▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
Recherche avancée
Sign in Sign up
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
    Sign in Sign up
    1. Home
    2. Ulysses
    3. Chapitre 194
    Prev
    Next

    continentale pendant la plus grande partie de sa vie, et il est mort en Suisse en 1941. Ulysse a été composé entre 1914 et 1921, à Trieste, à Zurich et à Paris. En 1918 des extraits de l’œuvre commencèrent à être publiés dans la Little Review. Ulysse est un gros livre de plus de deux cent soixante mille mots ; c’est un livre riche qui contient un vocabulaire d’environ trente mille mots. Le cadre de Dublin est reconstruit partiellement selon les données issues de la mémoire d’un exilé, mais principalement grâce aux données fournies par le Thom’s Dublin Directory où, avant de parler d’Ulysse, vont en cachette butiner les professeurs de littérature afin d’ébahir leurs étudiants de tout le savoir que Joyce lui-même a puisé aux sources de ce même annuaire. Il se servit également, tout au long du livre, d’un exemplaire du quotidien de Dublin, le Evening TelegraphA du jeudi 16 juin 1904, prix un demi-penny, qui, entre autres choses, rendait compte ce jour-là de la Coupe d’or d’Ascot (qui vit la victoire d’un outsider, ThrowawayB), d’une effroyable catastrophe en Amérique (un incendie à bord d’un bateau de promenade, le Général Slocum) et de la Coupe Gordon Bennett de course automobile en Allemagne, à Hombourg.

    Ulysse décrit une seule journée, le 16 juin 1904, un jeudi, un seul jour dans la vie d’un certain nombre de personnages, dont les chemins se croisent ou divergent, qui vont à pied ou à cheval, qui parlent, qui rêvent, qui boivent, et traversent un certain nombre de péripéties physiologiques et philosophiques, mineures et majeures, au long de cette seule journée et des premières heures du matin suivant. Pourquoi Joyce a-t-il spécialement choisi ce jour-là, ce 16 juin 1904 ? Dans un ouvrage médiocre quoique bien intentionné, Fabulous Voyager : James Joyce’s Ulysses (1947), M. Richard Kain m’apprend que ce jour-là fut celui où Joyce fit la connaissance de sa future épouse, Nora Barnacle. Cela dit pour l’intérêt l’humain de la chose.

    Ulysse consiste en un certain nombre de scènes construites autour de trois personnages principaux ; parmi ces personnages principaux, le personnage dominant est Léopold Bloom, qui a une petite affaire de publicité, ou qui est démarcheur publicitaire, pour être précis. Il a été pendant un certain temps voyageur de commerce en papier buvard pour les Papeteries Wisdom Hely, mais il travaille désormais à son propre compte et cherche des annonceurs, mais sans grand succès. Pour une raison sur laquelle je reviendrai dans un instant, Joyce lui a donné des origines judéo-hongroises. Les deux autres personnages principaux sont Stephen Dedalus, que Joyce a déjà dépeint dans Portrait de l’artiste en jeune homme (1916) et Marion Bloom, Molly Bloom, la femme de Bloom. Si Bloom est la figure centrale de ce triptyque, Stephen et Marion en sont les figures latérales. Le livre commence avec Stephen et s’achève avec Marion. Stephen Dedalus – dont le nom de familleC est celui du bâtisseur mythique du labyrinthe de Cnossos, la cité royale de la Crète antique, qui est aussi l’inventeur d’autres gadgets fabuleux, comme des ailes pour lui-même et pour son fils Icare –, âgé de vingt-deux ans, est un jeune instituteur dublinois, érudit et poète, qui, pendant ses années de collège, a été soumis à la discipline d’une éducation jésuitique contre laquelle il réagit à présent violemment, mais tout en conservant un tempérament essentiellement métaphysique. C’est un jeune homme plutôt abstrait, dogmatique même quand il est saoul, un libre penseur, prisonnier de lui-même, un brillant proclamateur d’aphorismes abrupts, physiquement fragile et crasseux comme un saint (son dernier bain remonte à octobre et nous sommes en juin), un jeune homme amer et cassant – jamais tout à fait clairement visualisé par le lecteur, une projection de l’esprit de l’auteur plutôt qu’un nouvel être de chair et d’os créé par l’imagination d’un artiste. Les critiques tendent à identifier Stephen avec Joyce lui-même, mais cela n’est nulle part évident. Comme l’a dit Henry Levin : « Joyce a perdu sa religion, mais conservé ses catégories », ce qui est également vrai de Stephen.

    Marion (Molly) Bloom, la femme de Bloom, est irlandaise par son père, juive espagnole par sa mère. Elle est chanteuse. Si Stephen est un intellectuel et Bloom un semi-intellectuel, Molly Bloom est absolument inculte et même des plus vulgaires. Mais les trois personnages ont un côté artiste. Dans le cas de Stephen, l’artiste est presque trop beau pour être vrai – on ne rencontre jamais dans la « vie réelle » quelqu’un susceptible de contrôler sur le plan artistique les divers propos qu’il tient dans la vie courante avec une maestria comparable à celle que Stephen est censé déployer. Bloom, le semi-intellectuel, est moins artiste que Stephen, mais beaucoup plus que ne l’ont discerné les critiques ; en fait, son courant de conscience suit, çà et là, un cours très proche du courant de conscience de Stephen, comme nous le verrons plus tard. Enfin, Molly Bloom, malgré ce qu’elle a de banal, malgré le caractère conventionnel de ses idées, malgré sa vulgarité, est capable de réagir avec une grande richesse émotionnelle aux jolies choses superficielles de l’existence, comme nous le verrons dans la dernière partie de son extraordinaire soliloque, sur lequel s’achève le livre.

    Avant d’examiner la matière et la manière du livre, j’ai encore quelques mots à dire concernant le personnage principal, Léopold Bloom. Lorsque Proust fit le portrait de Swann, il fit de Swann un individu, avec des caractéristiques individuelles, uniques. Swann n’est ni un type littéraire ni un type racial, bien qu’il se trouve être le fils d’un agent de change juif. En composant le personnage de Bloom, l’intention de Joyce était de placer, au milieu d’endémiques Irlandais dans son Dublin natal, quelqu’un qui était aussi irlandais que lui, Joyce, mais qui était également un exilé, un mouton noir dans le bercail, comme lui, Joyce, l’était. Joyce conçut donc le projet rationnel de choisir, pour tenir le rôle de l’outsider, le type du juif errant, type même de l’exilé. Néanmoins, nous aurons l’occasion de voir que Joyce est parfois brutal dans sa manière d’accumuler et de souligner les prétendues caractéristiques raciales. Autre considération en ce qui regarde Bloom : ceux, si nombreux, qui ont écrit tant de choses au sujet d’Ulysse, sont soit des hommes très purs, soit des hommes très dépravés. Ils sont enclins à considérer Bloom comme un individu d’un naturel tout à fait ordinaire, et, apparemment, c’était bien là l’intention de Joyce. Il est évident, cependant, que, dans le domaine sexuel, on peut considérer Bloom comme à la limite du pathologique, ou du moins comme un bon exemple clinique de débordement des préoccupations sexuelles et de perversité, assortie de toutes sortes de complications bizarres. Son cas est strictement hétérosexuel, bien sûr ; il n’est pas homosexuel comme le sont la plupart des dames et des messieurs chez Proust (homo vient d’un mot grec qui veut dire « semblable » et non du homo latin, comme le croient certains étudiants), mais à l’intérieur des vastes limites de l’amour de Bloom pour le sexe opposé, il s’adonne à des actes et à des rêves qui sont absolument subnormaux au sens zoologique, conventionnel du terme. Je ne veux pas vous ennuyer avec l’énumération de ses désirs bizarres, mais je dirai ceci : dans l’esprit de Bloom, et dans le livre de Joyce, le thème du sexe est continuellement mêlé et entremêlé au thème des latrines. Dieu sait que je n’ai aucune objection d’aucune sorte contre le fait de parler franc dans un roman. Au contraire, nous en sommes plutôt privés, et ce qui se fait en ce sens est devenu désormais conventionnel et banal aux mains des soi-disant « durs » de la littérature, les favoris de clubs du livre, les chouchous des lectrices de club. Mais il y a un point sur lequel je ne suis pas d’accord : Bloom est censé être un citoyen assez ordinaire. Or, il n’est pas vrai que l’esprit d’un citoyen ordinaire soit continuellement occupé de choses physiologiques. C’est le « continuellement » que je conteste, pas le fait que ce soit dégoûtant. Tout ce fatras pathologique très spécial apparaît artificiel et gratuit dans ce contexte particulier. Je conseille aux plus délicats d’entre vous de considérer cette préoccupation toute particulière de Joyce avec un parfait détachement.

    Ulysse est une superbe et permanente œuvre d’art, mais qui a été légèrement surestimée par cette race de critiques qui s’intéressent davantage aux idées, aux considérations générales et aux aspects humains qu’à l’œuvre d’art en elle-même. Je me dois en particulier de vous mettre en garde contre le fait de voir, dans les banales déambulations et les aventures mineures de Léopold Bloom un jour d’été à Dublin, une étroite parodie de l’Odyssée, où l’agent de publicité jouerait le rôle d’Odysseus, autrement dit de l’artificieux Ulysse, où la femme adultère de Bloom serait la chaste Pénélope, tandis que Stephen Dedalus se verrait attribuer le rôle de Télémaque. Qu’il y ait un très vague et très général écho homérique du thème des pérégrinations dans le cas de Bloom est évident, comme le suggère le titre du roman, et l’on trouve un certain nombre d’allusions classiques parmi nombre d’autres allusions dans le courant du livre ; mais ce serait une complète perte de temps que de chercher d’étroits parallèles dans chaque personnage et chaque scène du livre. Il n’y a rien de plus ennuyeux qu’une allégorie étirée sans faiblir à partir d’un vieux mythe, et dès après la publication partielle de son œuvre, Joyce s’empressa de supprimer les titres pseudo-homériques de ses chapitres lorsqu’il mesura ce qu’allaient en tirer les raseurs de tous poils, érudits et pseudo-érudits. Autre chose.

    Prev
    Next

    YOU MAY ALSO LIKE

    Molly Bloom – James Joyce
    Molly Bloom
    August 17, 2020
    Brouillons d’un baiser – James Joyce
    Brouillons d’un baiser
    August 17, 2020
    Gens de Dublin – James Joyce
    Gens de Dublin
    August 17, 2020
    Portrait de l’artiste en jeune homme – James Joyce
    Portrait de l’artiste en jeune homme
    August 17, 2020
    Tags:
    Classique, Fiction, Littérature, Roman
    • Privacy Policy
    • ABOUT US
    • Contact Us
    • Copyright
    • DMCA Notice

    © 2020 Copyright par l'auteur des livres. Tous les droits sont réservés.

    Sign in

    Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Sign Up

    Register For This Site.

    Log in | Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Lost your password?

    Please enter your username or email address. You will receive a link to create a new password via email.

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!