▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
Recherche avancée
Sign in Sign up
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
    Sign in Sign up
    1. Home
    2. Nouvelles Mille et une Nuits
    3. Chapitre 20
    Prev
    Next

    de toute crainte immédiate au sujet de la malle et de son hideux contenu. Le voyage se passa sans incident, quoique le jeune homme fut terrifié d’entendre les matelots et les porteurs du chemin de fer se plaindre entre eux du poids extraordinaire des bagages. Silas monta dans la voiture de suite, le prince voyageant seul avec son écuyer. À bord du paquebot cependant, Florizel remarqua l’attitude mélancolique de ce jeune homme, debout, en contemplation devant une pile de malles.

    « Voilà un individu, dit-il, qui doit avoir quelque sujet de chagrin.

    – C’est l’Américain pour lequel j’ai obtenu la permission de voyager avec votre suite, répondit Geraldine.

    – Vous me rappelez que j’ai manqué de courtoisie », dit le prince.

    S’avançant vers Silas, avec la plus parfaite urbanité, il lui adressa la parole :

    « J’ai été charmé, monsieur, de pouvoir satisfaire le désir que vous m’avez fait exprimer par le colonel Geraldine. »

    Après cette entrée en matière, il lui fit quelques questions sur la situation politique de l’Amérique, auxquelles Silas répondit avec tact et bon sens.

    « Vous êtes encore un très jeune homme, dit le prince ; je vous trouve bien sérieux pour votre âge. Peut-être laissez-vous votre esprit s’absorber outre mesure dans des études ardues. Mais peut-être, d’autre part, suis-je moi-même indiscret en touchant à quelque sujet pénible.

    – J’ai, en effet, une excellente raison pour être au désespoir, dit Silas ; jamais un être plus innocent que moi ne fut plus abominablement trompé.

    – Je ne veux pas forcer vos confidences, répliqua Florizel, mais n’oubliez pas que la recommandation du colonel Geraldine est un passeport assuré, et que je suis non seulement désireux de vous rendre service à l’occasion, mais peut-être plus en état que beaucoup d’autres de le faire. »

    Silas fut charmé de l’amabilité d’un si grand personnage ; néanmoins son esprit revint bientôt à ses sombres préoccupations ; car rien, pas même la courtoisie d’un prince à l’égard d’un républicain, ne peut décharger de ses soucis un cœur souffrant.

    Le train arriva à Charing-Cross ; la douane eut les égards habituels pour l’auguste bagage. Des voitures attendaient, et Silas fut conduit, en même temps que toute la suite, à la résidence du prince. Là, le colonel Geraldine alla le chercher et lui exprima sa satisfaction d’avoir pu obliger un ami du docteur Noël, pour lequel il professait la plus haute considération.

    « J’espère, ajouta-t-il, que vous ne trouverez aucune de vos porcelaines brisées. Des ordres spéciaux ont été donnés le long de la ligne, afin que les bagages de Son Altesse fussent traités avec précaution. »

    Puis, commandant aux domestiques de mettre une voiture à la disposition du jeune homme, le colonel lui serra la main et s’en alla vaquer aux devoirs de sa charge.

    Alors, Silas ouvrit l’enveloppe qui cachait l’adresse de son protecteur inconnu et dit au majestueux laquais de le conduire à Box-Court, du côté du Strand. L’endroit n’était probablement pas inconnu à celui-ci, car il parut stupéfait et se fit répéter l’ordre en question. Ce fut l’âme pleine d’alarmes poignantes que Silas monta dans le carrosse princier et fut mené à destination. L’entrée de Box-Court était trop étroite pour le passage d’une voiture ; c’était un simple chemin de piétons, entre deux barrières, avec une borne à chaque bout ; sur l’une de ces bornes était assis un homme, qui aussitôt sauta à terre et échangea un signe amical avec le cocher, pendant que le valet de pied ouvrait la portière et demandait à Silas s’il devait descendre la malle, et à quel numéro elle devait être portée.

    « S’il vous plaît, dit Silas, au numéro trois. »

    Le valet de pied et l’homme qui venait de quitter la borne eurent beaucoup de peine, même avec l’aide de Silas, à transporter la caisse ; avant qu’on ne l’eût déposée devant la porte du numéro trois, le jeune Américain fut terrifié de voir une vingtaine de badauds le considérer d’un œil curieux. Cependant il souleva le marteau en gardant la meilleure contenance possible, et présenta la seconde enveloppe à celui qui vint lui ouvrir.

    « Il n’est pas à la maison, monsieur ; si vous voulez me remettre votre lettre et revenir demain matin, je m’informerai de l’heure à laquelle il pourra vous recevoir. Désirez-vous laisser la caisse ?

    – De tout mon cœur ! » s’écria Silas.

    Mais aussitôt il regretta sa précipitation et déclara avec une égale énergie qu’il préférait emporter sa malle avec lui à l’hôtel.

    La foule se moqua de son indécision et le suivit jusqu’à la voiture avec force quolibets insultants ; et Silas, couvert de honte, éperdu de terreur, supplia les domestiques de le conduire à quelque hôtel tranquille des environs.

    L’équipage du prince déposa ce malheureux à l’hôtel Craven, dans Craven-Street, puis s’éloigna immédiatement, le laissant seul avec les gens de l’hôtel. L’unique chambre vacante, lui dit-on, était un cabinet, au quatrième étage, donnant sur le derrière. À cette espèce de cellule, avec des peines et des plaintes infinies, deux solides porteurs montèrent la malle. Il est superflu d’ajouter que, pendant toute l’ascension, Silas les suivit de près, ne quittant pas leurs talons, et qu’à chaque marche son cœur défaillait. – Un simple faux pas, se disait-il, et la caisse peut, en passant par-dessus la rampe, rejeter son fatal contenu, révélé au grand jour, sur le pavé du vestibule.

    Dans sa chambre, il s’assit au pied du lit, pour se remettre de l’angoisse qu’il venait de subir ; mais il avait à peine pris cette position qu’il fut épouvanté de nouveau par le mouvement d’un des porteurs, qui, à genoux près de la malle, était en train d’en défaire les attaches compliquées.

    « N’y touchez pas ! cria Silas. Je n’aurai besoin de rien de ce qu’elle renferme, pendant mon séjour ici.

    – Vous auriez pu la laisser dans le vestibule, alors ! grommela le porteur. Une malle aussi grosse et aussi lourde qu’une cathédrale ! Ce que vous avez dedans, je ne peux l’imaginer. Si tout est de l’argent, vous êtes plus riche que moi.

    – De l’argent ? répéta Silas très troublé. Qu’entendez-vous par de l’argent ? Je n’ai pas d’argent et vous parlez comme un sot !

    – Très bien, capitaine, répliqua le porteur avec un clignement d’œil. Personne n’en veut à ce qui vous appartient. Je suis aussi sûr que la Banque elle-même, ajouta-t-il ; mais, comme la caisse est lourde, je boirais volontiers quelque chose à la santé de Votre Seigneurie. »

    Silas lui présenta deux napoléons, non sans exprimer son regret de l’embarrasser de monnaie étrangère. Et l’homme, grognant encore plus fort, et portant ses regards, avec mépris, de l’argent qu’il faisait sauter dans sa main, à la malle monumentale, puis encore de la malle à l’argent, finit par consentir à s’en aller.

    Depuis tantôt deux jours, le cadavre était emballé dans la caisse de Silas ; à peine fut-il seul que l’infortuné Américain approcha son nez de toutes les fentes et de toutes ouvertures, avec l’attention la plus angoissée. Mais le temps était froid et la malle réussissait encore à cacher son abominable secret.

    Il prit une chaise et médita, la tête ensevelie entre ses mains. À moins qu’il ne fût promptement délivré, toute illusion était impossible, sa perte paraissait certaine. Seul dans une ville étrangère, sans amis ni complices, si la recommandation du docteur lui manquait, il n’avait plus de ressource.

    Pathétiquement, il repassa dans son esprit ses ambitieux desseins pour l’avenir ; il ne deviendrait plus le héros, l’homme célèbre de sa ville natale, Bangor (Maine), il ne monterait plus, ainsi qu’il l’avait amoureusement rêvé, de charge en charge et d’honneurs en honneurs. Il pouvait aussi bien abandonner tout de suite l’espoir d’être élu président des États-Unis et de laisser derrière lui une statue, dans le plus mauvais style possible, pour orner le Capitole à Washington. Quelle destinée que celle de cet Américain enchaîné à un Anglais mort et plié en deux au fond d’une malle de Saratoga ! S’il ne réussissait pas à se débarrasser de ce cadavre importun, c’en était fait. Il n’y avait plus la plus petite place pour lui dans les annales des gloires nationales !

    Je n’oserais pas répéter ses imprécations contre le docteur, l’homme assassiné, Mme Zéphyrine, les porteurs de l’hôtel, les serviteurs du prince, en un mot, contre tous ceux qui avaient été mêlés, même de la façon la plus lointaine, à son horrible infortune.

    Vers sept heures, il s’échappa et descendit dîner ; mais la salle du restaurant le glaça d’effroi ; les yeux des autres dîneurs semblaient s’arrêter sur lui avec méfiance et son esprit demeurait obstinément là-haut, près de la malle. Lorsque le garçon vint lui présenter du fromage, ses nerfs étaient tellement excités, qu’il sauta en l’air et renversa le reste d’une pinte d’ale sur la nappe.

    Le garçon lui proposa de le conduire au fumoir ; quoiqu’il eût préféré de beaucoup retourner tout de suite auprès de son dangereux trésor, il n’eut pas le courage de refuser et se laissa conduire dans un sous-sol sans jour, éclairé au gaz, qui servait, et sert peut-être encore, de café à l’hôtel Craven.

    Deux hommes jouaient tristement au billard ; assistés par un marqueur hâve et phtisique ; un moment Silas crut qu’ils étaient les seuls occupants de la salle. Mais, au second coup d’œil, son regard tomba sur un individu qui, dans un coin, fumait, les yeux baissés, de l’air le plus modeste et le plus respectable. Il se souvint d’avoir déjà rencontré cette figure ; malgré le changement complet de costume, il reconnut l’homme qu’il avait trouvé assis sur la borne de Box-Court et qui avait aidé à transporter sa malle. Aussitôt l’Américain se retourna et, se mettant à courir, ne s’arrêta que lorsqu’il se

    Prev
    Next

    YOU MAY ALSO LIKE

    Dans les mers du sud – Robert Louis Stevenson
    Dans les mers du sud
    August 17, 2020
    881428._SY475_
    Le Maître de Ballantrae
    August 17, 2020
    Fables – Robert Louis Stevenson
    Fables
    August 17, 2020
    Le mort vivant – Robert Louis Stevenson
    Le mort vivant
    August 17, 2020
    Tags:
    Classique, Fantaisie, Fiction
    • Privacy Policy
    • ABOUT US
    • Contact Us
    • Copyright
    • DMCA Notice

    © 2020 Copyright par l'auteur des livres. Tous les droits sont réservés.

    Sign in

    Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Sign Up

    Register For This Site.

    Log in | Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Lost your password?

    Please enter your username or email address. You will receive a link to create a new password via email.

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!