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    2. Portrait de l'artiste en jeune homme
    3. Chapitre 31
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    à leurs cœurs :

    « Joignez vos mains, Stephen et Emma. Voici un beau soir dans les cieux. Vous avez commis une faute, mais vous êtes toujours mes enfants. Voici un cœur qui aime un autre cœur. Joignez vos mains, mes chers enfants, et vous serez heureux ensemble, et vos cœurs s’aimeront. »

    La chapelle était inondée d’une terne clarté écarlate filtrant à travers les stores baissés, mais par l’interstice entre le bord du store et le châssis de la fenêtre, un trait de lumière blafarde entrait comme une lance, effleurant les cuivres sculptés des candélabres sur l’autel qui brillait comme l’armure des anges cabossée dans la bataille.

    La pluie tombait sur la chapelle, sur le jardin, sur le collège. Il pleuvrait à n’en plus finir, sans bruit. L’eau allait monter peu à peu, recouvrir l’herbe et les arbustes, recouvrir les arbres et les maisons, recouvrir les monuments et les sommets des montagnes. Toute vie allait être étouffée, sans bruit : oiseaux, hommes, éléphants, porcs, enfants, – cadavres flottant sans bruit dans le chaos du naufrage universel. Quarante jours et quarante nuits, la pluie allait tomber, jusqu’à ce que la face de la terre disparaisse sous les eaux.

    Cela pouvait arriver. Pourquoi pas ?

    « L’enfer s’est élargi, il a ouvert sa gueule sans mesure, – ces paroles, mes chers petits frères en Jésus-Christ, sont empruntées au livre d’Isaïe, chapitre cinquième, verset quatorzième. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen. »

    Le prédicateur sortit de la poche intérieure de sa soutane une montre sans chaîne, et après en avoir contemplé le cadran un instant en silence, il la plaça silencieusement sur la table à côté de lui.

    Il commença à parler sur un ton calme.

    « Adam et Ève, mes chers enfants, furent, comme vous le savez, nos premiers parents ; vous vous rappellerez qu’ils furent créés par Dieu afin que les sièges célestes, demeurés vacants après la chute de Lucifer et de ses anges rebelles, pussent trouver de nouveaux occupants29. Lucifer, nous dit-on, était un fils du matin, un ange puissant et radieux ; cependant il tomba ; il tomba, et avec lui tomba le tiers des milices célestes ; il tomba et fut précipité dans l’enfer en compagnie de ses anges rebelles. Quel avait été son péché, nous ne saurions le dire. Les théologiens considèrent que ce fut le péché d’orgueil, la pensée coupable, conçue en un instant : non serviam, – je ne servirai point. Cet instant fut sa perte. Il avait offensé la majesté de Dieu par la coupable pensée d’un seul instant et Dieu le chassa à jamais du ciel dans l’enfer.

    « Adam et Ève furent donc créés par Dieu et placés dans l’Éden, dans la plaine de Damas, dans ce magnifique jardin resplendissant de lumières et de couleurs, débordant de végétation luxuriante. La terre féconde les comblait de ses dons : les bêtes et les oiseaux étaient leurs esclaves consentants ; ils ignoraient les maux qui constituent l’héritage de notre chair, la maladie, la pauvreté, la mort ; tout ce qu’un Dieu puissant et généreux pouvait faire en leur faveur était fait. Mais il y avait une condition que Dieu leur avait imposée : l’obéissance à Sa parole. Ils ne devaient point manger le fruit de l’arbre défendu.

    « Hélas, mes chers petits enfants, eux aussi ils tombèrent. Satan, ange rayonnant naguère et fils du matin, devenu un vil démon, vint à eux sous la forme du serpent, le plus subtil des animaux de la plaine. Il les enviait. Lui, le puissant déchu, ne pouvait supporter l’idée qu’un homme, créature d’argile, jouît de l’héritage qu’il avait lui-même à jamais perdu à cause de son péché. Il s’approcha de la femme, vase plus accessible, et versa le poison de son éloquence dans son oreille, lui promettant – (et quel blasphème dans cette promesse !) – que, si elle et Adam mangeaient du fruit défendu, ils deviendraient pareils à des dieux, bien plus : à Dieu lui-même. Ève céda à l’artifice de l’archi-tentateur. Elle mangea la pomme et en donna à Adam qui n’eut pas le courage moral de lui résister. La langue envenimée de Satan avait accompli son œuvre. Ils tombèrent.

    « Alors la voix de Dieu se fit entendre dans ce jardin, appelant l’homme, Sa créature, pour qu’il lui rendît compte de ses actions. Et Michel, prince des milices célestes, une épée de flamme à la main, parut devant les deux coupables et les chassa de l’Eden dans le monde, ce monde de maux et de luttes, de cruauté et de déceptions, de labeur et de privations, pour y gagner leur pain à la sueur de leur front. Mais, alors même, quelle ne fut pas la miséricorde de Dieu ! Il eut pitié de nos pauvres parents déchus et leur promit que, les temps révolus, Il ferait descendre du ciel Celui qui les rachèterait, qui en ferait de nouveau les enfants de Dieu, les héritiers du royaume céleste ; et Celui-là, ce Rédempteur de l’homme déchu, devait être le Fils unique de Dieu, la Deuxième Personne de la Très Sainte Trinité, le Verbe Éternel.

    « Il vint. Il naquit d’une vierge immaculée, Marie la vierge mère. Il naquit dans une pauvre étable de Judée et mena la vie d’un humble charpentier, trente années durant, jusqu’à ce qu’arrivât l’heure de remplir Sa mission. Alors, plein d’amour pour l’humanité, Il sortit au grand jour et appela les hommes pour leur annoncer l’évangile nouveau.

    « L’écoutèrent-ils ? Oui, ils l’écoutaient, mais ils ne l’entendaient point. Il fut arrêté et enchaîné comme un vulgaire criminel, raillé comme un insensé, rejeté au profit d’un brigand, flagellé de cinq mille coups de lanières, couronné d’une couronne d’épines, poussé à travers les rues par la populace juive et la soldatesque romaine, dépouillé de Ses vêtements, cloué sur un gibet, et Son flanc fut percé d’une lance, et du corps blessé de notre Seigneur l’eau et le sang se mirent à couler.

    « Et cependant, même alors, en cette heure de suprême agonie, notre Rédempteur miséricordieux prenait en pitié le genre humain. Cependant, c’est là même, sur le mont du Calvaire, qu’il fonda la Sainte Église catholique contre laquelle, selon Sa promesse, ne prévaudront point les portes de l’enfer. Il la fonda sur le roc des siècles, et la dota de Sa grâce, de sacrements et de sacrifices, et Il promit que, si les hommes obéissaient aux commandements de Son Église, ils entreraient malgré tout dans la vie éternelle, mais que si, après tout ce qui avait été fait en leur faveur, ils persistaient dans leur méchanceté, il leur serait réservé une éternité de torture : l’enfer. »

    La voix du prédicateur défaillit. Il fit une pause, joignit ses paumes un instant, les écarta. Puis il reprit :

    « Maintenant, essayons pendant quelques minutes de nous représenter dans la mesure du possible la nature de ce séjour des damnés que la justice d’un Dieu offensé appela à l’existence pour le châtiment éternel des pécheurs. L’enfer est une prison étroite, sombre et fétide, un séjour de démons et d’âmes perdues, plein de flammes et de fumées. L’exiguïté de cette prison est spécialement destinée par Dieu à punir ceux qui ont refusé d’être liés par Ses lois. Dans les geôles terrestres, le pauvre captif a du moins une certaine liberté de mouvement, ne serait-ce qu’entre les quatre murs de sa cellule ou bien dans la cour lugubre de sa prison. Il n’en est pas de même en enfer. Là, en raison du grand nombre de damnés, les prisonniers sont entassés les uns sur les autres dans leur horrible prison dont les murailles, dit-on, ont quatre milliers de milles d’épaisseur ; et les damnés sont si complètement immobilisés, si impuissants, que, – selon un bienheureux saint, saint Anselme, qui en parle dans son livre des Similitudes, – ils n’ont même pas la possibilité d’écarter de leur œil un ver qui les ronge30.

    « Ils sont plongés dans les ténèbres extérieures, car, rappelez-vous ceci : Les flammes de l’enfer ne produisent aucune clarté. De même que, sur l’ordre de Dieu, le feu de la fournaise de Babylone perdit sa chaleur, mais non sa clarté, de même, sur l’ordre de Dieu, le feu de l’enfer, tout en conservant l’intensité de sa chaleur, brûle éternellement dans l’obscurité. C’est une incessante tempête de ténèbres, de noires flammes et de noires fumées de soufre brûlant, parmi lesquelles les corps sont entassés les uns sur les autres, sans le moindre souffle d’air. De toutes les plaies qui avaient frappé le pays des Pharaons, une seule, la plaie des ténèbres, avait été qualifiée d’horrible. Quel nom donnerons-nous donc aux ténèbres de l’enfer, qui doivent durer non pas trois jours, mais toute l’éternité ?

    « L’horreur de cette prison étroite et sombre s’accroît de son effroyable puanteur. Toutes les immondices du monde, tout le fumier, toute l’écume du monde s’écouleront là, nous dit-on, comme en un vaste cloaque fumant, quand la terrible conflagration du dernier jour aura purgé le monde. D’autre part, le soufre qui y brûle en si prodigieuse quantité remplit tout l’enfer de sa puanteur intolérable ; et les corps des damnés eux-mêmes exhalent une odeur si pestilentielle que, selon saint Bonaventure, un seul d’entre eux suffirait à infecter le monde entier. L’air de notre monde, cet élément si pur, devient lui-même fétide, irrespirable lorsqu’il a été longtemps renfermé. Jugez donc quelle doit être la fétidité de l’air dans l’enfer. Imaginez un cadavre fétide et putride, pourri, décomposé au fond d’un tombeau, un amas gélatineux de corruption liquide. Imaginez ce cadavre livré aux flammes, dévoré par le feu du soufre brûlant répandant l’épaisse et suffocante odeur de décomposition répugnante et nauséabonde. Et puis imaginez

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