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    2. Nouvelles Mille et une Nuits
    3. Chapitre 22
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    vers un but quelconque, soit criminel, soit généreux, qu’il eût voulu deviner.

    « On parle de la guerre, pensa-t-il, mais ceci est le grand champ de bataille de l’humanité. »

    Et alors il s’étonna d’avoir marché si longtemps déjà sur une scène aussi compliquée, sans rencontrer l’ombre d’une aventure pour son propre compte.

    « Tout vient à son heure, se dit-il enfin. Je serai forcément entraîné dans le tourbillon, avant peu. »

    La nuit était assez avancée, lorsqu’une grosse averse très froide, tomba soudain. Brackenbury s’arrêta sous quelques arbres et, pendant qu’il cherchait à se garantir, il aperçut le cocher d’un de ces fiacres qu’on appelle hansom-cabs, lui faisant signe qu’il était libre. L’offre tombait à propos ; il leva sa canne pour toute réponse et eut vite fait de se mettre à l’abri.

    « Où faut-il aller, monsieur ? demanda le cocher.

    – Où vous voudrez », répondit Brackenbury.

    Immédiatement, à une allure vertigineuse, le cab partit à travers la pluie et un dédale de villas. Chaque villa, avec son jardin en façade, était tellement semblable à l’autre, il était si difficile de distinguer les rues désertes et faiblement éclairées, les places, les tournants par lesquels le cab précipitait sa course, que Brackenbury perdit bientôt toute idée de la direction qu’il suivait. Un instant il lui sembla que le cocher s’amusait à le faire tourner dans un même quartier ; mais non, l’homme avait un but ; il se hâtait vers un endroit déterminé, comme si quelque affaire pressante l’eut attendu. Brackenbury, étonné de son habileté à se reconnaître au milieu d’un tel labyrinthe, un peu inquiet aussi, se demandait la raison de cette extraordinaire vitesse. Il avait entendu raconter des histoires sinistres d’étrangers, auxquels il était arrivé malheur dans Londres. Son conducteur faisait-il partie de quelque association sanguinaire ? Et lui-même était-il entraîné vers une mort violente ?

    Ce soupçon s’était à peine présenté à son esprit que le cab tourna un angle et s’arrêta net sur une large avenue, devant la grille de certaine villa brillamment illuminée. Un autre fiacre s’éloignait à l’instant, et Brackenbury put voir un gentleman, reçu à la porte d’entrée par plusieurs laquais en livrée. Il s’étonna que le cocher se fût justement arrêté devant une maison où il y avait réception, mais il ne douta pas que ce ne fût par suite d’un accident et continua de fumer tranquillement jusqu’à ce qu’il entendît le vasistas se relever au-dessus de sa tête :

    « Nous voici arrivés, monsieur.

    – Arrivés ? répéta Brackenbury, arrivés où ?

    – Vous m’avez dit de vous conduire où il me plairait, répondit le cocher en riant, et nous y voici. »

    Brackenbury fut frappé du ton singulièrement doux et poli de cet homme d’une classe inférieure ; il se rappela la vitesse avec laquelle il avait été mené et remarqua que le cab était plus élégant que la majorité des voitures publiques.

    « Il faut que je vous demande une petite explication, dit-il. Comptez-vous me mettre dehors par cette pluie ? Mon brave, je pense que c’est à moi que le choix appartient.

    – Certainement, le choix vous appartient, répondit le cocher ; mais, quand j’aurai tout dit, je crois savoir de quelle façon se décidera un gentleman de votre sorte. Il y a là une réunion de messieurs ; je ne sais si le propriétaire est un étranger qui n’a dans Londres aucunes connaissances, ou si c’est simplement un original, mais, ce qu’il y a de certain, c’est que j’ai été loué, pour lui amener, aussi nombreux que possible, des messieurs seuls, en tenue de soirée, et de préférence des officiers de l’armée. Vous n’avez qu’à entrer et à dire que Mr. Morris vous a invité.

    – Êtes-vous ce Mr. Morris ? demanda le lieutenant.

    – Oh non ! répondit le cocher. Mr. Morris est le maître de la maison.

    – Ce n’est pas une manière banale de rassembler des convives, dit Brackenbury ; mais un homme excentrique peut fort bien se passer cette fantaisie sans aucune mauvaise intention. Supposez que je refuse l’invitation de Mr. Morris, qu’arrivera-t-il alors ?

    – Mes ordres sont de vous ramener là où je vous ai pris, monsieur, et de continuer à chercher d’autres voyageurs jusqu’à minuit : – Ceux qui ne sont pas tentés par une telle partie de plaisir, a dit Mr. Morris, ne sont pas les hôtes qu’il me faut. »

    Ces paroles décidèrent le lieutenant.

    « Après tout, se dit-il, en mettant pied à terre, je n’ai pas attendu longtemps mon aventure. »

    Il avait à peine touché le trottoir et il était encore en train de chercher de l’argent dans sa poche quand le cab fit demi-tour et, reprenant le chemin par lequel il était venu, s’éloigna à la même allure de casse-cou. Brackenbury appela le cocher, qui n’y fit aucune attention et continua de filer ; mais le son de sa voix fut entendu de la maison ; de nouveau la porte s’ouvrit, projetant un flot de lumière sur le jardin, et un domestique accourut, tenant un parapluie.

    « Le cab a été payé », fit observer cet homme d’un ton obséquieux.

    Après quoi il se mit à escorter Brackenbury le long de l’allée et sur les marches du perron.

    Dans le vestibule, plusieurs autres laquais le débarrassèrent de son chapeau, de sa canne et de son pardessus, lui remirent un carton portant un numéro, et très poliment le firent monter par un escalier orné de fleurs tropicales, jusqu’à la porte d’un appartement au premier étage. Là, un majestueux maître d’hôtel, lui demanda son nom puis, annonçant le lieutenant Brackenbury Rich, le fit entrer dans le salon, où un jeune homme, grand, mince et singulièrement beau, l’accueillit d’un air noble et affable tout à la fois.

    Des centaines de bougies éclairaient cette pièce, qui, ainsi que l’escalier, était parfumée de plantes rares et superbes, en pleine floraison. Dans un coin, une table s’offrait, chargée de viandes appétissantes. Plusieurs domestiques passaient des fruits et des coupes de champagne. Il y avait dans le salon à peu près seize personnes, rien que des hommes, dont un petit nombre seulement avaient dépassé la première jeunesse ; presque tous avaient l’air hardi et intelligent. Ils étaient divisés en deux groupes, le premier devant une roulette, l’autre entourant une table de baccarat.

    « Je comprends, pensa Brackenbury. Je suis dans une maison de jeu clandestine et le cocher était un racoleur. »

    Son regard, ayant embrassé tous les détails qui motivaient cette conclusion, se reporta sur l’hôte qui l’avait reçu avec tant de bonne grâce et qui le tenait encore par la main. L’élégance naturelle de ses manières, la distinction, l’amabilité qui se lisaient sur ses traits, ne convenaient pas pourtant au propriétaire d’un tripot, son langage semblait indiquer un homme bien né. Brackenbury ressentit une sympathie instinctive pour son amphitryon, bien qu’il se blâmât lui-même de cette faiblesse.

    « J’ai entendu parler de vous, lieutenant Rich, dit Mr. Morris en baissant la voix, et, croyez-moi, je suis charmé de vous connaître. Votre apparence est bien d’accord avec la réputation qui vous a précédé : on sait votre belle conduite dans l’Inde, et, si vous consentez à oublier l’irrégularité de votre présentation, je regarderai non seulement comme un honneur de vous avoir chez moi, mais encore j’en éprouverai un très sincère plaisir. L’homme qui ne fait qu’une bouchée d’une troupe de cavaliers barbares, ajouta-t-il en riant, ne doit pas être scandalisé par une infraction, même sérieuse, à l’étiquette. »

    Il le mena vers le buffet et insista pour lui faire prendre quelques rafraîchissements.

    « Ma parole, pensa le lieutenant, voilà l’un des plus charmants compagnons que j’aie rencontré jamais, et, je n’en doute pas, l’une des plus agréables sociétés de Londres. »

    Il but un peu de vin de Champagne qu’il trouva excellent, et, remarquant que plusieurs personnes étaient en train de fumer, alluma un manille, avant de se diriger vers la table de roulette, où il risqua son enjeu. Ce fut alors qu’il s’aperçut que tous les invités étaient soumis à un examen très serré. Mr. Morris allait de-ci de-là, occupé en apparence de ses devoirs d’hospitalité, mais, cependant, il jetait tout autour de lui des regards scrutateurs. Personne n’échappait à son œil perçant ; il observait la tenue de ceux qui perdaient de grosses sommes, il évaluait le montant des mises, il écoutait les conversations ; en un mot il semblait guetter le moindre indice de caractère et en prendre note. Brackenbury sentit renaître ses soupçons. Était-il vraiment dans une maison de jeu ? Que signifiait cette enquête ? Il épia Mr. Morris dans tous ses mouvements, et, quoique celui-ci eût un sourire toujours prêt, il crut distinguer, sous ce masque, une expression soucieuse et préoccupée. Tous, autour de lui, riaient, causaient et faisaient leurs jeux ; mais les invités n’inspiraient plus aucun intérêt à Brackenbury.

    « Ce Morris, se dit-il, n’est pas ici pour s’amuser. Il poursuit quelque dessein profond ; pourvu qu’il me soit donné de le découvrir ! »

    De temps en temps, Mr. Morris entraînait à l’écart un des visiteurs ; et, après un bref colloque dans l’antichambre, il revenait seul, l’autre ne reparaissait plus… Ce manège, plusieurs fois répété, excita au plus haut degré la curiosité de Brackenbury. Il résolut d’aller immédiatement au fond de ce petit mystère, et, sortant d’un air de flânerie dans l’antichambre, découvrit une embrasure de fenêtre très profonde, cachée par des rideaux d’un vert à la mode. Là, il se dissimula à la hâte ; il n’eut pas à attendre longtemps : un bruit de pas et de voix se rapprochait, venant du salon principal. Regardant entre les rideaux, il vit Mr. Morris qui escortait un personnage épais et coloré, ayant un peu la mine d’un commis voyageur et que

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    Tags:
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