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    2. Ulysses
    3. Chapitre 145
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    de choses en général, où, ajouta-t-il avec un sourire, allez-vous dormir vous-même ? Marcher jusqu’à Sandycove est hors de question et, à supposer que vous y parveniez, on ne vous laissera pas entrer après ce qui s’est passé à la gare de Westland Row. Ce serait se crever pour rien. Loin de moi la présomption de vous dicter d’aucune façon votre comportement mais pourquoi avoir quitté le domicile paternel ?

    — Pour chercher infortune, fut la réponse de Stephen.

    — J’ai récemment eu l’occasion de rencontrer monsieur votre père, répliqua M. Bloom diplomatiquement. Aujourd’hui même, ou, pour être tout à fait précis, hier. Où réside-t-il à présent ? J’ai cru comprendre au fil de la conversation qu’il avait déménagé.

    — Je crois qu’il est quelque part à Dublin, répondit Stephen sans paraître concerné. Pourquoi ?

    — Un homme de talent, déclara M. Bloom parlant de M. Dedalus père, à plus d’un titre et un conteur-né s’il en fut. Il retire une grande fierté, tout à fait légitime, de vous. Vous pourriez peut-être y retourner, hasarda-t-il, ayant toujours à l’esprit la scène très déplaisante du terminus de Westland Row quand il devint tout à fait évident que les deux autres, c’est-à-dire Mulligan et son touriste anglais d’ami, qui au bout du compte s’étaient bien entendus aux dépens de la tierce personne leur servant de partenaire, s’employaient de façon éhontée, comme si la satanée gare leur avait appartenu, à semer Stephen dans la confusion générale, ce qu’ils parvinrent à faire.

    Nulle réponse ne semblait devoir s’ébaucher à cette suggestion, quoi qu’il en fût, ainsi formulée, Stephen étant trop occupé en pensées à se représenter le foyer familial tel qu’il l’avait vu la dernière fois, avec sa sœur Dilly assise au coin du feu, ses longs cheveux retombant, attendant qu’une lavasse au mauvais cacao de Trinidad finisse de chauffer dans la bouilloire noire de suie afin qu’elle et lui puissent le boire avec de l’eau d’avoine en guise de lait à la suite des harengs du vendredi qu’ils avaient mangés à un penny les deux, un œuf chacun pour Maggy, Boody et Katey, le chat pendant ce temps sous l’essoreuse engloutissant un mélange infâme de coquilles d’œufs et de têtes de poisson brûlées et d’os posé sur une feuille de papier d’emballage dans l’observance du troisième précepte de l’église de jeûner et faire abstinence aux jours ordonnés, car c’était quatre-temps ou, sinon, les cendres ou quelque chose comme ça.

    — Non, reprit encore M. Bloom, je n’accorderais personnellement pas une confiance illimitée à celui de vos joyeux lurons qui apporte la touche humoristique, le Dr Mulligan, en tant que guide, philosophe et ami, si j’étais à votre place. Il s’y entend pour ne pas mettre tout son beurre sur la même tartine même s’il y a fort à parier qu’il n’a jamais eu l’occasion de connaître un jour sans pain. Bien sûr vous ne remarquiez pas tout ce que je voyais mais cela ne me surprendrait pas du tout d’apprendre qu’une pincée de tabac ou de quelque autre narcotique avait été versée dans votre verre avec une idée derrière la tête.

    Il devait conclure, quoi qu’il en fût, de tout ce qu’il entendait dire, que le Dr Mulligan était un homme complet avec plus d’une corde à son arc, loin de se limiter à la médecine seulement, qui allait très vite venir au tout premier plan dans sa partie, et, si la rumeur se confirmait, avait toutes les chances de jouir d’une clientèle florissante dans un futur pas si lointain, médecin super renommé recevant de coquets honoraires en échange de ses services avec en outre côté statut professionnel le sauvetage de cet homme d’une noyade certaine avec recours à la respiration artificielle et comme on dit premiers soins à Skerries, ou était-ce Malahide ? qui fut, il lui fallait bien le reconnaître, un retentissant coup d’audace pour lequel il ne saurait avoir de mots suffisamment forts, si bien que très franchement il se sentait complètement démuni pour sonder les faits et en déduire quelles raisons au monde pouvaient les expliquer sauf à tout mettre au compte de la simple volonté de nuire ou à celui de la jalousie, pure et simple.

    — Sauf que tout se ramène simplement à une seule chose et que comme on dit il vous pique vos idées, se permit-il de lancer.

    Le regard circonspect mi-sollicitude, mi-curiosité, empreint de bienveillance, qu’il eut en direction de la maintenant morose mine de Stephen n’éclaira pas de son flot de lumière, loin s’en faut vraiment, la question de savoir s’il s’était laissé rouler dans la farine, à en juger par deux ou trois expressions de découragement qu’il avait lâchées, ou si, à l’inverse, il avait parfaitement vu son jeu, et, pour quelque raison connue de lui seul, avait permis à toute l’affaire de plus ou moins… Une pauvreté accablante a certes cet effet et c’était plus qu’hypothèse d’école de penser que, malgré toutes ses qualifications universitaires, il rencontrait d’immenses difficultés à joindre les deux bouts.

    Tout contre la pissotière ils aperçurent une voiture de marchand de glaces autour de laquelle un groupe présumément d’italiens en pleine altercation houleuse se jetaient dans leur vif langage de volubiles expressions formulées de manière particulièrement animée, en raison île quelques petits différends entre les parties impliquées.

    — Puttana madonna, che ci dia i quattrini ! Ho ragione ? Culo rotto !

    — Intendiamoci. Mezzo sovrano più…

    æ

    — Dice lui, perd !

    — Mezzo.

    — Farabutto ! Mortacci sui !

    — Ma ascolta ! Cinque la testa più10…

    M. Bloom et Stephen entrèrent dans l’abri du cocher, petite construction de bois sans prétention, où, avant cet instant, il était rarement, sinon jamais, venu ; le premier ayant auparavant chuchoté à l’oreille du second quelques indications concernant son tenancier, prétendument l’autrefois célèbre Écorchèvre, Fitzharris11, l’invincible, bien qu’il ne fût pas en mesure de garantir la vérité des faits, dont il était très possible qu’ils ne recelaient pas un grain de vérité. La suite vit nos deux noctambules en toute tranquillité installés dans un coin discret, où ils furent gratifiés des regards insistants de toute une collection assurément variée d’enfants perdus ou abandonnés et autres spécimens indéfinissables du genre homo sapiens, déjà présentement occupés à boire et manger, diversifiés par leur conversation, pour lesquels apparemment ils constituaient un objet de très haute curiosité.

    — Maintenant en ce qui concerne une tasse de café, avança M. Bloom pour offrir une suggestion susceptible de rompre la glace, il m’est d’avis que vous devriez prendre quelque échantillon de nourriture consistante, pourquoi pas un petit pain ou autre.

    En conséquence de quoi son premier acte fut avec le sangfroid qui le caractérisait de passer commande de ces marchandises. Ces cives populi12 de cochers ou dockers, ou autres, après un rapide examen, détournèrent leurs regards, apparemment déçus, quoique un individu à la barberousse porté sur la dive, cheveux en partie grisonnants, un marin, sans doute, les fixât encore un temps non négligeable avant de reporter son attention extatique sur le plancher.

    M. Bloom, s’autorisant du droit à la liberté d’expression, lui n’ayant qu’une connaissance superficielle de la langue des disputeurs bien que, assurément, en délicatesse avec voglio, fit remarquer à son protégé d’une voix pleinement audible, à propos de la mêlée ouverte dans la rue qui faisait encore rage impitoyable :

    — Une langue magnifique. Je veux dire pour le chant. Pourquoi ne pas écrire vos poèmes dans cette langue ? Bella Poetria13 ! Si mélodieuse et riche. Belladonna. Voglio.

    Stephen, qui se crevait à essayer de bâiller, si c’était possible, alors qu’il était crevé dans l’ensemble, répliqua :

    — De quoi casser les oreilles d’une éléphante. Ils se chamaillaient pour de l’argent.

    — Ah bon ? demanda M. Bloom. Bien sûr, ajouta-t-il pensivement, pensant par-devers lui qu’il y avait bien plus de langues d’abord que strictement nécessaire, peut-être est-ce simplement l’aura de son charme méridional.

    Le tenancier de cet abri dans le cours de ce tête-à-tête posa un bol fumant empli à ras bord d’une décoction de choix baptisée café sur la table et un spécimen quasi antédiluvien de bun, à ce qu’il semblait, après quoi il battit en retraite vers son comptoir. M. Bloom décidant de bien le regarder à loisir un peu plus tard de façon à ne pas sembler… raison pour laquelle il encouragea Stephen à commencer du regard tandis qu’il lui faisait les honneurs en poussant subrepticement le bol de ce qu’il était temporairement convenu d’appeler café en sa direction.

    — Les sons, une imposture, dit Stephen après une pause de quelques instants. Comme les noms, Cicéron, Podmore. Napoléon, M. Bonhomme. Jésus, M. Doyle. Les Shakespeares étaient aussi communs que les Murphies14. Qu’y a-t-il dans un nom ?

    — Oui, ça c’est vrai, M. Bloom sans chichis en convint. Bien sûr. Notre nom a été changé aussi, ajouta-t-il, poussant le prétendu petit pain de l’autre côté.

    Le marin barberousse, les nouveaux venus n’échappant pas à sa vigie, aborda Stephen, qu’il avait distingué tout particulièrement, carrément lui demandant :

    — Dites-moi, quel est votre nom ?

    Juste à point nommé M. Bloom fit signe du pied à son compagnon mais Stephen, apparemment insensible à cette amicale pression, venant d’un horizon inattendu, répondit :

    — Dedalus.

    Le marin le fixait du regard lourd de ses yeux ensommeillés aux lourdes poches, passablement déchirés par un usage excessif de la picole, de préférence du schnaps un peu mouillé.

    — Vous connaissez Simon Dedalus ? finit-il par interroger.

    — J’en ai entendu parler, dit Stephen.

    M. Bloom resta déboussolé un bon moment, remarquant que les autres évidemment laissaient traîner leurs oreilles.

    — C’est un Irlandais, affirma le hardi marin, le fixant toujours de la même manière et opinant du chef. Cent pour cent irlandais.

    — Irlandais, trop irlandais, lâcha Stephen.

    Quant à M. Bloom il ne comprenait pas un traître mot de

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