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    2. Ulysses
    3. Chapitre 203
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    Seule l’intervention d’Hermès permettra à Ulysse de regagner sa patrie.

    D’emblée l’épisode IV est placé sous le signe de la rupture, alors qu’il existait une continuité entre la Télémachie et le Portrait de l’artiste en jeune homme. Stephen avait été vu comme un « être impossible » et, selon le schéma de Linati, n’avait pas encore de corps. L’accent est ici mis sur les appétits, y compris sexuels, et les aliments connaissent une odyssée qui va de leur ingestion à leur expulsion. Pour la première fois un organe est assigné à l’épisode : le rein, dont les principales fonctions – filtration et excrétion – font de lui un symbole de la société dublinoise de l’époque. Bloom sera maintes fois en butte à l’hostilité de ses concitoyens qui tendent à rejeter l’Autre, celui qui n’obéit pas à leurs propres critères.

    Sur un plan stylistique, on opposera les cogitations métaphysiques et esthétiques quelque peu fumeuses de Stephen aux préoccupations terre à terre de Bloom. Lorsque ce dernier traite d’un sujet un peu abstrait, c’est de la métempsycose, ou comment l’âme d’un défunt migre vers un nouveau corps.

    La rupture avec les trois premiers épisodes est aussi d’ordre spatio-temporel. L’action se déroule dans un nouveau lieu et l’heure assignée à l’épisode coïncide avec celle à laquelle débute le roman. Joyce se démarque également de la structure de l’Odyssée. Ogygie était un point d’arrivée, l’avant-dernière étape avant le retour à Ithaque, et le récit que faisait Ulysse à Alcinoous était celui d’aventures passées. On ne perçoit d’emblée aucun lien entre Bloom et Ulysse. Ce dernier ne sera nommé que deux fois dans le roman. Dans « Charybde et Scylla », il est une référence en matière de naufrage et il est privé de parole autonome : il est celui qui cite Aristote.

    À la différence de son modèle antique, l’Ulysse dublinois n’a pas de fils (Rudy, âgé alors de onze jours, est mort il y a dix ans) mais une fille adolescente qui vit loin de ses parents et que Bloom voit, de façon parfois ambiguë, comme un double de Molly. C’est cette absence du fils qui permettra à Stephen d’endosser le rôle de Télémaque. Point de Laërte pour accueillir son fils puisque Rudolph Virag repose à Ennis et que le fidèle Athos est remplacé par une chatte, à la fois métaphore et métonymie d’une épouse qui est, elle, bien loin d’être un parangon de fidélité conjugale. Enfin, loin de défier – et de défaire – les prétendants, Bloom quittera le domicile, laissant ainsi le champ libre au dernier en date des amants de sa femme. Sa longue errance dans Dublin peut se lire comme la chronique d’un adultère annoncé et sa seule victoire sera d’éviter de rencontrer son rival.

    Toutefois la rupture n’est pas aussi radicale qu’on serait tenté de le croire. Bloom et Stephen prennent tous les deux leur petit déjeuner, leurs pensées sont à un moment tournées vers l’Orient et c’est le même nuage qu’ils voient couvrir le soleil. Tous les deux fuient devant l’usurpateur et sont sans clef, d’où cette porte qui n’est que poussée, signalant par là un retour programmé. Tous les deux professent des ambitions littéraires, même s’il y a loin des « épiphanies écrites sur des feuilles vertes » (p. 102) à l’histoire inventée « à partir d’un proverbe » (p. 144), tout juste bonne à être publiée dans un magazine populaire. Comme son modèle homérique, Bloom est un homme à femmes, même si le fil de ses pensées le montre attaché à un pieu et si la petite musique de lit résonnera au fil des épisodes. Molly fait ici cliqueter les anneaux de cuivre en se retournant dans le lit conjugal, mais dans « Circé » leur « jigjag » signera sans équivoque la manifestation de l’adultère consommé. C’est dans cette cave matrice où règne Molly, dans ce qui est une sorte de réplique de la grotte de Calypso (que certains situent à Gibraltar), que Bloom vient chercher refuge et qu’il investit son imaginaire. Le parallèle est explicitement établi entre la Nymphe au bain qui décore la chambre et une épouse dont Bloom s’attache à satisfaire tous les désirs. Malgré le coup de tonnerre que constitue la lettre de Boylan, pâle avatar de la tempête soulevée par Poséidon, les propos et le monologue intérieur de Bloom montrent que dans cet épisode, comme dans le roman tout entier, la force centripète l’emporte en définitive sur la force centrifuge, et nous pourrons dire qu’au terme du déplacement c’est le domocentrisme qui prévaut.

    Quelle est donc l’identité de celui qui va désormais occuper le devant de la scène ? D’un point de vue référentiel, c’est un personnage composite dont on apprendra que, dans un souci d’intégration, il a changé de nom1. En passant de Virag à Bloom, traduisant ainsi son patronyme hongrois, il perd la racine vir, rappelant ainsi le « Poldy » que lance Molly à un mari occupé à des tâches plus spécifiquement féminines. Par une sorte de mise en abyme du changement patronymique, Bloom prendra le nom de Flower dans sa correspondance secrète avec Martha Clifford. Serait-il donc ce « Personne » qu’Ulysse prétend être lorsque Polyphème le somme de se nommer ? L’unité serait-elle à chercher du côté de la religion ? Sa judéité est suggérée et niée à la fois. S’il est fasciné par Israël, terre de vie et de mort, il consomme de la nourriture non cachère et voue un culte païen à son épouse dont le prénom et la date de naissance font d’elle une bien improbable vierge Marie. Molly est initialement vue « en creux », son langage étant, dans un premier temps, à peine plus articulé que celui de la chatte de la maison. L’anglais réunit dans un même mot la star et l’étoile, deux volets du personnage. Dans sa fonction stellaire, elle constitue pour son époux un point de repère – tout comme un repaire – et, plus que par ses dons de cantatrice, c’est par son monologue final, magistral contrepoint à son « Mn » initial, qu’elle donnera toute la mesure de son talent d’artiste dans ce qui reste une inoubliable performance.

    Joyce, que fascinait le personnage d’Ulysse, se proposait d’écrire l’épopée conjointe des juifs et des Irlandais, qu’il voyait comme deux nations asservies. Son antihéros apparaît d’emblée comme le représentant de l’homme sensuel ordinaire lancé dans une odyssée qui, par la magie de l’écriture, joue sur le mode parodique, transcendant ainsi son modèle homérique.

    Marie-Danièle Vors

    a

    La lecture de VLB (2006)

    L’Odyssée d’Homère. Tandis que Télémaque prépare à Ithaque le massacre des prétendants, le divin Ulysse, comme Dédalus assis sur sa roche plate face à la mer, n’en mène pas large à l’orée de l’antre de Calypso qui donne évidemment sur l’océan. Il est tout de même étrange que la première fois qu’Homère nous montre le héros, il nous le décrit telle une femme chagrinée qui passe ses journées à pleurer à chaudes larmes ! Calypso n’a pas d’armée pour le contraindre à rester avec elle : comment cet homme aux mille Tours, aussi rusé que le goupil, ne trouve-t-il pas par lui-même le moyen de fuir ? Pourquoi ne peut-il s’empêcher, quand vient la nuit, d’entrer dans la caverne de Calypso et de lui faire l’amour bien qu’il ne le voudrait pas ? Tout simplement parce que la concupiscence est son talon d’Achille et qu’il ne peut lui résister, lui le tombeur de Troie. Auprès de toi, Pénélope serait sans grandeur ni beauté, dit-il à Calypso, phrase étonnante encore quand elle vient d’un héros dont la fidélité à sa femme devrait être la première vertu. Quant à son fils Télémaque, son nom ne sera pas mentionné une seule fois par Ulysse tout le temps qu’il restera chez Calypso. S’il peut enfin la quitter, c’est qu’Athéna a intercédé pour lui auprès de Zeus, le Haut-Tonnant et l’Ébranleur de la Terre. Calypso, qui peut tout contre la volonté d’Ulysse, ne peut rien contre celle de Zeus. Elle permet donc à Ulysse de bâtir un radeau et de reprendre la mer. Dix-sept jours, il vogua sur les routes du large ; le dix-huitième enfin, les monts de Phéacie et leurs bois apparurent : la terre était tout près, bombant son bouclier sur la brume des mers. Malheureusement pour Ulysse, c’est ce dix-huitième jour-là que choisit Poséidon, son ennemi juré, pour revenir de chez les noirs Éthiopiens. Voyant qu’ Ulysse est à portée de terre, il ameute les vents de l’océan, faisant se déclencher une tempête telle que se brise sur les lames le radeau, emportant Ulysse dans les flots bouillonnants. Une femme encore, Ino la blanche déesse, le sauvera de la mort, lui faisant don d’un voile divin : tends-le sur ta poitrine ; avec lui, ne crains plus la douleur ni la mort. Mais lorsque, de tes mains, tu toucheras la rive, défais-le, jette-le dans la vague vineuse, au plus loin vers le large, et détourne la tête !

    Ainsi affublé du voile d’Ino, agrippé à un billot, Ulysse essuie la colère de Poséidon durant trois jours et trois nuits, puis aborde enfin en Phéacie, royaume d’Alkinoos, de sa fille Nausicaa et des Lotophages, un peuple pacifique qui tue le temps en prenant de longs bains, en se vêtant somptueusement, en dansant entre hommes, en participant à des jeux d’endurance dont le summum est la course à pied. Les Lotophages sont surtout de gros mangeurs, ce qu’apprécie Ulysse puisque la faim et l’art de l’assouvir sont, après sa faiblesse par-devers les femmes, son deuxième talon d’Achille. Pour honorer celui qui a inventé le cheval de Troie, on fait rôtir entiers bœufs et moutons et, tandis qu’on s’empiffre, l’aède chante

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