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    2. Nouvelles Mille et une Nuits
    3. Chapitre 40
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    jeune Scrymgeour resta pétrifié, anéanti, les yeux rivés sur l’écrin grand ouvert, dans l’attitude d’un homme frappé d’idiotisme.

    Une voix, calme et impérieuse tout ensemble, lui glissa ces mots :

    « Fermez cet écrin et faites bonne contenance. »

    En levant les yeux, Francis vit devant lui un homme de la physionomie la plus distinguée, jeune encore et vêtu avec une élégante simplicité ; il avait quitté l’une des tables voisines et, apportant son verre, était venu s’asseoir près de Francis.

    « Fermez cet écrin, répéta l’étranger, et remettez-le dans votre poche, où je suis persuadé qu’il n’aurait jamais dû se trouver. Tâchez de perdre cet air abasourdi et traitez-moi comme si j’étais une personne de votre connaissance, rencontrée par hasard. Allons, vite, trinquez avec moi. Voilà qui est mieux. Vous n’êtes qu’un amateur, monsieur, je suppose ? »

    L’inconnu prononça ces mots avec un sourire plein de sous-entendus et se renversa sur sa chaise en lançant dans l’air une ample bouffée de tabac.

    « Pour l’amour de Dieu, dit Francis, apprenez-moi qui vous êtes et ce que veut dire tout ceci. J’obéis à vos injonctions, et vraiment je ne sais pas pourquoi ; mais j’ai traversé ce soir tant d’aventures bizarres, et tous ceux que je rencontre se conduisent si singulièrement, que j’en arrive à croire que j’ai perdu la tête ou que je voyage dans une autre planète. Votre physionomie m’inspire confiance, monsieur ; vous paraissez être un homme d’expérience, sage et bon ; dites-moi pourquoi vous m’abordez ainsi.

    – Chaque chose a son temps, répondit l’étranger ; j’ai le pas sur vous. Commencez par me dire, vous, comment il se fait que le diamant du Rajah soit en votre possession.

    – Le diamant du Rajah ! répéta Francis.

    – À votre place je ne parlerais pas si haut. Oui, monsieur, le diamant du Rajah ; c’est lui que vous avez dans votre poche, et cela sans aucun doute. Je le connais bien, l’ayant vu plus de vingt fois dans la collection de sir Thomas Vandeleur.

    – Sir Thomas Vandeleur ?… Le général… mon père !

    – Votre père ! Je ne savais pas que le général Vandeleur eût des enfants.

    – Monsieur, je suis fils naturel », répondit Francis en rougissant.

    L’autre s’inclina d’un air grave : ce fut le salut d’un homme qui s’excuse silencieusement auprès de son égal, et Francis se sentit aussitôt rassuré, réconforté, toujours sans savoir pourquoi. La présence de cet inconnu lui faisait du bien et lui inspirait confiance ; il lui semblait toucher la terre ferme. Un sentiment de respect involontaire le poussa tout à coup à ôter son chapeau, comme s’il se fût trouvé en présence d’un supérieur.

    « Je vois, dit l’étranger, que vos aventures n’ont pas été d’un genre précisément pacifique. Votre col est déchiré, votre visage porte des égratignures et vous avez une blessure à la tempe. Peut-être excuserez-vous ma curiosité si je vous demande de m’expliquer la cause de ces accidents et comment il se fait qu’un objet volé de pareille valeur se trouve dans votre poche.

    – Détrompez-vous, repartit Francis avec beaucoup de vivacité ; je ne possède aucun objet volé. Si vous faites allusion au diamant, je l’ai reçu, il n’y a pas une heure, des mains mêmes de miss Vandeleur, rue Lepic.

    – Miss Vandeleur ! rue Lepic ! Vous m’intéressez plus que vous ne croyez, monsieur. Continuez, je vous prie.

    – Ciel !… » s’écria Francis.

    Un éclair venait de traverser sa mémoire. N’avait-il pas vu Mr. Vandeleur plonger sa main dans le gilet de son convive évanoui pour y saisir quelque chose ? Ce quelque chose, il en avait maintenant la certitude, c’était un étui en maroquin !

    « Vous trouvez une piste ? demanda l’étranger.

    – Écoutez, répondit Francis ; je ne sais qui vous êtes, mais je vous crois capable de me venir en aide. Je suis dans une situation inextricable, j’ai besoin de conseil et d’appui ; puisque vous m’y invitez, je vais tout vous dire. »

    Et il lui raconta brièvement son odyssée depuis le jour où il avait été appelé chez l’avoué, à Édimbourg.

    « Cette histoire n’est pas banale, dit l’étranger, quand le jeune homme eut fini, et votre position est certainement scabreuse. Bien des gens vous conseilleraient de chercher votre père pour lui remettre le diamant ; quant à moi, j’ai d’autres vues. – Garçon ! cria-t-il, priez le directeur de l’établissement de venir me parler. »

    Dans son accent, dans son attitude, Francis reconnut de nouveau l’habitude évidente du commandement. Le garçon s’éloigna et revint bientôt suivi du gérant de l’endroit, qui se confondait en saluts obséquieux.

    « Ayez la bonté de dire à monsieur mon nom, fit l’étranger en désignant Francis.

    – Monsieur, dit l’important fonctionnaire en s’adressant au jeune Scrymgeour, vous avez l’honneur d’être assis à la même table que Son Altesse le prince Florizel de Bohême. »

    Francis se leva précipitamment et s’inclina devant le prince, qui le pria de se rasseoir.

    « Merci, dit le prince Florizel au gérant ; je suis fâché de vous avoir dérangé pour si peu de chose. »

    Et, d’un signe de la main, il le congédia.

    « Maintenant, reprit-il en se tournant vers Francis, donnez-moi le diamant. »

    L’écrin lui fut remis aussitôt en silence.

    « Très bien ; vous agissez sagement. Toute votre vie vous vous féliciterez de vos infortunes de ce soir. Un homme, Mr. Scrymgeour, peut être assailli par des difficultés sans nombre ; mais, s’il a l’intelligence saine et le cœur vaillant, il sortira de toutes avec honneur. Ne vous tourmentez plus ; vos affaires sont entre mes mains, et, avec l’aide de Dieu, je saurai les amener à une heureuse issue. Suivez-moi, s’il vous plaît, jusqu’à ma voiture. »

    Le prince se leva et, laissant une pièce d’or au garçon, il conduisit le jeune homme à quelques pas du café, où l’attendaient deux domestiques sans livrée et un coupé fort simple.

    « Cette voiture, dit-il à Francis, est à votre disposition. Rassemblez vos bagages le plus promptement possible, et mes domestiques vous conduiront à une villa des environs de Paris où vous pourrez attendre tranquillement la conclusion de vos affaires. Vous trouverez là un jardin agréable, une bibliothèque bien composée, un cuisinier passable, de bons vins et quelques cigares que je vous recommande. Jérôme, ajouta-t-il, se tournant vers un des laquais, vous avez entendu ce que je viens de dire ; je vous confie Mr. Scrymgeour, vous veillerez à ce qu’il soit bien traité. »

    Francis balbutia quelques phrases de reconnaissance.

    « Il sera temps de me remercier, dit le prince, quand votre père vous aura reconnu et que vous épouserez Miss Vandeleur. »

    Sur ces mots, il s’éloigna, sans se presser, dans la direction de Montmartre. Un fiacre passait, il y monta en jetant une adresse au cocher ; un quart d’heure après, ayant congédié son cocher à l’entrée de la rue, il sonnait à la porte de Mr. Vandeleur.

    La grille fut ouverte avec précaution par le dictateur lui-même.

    « Qui êtes-vous ? demanda-t-il.

    – Vous excuserez cette visite tardive, Mr. Vandeleur.

    – Votre Altesse est toujours la bienvenue », répondit le vieillard en s’effaçant.

    Le prince pénétra dans le jardin, marcha droit à la maison et, sans attendre son hôte, ouvrit la porte du salon. Il y trouva deux personnes assises : l’une était miss Vandeleur, les yeux rougis par des larmes récentes ; un sanglot la secouait encore de temps en temps. Dans l’autre personne, Florizel reconnut un jeune homme qui, quelques semaines auparavant, l’avait abordé au club pour lui demander des renseignements littéraires.

    « Miss Vandeleur, dit Florizel en la saluant, vous paraissez fatiguée. Mr. Rolles, si je ne me trompe ? J’espère, monsieur, que vous avez tiré profit de l’étude de Gaboriau. »

    Le clergyman semblait absorbé dans des pensées amères ; il ne répondit pas et se contenta de saluer sèchement, tout en se mordant les lèvres.

    « À quel heureux hasard dois-je l’honneur de recevoir la visite de Votre Altesse ? demanda Vandeleur qui arrivait derrière le prince.

    – Je viens pour affaires, et, quand j’aurai terminé avec vous, je prierai Mr. Rolles de m’accompagner dans une petite promenade. Mr. Rolles, je vous ferai remarquer, par parenthèse, que je ne suis pas encore assis. »

    Le jeune ecclésiastique sauta sur ses pieds en s’excusant ; là-dessus le prince prit un fauteuil près de la table, tendit son chapeau à Vandeleur, sa canne à Rolles, et, les laissant debout près de lui, s’exprima en ces termes :

    « Je suis venu pour affaires, comme je vous l’ai dit ; mais, si j’étais venu pour mon plaisir, j’aurais été fort mécontent de votre accueil. Vous, Mr. Rolles, vous avez manqué de respect à votre supérieur ; vous, Vandeleur, vous me recevez le sourire aux lèvres, tout en sachant fort bien que vos mains ne sont pas pures. Je prétends ne pas être interrompu, monsieur, ajouta-t-il impérieusement, je suis ici pour parler et non pour écouter ; je vous prie donc de m’entendre avec respect et de m’obéir à la lettre. Dans le plus bref délai possible, votre fille épousera, à l’ambassade, Francis Scrymgeour, mon ami, fils reconnu de votre frère. Vous m’obligerez en donnant au moins dix mille livres sterling de dot. Quant à vous, je vous destine une mission de quelque importance dans le royaume de Siam, et je vous en aviserai par écrit. Maintenant, monsieur, répondez en deux mots. Acceptez-vous, oui ou non, ces conditions ?

    – Votre Altesse me permettra de lui adresser humblement deux objections, dit Vandeleur.

    – Je permets…

    – Votre Excellence a appelé Mr. Scrymgeour son ami ; si j’avais soupçonné qu’il fût l’objet d’un si grand privilège, je l’aurais traité avec un respect proportionné à cette faveur.

    – Vous interrogez adroitement, dit le prince ; mais je ne me laisse pas prendre à vos insinuations perfides.

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