venait quelquefois se briser sur la digue, inondant la route devant la maison, dont elle atteignait le seuil. » Dans les Actes des Apôtres, X, 6 et 32, il nous est dit que Simon-Pierre, comme Simon Dedalus, habite une maison proche de la mer.
55. Les habitants du village de Clane situé entre Clongowes et Sallins, n’ayant pas alors d’église paroissiale, assistaient aux offices du collège.
56. Voir Stephen le Héros, Pléiade, p. 323.
57. Voir ibid., p. 325.
58. Sensiblement plus jeune que ses condisciples, James Joyce coucha pendant deux ans dans une chambre de l’infirmerie, avant de rejoindre ses camarades dans les dortoirs en 1890-1891.
59. La famille Browne, à laquelle le château avait été acheté en 1813, comptait parmi ses ancêtres un maréchal de l’armée autrichienne (sans doute une de ces « oies sauvages », un de ces Irlandais engagés dans les armées du Continent en raison des persécutions dont ils étaient l’objet en tant que catholiques), qui mourut en 1757 à la bataille de Prague. Son fantôme, disait-on, était souvent apparu aux serviteurs de la maison.
60. Ici est reprise la prière de la page précédente. Mais alors que l’on avait la première fois : Visit, we beseech thee, O Lord, this habitation, and drive away from it all the snares of the enemy, la rupture après all transforme totalement la phrase, rendant drive away intransitif (« s’en aller ») et from it all très vague (« quittant tout cela »). Les effets de cette coupure se manifestent dans la logique des paragraphes qui suivent, dans leur organisation interne aussi bien qu’externe.
61. Ces voitures permettaient de rejoindre la gare de Sallins.
62. C’est dans le cimetière de Bodenstown qu’est enterré le grand patriote irlandais Theobald Wolfe Tone, 1763-1789, fondateur du mouvement des Irlandais Unis (voir p. 340 et n. 268).
63. Half-doors : portes coupées à mi-hauteur, dont la partie supérieure, ouverte pendant la journée, fait office de fenêtre.
64. Dans Our Friend James Joyce, Garden City, N.Y., Doubleday, 1958, p. 28, le poète Padraic Colum, rapportant les bruits qui couraient en 1904 au moment où Joyce écrivait la première version de son roman, signale cette expression qui avait beaucoup frappé leurs amis communs. Il s’agit probablement d’un emprunt fait à Huysmans : voir À Rebours, Folio, p. 157.
65. C’est à Allen, au IIIe siècle de notre ère, qu’habitait le légendaire Finn MacCool, chef des Fianna, héros de nombreux récits traditionnels irlandais.
66. Bon nombre de Noëls anglais du Moyen Âge ont pour thème le débat du houx et du lierre, à entendre souvent comme l’homme et la femme, sur le thème : « qui doit être l’ordonnateur de la fête ? ». Le Noël que nous donnons ici est légèrement différent, mais très proche de ce que Joyce entendit chanter dans son enfance :
LE HOUX ET LE LIERRE
Le houx et le lierre
Maintenant ont bien poussé ;
De tous les arbres du bois
Le houx porte la couronne.
Le soleil se lève,
Le cerf court,
L’orgue joyeux joue
Une douce chanson en chœur
Le houx porte une fleur
Aussi blanche que la fleur du lys ;
Et Marie porta le doux Jésus
Pour qu’il soit notre doux Sauveur.
Le soleil se lève… etc.
Le houx porte une baie,
Aussi rouge qu’est le sang ;
Et Marie porta le doux Jésus
Pour faire le bien aux pauvres pécheurs
Le soleil se lève… etc.
Le houx porte une pointe
Aussi aiguë qu’est une épine ;
Et Marie porta le doux Jésus
Le jour de Noël au matin.
Le soleil se lève… etc.
Le houx porte une écorce
Aussi amère qu’est le fiel
Et Marie porta le doux Jésus
Pour nous racheter tous.
Le soleil se lève… etc.
On retrouve dans cette chanson bon nombre de thèmes qui courent dans notre roman, et même ailleurs dans l’œuvre de Joyce : celui du couronnement, associé par l’étymologie au nom même de Stephen, celui de la fidélité, avec le lierre, emblème de Parnell (voir Dublinois, Pléiade, p. 211 et n. 1), le thème marial et la fleur blanche juxtaposés à l’image de Jésus et à la couleur du sang ; on remarquera que dès le début la croissance a départagé les deux plantes. Rappelons enfin que l’on retrouve le houx dans l’énigme que Stephen propose à ses élèves au début d’Ulysse, p. 29. Pour le cerf, voir « Portrait de l’artiste » (1904), ci-dessus p. 33 et n. 3 et ci-dessous p. 248 et n. 42.
67. Voir p. 346, n. 13.
68. He was not foxing. De fox, renard. Voir p. 82 « Mr Fox ! » et p. 243 « Maître Renard ».
69. Le vice-recteur : the Father Minister. Le P. T. P. Brown, qui occupait ces fonctions à Clongowes Wood College, était également préfet de santé [Prefect of Health] à en juger d’après la lettre qu’il écrivit à la mère de Joyce le 9 mars 1890 : voir Lettres, éd. cit., t. II, p. 75.
70. C’est effectivement un frère, John Hanly, S. J., qui avait la charge de l’infirmerie à cette époque.
71. Le frère répond du tac au tac à Athy, qui lui a demandé des buttered toasts, Butter you up ! Butter up signifie « cajoler pour obtenir quelque chose, fayoter ».
72. Voir Ulysse, éd. cit., p. 595 : « À quelles visions […] Stephen se prit-il à penser ? / À d’autres qui, ailleurs, en d’autres temps, mettant un genou en terre, avaient allumé le feu pour lui, au frère Michel dans l’infirmerie du collège de la Société de Jésus à Clongowes Wood, Sallins, comté de Kildare… »
73. Voir Dublinois, Pléiade, p. 112.
74. C’est là effectivement qu’est enterré « Peter Stanislaus Little, mort le 10 décembre 1890, à l’âge de seize ans », donc pendant la période où James Joyce fut pensionnaire. Par ailleurs, Richard Ellmann, dans son James Joyce, fait état d’une lettre de John Stanislaus Joyce à son fils, qui lui avait, semble-t-il, demandé de s’assurer que les arbres de Clongowes Wood College étaient des hêtres ; cette correspondance est à l’origine d’une correction de Joyce, dont le manuscrit parlait de « châtaigniers ». Le College en réalité a deux grandes avenues, dont l’une seulement est plantée de tilleuls.
75. Le nom d’Athy ne figure pas dans les archives du collège.
76. Athy est effectivement un homophone de a thigh, une cuisse. Cette petite ville, la plus importante du comté de Kildare, est située à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Dublin.
77. Voir Ulysse, éd. cit., p. 41 : « Foyers qui s’effritent, le mien, le sien, tous. Tu disais aux fils de famille de Clongowes que tu avais un oncle juge et un oncle général. Lâche tout ça, Stephen, là n’est pas la beauté. »
78. L’arrière-grand-oncle de Joyce, qui s’appelait John O’Connell, était le père de William (l’oncle Charles de la p. 46). « Le Libérateur », un parent, est le célèbre Daniel O’Connell, 1775-1847, qui arracha à l’Angleterre le droit de vote pour les catholiques : voir ch. 2, n. 108.
79. C’était en effet la tenue numéro un des élèves entre 1816 et 1840. L’uniforme fut supprimé en 1850.
80. On peut encore voir ce livre illustré au petit musée du collège.
81. Parnell mourut le 6 octobre 1891. Le dimanche matin 11 octobre, le vapeur Ireland, sur lequel se trouvait son cercueil, entra dans le port de Kingstown (aujourd’hui Dun Laoghaire, en anglais Dunleary).
82. Cette apparition n’est pas sans rappeler l’allégorie de l’Église au début du chant XXX du Purgatoire. Dans les pages qui vont suivre, l’autre « Dante » apparaîtra en champion de cette Église.
83. The toasted boss. Dans une lettre du 31 octobre 1925 à son traducteur Damaso Alonso, Joyce explique qu’il s’agit d’un terme enfantin et populaire désignant un petit repose-pieds à oreilles, capitonné et sans armature (Lettres, éd. cit., t. III, p. 352).
84. John Kelly, qui servit de modèle pour M. Casey, avait été envoyé en prison à plusieurs reprises pour ses activités en faveur de la Ligue Agraire ; c’est là que trois de ses doigts s’étaient atrophiés à force de travailler l’étoupe. Stanislaus Joyce a fait de cet ami de la famille un portrait affectueux : voir Le Gardien de mon frère, éd. cit., p. 33-36 et ci-dessous n. 102. Voir également Ulysse, éd. cit., p. 549, où certaine chanson est donnée comme « le morceau préféré et pas commode à réciter, soit dit en passant, de ce pauvre John Casey ».
85. Cap : the Head, c’est-à-dire Bray Head, le promontoire de Bray.
86. Cette maison, sise 26 D’Olier Street (rue de la rive droite de la Liffey, au débouché de O’Connell Bridge), était renommée pour ses volailles, son gibier et ses poissons.
87. That’s the real Ally Daly, expression dublinoise familière.
88. Férule : pandy bat, qui vient, semble-t-il, du latin Pande !, « Tends [les mains] ! ». Voir ci-dessous p. 97-99. On saisit mal, en effet, le rapport avec turkey, dinde.
89. Au moment où fut engagée, précisément la veille de Noël 1889, l’action en divorce mettant Parnell en cause pour adultère, Gladstone et les libéraux anglais furent les premiers à exprimer avec véhémence leur vertueuse indignation. Il faut néanmoins savoir que le capitaine W. H. O’Shea avait pendant dix ans toléré la liaison de sa femme Katherine avec Charles Stewart Parnell, acceptant pour prix de son silence un siège de député de Galway ; le revirement de O’Shea paraît avoir été inspiré par la considération d’un héritage…
90. Évangile selon saint Luc, XVII, 1-2 : « Il est impossible qu’il n’y ait pas de scandales, mais malheur à celui par qui ils arrivent ! Il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mît au cou une pierre de moulin et qu’on le jetât dans la mer, que d’être une occasion de chute pour un seul de ces petits. »
91. Repris du « Carnet de Trieste », à la rubrique