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    2. Nouvelles Mille et une Nuits
    3. Chapitre 32
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    un parterre de roses ! Le jeune clergyman sifflota doucement entre ses dents, pendant qu’il se baissait pour examiner les lieux. Il put facilement retrouver l’endroit où Harry était tombé après son escalade ; il reconnut le large pied de Raeburn là où il s’était profondément enfoncé, alors qu’il relevait le malencontreux secrétaire par le collet de son habit ; même, après une inspection plus minutieuse, il crut distinguer des marques de doigts tâtonnants, comme si quelque chose avait été répandu et ramassé à la hâte.

    « Ma foi, se dit-il, la chose devient extrêmement intéressante. »

    Et, au même instant, il aperçut un objet, aux trois quarts enfoui. Il eut vite fait de le déterrer ; c’était un élégant écrin en maroquin, avec des ornements et des fermoirs dorés. Cet écrin avait été foulé aux pieds jusqu’à disparaître dans le terreau épais, – de sorte qu’il avait échappé aux recherches précipitées de Mr. Raeburn. Simon Rolles ouvrit l’écrin, et, saisi d’étonnement, presque de terreur, il étouffa un cri. Là, devant lui, sur un lit de velours vert, gisait un diamant d’une grosseur prodigieuse et de la plus belle eau. Il était de la dimension d’un œuf de canard, magnifiquement taillé, sans un défaut ; lorsque le soleil donna dessus, il renvoya une lumière semblable à celle de l’électricité et parut brûler de mille feux intérieurs dans la main qui le tenait.

    Mr. Rolles se connaissait peu en pierres précieuses, mais le diamant du Rajah était une de ces merveilles célèbres qui s’expliquent d’elles-mêmes ; un sauvage, s’il l’eût trouvé, se serait prosterné devant lui en adoration comme devant un fétiche. La beauté de la pierre charma les yeux du jeune clergyman ; la pensée de son incalculable valeur accabla son esprit. Il comprit que ce qu’il tenait là dépassait de beaucoup les revenus longuement accumulés d’un siège archiépiscopal, que cela suffisait pour bâtir des cathédrales plus splendides que celle de Cologne, que l’homme qui possédait un tel objet était à jamais délivré de la malédiction de la gêne et pouvait suivre ses propres inclinations, sans inquiétude ni obstacle. Comme il le retournait avec vivacité, les rayons jaillirent plus éblouissants encore et semblèrent pénétrer jusqu’au fond de son cœur.

    Nos actions décisives sont souvent résolues en un moment et sans que notre raison y consente. Il en fut ainsi pour Mr. Rolles. Il regarda autour de lui et, de même que Raeburn auparavant, ne vit que le jardin en fleur, éclairé par le soleil, les hautes cimes des arbres, et la maison avec ses fenêtres aux jalousies baissées ; en un clin d’œil, il eut refermé l’écrin, le fit disparaître dans sa poche et courut vers son cabinet de travail avec la précipitation d’un criminel. C’en était fait. Le Révérend Simon Rolles avait volé le diamant du Rajah.

    De bonne heure, dans l’après-midi, la police arriva avec Harry Hartley. Le pépiniériste, éperdu de terreur, apporta aussitôt son butin ; les joyaux furent reconnus et inventoriés en présence du secrétaire. Quant à Mr. Rolles, il montra la plus parfaite obligeance et sembla communiquer franchement ce qu’il savait, en exprimant son regret de ne pouvoir faire davantage pour aider les agents dans l’accomplissement de leur devoir.

    « Du reste, ajouta-t-il, je suppose que votre tâche est presque terminée ?

    – Pas du tout », répondit le policier.

    Il raconta le second vol dont Harry avait été victime, en décrivant les bijoux les plus importants parmi ceux qui n’étaient pas encore retrouvés, et en s’étendant particulièrement sur le fameux diamant du Rajah.

    « Ce diamant doit valoir une fortune, fit observer Mr. Rolles.

    – Dix fortunes, vingt fortunes, monsieur.

    – Plus il a de prix, insinua finement Simon, plus il doit être difficile de le vendre. De tels objets ont une physionomie impossible à déguiser, et je me figure que le voleur pourrait aussi facilement mettre en vente la cathédrale de Saint-Paul.

    – Oh ! sûrement ! lui répondit-on ; mais, s’il est intelligent, il le coupera en trois ou en quatre, et il y en aura encore assez pour le rendre riche.

    – Merci, dit le clergyman ; vous ne pouvez imaginer combien votre conversation m’intéresse. »

    Là-dessus, l’agent, visiblement flatté, reconnut que, dans sa profession, on savait en effet bien des choses extraordinaires ; il prit congé ensuite.

    Mr. Rolles regagna son appartement, qu’il trouva plus petit et plus nu que d’habitude ; jamais les matériaux de son grand ouvrage ne lui avaient offert aussi peu d’intérêt, et il regarda sa bibliothèque d’un œil de mépris. Il prit, volume par volume, plusieurs Pères de l’Église, et les parcourut ; mais ils ne contenaient rien qui pût convenir à sa disposition d’esprit actuelle.

    « Ces vénérables personnages, pensa-t-il, sont, sans aucun doute, des écrivains de grande valeur, mais ils me semblent absolument ignorants de la vie. Me voici assez savant pour être évêque, et incapable néanmoins d’imaginer ce qu’il faut faire d’un diamant volé. J’ai recueilli une indication de la bouche d’un simple policeman qui en sait plus long que moi, et, avec tous mes in-folios, je ne puis arriver à me servir de son idée. Ceci m’inspire une bien faible estime pour l’éducation universitaire. »

    Là-dessus, il bouscula sa tablette de livres ; et, prenant son chapeau, sortit à grands pas de la maison, pour courir vers le club dont il faisait partie. Dans un lieu de réunion mondaine, il espérait trouver de bons conseils, réussir à causer avec un membre quelconque qui eût cette grande expérience de la vie dont les Pères de l’Église étaient dépourvus. Mais non, la salle de lecture n’abritait que beaucoup de prêtres de campagne et un doyen. Trois journalistes et un auteur qui avait écrit sur les Métaphysiques supérieures jouaient au pool ; rien à faire avec ceux-ci ! À dîner, les plus vulgaires seulement des habitués du club montrèrent leurs figures banales et effacées. Aucun d’entre eux non plus, pensa Mr. Rolles, n’en saurait plus long que lui, aucun ne serait capable de le tirer des difficultés présentes.

    À la fin, dans le fumoir, il découvrit un gentleman du port le plus majestueux et vêtu avec une affectation de simplicité. Il fumait un cigare et lisait la Fortnightly Review ; sa figure était extraordinairement libre de tout indice de préoccupation ou de fatigue ; il y avait quelque chose dans son air qui semblait inviter à la confiance et commander la soumission. Plus le jeune clergyman scrutait ses traits, plus il était convaincu qu’il venait de tomber sur celui qui pouvait, entre tous, offrir un avis utile.

    « Monsieur, commença-t-il, vous excuserez ma hardiesse. Mais sans préambules, d’après votre apparence, je juge que vous devez être avant tout, un homme du monde.

    – J’ai en effet de grandes prétentions à ce titre, répondit l’étranger en déposant sa revue avec un regard mélange de surprise et d’amusement.

    – Moi, monsieur, continua le clergyman, je suis un reclus, un étudiant, un compulseur de bouquins. Les événements m’ont fait reconnaître ma sottise depuis peu et je désire apprendre la vie. Quand je dis la vie, ajouta-t-il, je n’entends pas ce qu’on en trouve dans les romans de Thackeray, mais les crimes, les aventures secrètes de notre société, et les principes de sage conduite à tenir dans des circonstances exceptionnelles. Je suis un travailleur, monsieur ; la chose peut-elle être apprise dans les livres ?

    – Vous me mettez dans l’embarras, dit l’étranger ; j’avoue n’avoir pas grande idée de l’utilité des livres, sauf comme amusement pendant un voyage en chemin de fer. Il existe toutefois, je suppose, quelques traités très exacts sur l’astronomie, l’agriculture et l’art de faire des fleurs en papier. Sur les emplois secondaires de la vie, je crains que vous ne trouviez rien de véridique. Cependant, attendez, ajouta-t-il ; avez-vous lu Gaboriau ? »

    Mr. Rolles avoua qu’il n’avait même jamais entendu ce nom.

    « Vous pouvez recueillir quelques renseignements dans Gaboriau ; il est du moins suggestif ; et, comme c’est un auteur très étudié par le prince de Bismarck, au pire, vous perdrez votre temps en bonne compagnie.

    – Monsieur, dit le clergyman, je vous suis infiniment reconnaissant de votre obligeance.

    – Vous m’avez déjà plus que payé, répondit l’autre.

    – Comment cela ? demanda le naïf Simon.

    – Par l’originalité de votre requête », riposta l’étranger. Et, avec un geste poli, comme pour en demander la permission, il reprit la lecture de la Fortnightly Review.

    Avant de rentrer chez lui, Mr. Rolles acheta un ouvrage sur les pierres précieuses et plusieurs romans de Gaboriau. Il parcourut avidement ces derniers, jusqu’à une heure avancée de la nuit ; mais, bien qu’ils lui ouvrissent plusieurs horizons nouveaux, il ne put y découvrir, nulle part, ce qu’on devait faire d’un diamant volé. Il fut du reste fort ennuyé de trouver ces informations peu complètes, répandues au milieu d’histoires romanesques, au lieu d’être présentées sobrement, comme dans un manuel ; et il en conclut que si l’auteur avait beaucoup réfléchi sur ces sujets, il manquait totalement de méthode. Cependant, il accorda son admiration au caractère et aux talents de M. Lecoq.

    « Celui-là, se dit-il, était vraiment un grand homme, connaissant le monde comme je connais la théologie. Il n’y avait rien ici-bas qu’il ne pût mener à bien de sa propre main, envers et contre tous. Ciel ! s’écria soudainement Mr. Rolles, n’est-ce pas une leçon ? Ne dois-je pas apprendre à tailler des diamants moi-même ?… »

    Cette idée le tirait de ses perplexités ; il se souvint qu’il connaissait un joaillier à Édimbourg. Ce Mr. Mac-Culoch ne demanderait pas mieux que de lui procurer l’apprentissage nécessaire. Quelques mois, quelques années, peut-être, de travail pénible, et il serait assez expérimenté pour pouvoir diviser le diamant du Rajah, assez adroit pour s’en débarrasser avantageusement. Cela

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