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    2. Nouvelles Mille et une Nuits
    3. Chapitre 38
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    et il passa plus de temps à la fenêtre qu’à son bureau improvisé. Pourtant, à part le retour de miss Vandeleur, qui retrouva son père savourant un londrès sous la véranda, il n’eut rien à noter jusqu’à l’heure du déjeuner.

    Après avoir apaisé sa faim dans un restaurant du quartier, le jeune homme retourna rue Lepic, plus impatient que jamais. Surprise ! Un domestique à cheval et tenant la bride d’une jument sellée se promenait de long en large devant le mur du jardin. Le portier de Francis, adossé contre la porte, fumait sa pipe, tout en s’absorbant dans la contemplation de ce spectacle inusité.

    « Regardez, cria-t-il au jeune homme. La superbe bête ! Un frère de M. Vandeleur vient d’arriver en visite. C’est un grand homme, un général de votre pays ; vous devez bien le connaître de réputation.

    – Je n’ai jamais entendu parler d’un général Vandeleur, répondit Francis, mais nous avons bien des officiers de ce grade, et d’ailleurs mes occupations ont été exclusivement civiles.

    – C’est lui, reprit le portier, qui a perdu le grand diamant des Indes ; vous devez savoir cela, du moins, les journaux en ont assez parlé ! Aussitôt qu’il put se débarrasser de son concierge, Francis escalada ses étages et courut à la fenêtre. Les deux Vandeleur étaient assis sous le marronnier et causaient tout en fumant. Le général, petit homme rubicond et sanglé dans sa redingote, offrait une certaine ressemblance avec son frère, bien qu’il en fût plutôt la caricature ; il avait quelque chose de sa démarche dégagée et hautaine, mais il était beaucoup moins grand, plus vieux, plus commun, et, somme toute, il faisait assez triste mine à côté du dictateur.

    Penchés tous deux sur la table, ils paraissaient discuter avec animation, mais si bas que Francis attrapait à peine un mot par-ci par-là, ce qui lui suffit d’ailleurs pour se convaincre que la conversation roulait sur lui-même et sur sa carrière. Il saisit distinctement le nom de Scrymgeour, et s’imagina entendre celui de Francis.

    Tout à coup le général se leva, en proie à une violente colère et se répandit en exclamations.

    « Francis Vandeleur ! » cria-t-il en soulignant le second nom. « Francis Vandeleur, vous dis-je ! »

    Le dictateur fit de tout le corps un geste moitié affirmatif, moitié méprisant, mais sa réponse n’arriva pas jusqu’au jeune homme.

    Ce Francis Vandeleur, était-ce lui ? Discutaient-ils donc sous quel nom on allait le marier ? Lui-même était-il bien éveillé et ses sens égarés ne l’abusaient-ils pas ?

    L’entretien avait repris à voix basse ; puis, la discussion s’élevant sans doute de nouveau entre les deux frères, la voix du général éclata furieuse.

    « Ma femme ? criait-il, j’en ai par-dessus la tête. Qu’on ne m’en parle plus ; son nom même m’est odieux. »

    Et les jurons s’entremêlaient aux coups de poing qui pleuvaient sur la table.

    Son frère parut chercher à l’apaiser, et peu après le reconduisit. Ils échangèrent une poignée de mains suffisamment cordiale, mais, à peine la porte se fut-elle refermée sur le visiteur, que John Vandeleur partit d’un éclat de rire qui vint sonner comme un écho diabolique aux oreilles de Francis.

    La journée s’acheva sans amener rien de nouveau. Le jeune homme n’était guère plus avancé que la veille, mais il se consolait en pensant que le lendemain était le fameux mardi ; le sort s’acharnât-il contre lui, il ne pouvait manquer de faire quelque découverte importante.

    La journée fut longue ; comme l’heure du dîner approchait, les préparatifs commencèrent sous le marronnier. Sur une des tables que Francis apercevait entre les branches, on apporta des piles d’assiettes, les ingrédients de la salade, etc. ; sur l’autre on dressa le couvert, mais le feuillage la cachait presque entièrement à Francis et il devina plutôt qu’il ne vit de l’argenterie et une nappe blanche.

    Mr. Rolles arriva à sept heures précises ; il avait l’air méfiant d’un homme qui se tient sur ses gardes, parlant peu et bas. Le dictateur, au contraire, semblait fort joyeux ; son rire remplissait le jardin, et, aux modulations de sa voix, on devinait qu’il racontait des drôleries en imitant l’accent de différents pays. Avant même qu’ils eussent fini leur vermouth, tout sentiment de malaise semblait avoir disparu entre le jeune clergyman et son interlocuteur et ils bavardaient comme une paire de vieux amis.

    Miss Vandeleur fit enfin son entrée, apportant la soupière. Rolles se précipita pour lui offrir son secours, qu’elle refusa en riant, et il y eut un échange général de plaisanteries qui devaient avoir trait à cette manière primitive de se servir soi-même.

    « On est plus à l’aise », déclarait Mr. Vandeleur.

    Un instant après ils étaient assis autour de la table et Francis les perdit de vue ; malheureusement, il n’entendait guère plus qu’il ne voyait. À en juger par le babillage animé, par le bruit incessant de couteaux et de fourchettes qui sortaient du marronnier, le repas était gai, et Francis, qui grignotait un petit pain dans sa cachette, ne put se défendre d’un mouvement d’envie.

    Les convives causaient entre chaque plat et s’attardèrent plus longuement encore sur un dessert exquis arrosé d’un vin vieux débouché avec soin par le dictateur lui-même. La nuit était pure, étoilée, sans une brise ; il commençait à faire sombre cependant et deux bougies furent apportées sur le dressoir. Des flots de lumière émergeaient en même temps de la véranda. Le jardin se trouva donc absolument illuminé.

    Pour la dixième fois peut-être, miss Vandeleur rentra dans la maison ; elle revint cette fois portant la cafetière, qu’elle posa sur le dressoir ; au même instant son père se leva en disant :

    « Le café, c’est de mon département. »

    Francis le vit se dresser de toute sa haute taille. Sans cesser de causer par-dessus son épaule avec les autres convives, il remplit les deux tasses ; puis, par un mouvement de véritable prestidigitation, versa dans l’une d’elles le contenu d’une très petite fiole. La chose fut si vivement faite que celui qui ne le quittait pas des yeux eut à peine le temps de s’en apercevoir. Une seconde après, Mr. Vandeleur était retourné près de la table apportant les deux tasses.

    « Avant que nous ayons fini de boire, notre Juif sera sans doute ici », dit-il.

    Il est impossible de décrire l’effroi et l’angoisse de Francis. Quel complot se tramait donc là, devant lui ? Il se sentait moralement obligé d’intervenir, mais comment ? C’était peut-être une simple plaisanterie, et quelle mine ferait-il dans le cas où son avertissement tomberait à faux ? D’autre part, s’il y avait trahison, fallait-il dénoncer et perdre l’homme auquel il devait la vie ? Il commença là-dessus à s’apercevoir qu’il jouait un rôle d’espion. L’attente devenait une torture cruelle ; son cœur avait des palpitations irrégulières, ses jambes fléchissaient sous lui, une sueur froide l’inondait tout entier, il s’accrocha défaillant à l’appui de la fenêtre.

    Plusieurs minutes, des siècles, se passèrent. La conversation semblait languir ; tout à coup on entendit un verre se briser, en même temps qu’un autre bruit, sourd celui-là, comme si quelqu’un fût tombé le front sur la table. Puis un cri perçant déchira l’air.

    « Qu’avez-vous fait ? Il est mort ! disait miss Vandeleur.

    – Silence ! fit le terrible vieillard d’une voix si vibrante que Francis ne perdit pas un mot. Il se porte aussi bien que moi. Prenez-le par les talons, je vais le tenir par les épaules. »

    Des sanglots lui répondirent.

    « M’entendez-vous, reprit la même voix rude, ou faut-il vous faire obéir de force ? Choisissez, mademoiselle. »

    Il y eut une nouvelle pause, puis le dictateur continua d’un ton moins violent :

    « Prenez les pieds de cet homme, il faut que je le porte dans la maison. Ah ! si j’étais plus jeune, rien au monde ne me retiendrait. Mais aujourd’hui, l’âge, les dangers, tout est contre moi… mes mains tremblent et il faut que vous m’aidiez.

    – C’est un crime ! dit la jeune fille.

    – Je suis votre père. »

    Cet appel parut produire son effet ; Francis entendit piétiner le gravier, une chaise tomba, puis il vit le père et la fille traverser l’allée et disparaître sous la véranda, portant un corps inanimé, affreusement pâle, dont la tête pendait. Était-il mort ou vivant ? En dépit de l’affirmation de Mr. Vandeleur, Francis était fort inquiet. Un crime venait d’être commis, une catastrophe terrible s’abattait sur la maison aux persiennes vertes. À son grand étonnement, Francis sentit l’horreur et le mépris faire place chez lui à un sentiment de pitié pour le vieillard et pour l’enfant qu’un grand péril menaçait sans doute. Un élan généreux le poussa ; lui aussi lutterait avec son père contre le monde, la justice et la fatalité ; relevant brusquement la jalousie, il sauta sur la fenêtre, étendit les bras et se jeta, les yeux fermés, dans le feuillage du marronnier.

    Les branches craquaient sous lui sans qu’il pût en saisir une ; enfin un rameau plus fort se trouva sous sa main, il resta suspendu quelques secondes, puis, se laissant aller, tomba lourdement contre la table. Un cri d’alarme partit de la maison : sa singulière entrée n’était point passée inaperçue. Peu lui importait ; en trois bonds il fut sous la véranda.

    Dans une petite pièce, tapissée de nattes et entourée de vitrines remplies d’objets rares et précieux, Mr. Vandeleur était penché sur le corps du clergyman. Il se releva comme Francis entrait et quelque chose glissa de ses doigts dans ceux de sa fille ; ce fut fait en un clin d’œil ; à peine Francis avait-il eu le temps de voir, mais il lui sembla que le coupable avait saisi cet objet sur la poitrine de sa victime

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