai nom est Higgins. » La mère de Bloom, qui a épousé Rudolf Virag, de Szombathely, Vienne, Budapest, Milan, Londres et Dublin, était née Ellen Higgins, seconde fille de Julius Higgins (né Karoly, un Hongrois) et de Fanny Higgins, née Hegarty. Dans le même cauchemar, le grand-père de Bloom Lipoti (Léopold) Virag est engoncé dans plusieurs pardessus, sur lesquels il porte un mackintosh brun, manifestement emprunté à l’homme mystérieux. Lorsqu’après minuit Bloom commande du café pour Stephen dans l’Abri du Cocher (troisième partie, chapitre 1), il ramasse un exemplaire du Télégramme du soir, et y lit le compte rendu de l’enterrement de Patrick Dignam, tel que le rapporte Joe Hynes : « Assistaient à la cérémonie… » Là suit une liste de noms, qui se termine par M’Intosh. Et enfin, dans le chapitre 2 de cette dernière partie, chapitre qui se présente sous la forme de questions et de réponses, on trouve la phrase suivante : « Quelle énigme par soi-même embrouillée Bloom [tandis qu’il se déshabille et plie ses vêtements] appréhendait-il volontairement de ne pas comprendre ?

    « Qui était M’Intosh ? »

    C’est la dernière fois que l’on entend parler de l’Homme au Mackintosh brun.

    Savons-nous qui il est ? Je crois que oui. Nous en trouvons l’indice dans le chapitre 6 de la deuxième partie, la scène à la bibliothèque. Stephen parle de Shakespeare, et affirme que Shakespeare est lui-même présent dans ses œuvres (les œuvres de Shakespeare). Shakespeare, dit-il d’une voix étranglée, « a dissimulé son propre nom, un beau nom, William, dans ses pièces. Ici, c’est un figurant, là un rustre ; ainsi un vieux maître italien situait son propre visage dans un coin sombre de sa toile… », et c’est exactement ce qu’a fait Joyce – situer son visage dans un coin sombre de sa toile. L’Homme au mackintosh brun, qui passe à travers le rêve du livre, n’est autre que l’auteur lui-même. Bloom aperçoit un instant son créateur !

    a

    Notes de Michel Cusin et Pascal Bataillard

    1. En particulier dans la nouvelle « Les Morts », dans Œuvres, Bibl. de la Pléiade, 1.1, p. 265-320.

    2. Voir l’étude classique de Philippe Ariès, Essais sur l’histoire de la mort en Occident. Du Moyen Âge à nos jours, Éd. du Seuil, 1975.

    3. Pour une fine discussion de ce moment et de son traitement dans les deux épisodes, convergent et divergent à la fois, voir Jean-Michel Rabaté, James Joyce, Hachette, 1993, p. 111-113.

    4. L’Essai sur les données immédiates de la conscience parut en 1889.

    5. Voir la n. 142, p. 1348.

    VII. ÉOLE

    Notice Gallimard (2013)

    Vents. L’épisode d’Éole ne tient dans l’Odyssée, au chant X, qu’une place modeste, narrant un simple incident de parcours du héros. Celui-ci a été bien accueilli, sur son île flottante, par le souverain, maître des vents par la grâce de Zeus, qui lui a donné en cadeau, cousu dans des outres, les vents mauvais susceptibles de le détourner de son but, Ithaque. Mais l’équipage, à son insu, ouvre les outres, pour le malheur de tous.

    Une île flottante, des vents puissants, autant d’indices de fragilité de cet univers qui ne tient qu’à un fil, celui qui ferme les outres : selon le mathématicien Ératosthène, « on trouvera le lieu des errances d’Ulysse le jour où l’on découvrira le bourrelier qui a cousu l’outre des vents ». Transposé dans l’ordre de l’écriture, il s’agit de l’artisan qui maîtrise la parole, bonne ou mauvaise, là encore par un tour de main spécifique : une manipulation du réel par le fil du langage. Le premier paragraphe est à cet égard emblématique : c’est une voix, enrouée, qui préside à la communication entre les différents secteurs de la ville.

    Pour le meilleur et pour le pire, l’art du bourrelier littéraire, même s’il s’appuie sur celui du prote metteur en page, est en même temps celui de la rhétorique, chère à Joyce au point d’orienter ses goûts littéraires, ainsi qu’en témoigne son admiration pour la prose du cardinal Newman. Ici, le pire nous est fourni par le discours de Dan Dawson lu par Ned Lambert. Le meilleur est supposé être le plaidoyer de Seymour Bushe dans l’affaire Childs. Joyce, en 1923, choisira précisément ce dernier passage pour un exceptionnel enregistrement phonographique : c’est que, pour lui, si le contenu du discours est important, sa production concrète doit être tenue pour décisive.

    Production. Il n’est pas surprenant que la journée d’Ulysse soit, à un moment donné, ponctuée par la présence d’un quotidien… Il y a d’autant moins matière à s’en étonner que Joyce, dès ses débuts, s’est intéressé au journalisme, au point de l’envisager comme carrière1. Plusieurs nouvelles de Dublinois portent la trace de cet intérêt, avec par exemple « Après la course », qui avait eu pour prélude, trois mois plus tôt, l’interview recueillie par lui d’un coureur automobile ; on y remarque surtout la place tenue par des journalistes : Gallagher, O’Madden Burke, et surtout Gabriel Conroy, où il se représente tel qu’il aurait pu être s’il ne s’était pas exilé. Et s’il se refusa toujours à écrire pour des motifs purement pécuniaires, il n’hésita pas à évoquer dans la presse ses conflits avec des éditeurs, ou, dans le Piccolo délia Sera de Trieste, l’Irlande et son histoire.

    Bien avant l’écriture d’Ulysse, Joyce s’est moins intéressé aux informations recueillies dans le quotidien de la vie qu’à leur production, qu’à la manière dont

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    Classique, Fiction, Littérature, Roman
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