des chambres peintes aux murs de briques qui sont des livres. »
240. Début du dernier monologue de la Comtesse Cathleen sur son lit de mort dans The Countess Cathleen, pièce en un acte de W. B. Yeats. 1892 ; Oona est la mère adoptive de la Comtesse et Aleel un poète. Le dernier vers cité par Joyce est : He wander the loud waters ; le texte de Yeats a She… Les vers suivants sont : « Ne pleurez pas / Un trop long temps, car il est plus d’un cierge / Sur le Maître-Autel, même si l’un d’eux vient à tomber » ; cette dernière sentence est citée par Joyce sans autre référence dans sa conférence de 1900 sur « Le Drame et la vie ».
241. Le 8 mai 1899, soir de la première de la Comtesse Cathleen. Les nationalistes qui manifestèrent ce jour-là reprochaient à l’auteur d’avoir présenté une héroïne irlandaise, la Comtesse, prête à vendre son âme pour sauver les siens ; ils négligeaient délibérément l’Ange de la vision finale, et sa déclaration, selon laquelle grâce à la Vierge la Comtesse serait jugée sur son intention et non sur son acte. Le lendemain de la représentation, Skeffington rédigeait une lettre de protestation destinée au Freeman’s Journal et la proposait à la signature des étudiants de University College ; Joyce refusa de signer. Des incidents analogues se produisirent lors de la première de The Playboy of the Western World [Le Baladin du monde occidental] de J. M. Synge, en 1907.
242. Cet épisode illustre deux notations de Stephen Le Héros, Pléiade p. 429 et 485. The Tablet est un hebdomadaire catholique.
243. J. F. Byrne, dans Silent Years, éd. cit., p. 58-59, confirme l’anecdote mais déclare que ce n’était là qu’un titre de chapitre, et non celui d’un livre. Il existe pourtant à la National Library le titre suivant, entré le 25 octobre 1899 : John H. Steel, A Treatise on the Diseases of the Ox, being a manual of bovine pathology, Longmans, Green & Co, 1895, p. XXIII-518. Voir Stephen le Héros, Pléiade, p. 430, n. 3.
244. Stephen Dedalus prononce la même phrase dans Stephen le Héros, Pléiade, p. 443, n. 1, où le dialogue s’engage immédiatement. On voit qu’il en va tout autrement ici, puisque Stephen doit répéter sa question p. 341.
245. Ce n’était pas du tout le cas de James Joyce, si l’on en croit son frère (Le Gardien de mon frère, éd. cit., p. 97) ; mais c’est celui du pervers d’ « Une rencontre ». On notera cependant que la bibliothèque de Joyce à Trieste contenait un exemplaire de The Bride of Lammermoor (Leipzig, Tauchnitz, 1858).
246. Sur ce thème, voir ci-dessus, ch. 2, n. 61.
247. Il s’agit d’une clique de politiciens, adversaires de Parnell, originaires de la ville de Bantry, dans le comté de Cork. Voir Ulysse, éd. cit., p. 292 : « Martin Murphy, le bosseur de Bantry » ; le mot employé ici, jobber, est plus péjoratif que « bosseur ».
248. Your intellectual soul, pédantisme délibéré renvoyant aux distinctions aristotéliciennes.
249. Notation du « Carnet de Trieste » à « Byrne (John Francis) », reprise également p. 336.
250. Nous n’avons pu trouver la source de ces considérations généalogiques.
251. C’est-à-dire « Tête chauve » : Cranly joue sur le nom de Baudoin (Baldwin).
252. Giraldus Cambrensis, ou Giraud de Galles, vers 1146-vers 1220, chapelain de Henry II, conseiller du roi pour l’Irlande. Il est l’auteur d’une Topographia Hibernica et d’une Historia vaticinalis de expugnatione Hiberniæ. On cherchera en vain dans ces ouvrages le nom de Dedalus, ou celui de Joyce, ou même la formule latine donnée ci-dessous. On rencontre en revanche dans le second (liv. I, chap. III) un certain Robert Fitz-Stephen, présenté comme de naissance noble ; c’est lui qui, avec son demi-frère Maurice (prénom du frère de Stephen Dedalus dans ce roman comme dans Stephen le Héros), entreprend de conquérir l’Irlande en 1169.
253. On notera que l’adjectif pervetusto est attribué à Giraldus lui-même par son commentateur Richard Stanihurst.
254. On notera le caractère blasphématoire de cette remarque, évocatrice de l’Annonciation.
255. « Futur immédiat ». La forme habituelle, en anglais du XIXe siècle, est paulo-post-future ; ou bien encore third future, future perfect, futurum perfectum.
256. De quel livre s’agit-il ? Tenant compte de l’intérêt manifeste par Joyce pour les thèses d’Aristote, et bien que nous n’ayons pas trouvé d’écho de cette phrase dans L’Histoire des animaux, les Parties des animaux, La Génération des animaux, etc., nous estimons pouvoir la rapprocher de ce passage d’une œuvre qui traite bel et bien du devenir sublunaire : « La perpétuité de la succession ne devient-elle pas nécessaire par cela seul que la destruction d’une chose est la production d’une autre, et que, réciproquement, la production de celle-ci est la mort et la destruction de celle-là ? », Traité de la production et de la destruction des choses, traduction Barthélémy Saint-Hilaire, Paris, de Ladrange et Durand, 1866, liv. I, chap. III, 8, p. 32-33 [318 a 20-24]. Il est clair que ceci s’inscrit dans la ligne d’une méditation sur la mortalité, la sexualité et la corruption, qui traverse les premières œuvres de James Joyce.
257. Il s’agit du mot ballocks, ici traduit « couillon », qui effectivement désigne deux objets…
258. Dans Stephen le Héros, Pléiade, p. 516, cet incident est présenté de manière très neutre.
259. Incident repris du « Portrait de l’artiste » (1904) et de Stephen le Héros, Pléiade, p. 461 et n. 1. Voir également ci-dessus p. 195 et n. 35.
260. Darkness falls from the air, vers dont Stephen va remarquer l’inexactitude, tiré de la pièce de Thomas Nashe (ou Nash), 1567-1601, Summer’s Last Will and Testament, 1600, vers 1574-1615. La chanson comporte six strophes, dont le refrain est « Je suis malade, je dois mourir : / Seigneur, ayez pitié de nous. » Les strophes 2 et 5 dénoncent respectivement la vanité de la richesse, de la force et de l’esprit, la strophe 3 celle de la beauté :
Beauté n’est qu’une fleur,
Que les rides vont dévorant,
La clarté tombe de l’air,
Des reines sont mortes, jeunes et belles,
La poussière a fermé les yeux d’Hélène,
Je suis malade, etc.
Dans « Le Symbolisme de la poésie », 1900, Yeats cite les vers 3 à 5, en même temps que des fragments de Burns, Blake et Shakespeare, et ajoute : « Prenez quelque vers tout à fait simple, qui doit sa beauté à la place qu’il occupe dans une histoire, et voyez comme il fait scintiller la lumière de nombreux symboles qui ont donné à l’histoire sa beauté, tout de même qu’une lame d’épée peut scintiller à la lumière de tours embrasées. » Il donnera à nouveau ces vers en exemple l’année suivante dans un autre essai, « Qu’est-ce que la “ poésie populaire ” ? ».
261. John Dowland, 1563 ?-1626, luthiste et compositeur de la Renaissance, auteur de plusieurs recueils. L’admiration que lui portait James Joyce ne se démentit jamais. Voir la lettre à Harriet Shaw Weaver du 5 mars 1926 : « Merci beaucoup pour les chansons de Dowland. Elles, au moins, sont indiscutables. Je serais incapable de les chanter, mais je pourrais passer la journée à les écouter. Je veux dire que j’ai la voix, mais pas le style. J’espère qu’une chose écrite par moi peut supporter la comparaison avec Come silent night par exemple » (Lettres, éd. cit., t. III, p. 363). Voir Ulysse, éd. cit., p. 587 : « Stephen […] se lança dans le panégyrique des chansons de Shakespeare, du moins de celles de cette époque ou à peu près, du luthaniste Dowland qui logeait dans Fetter Lane près de Gérard le botaniste, qui anno ludendo hausi, Doulandus, instrument qu’il méditait d’acheter à M. Arnold Dolmetsch, dont Bloom ne se souvenait pas très exactement, encore que le nom ne lui fût pas tout à fait inconnu, pour le prix de soixante-cinq guinées, et Farnaby et fils avec leur dux et comes concetti et de Byrd (William), qui jouait de l’épinette, dit-il, à la chapelle de la Reine… etc. » Voir la lettre à Oliver St John Gogarty du 3 juin 1904.
262. William Byrd, 1543 ?-1623, organiste. C’est en 1588 qu’il composa les premiers madrigaux anglais ; entre 1588 et 1611, il publia divers recueils de psaumes, chansons et sonnets. Il avait reçu en 1575 le monopole du papier de musique et de l’impression de la musique.
263. Telle était l’impression que faisait sur ses visiteurs le roi Jacques [James] Ier, successeur d’Élisabeth Ire. On remarquera que James Joyce ne désigne pas le souverain par son nom.
264. Voir ci-dessus p. 331.
265. Cornelius a Lapide, S. J., 1567-1637, est également connu sous les noms de Van den Steen ou de Corneille de la Pierre. Ce théologien belge, professeur d’hébreu au Collège de Louvain, donna des cours sur l’Écriture Sainte à Rome : il est en effet avant tout l’auteur d’un monumental commentaire des Écritures, dont Stephen Dedalus a en tête le passage suivant (il s’agit de savoir si toutes les espèces d’animaux ont été créées le sixième jour) : Dico tertio, minuta animalia quæ ex sudore, exhalatione aut putrefactione nascuntur, uti pulices, mures aliique vermiculi, non fuerunt hoc sexto die creata formaliter, sed potentialiter, et quasi in seminali ratione ; quia scilicet ilia animalia hoc die creata sunt, ex quorum certa affectione, hæc naturaliter erant exoritura : ita S. Augustinus, lib. III de Genes. ad. litt., cap. XIV, licet contrarium docere videatur S. Basilius hic hom. 7. Certe pulices et similes vermes, qui jam in hominibus sunt, tunc creari contrarium fuisset felicissimo innocentiæ statui. On le voit, ce que Stephen a en tête implicitement, c’est la Chute et ses rapports avec