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    2. Nouvelles Mille et une Nuits
    3. Chapitre 9
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    anciennes poudres. C’est donc la derrière fois, à moins d’un miracle, qu’Henry Jekyll peut penser ses propres pensées et voir, dans la glace, son propre visage, – si terriblement altéré. Il faut d’ailleurs que je termine sans retard. Si la métamorphose survenait tandis que j’écris, Hyde mettrait ces pages en pièces ; mais si quelque temps s’écoule après que je les aurai cachées, son égoïsme prodigieux, sa préoccupation unique du moment présent les préserveront sans doute, une fois encore, de son dépit de singe en colère. Et, de fait, la destinée qui s’accomplit pour nous deux l’a déjà modifié, écrasé. Avant une demi-heure, quand je serai rentré pour toujours dans cette individualité abhorrée, je sais que je serai assis à frémir et à pleurer là-bas sur cette chaise, ou que je reprendrai, l’oreille fiévreusement tendue à tous les bruits, une éternelle promenade de long en large dans cette chambre, mon dernier refuge terrestre. Hyde périra-t-il sur l’échafaud ou bien trouvera-t-il le courage de se délivrer lui-même ? Dieu le sait… peu m’importe ; ceci est l’heure de ma mort véritable, ce qui suivra regarde un autre moi-même. Ici donc, tandis que je dépose la plume, s’achève la vie du malheureux Henry Jekyll… »

    ………………………………………………………………………………

    On voit que M. Stevenson a mêlé ici le merveilleux à la science, comme ailleurs il l’a fait entrer dans la vie quotidienne. Il s’est inspiré sans doute d’ouvrages récents, tels que la Morphologie générale, où Haeckel, d’accord avec Gegenbaur, étend à tous les êtres vivants une théorie appliquée aux plantes par Gaudichaud : chacune d’elles se trouverait être, suivant lui, une sorte de polypier. De même, selon Haeckel, l’animal ne serait qu’un groupe d’individualités enchevêtrées et superposées ; on y distinguerait jusqu’à sept degrés différents ; nous aurions conscience d’un de ces degrés, notre moi, sans avoir conscience du moi des autres. Sur ce point, M. Stevenson altère la théorie scientifique pour les besoins de la psychologie, et nul n’aura le pédantisme de le lui reprocher. Très probablement les découvertes plus ou moins fondées de la science fourniront à mesure des matériaux précieux à la littérature de fiction ; elles permettront notamment de prendre pour point de départ des sujets fantastiques, tout autre chose que la magie ou les vieux pactes infernaux. Ce qu’on peut redouter, c’est que les romanciers n’abusent de ces nouvelles richesses assez dangereuses, tous n’ayant pas, pour y toucher, la main aussi légère que M. Stevenson.

    Mais encore que nous estimions fort cette légèreté, il nous semble qu’elle n’a ici qu’un prix secondaire, et que la leçon de morale qui se dégage du roman établit sa réelle valeur. Chacun de nous n’a-t-il pas senti, en lui, le combat de deux natures distinctes et le pouvoir démesuré que prend la moins noble des deux, quand l’autre se prête à ses caprices ? Chacun de nous ne se rappelle-t-il pas le moment précis où il a trouvé difficile de faire rentrer dans l’ordre celui qui doit toujours rester à son rang subalterne ? L’histoire du docteur Jekyll atténuée, réduite à des proportions moins saisissantes, est celle du grand nombre. Où M. Stevenson atteint au tragique, c’est dans le passage si court et si poignant où il nous fait assister au réveil involontaire de Jekyll sous les traits de Hyde, lorsque le regard de l’honnête homme se fixe pour la première fois épouvanté sur cette main velue, sur cette main de bête, étendue sur les draps du lit, et qui est la sienne ; c’est encore dans la page terrible où le docteur, si généralement vénéré, reprend au milieu du parc qu’il traverse, en se remémorant ses plaisirs furtifs, la figure de l’être abject et criminel que poursuit la police ; c’est enfin dans la conversation pleine d’angoisse qu’il a par la fenêtre avec son ami, quand le rideau s’abaisse précipitamment sur la figure de Hyde intervenue à l’improviste. Jamais les conséquences de l’abandon de la volonté, jamais la revanche de la conscience, n’ont été personnifiées d’une façon plus terrible. Dans ce récit, sans le secours d’une seule figure de femme, l’intérêt passionné ne languit pas une minute. Après l’avoir dévoré jusqu’à la dernière ligne, car il ne livre son secret qu’à la fin, on revient à la partie symbolique avec une sorte d’angoisse. Ce merveilleux est si terriblement humain ! Jusqu’ici, M. Stevenson, tout expert qu’il soit à captiver l’attention de ses lecteurs, n’avait su que les amuser et les effrayer tour à tour ; cette fois, il les fait penser ; il touche aux fibres les plus secrètes et les plus profondes de l’âme ; il assure notre pitié à son triste héros, tant la perte définitive de l’empire de l’homme sur lui-même est un spectacle déchirant, tant il y a d’horreur tragique dans l’instant où ce qui a été, au début, complaisance coupable et bientôt criminelle, devient malheur involontaire, disgrâce passivement subie, maladie mortelle. Vous étiez tout à l’heure une créature responsable et libre, vous pouviez vous guérir, l’occasion s’offrait : un retard, indifférent en apparence, a tout perdu ; ce retard a suffi pour que vous ne soyez plus qu’un jouet déplorable de la fatalité. Peut-être le docteur Jekyll aurait-il pu secouer encore le joug de Hyde, si, après avoir renoncé à l’usage de la drogue maudite, il s’était défendu des faiblesses communes à presque tous les hommes, des indignes jouissances dont il n’abuse plus, mais qu’il recommence à goûter avec modération, clandestinement. Ce n’est pas le meurtre commis par Hyde, c’est un retour honteux de Jekyll à sa primitive faiblesse qui décide de l’affreuse catastrophe. Le docteur se fait personnellement complice du monstre qu’il craint désormais d’appeler, mais qui, sans qu’il l’appelle, est devenu maître d’envahir sa vie. Il y a là un point bien délicat et supérieurement traité. L’Écossais, avec son sentiment implacable de la justice, s’y révèle.

    On peut attendre beaucoup, assurément, de celui qui a su tirer, du mystère de la dualité humaine, des effets semblables. M. Stevenson dédaigne encore une certaine habileté nécessaire dans la conduite des événements. L’acte de cruauté commis par Hyde, au premier chapitre, envers la petite fille qui se trouve, on ne sait comment, la nuit, au coin d’une rue déserte, semble bien insuffisamment indiqué ; le meurtre de sir Danvers Carew reste plus vague encore et fait l’effet, tel qu’il le présente, d’une scène d’ombres chinoises enfantine, presque ridicule. Nombre de personnages sont évoqués, puis abandonnés, selon les exigences du récit, auquel d’ailleurs rien ne les rattache. Il faut que quelqu’un ait vu, que quelqu’un porte témoignage ; l’auteur tire de sa botte une nouvelle marionnette ; elle parle, remplit une lacune, puis disparaît… artifice vraiment trop grossier. Les ficelles de l’art, quand on y a recours, doivent être soignées. Docteur Jekyll est, somme toute, un roman, et les amateurs de romans tiennent à ces accessoires ; ils y tiennent même jusqu’à permettre qu’ils usurpent trop souvent la première place, dissimulant, sous un certain machinisme, le vide presque absolu du fond. Ce n’est certes pas le fond qui manque ici, et on ne peut qu’encourager M. Stevenson à persévérer, en s’y perfectionnant, dans cette curieuse psychologie sensationnelle, mais ne méprisons pas trop pour cela les pages faciles et brillantes dédiées aux enfants de tout âge par la plume qui traça en se jouant Treasure Island et New Arabian Nights

    [1] .

    Th. Bentzon

    Le Club du suicide

    Histoire du jeune homme aux tartes à la crème

    Lors de son séjour à Londres, le prince Florizel de Bohême conquit l’affection de toutes les classes de la société par le charme de ses manières, la culture de son esprit et sa générosité. Ce qu’on savait de lui suffisait à révéler un homme supérieur ; encore ne connaissait-on qu’une bien petite partie de ses actes. Malgré son calme apparent dans les circonstances ordinaires de la vie et la philosophie avec laquelle il considérait toutes les choses de ce monde, le prince de Bohême aimait l’aventure, et ses goûts sous ce rapport ne cadraient guère avec le rang où l’avait placé sa naissance.

    De temps en temps, lorsqu’il n’y avait de pièce amusante à voir dans aucun des théâtres de Londres, lorsque la saison n’était favorable ni à la chasse ni à la pêche, ses plaisirs de prédilection, il proposait à son grand écuyer, le colonel Geraldine, une excursion nocturne. Geraldine était la bravoure même ; il accompagnait volontiers son maître. Nul ne s’entendait comme lui à inventer d’ingénieux déguisements ; il savait conformer non seulement sa figure et ses manières, mais sa voix et presque ses pensées à quelque caractère, à quelque nationalité que ce fût ; de cette façon il protégeait l’incognito du prince et il lui arrivait parfois d’être admis avec lui dans des cercles fort étranges. Jamais la police n’était instruite de ces périlleuses équipées, le courage imperturbable de l’un des compagnons, la présence d’esprit, l’adresse et le dévouement de l’autre suffisaient à les sauver de tous les périls.

    Un soir, au mois de mars, ils furent poussés par des tourbillons de neige vers un bar voisin de Leicester-Square. Le colonel Géraldine jouait, cette fois, le rôle d’un petit journaliste réduit aux expédients ; le prince avait, comme d’habitude, changé complètement sa physionomie par l’addition de grands favoris et d’une paire de larges sourcils postiches. Ainsi défiguré, il pouvait, quelque connu qu’il fût, défier les gens de soupçonner son identité. Les deux compagnons savouraient donc à petits coups un mélange d’eau de seltz et de rhum dans une entière sécurité.

    Le bar était rempli de buveurs, hommes et femmes ; plusieurs d’entre eux avaient essayé de lier conversation avec les nouveaux venus, mais aucun ne paraissait offrir la moindre particularité intéressante. Il

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    Tags:
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