des temps d’épidémies, leurs plus grandes sommités médicales, les O’Shiel, les O’Hickey, les O’Lee6 ont soigneusement établi les diverses méthodes par lesquelles la maladie et ses rechutes faisaient place à la santé que cette affection fût la danse de Saint-Guy, la consomption ou la courante jaune. Il est certain que dans toute œuvre sociale qui porte en elle un caractère de gravité la préparation doit être proportionnée à l’importance et c’est pourquoi ils adoptèrent un plan (fût-ce par l’effet de la prévision ou par maturation de l’expérience il est malaisé de le dire car pour élucider ce point les opinions divergentes des chercheurs ultérieurs ne se sont pas mises suffisamment d’accord jusqu’à ce jour) suivant lequel la maternité fût sauvegardée de toute éventualité accidentelle à tel point que quelques soins que réclamât la patiente en cette heure critique entre toutes pour la femme non seulement pour celle copieusement pourvue de ressources mais aussi pour celle qui dépourvue de moyens suffisants pouvait à peine souvent pas même à peine subsister ils lui fussent avec un noble dévouement en échange d’appointements parcimonieux accordés7.
Pour elle rien dès lors et par la suite n’était en aucune façon susceptible de la molester car ceci était sur toutes choses senti par tous les citoyens qu’à l’exclusion de mères fécondes aucune espèce de prospérité ne pouvait être et comme ils avaient reçu dieux l’éternité mortels la génération pour leur convenance elle considérant, quand le cas venait à se produire, la parturiente en véhicule transportant là un désir immense au cœur chez tous l’une l’autre incitant elle à se faire recevoir en ce domicile. Ô fait de nation prudente non seulement pour le voir mais même aussi pour l’entendre digne de louanges en ce que eux en elle par anticipation voyaient la mère en ce qu’elle se sentait soudain sur le point de commencer à devenir l’objet de leur sollicitude.
Bébé non né eut félicité. Fœtus il fut fêté8. Tout ce qui dans ce cas particulier était expédient fut fait. Un lit par les sages-femmes entouré avec saine nourriture reposant langes les plus propres comme si la délivrance était déjà faite par sage précaution disposés, sans compter tous médicaments nécessaires en suffisance et les instruments chirurgicaux appropriés à son cas sans oublier la vue de tous spectacles infiniment distrayants sous des latitudes variées par notre globe offert ainsi qu’images divines et humaines la contemplation desquelles par les femmes hospitalisées la dilatation favorise et facilite l’expulsion au grand soleil de la maison des mères belle et bien bâtie quand, visiblement sur le point d’être reproductrice9, il lui convient ici s’aliter au bout de son ternie.
L’étranger qui cheminait s’arrêta devant le seuil à l’anuitier. Au peuple d’Israël appartenait cet homme qui longtemps sur la terre avait erré. Pure charité humaine que celle qui le portait solitaire vers cette demeure10.
De cette demeure A. Horne est le seigneur. Soixante et dix lits il y entretient où les mères fécondes viennent gésir en leur gésine et au monde mettre vigoureux rejetons comme ainsi l’ange du Seigneur en fit l’annonce à Marie. Gardes sont dui qui circulent illec, sœurs blanches qui passent nuits blanches en vigiles. Elles doucissent douleurs et délivrent des fièvres ; en XII lunes ont pris soin de trois fois cent. Très nobles servantes du lit sont elles ambedui, car pour Home en ces lieux font bonne garde.
En son guet vigilant ouït la gardienne venir ce benoît étranger incontinent dressant son col embéguiné s’en fut elle ouvrir à il la porte grande. Et voici que jaillissait l’éclair soudain embrassant en son ponant le ciel d’Erin ! Grande était sa crainte que le Dieu de Vengeance toute l’humaine espèce submergeât en l’eau pour ses grièves offenses11. La croix du Christ elle traça sur sa poitrine et en grande hâte le fit entrer afin qu’il fût sous son toit de chaume12 abrité. Cet homme qui savait son vouloir être excellent entra dans la maison de Horne.
Redoutant de quelque gêne être cause le chapeau en sa main dans la grand’salle de Horne restait debout le quêteur. En même demeure qu’icelle gardienne avait il vécu en compagnie de femme très chère et de fille accorte13 lui qui depuis sur terre et sur mer neuf longues années avait erré14. Une fois l’avait il rencontrée au petit port en la ville et à son salut n’avait il découvert son chef. Maintenant de pardonner l’implorait il, elle, avec bonnes raisons par elle reconnues pour ce que ce visage par lui si vite entrevu, le sien à elle, si jeune alors lui était apparu. D’une rapide lumière ses yeux brillèrent, et à ces propos les roses fleurirent ses joues.
Et donc ayant de ses yeux perçu ses habits de deuil appréhenda elle un malheur. Puis confortée fut celle qui venait d’avoir frayeur. À elle il demanda s’il était quelque nouvelle d’O’Hare le Docteur sur son rivage lointain et elle avec très dolent soupir répondit à li qu’O’Hare le Docteur était ès cieux. Mérencolieux fut l’homme d’ouïr cette nouvelle qui lourdissait à lui de miséricorde les entrailles. Et lors lui fit-elle le récit de tout, lamentant le trépas d’un ami si vert encore, mais pour si grande que fût sa peine n’entendait elle la toute puissante sagesse de Dieu mettre en cause. Et elle disait que il avait eu une belle et douce mort de par l’effet de la Divine Bonté avec prêtre pour ouïr sa confession, la très sainte Eucharistie et sur ses membres les saintes huiles de l’Extrême-Onction. Et alors l’homme plein du désir de savoir demanda à la nonne de quelle mort était le défunt trépassé et lui répondit la nonne disant que il était mort dans l’île de Mona d’un cancre au ventre il y aurait trois ans à la Noël15, et qu’elle priait Dieu tout compatissant qu’il eût son âme chère en éternelle survivance. Et il ouït ses tristes paroles, le chapeau en sa main, et triste était son regard. Et là restèrent ils tous deux un temps en grand déconfort, à se douloir l’un avec l’autre.
C’est pourquoi, qui que tu sois, ô homme, considère ta fin qui est la mort16, laquelle a prise sur tout homme né de femme17, car de même qu’il sort nu du ventre de sa mère ainsi s’en retournera-t-il nu18 à son heure dernière afin de partir comme il est venu.
Lors cet homme-là qui était entré en la maison adressa son parler à la garde-malade et lui demanda que il advenait d’icelle femme qui là gisait en mal d’enfant. La dite garde lui répondit et dit à li que cette femme était jà de trois jours pleins ès affres et que seraient couches périlleuses dures à passer mais que dans peu tout serait finé. Ore dit elle que elle avait vu mainte et mainte femme en couches mais nulles si laborieuses comme d’icelle. Puis elle conta toute l’histoire à li qui jadis avait logé jouxte cette maison. L’homme prêtait l’oreille à ses paroles pour ce qu’il s’étonnait en son for de ces grieves douleurs qui échoient aux femmes qui travaillent d’enfant et s’émerveillait de la vue de ce visage qui jeune visage était aux yeux d’homme qui fût et que nonobstant elle restât après longues années une fille servante. Neuf fois XII flux de sang19 la gourmandant d’être bréhaigne.
Et dans le temps qu’ils devisaient20 l’huis du chatel fut ouvert et en vint jusques à eux haute rumeur comme d’un grand nombre de gens attablés là. Et parut au lieu où ils se tenaient un jeune apprenti chevalier qui avait nom Dixon. Et le voyageur Léopold lui était ami depuis qu’advint qu’eurent ensemble affaire en la maison la miséricorde où tenait état le savant jouvencel pource que illec était venu le voyageur Léopold quêtant guérison tant grièvement navré se trouvait il en son sein du fait le dard d’un horrible et très épouvantable dragon qui percé l’avait, pour quoi l’oignit il de sel volatil et d’un chrême21 pour autant que fut métier. Et maintenant disait il que il lui conviendrait d’entrer dans ce chatel pour s’ébaudir en la compagnie de ceux qui là étaient. Et le voyageur Léopold de dire que il allait un autre chemin car il était homme plein de ruse et cautèle22. Aussi fut la dame de même avis et reprit elle le chevalier apprenti encore que elle eût pour certain que le voyageur avait tenu propos de tromperie. Mais onques ne voulut le chevalier apprenti recevoir son nanin ne à la dame obéir ne reconnaître chose contraire à son désir et lors leur dit il quel merveilleux chatel ce était là. Et entra le voyageur Léopold ens le chatel pour soi reposer un petit car las se trouvait il en ses membres d’avoir tant battu pays à l’environ et parcouru terres diverses et aucunes fois pratiqué l’art de vénerie23.
Et en ce chatel était dressée une table faite de bois de bouleau de la Finlandie et que supportaient quatre nains d’icelui pays lesquels ne se osaient mouvoir pour enchantés qu’ils se trouvaient être. Et dessus la dite table étaient épées et coutelas à faire peur, lesquels sont façonnés dedans un antre profond par démons durement besognant emmi blanches flammes, et que ils enfoncent dans les cornes des buffles et cerfs dont il y a là merveilleuse abondance. Et là étaient vaisseaux qui par magie de Mahom24 sont faits de l’arène la mer et de l’air par un sorcier à son souffle que il darde dedans iceux comme seraient bulles. Et chère tant riche et à plenté était dessus la table que se ne pouvait imaginer plus riche ne plus abondante. Et y avait cuveau d’argent lequel ne se pouvait ouvrir