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    2. Nouvelles Mille et une Nuits
    3. Chapitre 23
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    Brackenbury avait déjà remarqué à cause de son air commun. Tous deux s’arrêtèrent juste devant la fenêtre, de sorte que celui qui écoutait ne perdit pas un mot du discours suivant :

    « Je vous demande mille pardons, disait Mr. Morris ; avec une exquise politesse, vous me voyez fort embarrassé ; mais dans une grande ville comme Londres, des erreurs surviennent continuellement, et le mieux est d’y remédier au plus vite. Je ne vous le cacherai donc pas, monsieur : je crains que vous ne vous soyez trompé et que vous n’ayez honoré ma modeste demeure par mégarde ; car, pour parler net, je ne puis nullement me rappeler votre figure. Laissez-moi vous poser la question sans circonlocutions inutiles, un mot suffira : – Chez qui pensez-vous être ?

    – Chez Mr. Morris, balbutia l’autre, en manifestant la prodigieuse confusion qui s’était visiblement emparée de lui pendant les dernières minutes.

    – John ou James Morris ? demanda le maître de la maison.

    – Je ne puis réellement le dire, repartit le malheureux invité ; je ne suis pas en relations personnelles avec ce gentleman, pas plus que je ne le suis avec vous-même.

    – Je comprends, dit Mr. Morris ; il y a quelqu’un du même nom dans le bas de la rue et sans doute le policeman pourra vous indiquer son adresse. Croyez que je me félicite du malentendu qui m’a pendant quelques instants procuré le plaisir de votre compagnie, et laissez-moi vous exprimer l’espoir que nous nous rencontrerons de nouveau d’une manière plus régulière. D’ici là, je ne voudrais, pour rien au monde, vous retenir plus longtemps loin de vos amis. John, ajouta-t-il en élevant la voix, voulez-vous aider monsieur à retrouver son pardessus ? »

    Et, d’un air aimable, Mr. Morris accompagna son hôte jusqu’à la porte de l’antichambre, où il le laissa aux soins du maître d’hôtel. Comme il passait devant la fenêtre, en retournant dans le salon, Brackenbury put l’entendre pousser un profond soupir, comme si son esprit était chargé d’une grande anxiété et ses nerfs déjà lassés par la tâche qu’il poursuivait.

    Pendant près d’une heure, les cabs continuèrent à arriver avec une telle fréquence, que Mr. Morris eut à recevoir un nouvel hôte pour chacun des anciens qu’il renvoyait, de sorte que le nombre des joueurs resta toujours à peu près le même. Mais au bout de ce temps, les arrivées s’espacèrent de plus en plus, pour cesser enfin tout à fait, tandis que les éliminations continuaient tout aussi activement. Le salon commença donc à se vider ; le baccarat cessa, faute de banquier ; plus d’un invité prit de lui-même congé, sans qu’on essayât de le retenir ; en même temps Mr. Morris redoublait d’attentions empressées auprès de ceux qui demeuraient encore. Il allait de groupe en groupe et de l’un à l’autre, prodiguant les regards sympathiques et les paroles gracieuses ; il était moins hôte qu’hôtesse, pour ainsi dire, car il y avait, dans sa manière d’être, une sorte de coquetterie, de condescendance féminine qui prenait le cœur de tous.

    Comme l’assemblée se réduisait de plus en plus, le lieutenant Rich, en quête d’un peu d’air, sortit du salon et alla jusque dans le vestibule ; mais il n’en eut pas plus tôt franchi le seuil, qu’il fut subitement arrêté par une découverte fort extraordinaire. Les plantes fleuries avaient disparu de l’escalier ; trois grands fourgons de mobilier stationnaient devant la porte du jardin ; les domestiques étaient occupés à déménager la maison de tous les côtés ; même quelques-uns d’entre eux avaient déjà quitté leur livrée et se préparaient à s’en aller. C’était comme la fin d’un bal à la campagne, où tout a été fourni en location. Certes Brackenbury avait lieu de réfléchir. D’abord les invités, qui, en somme, n’étaient pas réellement des invités, avaient été renvoyés ; et maintenant les serviteurs, qui évidemment n’étaient pas de vrais serviteurs, se dispersaient en toute hâte.

    « N’était-ce donc qu’un rêve ? se demanda-t-il, une fantasmagorie qui doit s’évanouir avant le jour ? »

    Saisissant une occasion favorable, Brackenbury gagna l’escalier et monta jusqu’aux étages supérieurs de la maison. C’était bien comme il l’avait pressenti. Il courut de chambre en chambre et ne vit pas le moindre meuble, pas même un tableau accroché aux murs. Bien que les peintures fussent fraîches et les papiers nouvellement posés, la maison était non seulement inhabitée pour l’instant, mais n’avait certainement jamais été habitée du tout. Le jeune officier se rappela avec étonnement l’air élégant, confortable et hospitalier qu’elle affectait lors de son arrivée. Ce n’était qu’à force de prodigieuses dépenses que l’imposture avait pu être organisée sur une si grande échelle.

    Qui donc était Mr. Morris ? Quel était son but pour jouer ainsi, pendant une nuit, le rôle d’un maître de maison dans ce coin reculé de Londres ? Et pourquoi rassemblait-il ses hôtes au hasard de la rue ? Brackenbury se souvint qu’il avait déjà tardé trop longtemps et se hâta de redescendre. Pendant son absence, beaucoup de monde était parti, et, en comptant le lieutenant, il n’y avait plus que cinq personnes dans le salon, tout à l’heure si rempli. Comme il rentrait, Mr. Morris l’accueillit avec un sourire et se leva :

    « Il est temps maintenant, messieurs, dit-il, de vous expliquer quel était mon projet en vous enlevant ainsi. J’espère que la soirée ne vous aura pas paru ennuyeuse ; je le confesse toutefois, mon dessein n’était pas d’amuser vos loisirs, mais de me procurer du secours dans une circonstance critique. Vous êtes tous des gentlemen, continua-t-il, votre apparence le prouve suffisamment et je ne demande pas de meilleure garantie. Donc, je le dis sans aucun détour, je viens vous demander de me rendre un service à la fois dangereux et délicat ; dangereux, car vous y risquerez votre vie ; délicat, parce qu’il me faut exiger de vous la plus absolue discrétion sur tout ce qu’il vous arrivera de voir et d’entendre. De la part de quelqu’un qui vous est absolument étranger, la requête est presque ridiculement extravagante, je le sens ; si l’un d’entre vous recule devant une périlleuse confidence et un acte de dévouement digne de Don Quichotte, je suis donc prêt à lui tendre la main avec toute la sincérité possible, en lui souhaitant une bonne nuit, à la garde de Dieu. »

    Un homme très grand et très brun, au dos voûté, répondit immédiatement à cet appel.

    « J’approuve votre franchise, monsieur, et pour ma part, je m’en vais. Je ne fais pas de réflexions, mais je ne puis nier que vous ne m’inspiriez quelque méfiance. Je m’en vais, je le répète, et peut-être trouverez-vous que je n’ai aucun droit d’ajouter des paroles à l’exemple que je donne.

    – Au contraire, répliqua Mr. Morris ; je vous remercie de ce que vous dites. Il serait impossible d’exagérer la gravité de mon dessein.

    – Eh bien, messieurs, qu’en pensez-vous ? reprit l’homme brun en s’adressant aux autres. Nous avons mené assez loin cette fredaine nocturne. Rentrerons-nous au logis, paisiblement et tous ensemble ? Vous approuverez ma proposition demain matin, quand, sans peur et sans reproche, vous reverrez le soleil. »

    Celui qui parlait prononça ces derniers mots avec une intonation qui ajoutait à leur force, et sa figure portait une singulière expression de gravité. Un des assistants se leva précipitamment et, d’un air alarmé, se prépara aussitôt à prendre congé. Deux seulement restèrent fermes à leur place : Brackenbury et un vieux major de cavalerie au nez rubicond ; ces deux derniers gardaient une attitude nonchalante, et, sauf un regard d’intelligence rapidement échangé entre eux, semblaient absolument étrangers à la discussion qui venait de finir.

    Mr. Morris conduisit les déserteurs jusqu’à la porte, qu’il ferma sur leurs talons ; puis il se retourna en laissant voir une expression de soulagement. S’adressant aux deux officiers :

    « J’ai choisi mes hommes comme le Josué de la Bible, dit-il, et je crois maintenant avoir l’élite de Londres. Votre physionomie séduisit mes cochers ; elle me plut encore davantage ; j’ai surveillé votre conduite au milieu d’une étrange société et dans les circonstances les plus singulières ; j’ai remarqué comment vous jouiez et de quelle façon vous supportiez vos pertes ; enfin, tout à l’heure, je vous ai mis à l’épreuve d’une annonce stupéfiante et vous l’avez reçue comme une invitation à dîner. Ce n’est pas pour rien, ajouta-t-il, que j’ai été pendant des années le compagnon et l’élève du prince le plus courageux et le plus sage de toute l’Europe.

    – À l’affaire de Bunderchang, fit observer le major, je demandai douze volontaires, et, répondant à mon appel, tous les troupiers sortirent du rang. Mais une société de joueurs n’est pas la même chose qu’un régiment sous le feu. Vous pouvez vous féliciter, je suppose, d’en avoir trouvé deux, et deux qui ne vous manqueront pas à l’assaut. Quant aux animaux qui viennent de se sauver, je les place parmi les chiens les plus piteux que j’aie jamais rencontrés. Lieutenant Rich, ajouta-t-il, s’adressant à Brackenbury, j’ai beaucoup entendu parler de vous en ces derniers temps, et je ne doute pas que vous ne connaissiez également mon nom. Je suis le major O’Rooke. »

    Et le vétéran tendit sa main, qui était rouge et tremblante, au jeune lieutenant.

    « Qui ne le connaît ? répondit Brackenbury.

    – Lorsque cette petite affaire sera réglée, dit Mr. Morris, vous jugerez que je vous ai suffisamment récompensés ; car à aucun de vous deux je n’aurais pu rendre un service plus précieux que de lui faire faire la connaissance de l’autre.

    – Et maintenant, demanda le major O’Rooke, s’agit-il d’un duel ?

    – C’est un duel d’une certaine sorte, répondit Mr. Morris, un duel avec

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