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    2. Ulysses
    3. Chapitre 114
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    Alpha de la chaîne lunaire, n’ont pas voulu faire corps avec les doubles éthériques et c’est pourquoi les egos écarlates de la seconde constellation les ont incarnés.

    Pourtant, sûr et certain que la supposition absurde à son sujet149 qu’il était dans une espèce de marasme ou d’hypnose, et qui était entièrement due à une conception aussi erronée que superficielle, ne répondait pas du tout à la réalité. L’individu dont les organes visuels, pendant que se passait tout ceci, commençaient à manifester en cette conjoncture quelques symptômes d’animation, était aussi astucieux sinon plus que nul au monde et celui qui se serait imaginé le contraire se serait mis complètement dedans. Depuis quatre ou cinq minutes il était en arrêt devant un stock de bouteilles de bière extra manufacturées par MM. Bass et Cie à Burton-sur-Trent, qui se trouvaient par hasard parmi d’autres bouteilles juste en face de lui et qui certainement avaient tout ce qu’il fallait pour attirer l’attention grâce à leur étiquette rouge sang. Il était purement et simplement, ainsi que cela transpira par la suite, et pour des raisons connues de lui seul qui donnaient aux actes une tout autre couleur, après les observations précédentes sur les années d’adolescence et sur le turf, en train de se rappeler deux ou trois de ses transactions privées dont les deux autres étaient mutuellement aussi innocents que l’enfant qui vient de naître. Il arriva cependant que leurs quatre yeux se rencontrèrent et dès qu’il eut l’intuition que l’autre essayait d’atteindre l’objet pour se servir il décida malgré lui de le servir lui-même et se saisit donc du récipient de verre de dimensions moyennes qui contenait le liquide convoité et y fit un grand vide en versant une bonne partie de son contenu en même temps que cependant toutefois il déployait une attention considérable afin de ne rien verser à terre de la bière qui était dedans.

    La discussion qui suivit fut par son objet et son développement un épitomé du cours de l’existence. Ni le lieu ni l’assemblée ne manquaient de dignité. Les controversistes étaient les plus subtils du pays, le thème qu’ils traitaient le plus noble et le plus important. La grand’salle, au toit élevé, de la maison de Home n’avait jamais vu assemblée si représentative et si variée et les vieilles poutres de cet établissement n’avaient jamais entendu langage aussi encyclopédique. En vérité cela faisait un superbe tableau. Crotthers était là, au bout de la table, dans son pittoresque costume de highlander, le visage coloré par l’air marin du Mull de Gallowav150. Là aussi, en face de lui, se tenait Lynch dont les traits portaient déjà les stigmates d’une dépravation précoce et d’une sagesse prématurée. Près de l’Écossais était la place assignée à Costello l’excentrique tandis qu’à côté de celui-ci se carraient lourdement les formes trapues de Madden. À la vérité le siège du maître de maison restait vacant devant la cheminée mais, à droite et à gauche, la silhouette de Bannon en tenue d’explorateur, culottes de croisé et brodequins de cuir de vache tanné, contrastait vivement avec l’élégance primevère et les façons citadines de Malachie Roland St Jean Mulligan151. Enfin à l’autre bout de la table était le jeune poète qui venait se délasser de ses travaux pédagogiques et de ses investigations métaphysiques dans l’atmosphère accueillante d’un entretien socratique, tandis qu’à ses côtés avaient trouvé place le pronostiqueur inconsidéré qui venait en droite ligne de l’hippodrome et ce vigilant voyageur souillé par la poussière de la route et du combat et taché de la boue d’un déshonneur indélébile, mais dans le cœur ferme et constant duquel nul appât, nul péril, nulle menace, nulle dégradation ne put jamais effacer l’image de cette beauté voluptueuse que le crayon inspiré de Lafavette enlumina pour des âges à venir152.

    Il est bon de mentionner ici dès le début que le transcendantalisme153 perverti dans lequel les controverses de M.S. Dedalus (Théo. Scep.) paraissaient prouver qu’il versait plus que de raison, va directement contre les méthodes scientifiques reconnues. La science, on ne saurait trop le répéter, est tributaire des phénomènes naturels. L’homme de science doit comme le commun des mortels affronter les faits prosaïques avec lesquels il est impossible de tricher, et les expliquer du mieux qu’il peut. À vrai dire, il y a certaines questions auxquelles la science ne peut répondre – quant à présent – telles que le premier problème proposé par M.L. Bloom (Ag. De Pub.) concernant la future détermination du sexe. Devons-nous accepter l’opinion d’Empédocle de Trinacria qu’à l’ovaire droit (à la période post-menstruelle affirment d’autres) est dû l’engendrement des enfants mâles ? ou bien les spermatozoïdes ou némaspermes trop longtemps négligés seraient-ils les facteurs de différenciation, ou encore faudrait-il l’attribuer, comme un grand nombre d’embryologistes parmi lesquels Culpepper, Spallanzani, Blumenbach, Lusk, Hertwig, Léopold et Valenti154 inclinent à le croire, à une combinaison des deux ? Ceci équivaudrait à une coopération (un des procédés chers à la nature) entre le nisus forniativus du némasperme d’une part, et une position favorable, succubitus felix, de l’élément passif, de l’autre. L’autre problème posé par le même investigateur est à peine moins vital : la mortalité infantile. Sujet intéressant parce que, comme il le fait justement remarquer, si nous naissons tous de la même manière, nous mourrons tous de façon différente. M.M. Mulligan (Hygiéniste et Eugéniste) s’élève contre les conditions sanitaires dans lesquelles les citadins aux poumons grisâtres contractent des adénoïdites, des affections de l’appareil respiratoire, etc., par l’inhalation des bactéries embusquées dans les poussières. Ces facteurs, déclare-t-il, et les spectacles révoltants qu’offrent nos rues, hideuses affiches de publicité, ministres de tous cultes et de toutes confessions, soldats et marins mutilés, conducteurs de tram qui étalent leur scorbut, carcasses d’animaux morts qui pendent aux étalages, célibataires paranoïaques et duègnes infécondées, – ces facteurs, disait-il, étaient les seuls responsables de la décadence des qualités intrinsèques de la race. La callipédie, prophétisa-t-il, serait bientôt d’un usage courant, et tous les agréments de la vie, la bonne musique authentique, une littérature récréative, une aimable philosophie, des tableaux instructifs, des moulages d’après l’antique tels que Vénus et Apollon, des photographies artistiques en couleurs de bébés primés, toutes ces petites attentions permettraient aux dames qui se trouveraient dans une situation intéressante de passer les mois intermédiaires de la façon la plus agréable. M.J. Crotthers (Disc. Bacc.) attribue certains de ces décès au traumatisme abdominal chez les femmes laborieuses soumises à des travaux de force dans les ateliers et assujetties en outre à la discipline conjugale, mais surtout, pour la grande majorité, à la négligence privée ou officielle dont le comble est l’abandon des enfants nouveau-nés, la pratique criminelle de l’avortement et le crime atroce de l’infanticide. Quoique la première (nous voulons dire la négligence) ne soit évidemment que trop réelle, le cas qu’il cite d’infirmières oubliant de compter les éponges dans la cavité péritonéale est trop rare pour servir de norme. En somme, quand on y réfléchit, l’étonnant est que tant de grossesses et d’accouchements se passent aussi bien, tout compte fait, et en dépit de notre imperfection qui va souvent contre les intentions de la nature. Une suggestion ingénieuse est celle que met en avant M. Lynch (Bacc. Math.), qu’à la fois la natalité et la mortalité, aussi bien que tous les autres phénomènes d’évolution, mouvements des marées, phases lunaires, températures sanguines, maladies en général, tout, en un mot, dans l’immense atelier de la nature, depuis l’extinction de quelques soleils lointains jusqu’à la floraison de l’une des innombrables fleurs qui embellissent nos jardins publics, est soumis à une loi du nombre non encore déterminée. Néanmoins la brutalité de cette simple question : pourquoi l’enfant né de parents bien portants, lui-même d’apparence vigoureuse, et convenablement soigné, succombe-t-il inexplicablement dans sa première enfance (alors que d’autres enfants du même lit survivent), doit certainement, selon les paroles du poète, nous donner à penser155. La nature, il n’en faut pas douter, a, pour tout ce qu’elle fait, de bonnes et puissantes raisons, et, selon toutes probabilités, de tels décès sont imputables à quelque loi d’anticipation suivant laquelle des organismes, où des germes morbides se sont fixés (la science moderne a montré d’une façon concluante que seule la substance plasmique peut être considérée comme immortelle), tendent à disparaître à un degré de développement de plus en plus précoce, disposition qui bien qu’elle blesse certains de nos sentiments (notamment le sentiment maternel) est néanmoins, selon quelques-uns d’entre nous, bienfaisante à la longue pour l’ensemble de la race en ce qu’elle assure par ce moyen la survivance des plus aptes156. La remarque de M.S. Dedalus (Théo. Scep.) – ou faut-il l’appeler une interruption ? – qu’un être omnivore qui peut mastiquer, déglutir, digérer et faire apparemment passer par le canal ordinaire avec une imperturbabilité plusqueparfaite157 des éléments aussi divers que les femmes cancéreuses dévastées par les accouchements, les gros messieurs des professions libérales, sans parler des politiciens bilieux et des religieuses chlorotiques, pourrait peut-être trouver quelque soulagement gastrique à une innocente collation de flanchet de meuglard, révèle mieux que n’importe quoi et sous un jour répugnant la tendance mentionnée plus haut. Pour éclairer la religion de ceux qui n’ont pas une connaissance aussi approfondie des minutieux rouages de l’abattoir municipal que celle que cet esthète morbide et philosophe dans l’œuf qui, malgré sa vanité présomptueuse pour les choses de la science, peut à peine distinguer un acide d’un alcali, s’enorgueillit d’avoir, il faut sans doute préciser que flanchet de meuglard, dans le parler grossier de nos gargotiers de dernière catégorie, signifie la chair comestible et accommodable d’un veau qui sort du ventre de sa mère. Au cours d’une récente controverse publique avec M.L. Bloom (Ag. De Pub.) qui avait

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