batsman honorable. Il s’intéressait encore à ce sport à Belvedere et suivait avec passion les exploits de Ranjy et Fry, Trumper et Spofforth. » Le cricket, avec ses règles, ses traditions, ses grands joueurs, figure d’ailleurs en bonne place dans Finnegans Wake.
114. Rounders : jeu pratiqué avec une balle et une batte de cricket.
115. Twisters, lobs : effets particuliers donnés à la balle par le lanceur, bowler.
116. Tusker Boyle. De tusk, défense d’éléphant : voir page suivante.
117. Smugging. Ce terme d’argot à valeur sexuelle reste assez vague.
118. Voir n. 14, et p. 81.
119. Le souvenir reviendra : voir p. 123.
120. Ce graffito a peut-être son origine dans un manuel de latin. Des deux auteurs pouvant en être la source au moins indirecte selon Chester Anderson, nous pensons devoir écarter César, De Bello Gallico, VIII ; voir néanmoins la note suivante. La référence à Cicéron (Lettres à Atticus, XII, 2) est plus directe : At Balbus aedificat… (il n’est pas question de murum, le verbe est pris absolument). La citation de Cicéron a pu être reprise par Kennedy (Benjamin Hall) à titre d’exemple dans Child’s Latin Primer, or First Latin Lessons extracted, with model questions and answers, from An Elementary Grammar, Londres, 1848. Peut-être avons-nous ici également une allusion à Notker Balbus ; voir James S. Atherton, The Books at the Wake, p. 174, et Jean-Michel Rabaté « La Missa Parodia de Finnegans Wake », Poétique, no 17 : Joyce exécute plusieurs variations sur cette phrase dans sa dernière grande œuvre, voir notamment p. 5 et 552.
121. Jules César a utilisé les mémoires de Balbus au livre VIII du De Bello Gallico.
122. C’est-à-dire, selon la tradition de Clongowes Wood College, trois coups sur chaque main, suivis de quatre, à nouveau sur chaque main. Le professeur écrivait en latin sur une note le nombre de coups à donner ; et l’élève sent to the loft (« envoyé au grenier ») portait cette note au préfet chargé de l’exécution.
123. He’d be able for two of Gleeson ! La construction est archaïque, mais encore usitée en Irlande.
124. C’était la punition maximale, qui était accompagnée d’une correction sur les fesses, ce qui explique le commentaire d’Athy.
125. Idle : paresseux, oisif. Étymologiquement « vide, vain » : voir Dublinois, Pléiade, p. 109 et n. 2.
126. La mésaventure qui suit advint à Joyce lui-même, sans doute en 1888, avec un certain P. James Daly. Herbert Gorman (James Joyce, éd. cit., p. 29 et 33-34) décrit longuement cet organisateur autoritaire, soucieux avant tout d’améliorer les résultats scolaires (voir Stephen le Héros, Pléiade, p. 330 et n. 2). Le P. Dolan réapparaîtra dans Ulysse, éd. cit., p. 508.
127. Thomas Furlong, élève de Clongowes Wood College de 1889 à 1894, fut un condisciple de James Joyce en 1890-1891. Ils furent pris out of bounds, c’est-à-dire hors des limites autorisées, en train de piller le verger. Il fut dit dans le collège : Furlong and Joyce will not for long rejoice, jeu de mots facile que Joyce aimait à répéter.
128. Macbeth, acte V, sc. V, v. 19.
129. Lazy little schemer. Cette expression évocatrice de l’épisode tout entier est reprise dans Ulysse, éd. cit., p. 133 et 508 (« Vilain petit carottier ! ») ; voir aussi Stephen le Héros, Pléiade, p. 330 et n. 2. On rapprochera schemer de la phrase, passée en proverbe, du poète écossais Robert Bums, 1759-1796 : The best laid schemes o’mice and men gang aft a-gley (To a Mouse). [Les combinaisons les mieux étudiées des souris et des hommes souvent vont de travers (« À une souris »)]. Plus loin, p. 105, Stephen aura le réflexe de se faire tout petit pour échapper au danger.
130. Voir n. 5.
131. Richmal Mangnall (Joyce écrit à tort Magnall), 1769-1820, éducatrice anglaise, auteur d’un Compendium of Geography, 1815, et de Historical and Miscellaneous Questions for the Use of Young People, 1800, ouvrage très répandu dans les écoles anglaises au XIXe siècle, dont un exemplaire, dans l’édition de 1829, se trouvait dans la bibliothèque de Joyce à Trieste.
132. Joyce mêle ici les titres de deux recueils de l’Américain Samuel Griswold Goodrich, 1793-1860 : Peter Parley’s Tales about Ancient and Modem Greece (Richardson, Lord and Holbrook, Boston, 1832), et Peter Parley’s Tales about Ancient Rome (Carter, Hendee and Co, Boston, 1833). Goodrich, qui déclare dans sa préface écrire « à l’intention des garçons et des filles de dix ou douze ans », publiait environ un volume par an, abordant tous les domaines de la connaissance, comme l’indiquent ses titres : Peter Parley’s Tales about the Sun, Moon and Stars, 1845 ; A Glance at Philosophy, Mental, Moral and Social, 1849 ; Peter Parley’s Universal History, 1853. Goodrich explique, dans sa préface aux récits de l’Antiquité, qu’il a volontairement utilisé des termes familiers et modernes, et fait référence à la société et aux mœurs modernes, avouant candidement avoir parfois utilisé sans guillemets des pages de ses prédécesseurs : procédé auquel Joyce eut quelquefois recours dans Ulysse et dans Finnegans Wake.
133. Devise de la Société de Jésus ; voir ch. 2, n. 30 et ch. 3, n. 19.
134. Lorenzo Ricci, 1703-1775, général des jésuites de 1758 à sa mort, c’est-à-dire pendant toute la période cruciale que fut pour la Compagnie le pontificat de Clément XIV. Lorsque celui-ci abolit l’ordre en 1773, Ricci fut enfermé au secret dans le château Saint-Ange, où il mourut. Saint Stanislas Kostka, 1550-1568, canonisé en 1726. Saint Louis de Gonzague, 1568-1591. Jean Berchmans, 1599-1621, présenté ici comme bienheureux, fut canonisé en 1888, l’année même où James Joyce entrait à Clongowes Wood College.
135. C’est Peter Kenny qui acheta le domaine de Clongowes Wood pour la Compagnie en 1813.
136. Détail véridique : voir p. 49 et n. 27.
137. Voir n. 26 et ch. 2, n. 36. Voir Ulysse, éd. cit., p. 186 : « Enfant que Conmee sauva de la férule. » Le père Conmee sauva plus tard Joyce de l’indignité (?) associée aux Christian Brothers en le faisant entrer chez les jésuites de Belvedere College.
138. Voir ch. 4, n. 20.
139. Voir p. 88.
CHAPITRE II
1. Voir Stanislaus Joyce, Le Gardien de mon frère, éd. cit., p. 36-37 : « “ Oncle Charles ” était William O’Connell, oncle de mon père par sa mère. Aussi loin que vont mes souvenirs, il fit toujours partie de la famille et resta avec nous jusqu’à notre départ pour Dublin, après que mon père eut perdu sa situation par la fermeture de ses bureaux. Ma mère disait qu’avec son oncle mon père avait rendu le bien pour le mal, car, à la mort de son père, William O’Connell, qui était alors un riche célibataire avec des affaires à Cork, refusa tout net de s’occuper en quoi que ce soit de son neveu, orphelin de dix-sept ans. À l’époque où je l’ai connu, c’était un grand vieillard aux cheveux blancs, imperturbable, religieux avec discrétion. Tous les matins, il prenait un tub froid, allait à la messe, et se rendait utile en faisant les courses de ma mère à Bray, qui était assez éloigné de l’endroit où nous vivions. Il m’emmenait avec lui dans ses expéditions, mais je le suivais à contrecœur car il avait des habitudes pénibles. Il faisait des haltes qui me semblaient durer un siècle, mais ce siècle n’était peut-être qu’une heure, pour bavarder avec les propriétaires des magasins où il faisait ses commandes, tandis que j’errais, regardant les étiquettes et les réclames que je connaissais par cœur ; ou alors, sur le chemin du retour, il me conduisait dans quelque église pour y dire trois “ Je vous salue, Marie ” à son intention. Ce qu’il voulait dire par là était un mystère qui devait être respecté [voir ci-dessous p. 113].
Il chantait aussi, d’une voix cassée qui n’était pourtant pas désagréable : “ Tresse-moi une tonnelle de chèvrefeuille et de roses ” ou “ Moments heureux… ”. Tout le monde chantait. La dernière vague du romantisme, en se retirant, avait laissé dégénérer, Tommy Moore [Thomas Moore, le poète romantique irlandais] aidant, la poésie et tout ce qu’elle peut exprimer en un exercice de salon ; ceci expliquait le succès des ballades sentimentales.
Quoi qu’il arrivât, il ne se démontait jamais et avait pour les moments difficiles sa formule magique : “ Beau fixe, madame, beau fixe ! ” [All serene !] », expression qui apparaît non seulement ici, mais encore dans Ulysse, parmi d’autres expressions ou éjaculations singulières (éd. cit., p. 418). Voir le « Carnet de Trieste » à la rubrique « Oncle William », Pléiade, p. 1671.
2. C’est au début de 1892 que la famille Joyce se rapprocha de Dublin, quittant Bray pour Blackrock, où elle vécut environ un an. Pour Stanislaus Joyce, « ce bref intermède entre la prospérité relative et la véritable pauvreté » est associé à la désagrégation du groupe familial, dont se séparent assez vite « Dante » et l’oncle William (Le Gardien de mon frère, éd. cit., p. 66-67).
3. Stanislaus Joyce, Le Gardien de mon frère, éd. cit., p. 61 : « Pour la course, [mon frère] était doué à la fois pour les épreuves de vitesse et d’endurance. Un ami de mon père, Pat Harding, qui était le champion d’Irlande du 110 yards haies au moment où l’Américain Kranzlein était champion du monde, proposa d’entraîner mon frère pour cette épreuve pendant sa deuxième année à Belvedere, mais celui-ci avait déjà d’autres chats à fouetter. »
4. Voir ch. 4, n. 9, où la posture est reprise dans un autre contexte.
5. Cela n’était pas vrai du grand-oncle de Joyce, mais de son grand-père.
6. Munster : l’une des quatre provinces d’Irlande, qui occupe le sud-ouest du pays. Le pays d’origine présumé