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    2. Nouvelles Mille et une Nuits
    3. Chapitre 19
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    Mais, regardez ! sanglota Silas en montrant le cadavre. Là, dans mon lit, cette chose impossible à expliquer… impossible à voir sans horreur !

    – Sans horreur, dites-vous ? Non ; quand cette sorte d’horloge s’arrête, ce n’est plus pour moi qu’une ingénieuse pièce de mécanique bonne à fouiller au scalpel. Lorsque le sang est une fois figé, ce n’est plus du sang humain ; lorsque la chair est morte, elle n’est plus cette chair que nous désirons chez nos maîtresses et que nous respectons chez nos amis. La grâce, le charme, la terreur, tout en est sorti avec l’esprit qui l’animait. Habituez-vous à contempler cela tranquillement, car, si mon projet est praticable, il vous faudra vivre plusieurs jours en compagnie constante avec ce qui, à cette heure, vous effraie.

    – Votre projet ? s’écria Silas. Quel est-il ? Dites-le-moi vite, docteur, car, il me reste à peine assez de courage pour continuer à vivre. »

    Sans répondre, le docteur Noël s’approcha du lit et se mit à palper le cadavre.

    « Absolument mort, murmura-t-il ; oui, ainsi que je le supposais… les poches vides… le chiffre de la chemise coupé. Leur œuvre a été accomplie tout entière. Heureusement il est de petite taille. »

    Silas recueillait ces paroles avec une ardente anxiété. Son examen terminé, le docteur prit une chaise et s’adressa au jeune homme en souriant :

    « Depuis que je suis dans cette chambre, dit-il, bien que mes oreilles et ma langue aient été si occupées, mes yeux ne sont pas restés inactifs. J’ai remarqué tout à l’heure, que vous aviez là, dans un coin, une de ces monstrueuses constructions que vos compatriotes emportent avec eux dans toutes les parties du globe, – en un mot une malle de Saratoga. Jusqu’à présent, je n’avais jamais pu deviner l’utilité de ces monuments ; mais aujourd’hui je commence à la soupçonner. Était-ce pour plus de commodité dans la traite des esclaves, était-ce pour obvier aux conséquences d’un emploi trop prompt du couteau, je ne sais… Mais je vois clairement une chose, – le but d’une pareille caisse est de contenir un corps humain.

    – En vérité, s’écria Silas, ce n’est pas le moment de plaisanter !

    – Bien que je m’exprime avec une sorte de gaieté, répliqua le docteur, le sens de mes paroles est extrêmement sérieux. Et la première chose que nous ayons à faire, mon jeune ami, est de débarrasser votre coffre de tout ce qu’il contient… »

    Silas céda docilement à l’autorité du docteur Noël. La malle de Saratoga une fois vidée, – ce qui produisit un désordre considérable sur le plancher, – le cadavre fut retiré du lit, Silas le prenant par les talons et le docteur le tenant par les épaules, puis, après quelques difficultés, on le plia en deux et on l’inséra tout entier dans le coffre. Grâce à un effort vigoureux des deux hommes, le couvercle se rabattit sur ce singulier bagage et la caisse fut fermée, cadenassée, cordée par la propre main du docteur, pendant que Silas chargeait tout ce qu’elle avait contenu, dans un cabinet et dans la commode.

    « Maintenant, dit le docteur, le premier pas vers la délivrance est fait. Demain, ou plutôt aujourd’hui, votre tâche sera d’apaiser les soupçons de votre portier en lui payant tout ce que vous devez ; pendant ce temps, vous pourrez vous fier à moi pour prendre d’autres dispositions nécessaires. En attendant, accompagnez-moi dans ma chambre, où je vous donnerai un narcotique indispensable, car, quoi que vous deviez faire, il vous faut du repos… »

    La journée suivante fut la plus longue dont Silas put se souvenir. Il semblait qu’elle ne dût jamais s’achever, cette journée maudite…

    L’Américain défendit sa porte et s’assit à l’écart, les yeux fixés sur la malle de Saratoga, dans une lugubre contemplation. Ses anciennes indiscrétions lui furent rendues avec usure : le trou dans la muraille ayant été ouvert de nouveau, il eut conscience d’une surveillance presque continuelle dirigée sur lui de l’appartement de Mme Zéphyrine. Ce sentiment d’être épié devint même si pénible, qu’à la fin il se vit obligé de boucher l’ouverture de son côté. Lorsque, par ce moyen, il fut à l’abri de tout regard importun, Scuddamore passa son temps en larmes de repentir et en prières.

    La soirée était fort avancée quand le docteur Noël entra dans la chambre, portant à la main deux enveloppes cachetées, sans adresses, l’une, plutôt volumineuse, l’autre si mince qu’elle semblait vide.

    « Silas, dit-il en s’asseyant devant la table, le moment est venu de vous expliquer le plan que j’ai formé pour vous sauver. Demain matin, de très bonne heure, le prince Florizel de Bohême retourne à Londres, après avoir passé quelques jours dans le tourbillon du carnaval parisien. Il m’a été donné, il y a longtemps déjà, de rendre au colonel Geraldine, son écuyer, un de ces services, si fréquents dans ma profession et qui ne sont jamais oubliés, ni d’un côté ni de l’autre. Je n’ai pas besoin de vous expliquer la nature de l’obligation sous laquelle il se trouve ; qu’il me suffise de dire que je le sais prêt à m’aider de toutes manières. Or il était urgent que vous pussiez gagner Londres sans que votre malle fût ouverte ; à cela, n’est-ce pas, la douane semblait opposer une difficulté insurmontable. Mais il me revint à l’esprit, que, par courtoisie, les bagages de l’héritier d’un trône devaient être exempts de la visite ordinaire. Je m’adressai au colonel Geraldine et obtins une réponse favorable. Demain, si vous vous trouvez avant six heures à l’hôtel où demeure le prince, vos bagages seront transportés avec les siens, dont ils sembleront faire partie, et vous-même ferez le voyage comme membre de la suite de Son Altesse.

    – Je crois avoir déjà vu le prince de Bohême et le colonel Geraldine ; j’ai même entendu par hasard une partie de leur conversation, l’autre soir, au bal Bullier.

    – C’est possible, car le prince veut connaître tous les milieux. Une fois arrivé à Londres, votre tâche est presque terminée. Dans cette grosse enveloppe, j’ai remis une lettre que je n’ose adresser à son destinataire ; mais dans l’autre, vous trouverez la désignation de la maison où vous devez porter cette lettre avec votre malle, qui vous sera alors enlevée et ne vous embarrassera pas davantage.

    – Hélas ! dit Silas, j’ai un vif désir de vous croire, mais comment serait-ce possible ? Vous m’ouvrez une perspective irréalisable, je le crains bien ! Soyez généreux, faites-moi mieux comprendre votre dessein. »

    Le docteur Noël parut péniblement impressionné.

    « Enfant, répondit-il, vous ne savez pas quelle cruelle chose vous me demandez. N’importe, qu’il en soit ainsi ! Je suis aguerri désormais contre l’humiliation, et il serait étrange de vous refuser cela, après vous avoir tant accordé. Sachez donc que, bien que je sois maintenant d’apparence si tranquille, sobre, solitaire, adonné à l’étude, mon nom, quand j’étais plus jeune, servait de cri de ralliement aux esprits les plus hardis et les plus dangereux de Londres. Pendant qu’extérieurement j’étais entouré de respect, ma véritable puissance s’appuyait sur les relations les plus secrètes, les plus terribles, les plus criminelles. C’est à un de ceux qui m’obéissaient alors que je m’adresse aujourd’hui pour vous délivrer de votre fardeau. Ces hommes étaient de nationalités et d’aptitudes diverses, mais tous liés par un serment formidable ; tous agissaient dans le même but ; ce but était l’assassinat ; et, moi qui vous parle, j’étais, si peu que j’en aie l’air, le chef de cette bande redoutable.

    – Quoi, s’écria Silas, un assassin ?… et un assassin pour qui le meurtre était un métier ?… Puis-je toucher votre main désormais ? Dois-je même accepter vos services ? Vieillard sinistre, voudriez-vous abuser de ma détresse pour vous gagner un complice ? »

    Le docteur se mit à rire amèrement.

    « Vous êtes difficile à contenter, Mr. Scuddamore, dit-il. Soit ! je vous laisse le choix entre la société de l’assassiné et celle d’un assassin. Si votre conscience est trop timorée pour accepter mon aide, dites-le, et je vous quitte sur-le-champ. Dorénavant vous pourrez agir avec votre caisse et son contenu comme il conviendra le mieux à votre âme délicate.

    – Je reconnais mes torts, répliqua Silas ; j’aurais dû me souvenir de la générosité avec laquelle vous avez offert de me protéger, avant même que je ne vous eusse convaincu de mon innocence ; pardon, je continuerai à écouter vos conseils et à en être reconnaissant.

    – C’est bien, répondit le docteur, vous commencez à profiter des leçons de l’expérience.

    – Mais, reprit l’Américain, puisque vous êtes, d’après votre propre aveu, habitué à ces besognes tragiques, puisque les gens auxquels vous me recommandez sont vos anciens associés et vos amis, ne pourriez-vous, monsieur, vous charger vous-même du transport de la malle et me délivrer tout de suite de sa présence abhorrée ?

    – Par ma foi, répliqua le docteur, je vous admire, jeune homme ! Si vous trouvez que je ne me suis pas déjà suffisamment mêlé de vos affaires, moi, du fond du cœur, je pense le contraire. Prenez ou dédaignez mes services tels que je les offre, et ne m’ennuyez pas davantage avec vos remerciements, car je fais encore moins de cas de votre estime que de votre intelligence. Un temps viendra où, s’il vous est donné de vivre sain d’esprit un certain nombre d’années, vous jugerez différemment tout ceci et rougirez de votre conduite de cette nuit. »

    En prononçant ces mots, le docteur se leva, répéta brièvement et clairement ses indications, puis quitta la chambre sans laisser à Silas le temps de répondre.

    Le lendemain matin, Silas Scuddamore se présenta à l’hôtel, où il fut poliment reçu par le colonel Geraldine et délivré

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