Lower Leeson Street, enjambe le Grand Canal.
167. Repris littéralement de Stephen le Héros (Pléiade, p. 386 et n. 2) et du « Carnet de Paris ».
168. « Sont belles les choses qui plaisent à la vue. » Voir ci-dessus n. 75. La même formule est invoquée dans Stephen le Héros, Pléiade, p. 404, n. 2.
169. Repris de Stephen le Héros (Pléiade, p. 389 et n. 2) et de la conférence de 1902 « James Clarence Mangan ». Richard Ellmann pense que James Joyce découvrit cette sentence, certes peu originale, dans la lettre de Gustave Flaubert à Mlle Leroyer de Chantepie du 18 mars 1857, à laquelle il aurait également emprunté la comparaison de l’artiste avec le Dieu de la Création (voir ci-dessous p. 312).
170. Repris de Stephen le Héros, Pléiade, p. 475 et n. 1, où Stephen Dedalus débat avec son professeur d’italien, le P. Artifoni.
171. Voir Oscar Wilde, Intentions (1891), « Pen, Pencil and Poison », Methuen, Londres, p. 70 : « Le premier pas de la critique esthétique consiste certainement à comprendre [Wilde utilise réalisé là où Joyce écrit understand] ses propres impressions. »
172. Tout ce passage est repris de Stephen le Héros, Pléiade, p. 512-513, et développé. La source en est Hegel, Introduction à l’esthétique (traduction française, Aubier-Flammarion, I, p. 101). Voir ci-dessous p. 312 et n. 198.
173. La publication de L’Origine des espèces de Charles Darwin en 1859 fut suivie de longues controverses dans les milieux religieux, en particulier ceux qui lisaient la Bible littéralement.
174. Sir Patrick Dun’s Hospital se trouve dans Grand Canal Street : Stephen et Lynch ont pris la direction du nord-est, celle du port de Dublin.
175. Dans Stephen le Héros, Pléiade, p. 386 et n. 1, c’est Stephen Dedalus lui-même qui utilise l’expression, avec une certaine satisfaction.
176. Le Pange lingua de saint Thomas d’Aquin est effectivement chanté pendant la procession qui précède les vêpres du Jeudi Saint ; le Missel romain place cette hymne liturgique aux deuxièmes vêpres de la Fête-Dieu. C’est à la demande d’Urbain IV, en 1263, que saint Thomas composa un office du Saint-Sacrement qui le contient, parmi d’autres ; ses deux dernières strophes forment le Tantum ergo, chanté dans l’office « paraliturgique » du « Salut du Saint-Sacrement ». On signalera que ce premier distique, Pange lingua gloriosi, Corporis mysterium [Chante, ô ma langue, Le mystère du corps glorieux], a été emprunté par Thomas d’Aquin à une hymne de Fortunatus sur le mystère de la Croix, de même sujet et de même inspiration que le Vexilla Regis [prodeunt] [Les étendards du Roi s’avancent].
177. Venantius Honorius Clementianus Fortunatus, né vers 530, mort au début du VIIe siècle, évêque de Poitiers. Dans le Missel romain, on trouve deux versions du Vexilla Regis : pour le Vendredi Saint (messe des Présanctifiés) la versio antiqua ; pour les vêpres du dimanche de la Passion, un texte légèrement différent. Mais ces deux textes eux-mêmes s’écartent notablement du poème de Fortunatus, la seconde strophe est supprimée, et les strophes six et sept complètement différentes (elles parlent de la Passion et de la Trinité). Par ailleurs, on peut se demander si James Joyce n’a pas été intéressé par les extraordinaires calligrammes-énigmes que l’on trouve dans l’œuvre de Fortunatus.
178. Strophe quatre du Vexilla Regis de Fortunatus, c’est-à-dire la strophe trois de la versio antiqua : « Voici donc accompli ce que chanta David en ses vues prophétiques : “ Sur les nations, Dieu, par le bois, a régné ”. »
179. Littéralement « la rue Basse du Mont », où certains ont vu une allusion au Golgotha.
180. Il s’agit probablement de nationalistes irlandais, les habitués de la boutique de journaux et de tabac tenue par Thomas J. Clarke dans Great Britain Street (voir Stephen le Héros, Pléiade, p. 372). Clarke, premier signataire de la proclamation d’indépendance du gouvernement provisoire en 1916, fut exécuté par les Anglais.
181. Glenmalure : au sud de Dublin, dans le comté de Wicklow.
182. Selon Richard Ellmann, le personnage de Donovan ressemble beaucoup à Constantine Curran, 1883-1972, qui a laissé d’intéressants souvenirs sur James Joyce et University College, notamment dans son James Joyce Remembered.
183. Dans Stephen le Héros (Pléiade, p. 347), Stephen Dedalus explique ce qui le sépare du Laocoon (1766) de Lessing. Ses dénégations ne signifient pas qu’il n’ait pas été intéressé par l’application par Lessing des catégories d’Aristote à l’esthétique, projet en un sens proche du sien. Voir également ci-dessous p. 311 et n. 194.
184. Plus exactement : Ad pulchritudinem tria requiruntur. Primo quidem integritas, sive perfectio (quæ enim diminuta sunt, hoc ipso turpa sunt), et debita proportio, sive consonantia ; et iterum claritas ; unde quæ habent colorem nitidum, pulchra esse dicuntur (Summa theologica, I q 39, a 8, corp.). Il s’agit de savoir si l’on peut appliquer à l’une des Personnes de la Trinité un attribut commun aux trois ; pourquoi, demande saint Thomas, saint Hilaire attribue-t-il æternitas, l’éternité, au Père, species, l’image, au Fils, et usus, la jouissance, au Saint-Esprit ? Cette question est d’une très grande importance structurelle pour saisir les enjeux de l’écriture de James Joyce. À un premier niveau, on pourra utilement comparer l’analyse qui suit aux pages 513-514 (Pléiade) de Stephen le Héros.
185. James Joyce a recouru à cette image dès 1902 dans sa conférence sur « James Clarence Mangan » (Pléiade, p. 956). Dans Défense de la poésie [Defence of Poetry], Shelley avait écrit : « Un homme ne peut dire : “ Je veux écrire un poème ”, le plus grand des poètes ne peut le dire, car l’esprit à l’instant de la création est pareil au charbon sur le point de s’éteindre, auquel une influence invisible, tel un vent inconstant, redonne un éclat éphémère : cette puissance surgit du dedans, comme la couleur d’une fleur qui change et passe à mesure quelle se développe, et la part consciente de notre nature ne peut annoncer ni son arrivée ni son départ. […] Lorsque le poète se met à composer, l’inspiration est déjà sur son déclin. » Voir également Ulysse, éd. cit., p. 191 : « Dans l’intense instant de la création, quand l’esprit, dit Shelley, est une braise près de s’éteindre, ce que j’étais est ce que je suis et ce qu’en puissance il peut m’advenir d’être. Ainsi dans l’avenir frère du passé, peut-être me verrai-je tel que je suis actuellement, assis là, mais par réflexion de ce qu’alors je serai. » Stephen vient de parler du spectre du père et de l’image du fils.
186. Selon Atherton, ce mot, incantesimo, est « utilisé par Galvani pour décrire l’arrêt temporaire des battements du cœur produit par l’insertion d’une aiguille dans la moelle épinière d’une grenouille ». L’expression est reprise ci-dessous p. 314 (voir n. 206). On la trouve dès le « Carnet de Trieste », à la rubrique « Esthétique ».
187. Comparer cette formulation avec celle de Stephen le Héros, Pléiade, p. 386, n. 2.
188. Cela est repris de Stephen le Héros (Pléiade, p. 386, n. 3), avec quelques variantes stylistiques.
189. Il s’agit du « Carnet de Paris », dans lequel on trouve la seconde question et sa réponse.
190. Question connexe à la dernière question du « Carnet de Paris ».
191. Cette question n’est pas dans le « Carnet de Paris » ; elle est néanmoins, à sa manière, un écho de préoccupations esthétiques, et même « esthétisantes », en raison de la place tenue par la figure de Mona Lisa chez Walter Pater et ses successeurs.
192. Cette question, qui ne figure pas dans le « Carnet de Paris », a une valeur humoristique. Le buste de Sir Philip Crampton, chirurgien bien connu, 1777-1858, érigé sur un monument en forme d’artichaut, fut la risée de plusieurs générations de Dublinois. Il était situé dans College Street, à l’extrémité de Great Brunswick Street. On pouvait lire sur le socle l’inscription suivante, dont les quatre derniers vers seront plus tard cités par James Joyce dans Finnegans Wake :
Cette fontaine ici a été élevée
En exemple salutaire et utile
Par les amis et admirateurs de Sir Philip Crampton.
Elle ne représente que faiblement
Elle vivacité de son esprit étincelant,
La profondeur de sa calme sagacité,
La transparence de son honneur immaculé,
Le flot de son intarissable bienfaisance.
193. Cette question, suivie d’une réponse, se trouve dans le « Carnet de Paris ».
194. Voir n. 183, et surtout Stephen le Héros, Pléiade, p. 347.
195. Comparer le passage qui suit à Stephen le Héros, Pléiade, p. 386.
196. Turpin Hero : ballade que James Joyce aimait chanter, selon les témoignages recueillis par Ellmann. Turpin était un brigand, qui fut pendu en 1739.
197. Mood. Il s’agit d’un des maîtres mots de W. B. Yeats dans les années 1890 ; voir par exemple l’essai « Moods » de 1895, réédité plus tard dans Ideas of Good and Evil ; ou encore sa grande étude, écrite en collaboration avec Ellis, William Blake, p. 250 notamment.
198. Voir la lettre de Flaubert à Mlle Leroyer de Chantepie du 18 mars 1857 : « Madame Bovary n’a rien de vrai. C’est une histoire totalement inventée […] l’illusion […] vient au contraire de l’impersonnalité de l’œuvre. C’est un de mes principes qu’il ne faut pas s’écrire. L’artiste doit être dans son œuvre comme Dieu dans la création, invisible et tout-puissant, qu’on le sente partout, mais qu’on ne le voie pas. » Voir aussi Hegel, Introduction à l’esthétique (Aubier-Montaigne, I, p. 132) : « Cette virtuosité d’une vie artistique ironique a reçu le nom de divine génialité, pour laquelle tout et tous ne sont que des choses dépourvues de substance, auxquelles le libre créateur, détaché de tout, ne saurait s’attacher, puisqu’il peut aussi bien les détruire que les créer. » Joyce avait à peu près certainement lu