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    2. Nouvelles Mille et une Nuits
    3. Chapitre 25
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    la nature de l’émotion qui évidemment l’étreignait. Il se dirigea vers la porte et se plaça tout contre, dans une attitude défensive.

    « Vous aurez la bonté, dit-il, de garder un silence absolu et de vous dissimuler dans l’ombre le plus possible. »

    Les trois officiers et le médecin se hâtèrent d’obéir, et, pendant dix minutes à peu près, le seul bruit dans Rochester House fut produit par les excursions des rats derrière les boiseries. Au bout de ce temps, un grincement de gonds tournant sur eux-mêmes éclata dans le silence et, presque aussitôt, ceux qui écoutaient purent entendre un pas lent et circonspect gravir l’escalier de service. À chaque marche, le nouvel arrivant semblait s’arrêter et prêter l’oreille ; pendant ces longs intervalles, une angoisse profonde étouffait ceux qui faisaient le guet. Le docteur Noël, accoutumé cependant aux pires émotions, était tombé dans une prostration physique qui faisait pitié ; sa respiration sifflait dans ses poumons ; ses dents grinçaient l’une contre l’autre, et, lorsque nerveusement il changea de position, ses jointures craquèrent tout haut.

    À la fin, une main se posa sur la porte et le pêne fut soulevé avec un léger bruit ; puis une nouvelle pause eut lieu, pendant laquelle Brackenbury put voir le prince se ramasser silencieusement sur lui-même, comme s’il se préparait à quelque effort extraordinaire. Alors la porte s’ouvrit, laissant entrer un peu plus de la lumière du matin ; la silhouette d’un homme apparut sur le seuil et s’arrêta immobile. Il était grand et tenait un couteau à la main. Même dans le crépuscule, on pouvait voir briller les dents de sa mâchoire supérieure, sa bouche étant ouverte comme celle d’un chien prêt à s’élancer. Il sortait de l’eau évidemment, car, pendant qu’il se tenait là, des gouttes continuaient à ruisseler de ses vêtements mouillés et clapotaient sur le plancher.

    Un moment après, il franchit le seuil. Il y eut un bond, un cri étouffé, une lutte, et, avant que le colonel Geraldine eût trouvé le temps de voler à son aide, le prince tenait l’homme désarmé et sans défense par les épaules.

    « Docteur, dit-il, veuillez rallumer la lampe. »

    Abandonnant alors la garde de son prisonnier à Geraldine et à Brackenbury, il traversa la pièce et se plaça le dos à la cheminée. Aussitôt que la lampe brilla de nouveau, tous remarquèrent que les traits du prince étaient empreints d’une sévérité extraordinaire. Ce n’était plus Florizel, le gentilhomme insouciant ; c’était le prince de Bohême, justement irrité, et animé d’une résolution implacable ; il leva la tête, et, s’adressant au captif, le président du Suicide Club :

    « M. le président, dit-il, vous avez tendu votre dernier piège, et vos pieds se sont pris dedans. Le jour se lève : c’est votre dernier matin. À l’instant, vous venez de traverser à la nage le Regent’s Canal ; ce sera votre dernier bain ici-bas. Votre ancien complice, le docteur Noël, bien loin de me trahir, vous a livré entre mes mains pour être jugé, et la tombe que vous aviez creusée pour moi cette après-midi servira, avec la permission de Dieu, à cacher aux hommes votre juste châtiment. Agenouillez-vous et priez, monsieur, si vous avez quelque intention de cette sorte, car votre temps sera court, et Dieu est las de vos iniquités. »

    Le président ne répondit ni par une parole ni par un geste ; il continuait à tenir la tête baissée et à fixer le sol d’un air sombre, comme s’il avait eu conscience du regard opiniâtre et sans pitié du prince.

    « Messieurs, continua Florizel, reprenant le ton ordinaire de la conversation, voici un individu qui m’a longtemps échappé, mais qu’aujourd’hui je tiens, grâce au docteur Noël. Raconter l’histoire de ses crimes, demanderait plus de temps que nous n’en avons à notre disposition ; si le canal ne contenait rien que le sang de ses victimes, je crois que le misérable ne serait guère plus sec que vous ne le voyez en ce moment. Même dans une affaire de cette sorte, je désire conserver cependant des formalités d’honneur. Mais je vous fais juges, messieurs, ceci est plutôt une exécution qu’un duel, et laisser à ce coquin le choix des armes serait pousser trop loin une question d’étiquette. Je ne puis accepter de perdre la vie dans une telle aventure, continua-t-il en ouvrant la boîte qui contenait les épées, et comme une balle de pistolet est trop souvent emportée sur les ailes de la chance, comme l’adresse et le courage peuvent être vaincus par le tireur le plus ignorant, j’ai décidé, et je suis sûr que vous approuverez ma détermination, de vider cette question par l’épée. »

    Lorsque Brackenbury et le major O’Rooke, auxquels ces paroles étaient spécialement adressées, eurent exprimé leur approbation :

    « Vite, monsieur, dit le prince à son adversaire, choisissez une lame et ne me faites pas attendre. J’ai hâte d’en avoir à tout jamais fini avec vous. »

    Pour la première fois, depuis qu’il avait été saisi et désarmé, le président releva la tête ; il était clair qu’il commençait à reprendre courage.

    « L’affaire, demanda-t-il, doit-elle vraiment être décidée par les armes, entre vous et moi ?

    – J’ai l’intention de vous faire cet honneur, répondit le prince.

    – Allons ! s’écria l’autre avec vivacité ; en champ loyal, qui sait comment les choses peuvent tourner ? J’ajouterai que j’estime que Votre Altesse agit bien ; si le pire doit m’arriver, je mourrai du moins de la main du plus galant homme de l’Europe. »

    Le président, lâché par ceux qui le retenaient, s’avança vers la table et, avec un soin minutieux, se mit en mesure de choisir une épée. Il était fort excité et semblait ne douter nullement qu’il sortirait victorieux de la lutte. Devant une confiance si absolue, les spectateurs alarmés conjurèrent le prince Florizel de renoncer à son projet.

    « Bah ! ce n’est qu’un jeu, répondit-il, et je crois pouvoir vous promettre, messieurs, qu’il ne durera pas longtemps. »

    Le colonel essaya d’intervenir.

    « Geraldine, lui dit le prince, m’avez-vous vu jamais faillir à une dette d’honneur ? Je vous dois la mort de cet homme, et vous l’aurez. »

    Enfin le président s’était décidé à choisir sa rapière ; par un geste qui ne manquait pas d’une certaine noblesse brutale, il se déclara prêt. Même à cet odieux scélérat, l’approche du péril et un réel courage prêtaient je ne sais quelle grandeur.

    Le prince prit au hasard une épée.

    « Geraldine et le docteur Noël, dit-il, auront l’obligeance de m’attendre ici. Je désire qu’aucun de mes amis particuliers ne soit impliqué dans cette affaire. Major O’Rooke, vous êtes un homme rassis et d’une réputation établie ; laissez-moi recommander le président à vos bons soins. Le lieutenant Rich sera assez aimable pour me prêter ses services. Un jeune homme ne saurait avoir trop d’expérience en ces sortes d’affaires.

    – Je tâcherai, répondit Brackenbury, d’être à jamais digne de l’honneur que me fait Votre Altesse.

    – Bien, répliqua le prince Florizel ; j’espère, moi, vous prouver mon amitié dans des circonstances plus importantes. »

    En prononçant ces mots, il sortit le premier de l’appartement et descendit l’escalier de service.

    Les deux hommes, ainsi laissés à eux-mêmes, ouvrirent la fenêtre et se penchèrent au dehors, en tendant toutes leurs facultés pour tâcher de saisir quelque indice des événements tragiques qui allaient se passer. La pluie avait maintenant cessé de tomber ; le jour était presque venu, les oiseaux gazouillaient dans les bosquets et sur les grands arbres du jardin.

    Le prince et ses compagnons restèrent visibles un moment, tandis qu’ils suivaient une allée entre deux buissons en fleur ; mais, dès le premier tournant, un groupe d’arbres au feuillage épais s’interposa, et de nouveau ils disparurent : ce fut tout ce que purent voir le colonel et le médecin. Le jardin était si vaste, le lieu du duel, évidemment si éloigné de la maison, que le cliquetis même des épées n’arriva pas à leurs oreilles.

    « Il l’a conduit près de la fosse, dit le docteur Noël, en frissonnant.

    – Seigneur ! murmura Geraldine, Seigneur, défendez le bon droit ! »

    Silencieusement, tous deux attendirent l’issue du combat, le docteur secoué par l’épouvante, le colonel tout baigné d’une sueur d’angoisses.

    Un certain, temps s’écoula ; le jour était sensiblement plus clair et les oiseaux chantaient plus gaiement dans le jardin, quand un bruit de pas ramena les regards des deux hommes vers la porte. Ce furent le prince et les témoins qui entrèrent.

    Dieu avait défendu le bon droit.

    « Je suis honteux de mon émotion, dit Florizel ; c’est une faiblesse indigne de mon rang ; mais le sentiment de l’existence prolongée de ce chien d’enfer commençait à me ronger comme une maladie et sa mort m’a rafraîchi plus qu’une nuit de sommeil. Regardez, Geraldine, continua-t-il, en jetant son épée à terre, voici le sang de l’homme qui a tué votre frère. Ce devrait être un spectacle agréable ; et cependant… quel étrange composé nous sommes ! Ma vengeance n’est pas encore vieille de cinq minutes, et déjà je commence à me demander si, sur ce précaire théâtre de la vie, la vengeance même est réalisable. Le mal qu’a fait ce monstre, qui peut le défaire ? La carrière dans laquelle il amassa une énorme fortune, car la maison dans laquelle nous nous trouvons lui appartenait, cette carrière fait maintenant et pour toujours partie de la destinée de l’humanité. Et je pourrais, jusqu’au jour du jugement dernier, exercer mon épée, que le frère de Geraldine n’en serait pas moins mort et qu’un millier d’autres innocents n’en seraient pas moins déshonorés, perdus ! L’existence d’un homme est une si petite chose à supprimer, une si grande chose à employer ! Hélas ! y a-t-il

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