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    2. Ulysses
    3. Chapitre 196
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    à la charge du héros, des restes, des bribes d’images et de langage, comme autant de souvenirs énigmatiques.

    Coupures et fêlures. Les coupures permettent de saisir les enjeux de la crise. C’est d’abord la distance prise par ce Stephen à l’égard des pitreries blasphématoires de Mulligan, avec aussi la tentation avancée par la culture anglo-irlandaise. Son silence devant la proposition d’helléniser l’Irlande est lourd de non-dits : Dublin est bien loin d’Oxford, de ses débats très victoriens, des enfants de la bourgeoisie et de l’aristocratie qui peuplent ses antiques collèges. Joyce ne pouvait oublier que, catholique, il n’avait pas eu accès au Trinity College de Dublin, fondé jadis pour propager la foi protestante. Si ses maîtres jésuites en avaient fait un très bon latiniste, c’est en autodidacte qu’il dut plus tard se former au grec. La coupure, en même temps que culturelle, est sociale et économique, Stephen le fait sentir à l’occasion.

    Pourtant, le véritable changement, le surgissement d’une altérité fondatrice commence avec son regard sur lui-même dans un miroir fêlé, quitte à ne point en rester là.

    Fantômes et écriture. Cette altérité se développe en prenant appui sur un dit poétique, lui-même généré par un mot équivoque, brooding, « rumination » mais aussi « couvade ». Tout un procès de remémoration se déclenche alors, tournant autour de l’amour, « amer mystère » associé à la mère : une mère à la fois mourante, et porteuse de secrets et de souvenirs aussi dérisoires que poignants. Et c’est en cet instant, révélé par un souvenir tournant au cauchemar, que le moment de rupture prend une profondeur tragique.

    Certes, ce moment semble se clore assez vite, la vie paraît reprendre ses droits : le déjeuner se poursuit, la vieille paysanne apporte la touche folklorique attendue, espérée même par le visiteur anglais. Cependant, les échanges entre les gais (et moins gais) compagnons sont filtrés par le regard, l’écoute et la mémoire de Stephen. Et c’est ainsi que, au moment même où il va prendre la route, certaines pierres d’attente sont posées ; il ne s’agit pas de thèmes à proprement parler, mais d’éléments discrets, hétérogènes à l’occasion, propres à nourrir plus tard, dans d’autres épisodes, dits philosophiques et discours inédits, informant une poétique toujours recommencée.

    Tout au long de ces pages, le texte ne cesse de donner la parole à Stephen, à glisser son point de vue entre les phrases, entre les mots, si discrètement que l’on n’est plus toujours sûr de savoir qui parle. Si l’épisode s’achève sur le thème de l’usurpateur, c’est que celui-ci, sous diverses apparences, vient parasiter de son bavardage et de son idéologie la recherche subjective de celui qui semble être le héros du récit. C’est qu’en réalité, dès ces premières pages, il ne cesse d’interroger ses souvenirs et ses rêves, d’analyser de son mieux les mystères qu’ils lui présentent avec insistance : le mystère de l’amour, le mystère de la paternité, qui ont partie liée en lui. Chaque fois, on constate que c’est l’art, à travers la poésie de langue anglaise, ou bien latine, ou encore la musique sacrée, qui sert de déclencheur.

    Progressivement, le processus de décantation à l’œuvre ici produira ses effets, d’abord au fil des trois épisodes liminaires, qui verront Stephen Dedalus, en tant que personnage, quitter la scène. Il y reviendra, en situation centrale, dans l’épisode IX, « Charybde et Scylla », pour reprendre et développer avec force, sinon, semble-t-il dire, avec conviction, certains thèmes qu’il est parvenu à isoler. Pas tous, pourtant, car celui de la Femme, de ses désirs et de ses jouissances, apparu avec le retour de la mère dans ses pensées et dans ses rêves, reviendra, avec l’épisode XVIII, « Pénélope », clore l’ouvrage par la grâce du verbe de Molly Bloom.

    Jacques Aubert

    a

    La lecture de Victor-Lévy Beaulieu [VLB] (2006)

    L’Odyssée d’Homère. Quand s’ouvre le récitatif, les compagnons de voyage d’Ulysse, du moins ceux dont la mort n’a pas voulu, sont de retour à Ithaque. Ulysse n’a pu rentrer avec eux, retenu captif dans les cavernes de Calypso, brûlant, la toute Divine, de l’avoir pour époux, lui l’homme aux mille Tours et Détours puisque que maître de la Ruse dont il est l’incarnation. Mais Ulysse ayant tué le Cyclope, son père, le dieu Poséidon, lui voue une haine mortelle et le poursuit sans répit de son dépit, armé de sa fourche à trois dents par lesquelles fuse sa colère en forme de foudreuses vengeances. Profitant du fait que Poséidon est allé festoyer chez les Nègres lointains qui ont sacrifié cent bœufs et agneaux en son honneur, les dieux de l’Olympe s’assemblent afin de trouver moyen de ramener Ulysse à Ithaque. Protectrice d’Ulysse, Athéna, aux yeux vert-pituite de chouette, est la seule déesse à participer à l’assemblée. Elle propose qu’on envoie Télémaque, le fils d’Ulysse, à sa recherche. Les dieux manifestant leur accord, Athéna se rend donc à la maison d’Ulysse qu’assiègent une foule de prétendants. Le domaine d’Ulysse étant vaste et sa maison riche, les célibataires d’Ithaque les ont envahis dans l’espoir que Pénélope, lassée d’attendre le retour d’Ulysse, le considère comme mort et daigne refaire sa vie avec l’un d’eux. Les prétendants pillent la maison d’Ulysse, tuent et mangent ses troupeaux de moutons et ses vaches cornues à la démarche torse, et jouent aux jetons, assis devant les portes sur les cuirs des taureaux abattus de leurs mains, tandis que des messagers et des serveurs leur mélangent le vin et l’eau dans des cratères, ou lavent, de l’éponge aux milles trous, les tables qu’ils dressent pour chacun, ou tranchent force viandes.

    Déguisée sous les traits d’un vieil homme, sans ambages Athéna pose à Télémaque une bien curieuse question : « Dis-moi sans feinte, point par point : c’est d’Ulysse, de lui, que vraiment tu naquis ? » On s’attend à ce que la réponse de Télémaque ne recèle aucune ambiguïté, aucun doute, mais tel n’est pas le cas : « Que je sois bien son fils ? Ma mère me le dit ; moi, je n’en sais pas plus. À quel signe un enfant reconnaît-il son père ? » Télémaque a vingt ans et ne connaît pour ainsi dire pas son père : il a tenu pendant dix ans le siège de Troie, puis est parti en mer. Peut-être Pénélope ne lui est-elle pas toujours restée fidèle et n’a-t-elle pas toujours tenu dans sa main la simple quenouille de son métier à tisser ?

    Quoi qu’il en soit, Télémaque veut bien partir à la recherche de ce père qui a toujours été manquant par-devers lui, mais l’héritage d’Ulysse, que les prétendants menacent, le préoccupe autrement : il ne veut pas qu’autant de richesse lui échappe, car régner, dit-il, n’est pas un mal ; tout aussitôt, c’est la maison fournie et l’homme mieux prisé. Comment se débarrasser toutefois des prétendants ? Seul, Télémaque ne le peut : il n’est ni le Père ni le Mari, que le Fils un brin hystérique que des crises de larmes assaillent quand la noire réalité le serre de trop près. Il n’a pour lui ni la ruse d’Ulysse ni celle de Pénélope qui, durant trois ans, a trompé les prétendants en leur disant qu’une fois tissé le suaire du père d’Ulysse, elle choisirait parmi eux l’homme avec qui refaire sa vie. La nuit, Pénélope détissait ce que durant le jour elle avait tissé, retardant ainsi d’autant de passer à l’acte, fâchant contre elle non seulement les prétendants, mais tous les édiles d’Ithaque. Aucun ne lèvera le petit doigt pour aider Télémaque : les prétendants resteront où ils sont et les riches commerçants d’Ithaque ne lui prêteront ni vaisseau ni équipage pour qu’il puisse fendre les flots à la recherche de son père. La déesse Athéna va lui fournir l’un et l’autre pour qu’il se rende au moins jusqu’à Pylos s’informer auprès de Nestor du destin d’Ulysse. Nestor n’est pas n’importe qui, car il dresse les chevaux, symbole du psychisme inconscient. Comme le disent Chevalier et Gheerbrant :

    « Le cheval n’est pas un animal comme les autres. Il est la monture, le véhicule, le vaisseau, et son destin est donc inséparable de celui de l’homme. Entre eux deux intervient une dialectique particulière, source de paix et de conflit, qui est celle du psychique et du mental. En plein midi, entraîné par la puissance de sa course, le cheval galope à l’aveugle, et le cavalier, les yeux grands ouverts, prévient ses paniques, et se dirige vers le but qu’il s’est assigné ; mais la nuit, quand le cavalier à son tour devient aveugle, le cheval peut se faire voyant et guide ; c’est lui alors qui commande, car lui seul peut franchir impunément les portes du mystère inaccessible à la raison. »

    Même si Nestor sacrifie une vache et qu’on en fait festin, les signes refusent de se montrer. On passe donc la soirée autour d’un feu, Nestor racontant à Télémaque la prise de Troie, mais en escamotant le suicide d’Ajax, qui mit fin à ses jours parce que l’avait outré le fait qu’on ait donné à Ulysse plutôt qu’à lui les armes du vaillant Achille mort au combat. Ulysse aurait pu refuser de les porter, ces armes, puisque de tous les guerriers Achille était le plus grand, sauf que le rusé usurpateur, qui ne s’était guère illustré au corps à corps, avait besoin de se servir de la mort du héros pour qu’on le considère lui-même comme un authentique Foudre de guerre.

    Nestor ne sachant rien du destin d’Ulysse, il conseille à Télémaque de se rendre chez Ménélas : « C’est lui qui, le dernier des guerriers de Troie, est rentré du dehors, d’un monde où l’on n’a pas grand espoir du retour, quand une fois

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