imprimées au cours du XIXe siècle. Voici le passage auquel James Joyce emprunte sa citation : « Si, if, una brevis, one short vowel, præivit, hath gone before, Mutam, a mute ; que, and, liquidam, a liquid ; simul, at the same time, Orator, the prose writer, contrahit, makes it short, vates, the Poets, variant, make it common, in carminé, in verse » ; c’est-à-dire, mot à mot : « Si une voyelle brève a précédé une muette et une liquide en même temps, l’orateur (le prosateur) la fait brève, les poètes selon leurs chants varient. »
27. « L’orateur concentre, les poètes dans leurs chants exécutent des variations » : tel est du moins le sens que l’on peut donner à cette phrase, isolée de son contexte.
28. « Dans une situation aussi critique. »
29. Repris du « Carnet de Trieste » à la rubrique « Henry (Father William) ».
30. Rappelons que Joyce a donné une traduction de O Fons Bandusiæ.
31. Trinity College, Dublin, avait été fondé par Élisabeth Ire dans le dessein exprès de répandre l’esprit de la Réforme en Irlande.
32. Il s’agit du poète Thomas Moore, 1779-1852, dont la statue se dresse devant Trinity College, où il fut étudiant. Leopold Bloom, dans Ulysse, éd. cit., p. 159, tire également de ce spectacle quelques fortes pensées.
33. Moore est effectivement représenté revêtu d’une sorte de toge.
34. Firbolg, Milésien : ces deux races légendaires, la première de petite taille, et relativement primitive, la seconde au contraire très grande, auraient habité l’Irlande en des temps reculés.
35. Davin : ce personnage, nommé Madden dans Stephen le Héros (voir Pléiade, p. 340 et n. 2), eut pour modèle George Clancy, qui figure en bonne place dans le « Carnet de Trieste » ; voir John Francis Byrne, Silent Years, éd. cit., p. 54-55. Le choix du nom de Davin a peut-être un double rapport avec l’étymologie (ce nom vient de l’irlandais daimhin, de damh, bœuf, ou cerf, à ne pas confondre (?!) avec dàmh, poète) et avec la thématique du livre.
36. Ce trait caractérisait également James Joyce.
37. Il ne s’agit pas du vieil-anglais, mais de la langue que l’envahisseur anglais imposa de facto après l’écrasement des derniers rois irlandais sous Élisabeth Ire et Jacques Ier.
38. Michael Cusack : ce personnage coloré est mis en scène dans Stephen le Héros, Pléiade, p. 372.
39. Pat et Maurice Davin furent effectivement des athlètes bien connus : le premier détint les records mondiaux du saut en hauteur, du saut en longueur et du lancer de poids ; le second collabora avec Michael Cusack à la fondation de la Gaelic Athletic Assocation.
40. Upon which no individual mind had ever drawn out a line of beauty : le concept de line of beauty a sa source dans The Analysis of Beauty, 1753, du peintre et graveur anglais William Hogarth, 16971764 ; il fut très vite repris par ses successeurs, à commencer par l’Irlandais Edmund Burke, 1729-1797, dans A Philosophical Inquiry into the Sublime and the Beautiful, 1756. Il était devenu monnaie courante à la fin du XIXe siècle ; c’est ainsi, par exemple, qu’Arthur O’Shaughnessy, 1844-1881, le prend pour titre de l’un de ses poèmes, dans son recueil Songs of a Worker, Londres, 1881.
41. Écho de la conférence de James Joyce « James Clarence Mangan », 1902.
42. Après les deux défaites de la Boyne, 1690, et de Limerick, 1691, de nombreux soldats irlandais, et après eux plusieurs générations de jeunes Irlandais, que l’on devait appeler wild geese, « oies sauvages », se mirent au service d’armées du Continent : armée française, où ces contingents s’illustrèrent par exemple à la bataille de Fontenoy, ou autrichienne (voir ci-dessus ch. 1, n. 59). C’est la Légion Étrangère qui, dans la seconde moitié du XIXe siècle, bénéficia de cette tradition prestigieuse. Selon Stanislaus Joyce, Le Gardien de mon frère, éd. cit., p. 46, John Stanislaus, leur père, avait fait une vague tentative pour s’engager dans l’armée française (c’est-à-dire certainement la Légion) à l’âge de vingt et un ans.
43. Par opposition aux « oies sauvages » décrites ci-dessus.
44. I disremember : exemple de parler dialectal dont le récit de Davin constitue une véritable anthologie. À défaut d’en analyser tous les termes, nous en commenterons les tournures les plus frappantes.
45. J. F. Byrne, dont nous savons par le « Carnet de Trieste » qu’il servit de modèle pour le personnage de Cranly, assure dans son autobiographie Silent Years, p. 55, que le récit de Davin coïncide à peu près exactement avec celui que faisait leur ami George Clancy.
46. Buttevant : petite ville située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Cork.
47. A hurling match : le hurling, ou hurley, est un sport assez proche du hockey. Il remonterait à une haute antiquité, si l’on en croit des textes anciens décrivant les préliminaires de la bataille de Moytura qui opposa les Firbolgs et les Tuatha Dé Danann en 1272 avant Jésus-Christ. Il s’est toujours identifié à l’ancienne culture irlandaise, au point que les Anglais ne réussirent jamais à le supprimer en dépit des interdictions dont ils le frappèrent dès le Moyen Âge (Statutes of Kilkenny, 1367) et la Renaissance (Statutes of Galway, 1527) et jusqu’à l’époque moderne. La Gaelic Athletic Association contribua de manière décisive à sa renaissance.
48. Haut lieu du sport irlandais : c’est à Thurles, dans le comté de Tipperary, que la Gaelic Athletic Association fut fondée en 1884, un 1er novembre, date qui dans l’ancien calendrier irlandais correspond au début de l’année.
49. Stripped to his buff, c’est-à-dire « nu », ou, dans la province de Munster, « torse nu ».
50. Minding cool (ou standing cool), autre expression typique du Munster ; cool signifie ici « arrière », et vient de l’irlandais cul, même sens.
51. A woeful wipe. Wipe évoque un coup qui balaie l’espace. Woeful ajoute une note épique de terreur.
52. Crosse : Camán, nom donné à la crosse de hurling. Joyce a écrit camann, à tort.
53. Within an aim’s ace. Expression locale, de la province de Munster, déformation de l’anglais élisabéthain ambs-ace, qui signifie « deux as », « deux points » au jeu de dés, c’est-à-dire le plus petit total possible, d’où l’idée « de justesse ».
54. Leastways, forme dialectale.
55. Any kind of yoke. Yoke ici ne signifie pas « joug », comme c’est le cas en anglais usuel : c’est un terme général, désignant un dispositif, un appareil, etc.
56. Castletownroche : il s’agit, selon toute vraisemblance, d’une grande réunion de caractère politique, comme il y en eut beaucoup en Irlande tout au long du XIXe siècle. Le nom de la bourgade a été rajouté, tant bien que mal, après coup, par James Joyce, dans un blanc du manuscrit.
57. Ballyhoura : au nord-est de Buttevant, à mi-chemin de Kilmallock. Le nom, là encore, a été rajouté après coup dans un blanc du manuscrit.
58. Kilmallock : bourgade du comté de Limerick d’où était originaire George Clancy : voir n. 35.
59. And only for the dews was thick…
60. She asked me was I tired.
61. Voir p. 152 et n. 87.
62. You have no call to be frightened.
63. There is no one in it.
64. Écho des pages 59 et 62, et de Stephen le Héros, Pléiade, p. 325.
65. Voir n. 225, et aussi « Irlande, île des saints et des sages », Pléiade, p. 1014, n. 1.
66. Cette cérémonie eut lieu le 15 août 1898, l’année du centenaire de la rébellion où s’illustra Wolfe Tone (voir ch. 1, n. 62). La dalle a été depuis placée le long de Stephen’s Green.
67. L’insurrection de 1798 échoua en partie par suite de l’insuffisance et des retards du corps expéditionnaire français qui devait l’appuyer. Voir Dublinois, « Après la course », Pléiade, n. 5, p. 140.
68. Buck Egan : avocat et homme politique (vers 1750-1820) ; député de Tallagh, il s’opposa vivement à l’Union avec la Grande-Bretagne (1800), qui lui fit perdre la prébende qui était son seul moyen d’existence, et le fit mourir dans l’indigence. Sa brutalité et ses duels l’avaient fait surnommer Bully, la Brute, et non pas Buck, le Gandin. Ce lapsus signifie peut-être que Joyce l’associait au type représenté par « Buck » Mulligan dans Ulysse. La tradition veut qu’il ait participé à des messes noires avec « Burnchapel » Whaley.
69. Grand propriétaire protestant, Whaley acquit son surnom de « Burnchapel » en 1798, année de la rébellion, en brûlant un grand nombre d’églises catholiques (chapels en Irlande).
70. Thomas Whaley, 1766-1800, fils de « Burnchapel » Whaley, fut surnommé « Buck » et aussi « Jérusalem ». Il est moins connu comme homme politique (ce fut un député parfaitement vénal, acheté successivement par les partisans, puis par les adversaires de l’Union) que comme joueur et excentrique : après divers exploits à Paris, Londres et Dublin, il gagna le pari d’aller jouer à la balle contre les murs de Jérusalem. Il fit et tint également le pari de sauter de la fenêtre de son salon (il habitait 86 Stephen’s Green, qui devait devenir University College) dans la première calèche qui passerait, et d’embrasser son occupante.
71. Écho du « Carnet de Trieste » à « Jésuites ».
72. Le doyen des études : ce personnage figure déjà dans Stephen le Héros (voir Pléiade, p. 340, n. 4, 343, 344 et 526). Sur les sources de cette scène, voir Stephen le Héros, Pléiade, p. 343 et n. 2. Voir également Ulysse, éd. cit., p. 595 : « À quelles visions […] Stephen se prit-il à penser ? […] au préfet des études, le père Butt, dans l’amphithéâtre de physique de l’Université, 16 Stephen’s Green North » ; curieusement, James Joyce donne ici l’adresse de l’archevêque de Dublin, celle