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    2. Nouvelles Mille et une Nuits
    3. Chapitre 39
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    et qu’après l’avoir regardé un millième de seconde, il l’avait rapidement passé à sa fille. Tout cela s’était produit en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, tandis que Francis restait sur le seuil, un pied en l’air.

    Se précipitant aux genoux du dictateur :

    « Père ! s’écria-t-il, laissez-moi vous secourir. Traitez-moi en père et vous trouverez chez moi tout le dévouement d’un fils. »

    Une explosion de jurons formidables fut toute la réponse qu’il obtint.

    « Père, fils, fils, père ! Qu’est-ce que cette comédie ? Comment êtes-vous entré dans mon jardin, monsieur ? Et, par le diable, qui êtes-vous ? que voulez-vous ? »

    Abasourdi, Francis se releva sans mot dire.

    Tout à coup, comme frappé d’un trait de lumière, John Vandeleur se mit à rire bruyamment.

    « Je vois, s’écria-t-il, je comprends, c’est le Scrymgeour ! Très bien, Mr. Scrymgeour, très bien, je vais vous mettre en quelques mots au courant de votre situation. Vous vous êtes introduit chez moi par force, sinon par ruse, à coup sûr sans y être invité, et vous choisissez pour m’accabler de vos protestations de tendresse le moment où un hôte vient de s’évanouir à ma table. Je ne suis pas votre père ; puisque vous tenez à le savoir, vous êtes le fils naturel de mon frère et d’une marchande de poissons. J’avais pour vous une indifférence qui touche de près à l’antipathie, et d’après ce que je vois de votre conduite, votre esprit me paraît digne de votre extérieur. Je livre ces quelques remarques à vos méditations, et je vous prie avant tout de me débarrasser de votre présence. Si je n’étais pas occupé, ajouta-t-il avec un geste menaçant, vous recevriez la plus belle rossée que ce bras ait jamais donnée ! »

    Francis était pétrifié ; il eût voulu être à cent lieues de cette maison maudite ; mais, ne sachant comment s’en aller ni quel chemin prendre, il demeurait planté comme un piquet au milieu de la chambre. Miss Vandeleur rompit le silence.

    « Père, vous êtes en colère… vous parlez sans savoir… Mr. Scrymgeour a pu se tromper, mais ses intentions étaient bonnes.

    – Merci, ma fille ; vous me rappelez une autre observation que je crois devoir faire à M. Scrymgeour. Mon frère, monsieur, a été assez absurde pour vous accorder une pension. Il a eu la présomption et la sottise de vouloir vous marier à cette demoiselle ; vous lui avez été montré il y a deux jours, et j’ai le plaisir de vous annoncer qu’elle a repoussé avec dégoût l’idée d’une pareille union. Permettez-moi d’ajouter que j’ai beaucoup d’influence sur mon frère, et qu’il ne tiendra pas à moi qu’avant la fin de la semaine vous ne soyez renvoyé sans le sou à votre paperasserie. »

    Le ton du vieillard était, s’il est possible, plus blessant encore que ses paroles. Devant cette haine furieuse, Francis perdit la tête ; il cacha son visage entre ses mains et un sanglot souleva sa poitrine.

    Miss Vandeleur intervint de nouveau.

    « Mr. Scrymgeour, dit-elle d’une voix douce, ne vous affligez pas des paroles de mon père. Je ne ressens pour vous aucune aversion ; au contraire, j’ai demandé à faire avec vous plus ample connaissance ; ce qui se passe ce soir ne m’inspire, croyez-le bien, que beaucoup d’estime et de pitié. »

    À ce moment, Simon Rolles agita convulsivement le bras, il revenait à lui, n’ayant absorbé qu’un violent narcotique. Vandeleur se pencha, examina son visage, puis se releva en disant :

    « Allons, puisque vous êtes si satisfaite de sa conduite, prenez une lumière, mademoiselle, et montrez à ce bâtard le chemin de la porte. »

    La jeune fille s’empressa d’obéir.

    « Merci, lui dit Francis dès qu’ils furent seuls dans le jardin, merci du fond de l’âme. Vos paroles resteront dans ma mémoire comme un souvenir consolateur attaché à cette nuit, qui a été la plus cruelle de ma vie.

    – J’ai dit ce que je pensais, répondit-elle, j’étais indignée de vous voir si injustement traité. »

    Ils avaient atteint la porte de la rue, et miss Vandeleur, posant sa lumière sur le gravier, se mit à détacher les chaînes.

    « Encore un mot, dit Francis : est-ce que je ne dois plus vous revoir ?

    – Hélas ! vous avez entendu mon père. Je ne peux qu’obéir.

    – Dites au moins que ce n’est pas de votre plein gré… que ce n’est pas vous qui me chassez.

    – Non, dit-elle, vous me semblez un brave et honnête garçon.

    – Alors, donnez-moi un gage. »

    La main sur la dernière serrure, elle s’arrêta un instant ; tous les verrous étaient tirés, il ne restait plus qu’à pousser la porte.

    « Si j’y consens, répondit-elle, promettez-vous de m’obéir de point en point ?

    – Mademoiselle, tout ordre venant de vous m’est sacré. »

    Elle tourna la clef et ouvrit la porte.

    « Eh bien, soit ; mais vous ne savez pas ce que vous demandez. Quoi qu’il arrive et quoi que vous entendiez, ne revenez pas ici. Marchez le plus vite que vous pourrez jusqu’à ce que vous ayez atteint les quartiers éclairés et fréquentés, et là encore tenez-vous sur vos gardes ; vous êtes en péril plus que vous ne le pensez. Promettez-moi de ne pas regarder ce gage avant que vous ne soyez en sûreté.

    – Je le promets », répondit Francis.

    Elle lui mit dans la main un mouchoir roulé, et, le poussant dans la rue avec une vigueur dont il ne la croyait pas capable :

    « Maintenant, lui cria-t-elle, sauvez-vous ! »

    La porte retomba, loquets et verrous furent replacés.

    « Allons, se dit Francis, puisque j’ai promis !… »

    Et il descendit rapidement la rue. Il n’était pas à cinquante pas de la maison quand un cri diabolique retentit soudain dans le silence de la nuit. Instinctivement, il s’arrêta, un autre passant en fit autant, les habitants des maisons voisines se mirent aux fenêtres. Cet émoi semblait l’œuvre d’un seul homme, qui hurlait de rage et de désespoir, comme une lionne à qui l’on a volé ses petits, et Francis ne fut pas moins surpris qu’effrayé d’entendre son nom s’élever au milieu d’une volée de jurons en anglais. Son premier mouvement fut de retourner en arrière ; mais, se rappelant l’avis de miss Vandeleur, il pensa que le mieux était de hâter le pas, et il se remettait en marche, quand le dictateur, tête nue, cheveux au vent, criant et gesticulant, passa à côté de lui comme un boulet de canon.

    « Je l’ai échappé belle ! pensa Francis. Je ne sais pas ce qu’il peut me vouloir, mais il n’est certes pas bon à fréquenter pour le quart d’heure, et je ferai mieux d’obéir à cette aimable fille. »

    Il retourna sur ses pas pour prendre une rue latérale et gagner la rue Lepic, se laissant poursuivre de l’autre côté. Le calcul était mauvais. Il n’avait en réalité qu’une chose à faire : entrer dans le plus proche café, et laisser passer le gros de l’orage. Mais, outre que Francis n’avait pas l’expérience de la guerre, sa conscience très nette ne lui faisait appréhender rien de plus qu’une entrevue désagréable, chose dont il lui semblait avoir fait ce soir-là un apprentissage plus que suffisant. Il se sentait endolori de corps et d’esprit.

    Le souvenir de ses contusions lui rappela tout à coup que son chapeau était resté dans sa chambre et que ses vêtements avaient tant soit peu souffert de son passage à travers les branches du marronnier. Il entra dans le premier magasin venu, acheta un chapeau de feutre à larges bords et fit réparer sommairement le désordre de sa toilette. Quant au gage de miss Vandeleur, toujours dissimulé sous son mouchoir, il l’avait mis en sûreté dans la poche de son pantalon.

    À quelques pas de la boutique, il sentit un choc soudain : une main s’abattit sur son épaule, tandis qu’une bordée d’injures lui entrait dans les oreilles. C’était le dictateur, qui, ayant renoncé à rattraper sa proie, remontait chez lui par la rue Lepic.

    Francis était un robuste garçon, mais il ne pouvait lutter ni de force ni d’adresse avec un tel adversaire ; après quelques efforts stériles, il se rendit.

    « Que me voulez-vous ? demanda-t-il.

    – C’est ce que vous saurez là-bas », répondit l’autre d’un air farouche. Et il entraîna le jeune homme du côté de la maison aux persiennes vertes.

    Tout en paraissant renoncer à la lutte, Francis guettait l’instant propice pour se sauver. D’une brusque secousse, il se dégagea, laissant le col de son paletot dans la main de son agresseur, et il reprit sa course dans la direction du boulevard. Les chances étaient retournées ; si John Vandeleur était le plus fort, Francis était de beaucoup le plus agile des deux, et il fut bientôt perdu dans la foule. Il reprit haleine un instant, puis, de plus en plus intrigué et inquiet, il continua de marcher rapidement jusqu’à la place de l’Opéra, éclairée comme en plein jour par la lumière électrique.

    « Voilà qui suffirait, je pense, à miss Vandeleur », se dit-il.

    Tournant à gauche, il suivit le boulevard, entra au bar américain et demanda un bock. L’établissement était à peu près désert ; il était trop tôt ou trop tard pour les habitués. Deux ou trois messieurs étaient dispersés à des tables isolées ; mais Francis, absorbé dans ses propres réflexions, ne remarqua pas leur présence.

    Il s’installa dans un coin et tira le mouchoir de sa poche : l’objet qu’entourait ce mouchoir se trouva être un élégant étui en maroquin, qui, s’ouvrant par un ressort, découvrit aux yeux épouvantés du jeune homme un diamant de taille monstrueuse et d’un éclat extraordinaire. Le fait était si parfaitement inexplicable, la valeur de cette pierre si évidemment exceptionnelle, que le

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