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    2. Ulysses
    3. Chapitre 197
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    les vents vous y ont égaré : c’est si loin dans la mer qu’on ne sait pas d’oiseaux qui, dans la même année, refassent le voyage. »

    Montant le cheval que lui prête Nestor, Télémaque se rend donc au pays de Ménélas, roi de Lacédémonie et mari de la belle Hélène à cause de qui eut lieu la guerre de Troie. On festoie encore, on se baigne et l’on écoute Ménélas raconter sa version de la guerre de Troie. Ça n’avance guère Télémaque dans la recherche de son père et, ne sachant pas où et comment le rejoindre, il lui faut donc rentrer bredouille à Ithaque. Le consolent toutefois les conseils que Nestor et Ménélas lui ont donné de se débarrasser des prétendants de Pénélope. Craignant trop les mauvaises nouvelles que Télémaque pourrait rapporter de son voyage, notamment qu’Ulysse serait toujours vivant, les prétendants ourdissent en complot d’assassiner Télémaque. Informée par une domestique, Pénélope serait au désespoir si un fantôme obscur ne venait l’avertir au nom de la déesse Athéna de garder espoir, la partie contre Télémaque n’étant pas encore toute jouée.

    C’est là-dessus que se terminent les quatre premiers chants de l’Odyssée, et sans qu’Ulysse n’y prenne part active, le récitatif des exploits du héros ne commençant qu’au chant V, lorsque s’ouvre l’antre de Calypso. Le prologue aux aventures d’Ulysse compte près du tiers de l’ouvrage et sa finale, quand Ulysse revient à Ithaque, pour presque le double encore. Sur les quelque quatre cents pages de l’Odyssée, la voyagerie et les exploits d’Ulysse n’en occupent que cent-vingt-cinq, et ce sont celles-là surtout qui fascinent toujours le lecteur d’aujourd’hui, les gens de théâtre et les cinéastes.

    L’Ulysse de James Joyce. Sur les sept cents pages du roman de Joyce, les quatre premiers chants de l’Odyssée n’en représentent qu’une cinquantaine et ne couvrent que trois heures (celles du matin) dans la vie de Stephen Dédalus, le jeune Télémaque dublinois en quête non de son père biologique, mais d’une paternité de remplacement qui lui montrera le chemin menant au labyrinthe tout en l’assurant de pouvoir en ressortir vivant. Les prétendants à la renommée sont nombreux et mieux nantis que Dédalus : contrairement à lui, ils ont des pères et des mères dignes de ce nom, ils ont tout l’argent dont ils ont besoin pour que leurs rêves ne tournent pas en eau de boudin. Tel est particulièrement Buck Mulligan, l’arrogant ami de Dédalus, fier de sa famille aristocratique et convaincu qu’une fois ses études de médecine terminées, sa renommée comme chirurgien le rendra célèbre du Levant au Ponant. Si Homère décrit Ulysse comme l’homme aux mille Tours, Buck Mulligan en habite une, à Sandycove, face à l’océan. Comme il se doit, Mulligan a une tête chevaline aux cheveux sans tonsure, grenus et de la teinte du chêne clair. C’est un simoniaque qui, se servant de son plat à barbe, se livre au simulacre d’une messe catholique du haut de la plate-forme de la tour. Dédalus n’aime pas voir Mulligan en train de rire des rites religieux. Il n’aime pas non plus la face de clair-obscur de Mulligan, replète : galbe ovale, mâchoire amère, tout le portrait d’un prélat, protecteur des arts, au Moyen-Âge. Un Nestor grec, mais que seul le mauvais côté des choses intéresse. Sinon, pourquoi hébergerait-il un fou furieux dans la tour, et Anglais de surcroît, qui voit des panthères noires la nuit et qui leur tire dessus, menaçant ainsi de tuer le pauvre Dédalus invité par Mulligan à prendre ses aises dans la tour parce qu’il n’a nulle part où aller ?

    Tout en se gaussant de la peur de Dédalus par-devers le fou furieux, Mulligan le sermonne entre deux observations sur la mer, la mer pituitaire, la mer contractico-testiculaire, notre mère grande et douce. Le passage de l’une à l’autre amène Mulligan à confesser à Dédalus que sa tante le croit responsable de la mort de sa mère. Comme il aime culpabiliser Dédalus ainsi que le font dans L’Odyssée les prétendants envers Télémaque, Mulligan ajoute : Vous auriez tout de même-pu vous mettre à genoux quand votre mère mourante vous l’a demandé. Il y a en vous quelque chose de démoniaque, mais vous êtes un séduisant baladin, le plus séduisant de tous les baladins. Et tandis que se rase toujours Mulligan, Dédalus se livre au sujet de sa mère au premier monologue intérieur d’Ulysse : Depuis sa mort elle lui était apparue en rêve ; son corps dévasté, flottant dans la robe brune avec laquelle on l’avait enterrée, exhalait une odeur de cire et de bois de rose ; son souffle, que muette et pleine de reproche, elle exhalait vers lui, fleurait faiblement les cendres mouillées. Un bol de porcelaine blanche à côté de son lit de mort avait contenu la bile verte et visqueuse quelle avait arrachée à son foie gangrené dans des accès de vomissements qui la faisaient hurler.

    Chez Joyce, les objets sont nombreux et décrits avec minutie, comme dans l’Odyssée, car ils sont symboliques avant d’être utilitaires ; ceux que touchent Mulligan déplaisent à Dédalus et accentue son sentiment d’inimitié. Pourquoi me détestez-vous autant ? lui demande Mulligan. Parce que vous avez dit à votre tante quand je suis allé vous voir l’autre soir : – Oh, ce n’est que Dédalus dont la mère vient de crever comme une bête. Cette remarque de Mulligan, Dédalus la considère comme une insulte, non pour sa mère, mais pour lui-même : à quoi donc pourrait aspirer l’apprenti-héros si sa mère, telles les vaches nourricières qu’on sacrifie dans l’Odyssée pour Télémaque en quête de son père, a crevé de si profane façon, tout le lait de son corps et de son esprit tari à jamais ? Pour amenuiser la portée de l’insulte, la vieille fermière surviendra, porteuse d’un vase plein de lait. Dédalus la regarda remplir la mesure d’abord, puis le pot, d’un lait riche, immaculé, non le sien. Vieux tétons rabougris. Elle versa derechef une pleine mesure, plus un chiquet. Antique et mystérieuse, elle était venue du monde avec le matin, une messagère peut-être. Elle vantait la bonté du lait tout en le versant. Dès l’aurore aux doigts de roses, à croupetons sous sa vache patiente, dans la plantureuse pâture, sorcière sur son vénéneux champignon, ses doigts ridés rapides, pressant le trayon qui gicle. Une messagère du matin secret.

    Messagère de qui et de quoi ? se demande Dédalus tandis que dans la tour, il prend son repas du matin en compagnie de Mulligan et de Haines, le fou furieux à qui les noires panthères nocturnes apparaissent. Durant le jour, Haines est toutefois le digne représentant de Sa Majesté britannique en ville dublinoise. S’il était irlandais, il serait nationaliste lui aussi, récriminerait contre la reine Victoria et prendrait peut-être même les armes pour bouter hors du pays les forces d’occupation. Mais pour ce jour d’hui, il va se contenter de quitter Pylos et Nestor avec Dédalus pour l’accompagner jusqu’en Lacédémonie, en l’occurrence l’école où enseigne aux futurs prétendants le Fils en rupture de Père. De quoi leur parle-t-il ? De la prise de Tarente, ville grecque sise en Italie et le plus beau des lointains fleurons de Sparte en ses glorieuses années d’expansion territoriale. Pour s’être alliée à Hannibal contre Rome, Tarente fut prise et rasée, ses femmes violées et ses défenseurs massacrés. Cette chute de Tarente est en quelque sorte pour Dédalus la réplication de la guerre qui mena à la destruction de Troie. Mais ses élèves ne l’écoutent pas vraiment tant est grande leur hâte d’aller jouer au hockey dans la cour de l’école. Seul Cyril Sargent reste après la classe : nul en mathématiques, il demande l’aide de Dédalus ; et celui-ci, tout en lui faisant distraitement la leçon, pense que s’il avait recours à l’algèbre, il lui serait possible de démontrer que le spectre de Shakespeare est le grand-père d’Hamlet, car si Homère est le grand poète de la Grèce en son Levant, Shakespeare l’est aussi pour l’Empire britannique en son Ponant. Tout autant qu’Homère dont on ne sait pas de qui il est né ni même où il est né, Shakespeare, par les nombreux trous dans sa biographie, permet à Dédalus de poursuivre sa quête symbolique du père. M. Deasy, le directeur de l’école, pourrait l’être, mais c’est un ultranationaliste : Nous sommes tous Irlandais, nous sommes tous fils de roi, dira-t-il à Dédalus dont la simple réponse, Hélas ! dit bien que l’Irlande gaélique n’est plus son espoir. La symbolisent sur les murs du bureau de M. Deasy des portraits de chevaux défunts, gloires d’autrefois de la nation sur les terrains de course de toute l’Europe. Les chevaux sacrés ont disparu et M. Deasy s’est rabattu sur les vaches et les taureaux, victimes du mal de pied et du museau. Dans une lettre ouverte qu’il destine aux journaux dublinois, M. Deasy prend leur défense et celle des éleveurs irlandais auxquels la Grande-Bretagne refuse son aide. Sachant que Dédalus a ses entrées au Télégramme du soir, il lui confie sa missive, précisant qu’il préfère rester à l’école parce que, en haut lieu, on intrigue contre lui et son engagement, particulièrement les Juifs. Il dit à Dédalus : L’Angleterre est aux mains des Juifs. Dans tous les postes éminents : la finance, la presse. Et leur présence là est l’indice de la décadence d’une nation. Le mercantilisme juif a commencé son œuvre de destruction. La vieille Angleterre se meurt. Plutôt sympathique aux Juifs, qui savent les stigmates de la race, mais impuissant à faire changer M. Deasy d’idée, Dédalus quitte l’école. Pas plus qu’avec Buck Mulligan dans la tour de Sandycove, il n’y a trouvé de quoi nourrir sa

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