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    2. Ulysses
    3. Chapitre 191
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    mon style, qui est moi-même… Mais ne vous reposez pas non plus sur une telle présentation de mon art. Dans les deux cas il pourrait vous en cuire. Car ce qui est en cause, c’est la langue et l’écriture elles-mêmes, et cela fait beaucoup d’histoires, dès que l’on y touche. » C’est ainsi que le sens lui-même se trouve mis en cause, au grand dam du traducteur.

    Un lieu ? Voire…

    Dublin est Dublin est Dublin. D’où le statut de fétiche que la ville tout entière a pris, lieu et temps confondus, avec le (trop ?) fameux Bloomsday. C’est ne rien saisir de l’angle le plus subtil, the cunningest angle, dit quelque part James Joyce, qu’il choisit de faire avec cette réalité : lui, fait tilt avec sa ville, et, vers la fin du livre, la dernière édition de l’Evening Telegraph nous le dit : c’est « Boom » qu’il faut lire ! Un lieu, donc, à prendre de travers, dans ses moments de travers, au défaut de son sens et de ses sens, à saisir comme l’oiseau de proie dans ses lapsus : il faut viser juste, c’est un gibier qu’on ne tire pas posé, au moment même où l’écriture rapace saisit sa proie. Où le lecteur et le traducteur, dans leur travail, rejoignent quelque peu, un temps, l’écrivain. On connaît l’anecdote, rapportée par Frank Budgen : Joyce a passé une journée sur deux phrases (la traductrice aussi, pour les traduire !). Budgen : « Vous cherchiez le “motjuste” ? – Non, dit Joyce. Les mots je les ai déjà. Ce que je cherche, c’est la perfection dans l’ordre des mots de la phrase. Il y a un ordre qui convient parfaitement […] Perfumes of embraces ail him assailed. With hungered flesh obscurely he mutely craved to adore. Vous pouvez voir par vous-même combien il y aurait de façons différentes de les arranger’. » On voit bien que la perfection recherchée n’est pas de l’ordre d’une forme a priori, mais qu’elle vise à articuler au plus près la sensation, l’expérience, au corps. Du coup, ce temps du travers, c’est aussi bien le temps de la langue que le temps des langues, qui ouvre la voie à Finnegans Wake. Le titre l’expose clairement : Ulysses, graphie anglaise du nom latin d’un héros grec surgi, indistinct, d’un paysage urbain irlandais. S’il paraît évident que la multiplicité des langues présentes dans la matière même du livre participe des arêtes, obstacles et projections de sens en diverses directions, il est vrai aussi que les passages en latin, italien, hongrois, allemand, japonais, etc., produisent des échos et des déplacements qu’il ne serait pas anodin pour le traducteur de faire comprendre au lecteur (par exemple tout le développement sur Bloom, Flower, Fleury, Flor, Virag, etc.). Mais ce serait ruiner ce qui est sans doute plus important, l’hétérogénéité du langage et la déterritorialisation linguistique. Plus généralement, nous devons constamment reprendre la question de ce que le traducteur doit tenter de saisir du réel, au-delà des perceptions. Que traduisons-nous quand nous traduisons Joyce ? Mais, surtout, quelle langue traduisons-nous ? Là encore, une réponse forcément instable renforce le statut spécifique de la traduction de ce texte. Répondre de manière tautologique – quand nous traduisons Joyce, nous traduisons Joyce, de Joyce, du Joyce – ne règle pas la question ; en effet, il faudrait alors faire entendre toutes les virtualités du sens propagées par cette langue, et ses butées qui en sont inséparables, c’est-à-dire lorsqu’elle recourt à une matière linguistique manifestement étrangère. La tâche contient sa part d’impossible, mais c’est aussi son défi.

    Le temps du déchiffrage

    Lorsqu’il parle des différentes parties de son livre, James Joyce n’utilise pas le mot de « chapitre », mais celui d’« épisode ». C’est sa façon de signaler qu’il prend le contre-pied de l’idéal dramatique d’Aristote, d’unité, non seulement de lieu, mais de temps : l’épisode, discontinu, non cohérent, plutôt que le chapitre orienté par un récit vers une conclusion et le dévoilement d’un sens. Avec l’Ulysse, nous donne-t-il à entendre, il s’agit de bien autre chose : le chiffrage-déchiffrage de ce qui fait le vif de l’expérience, soit : l’illisible. Le premier épisode nous y prépare, sous le mode de la plaisanterie apparemment, lorsque Mulligan dit à Haines que Stephen Dedalus « prouve par l’algèbre que le petit-fils d’Hamlet est le grand-père de Shakespeare et qu’il est lui-même le fantôme de son propre père ». Mais l’on s’aperçoit, dès l’épisode suivant, que l’algèbre s’intrique, dans l’esprit de Stephen, avec les commentaires d’Aristote dont il avait cherché à se sustenter. Surtout, l’épisode Ithaque, que Joyce donne comme la véritable fin d’Ulysse, est « rédigé sous forme de catéchisme mathématique. Tous les événements se résolvent en leurs équivalents cosmiques, physiques, psychiques […] pour que le lecteur sache tout, et de la façon la plus nue et la plus froide, si bien qu’ainsi Bloom et Stephen deviennent des corps célestes vagabonds comme les étoiles qu’ils contemplent4 ».

    Nous avons ainsi quelques bonnes raisons de garder à l’esprit que la lettre, le littéral, la petite lettre de rien du tout, est l’étranger au sens, l’étranger du sens, maisdu coup ce qui fait relief, à consommer sans modération. Il est remarquable que le parti qui nous a pris d’une traduction au plus près de la lettre maintienne ce relief, et la marque de l’étranger, étranger que la voix prenante du sujet, elle aussi, porte si bien, à sa manière. Il nous a permis aussi de ressentir continûment l’extraordinaire jubilation de l’écriture, dont l’énergie nous traversait sans relâche tandis que nous traduisions. Écrire après Joyce ? Au fil des voies, tenter de faire entendre des voix, La Voix, irréductible.

    Jacques Aubert,

    avec l’ensemble des traducteurs

    Nous tenons à souligner que la typographie de la présente édition suit fidèlement celle de l’édition originale5 (1922).

    CHRONOLOGIE

    (1882-1941)

    1882. Naissance de James Augustine Joyce le 2 février à Rathgar, banlieue de Dublin ; il s’efforcera plus tard de publier ses ouvrages à cette date devenue fétiche. Aîné d’une famille qui compta quinze enfants, il avait en fait été précédé, l’année d’avant, par un autre garçon, mort prématurément.

    Dans les années qui suivent se succèdent déménagements et hypothèques du père sur le patrimoine, puis sur sa retraite de fonctionnaire municipal. Une adresse se distingue, celle de Martello Terrace, à Bray, où sont accueillis divers parents ou amis, qui apparaissent en filigrane dans le Portrait de l’artiste en jeune homme.

    1888. James entre comme pensionnaire à Clongowes Wood College, petit collège jésuite réputé, où il restera jusqu’en 1891. Cette période, et les événements politiques nationaux qui la marquèrent, laisseront de nombreuses traces dans le Portrait.

    1893. James entre à Belvedere College, établissement secondaire renommé, tenu à Dublin par les jésuites, sur la recommandation du P. Conmee, ancien recteur de Clongowes Wood, dont la figure apparaît dans Ulysse. Plusieurs épisodes de cette période de sa vie réapparaîtront dans le Portrait, dont le héros se distingue par sa piété aussi bien que par son intérêt, et ses dons, pour la littérature.

    1898. James débute à University College, université également tenue par les jésuites, des études de lettres (anglaises, françaises, italiennes). Il participe à diverses activités culturelles extra-universitaires aussi bien qu’universitaires, notamment par des conférences.

    1900. Conférence sur « Le Drame et la vie » devant la Société Littéraire et Historique de University College. En avril, il publie dans The Fornightly Review, de grand renom, « Le Nouveau Drame d’Ibsen », consacré à Quand nous nous réveillerons d’entre les morts. Ibsen exprimera ses remerciements par l’entremise de son traducteur, William Archer ; en mars 1901, Joyce écrit à Ibsen.

    1901. Pendant l’été, Joyce traduit deux pièces de Gerhardt Hauptmann, Michael Kramer et Vor Sonnenaufgang.

    En octobre, il publie « Le Triomphe de la canaille », pamphlet dirigé contre le mouvement du Théâtre Littéraire Irlandais. Le 24, devant la Société des Débats des étudiants en droit, John F. Taylor prononce un plaidoyer en faveur de la langue irlandaise, qui sera cité dans Ulysse, et que Joyce choisira d’enregistrer sur disque en 1926.

    1902. Joyce prononce à l’Université une conférence sur le poète irlandais James Clarence Mangan, qui sera publiée dans St Stephen’s, la revue des étudiants. En mars, mort de son frère George, promis à un brillant avenir, qu’il aimait beaucoup (il donnera son nom à son fils).

    En avril, Joyce s’inscrit à l’École de Médecine de Dublin.

    En juin, il achève son Bachelor of Arts, dont il recevra le diplôme en octobre.

    En décembre, départ pour Paris, en vue d’y faire des études de médecine ; il devra y renoncer, faute d’obtenir l’équivalence de diplôme nécessaire à son inscription. Il gagnera sa vie grâce à des leçons particulières et à des comptes rendus pour des journaux de Dublin. Retour à Dublin le 23.

    1903. Second séjour à Paris, du 23 janvier au 11 avril. James travaille beaucoup à la Bibliothèque nationale et à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, rencontre J.M. Synge, qui lui fait lire sa dernière pièce, découvre Les lauriers sont coupés d’Édouard Dujardin, écrit quelques épiphanies.

    À Dublin, il travaille à la National Library, écrit des comptes rendus d’ouvrages. Sa mère meurt le 13 août.

    1904. James écrit A Portrait of the Artist, court essai autobiographique, pour la revue Dana, qui le refuse ; il commencera bientôt à développer ces pages en un roman, Stephen le Héros.

    En mars, enseigne dans une école de Dalkey, moment qui lui inspirera le deuxième épisode d’Ulysse.

    James poursuit la composition de poèmes, dont certains sont publiés, et qui, pour la plupart, se retrouveront dans son recueil Musique de chambre (1907). Il envisage activement une carrière de chanteur, en prenant des cours de chant et en participant à des concours.

    En juin (le 10 ?), il rencontre Nora Barnacle, avec laquelle il semble avoir eu son

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    Tags:
    Classique, Fiction, Littérature, Roman
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