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    2. Portrait de l'artiste en jeune homme
    3. Chapitre 37
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    lui49 ; les accents vulgaires, les becs de gaz dans les boutiques, les odeurs de poisson, d’alcool et de sciure mouillée, les allées et venues des hommes et des femmes. Une vieille femme s’apprêtait à traverser la rue, un bidon de pétrole à la main. Il se pencha et lui demanda s’il y avait une chapelle à proximité.

    « Une chapelle, monsieur ? Oui, monsieur. La chapelle de la rue de l’Église50.

    – De l’Église ? »

    Elle prit son bidon de pétrole de l’autre main et lui montra la direction ; et, comme elle étendait sa main droite, flétrie et malodorante, sous la frange du châle, il se pencha plus bas vers elle, attristé, apaisé par sa voix.

    « Je vous remercie.

    – À votre service, monsieur. »

    Les cierges de l’autel principal étaient éteints, mais l’odeur agréable de l’encens flottait encore dans la nef obscure. Des ouvriers barbus, aux visages pieux, étaient occupés à sortir un dais par une porte latérale ; le sacristain les aidait avec des gestes et des paroles placides. Quelques fidèles s’attardaient encore, priant devant un des autels latéraux ou agenouillés aux bancs voisins des confessionnaux. Il s’approcha timidement et s’agenouilla au dernier banc de la nef, plein de reconnaissance pour la paix, le silence et l’ombre odorante de l’église. La planche sur laquelle il posait les genoux était étroite et usée, et ceux qui se tenaient à genoux près de lui étaient d’humbles serviteurs de Jésus. Jésus aussi était né dans la pauvreté, Il avait travaillé dans l’échoppe d’un charpentier, sciant et rabotant les planches ; Il avait parlé du royaume de Dieu d’abord à de pauvres pêcheurs, apprenant à tous les hommes à être doux et humbles de cœur.

    Il inclina la tête sur ses mains, ordonnant à son cœur d’être doux et humble, afin qu’il pût ressembler aux hommes agenouillés auprès de lui et que sa prière fût aussi acceptable que les leurs. Il priait près d’eux, mais c’était difficile. Son âme était infectée par le péché, il n’osait implorer le pardon avec la simple foi de ceux que Jésus, par les voies mystérieuses de Dieu, avait appelés les premiers à Ses côtés, charpentiers, pêcheurs, pauvres et simples gens exerçant un modeste métier, maniant et façonnant le bois des arbres, raccommodant leurs filets avec patience.

    Une haute silhouette s’avança le long du bas-côté et les pénitents s’agitèrent ; alors, levant un regard furtif, au dernier moment, il distingua une longue barbe grise et le froc brun d’un capucin. Le prêtre entra dans le confessionnal51 et disparut à la vue. Deux pénitents se levèrent et pénétrèrent de chaque côté. Le volet coulissa et le faible murmure d’une voix troubla le silence.

    Le sang se mit à murmurer dans ses veines, à murmurer comme une cité corrompue appelée du fond de son sommeil pour entendre sa condamnation. De petites flammèches tombaient, des poussières de cendre tombaient doucement, se posant sur les demeures des hommes. Ils s’agitaient, éveillés de leur sommeil, incommodés par l’air surchauffé.

    Le volet se referma. Le pénitent émergea du flanc du confessionnal. L’autre volet fut tiré. Une femme pénétra avec une tranquille aisance là où venait de s’agenouiller le premier pénitent. Le faible murmure reprit.

    Il pouvait encore quitter la chapelle. Il pouvait se lever, mettre un pied devant l’autre, sortir doucement, et puis courir, courir, courir, vite, par les rues obscures. Il pouvait encore échapper à la honte. Oh, quelle honte ! Son visage brûlait de honte. Si seulement il s’était agi de n’importe quel crime terrible, et non de ce péché-là ! S’il s’était agi d’un meurtre ! De petites flammèches tombaient et l’attaquaient de toutes parts, pensées honteuses, paroles honteuses, actes honteux. La honte le couvrait tout entier, comme une fine cendre ardente tombant sans cesse. Dire cela avec des mots ! Son âme, suffoquée, impuissante, cesserait d’être.

    Le volet se referma. Un pénitent émergea de l’autre côté du confessionnal. Le volet plus proche fut tiré. Un pénitent entra là d’où le précédent venait de sortir. Un faible bruit chuchotant s’exhalait du confessionnal en bouffées vaporeuses. C’était la femme ; de faibles bouffées chuchotantes, une douce vapeur chuchotante, chuchotante et expirante.

    Il se frappa la poitrine du poing, humblement, en cachette, derrière l’accoudoir de bois. Il serait réconcilié avec les autres et avec Dieu. Il aimerait son prochain. Il aimerait Dieu qui l’avait créé et qui l’aimait. Il s’agenouillerait et prierait parmi les autres, il serait heureux. Dieu abaisserait Son regard sur lui comme sur eux et les aimerait tous.

    Il était facile d’être bon. Le joug de Dieu était doux et léger52. Il eût mieux valu n’avoir jamais péché, être resté toujours enfant, car Dieu aimait les petits enfants et les laisserait venir à Lui. Un péché, c’est une chose terrible et triste. Mais Dieu était clément aux pauvres pécheurs repentants. Comme c’était vrai ! C’était effectivement de la bonté.

    Le volet se ferma brusquement. Le pénitent sortit. C’était son tour. Il se leva avec terreur et pénétra comme un aveugle dans le confessionnal.

    Enfin, c’était arrivé. Il s’agenouilla dans l’obscurité silencieuse et leva les yeux vers le crucifix blanc suspendu au-dessus de lui. Dieu pouvait voir qu’il se repentait. Il allait dire tous ses péchés. Sa confession allait être longue, longue. Alors chacun dans la chapelle saurait quel pécheur il avait été. Qu’ils le sachent ! C’était vrai ! Mais Dieu avait promis de lui pardonner s’il regrettait. Il regrettait. Il joignit les mains et les leva vers la forme blanche, priant avec ses yeux obscurcis, priant avec tout son corps tremblant, balançant la tête comme une créature perdue, priant avec des lèvres gémissantes.

    – Je regrette ! Je regrette ! Oh, je regrette !

    Le volet joua en claquant et son cœur bondit dans sa poitrine. Le visage d’un vieux prêtre se montra au grillage, détourné de lui, appuyé sur une main. Il fit le signe de la croix et pria le prêtre de le bénir, car il avait péché. Puis, baissant la tête, il récita le Confiteor avec frayeur. Aux mots : ma plus grande faute, il s’arrêta, hors d’haleine.

    « Combien de temps y a-t-il depuis votre dernière confession, mon enfant ?

    – Il y a longtemps, mon père.

    – Un mois, mon enfant ?

    – Plus que cela, mon père.

    – Trois mois, mon enfant ?

    – Plus que cela, mon père.

    – Six mois ?

    – Huit mois, mon père. »

    Il avait commencé. Le prêtre demanda :

    « Et que pouvez-vous vous rappeler, depuis ce temps ? »

    Il se mit à confesser ses péchés : messes manquées, prières omises, mensonges.

    « Autre chose encore, mon enfant ? »

    Péchés de colère, d’envie, de gourmandise, de vanité, de désobéissance.

    « Autre chose encore, mon enfant ?

    – De la paresse.

    – Autre chose encore, mon enfant ? »

    Il n’y avait plus moyen de reculer. Il murmura :

    « J’ai… commis des péchés d’impureté, mon père. »

    Le prêtre ne tourna pas la tête.

    « Avec vous-même, mon enfant ?

    – Et… avec d’autres.

    – Avec des femmes, mon enfant ?

    – Oui, mon père.

    – Étaient-ce des femmes mariées, mon enfant ? »

    Il n’en savait rien. Ses péchés s’écoulaient de ses lèvres un à un, s’écoulaient en gouttes de honte du fond de son âme, qui suppurait et suintait comme une plaie en un flux de vice infect. Les derniers péchés sortirent en gouttes traînantes, immondes. Il ne restait plus rien à dire. Il courba la tête, vaincu.

    Le prêtre demeura silencieux. Puis il demanda :

    « Quel âge avez-vous, mon enfant ?

    – Seize ans, mon père. »

    Le prêtre se passa la main sur le visage, à plusieurs reprises. Puis, posant son front sur sa main, il se pencha vers le grillage et, le regard toujours détourné, parla lentement. Sa voix était fatiguée et vieille.

    « Vous êtes bien jeune, mon enfant, dit-il : laissez-moi vous adjurer de renoncer à ce péché. C’est un péché terrible. Il tue le corps et il tue l’âme. Il est la cause de bien des crimes et de bien des malheurs. Renoncez-y, mon enfant, pour l’amour de Dieu. Il est dégradant, il est indigne d’un homme. Vous ne savez pas jusqu’où cette déplorable habitude vous conduira, ni à quel moment elle se retournera contre vous. Aussi longtemps que vous continuerez à commettre ce péché, mon pauvre enfant, vous ne vaudrez pas un liard aux yeux de Dieu. Priez notre Mère Marie de vous venir en aide. Elle vous viendra en aide, mon enfant. Priez Notre Dame chaque fois que ce péché se présentera à votre esprit. Je suis sûr que vous le ferez, n’est-il pas vrai ? Vous vous repentez de tous ces péchés. J’en suis sûr. Et vous allez maintenant promettre à Dieu qu’avec le secours de Sa Sainte Grâce vous ne l’offenserez plus par ce vilain péché. Vous allez faire cette promesse solennelle à Dieu, n’est-ce pas ?

    – Oui, mon père. »

    La vieille voix fatiguée tombait comme une douce pluie sur son cœur tremblant et desséché. Comme c’était doux et triste !

    « Faites-le, mon pauvre enfant. Le diable vous avait égaré. Repoussez-le dans l’enfer lorsqu’il vous incite à déshonorer ainsi votre corps, cet esprit ignoble qui hait Notre Seigneur. Promettez maintenant à Dieu de renoncer à ce péché, à ce péché de malheur ! oui ! de malheur ! »

    Aveuglé par les larmes et par l’éclat de la miséricorde divine, Stephen pencha la tête, écouta les graves paroles de l’absolution, vit la main du prêtre levée sur lui en signe de pardon.

    « Dieu vous bénisse, mon enfant. Priez pour moi. »

    Il s’agenouilla pour faire sa pénitence dans un coin de la nef obscure. Et ses prières s’élevèrent au ciel du fond de son cœur purifié, comme un parfum qui monte en jaillissant du cœur d’une rose blanche.

    Les rues boueuses étaient pleines de gaieté. Il courut

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