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    2. Nouvelles Mille et une Nuits
    3. Chapitre 15
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    tandis que vous avez les mains pures. Si vous aviez pu entendre le cri aigu de ce vieillard au moment de sa chute et le bruit de ses os sur le pavé ! Souhaitez-moi, en admettant que vous ayez encore quelque bonté pour un être dégradé comme je le suis, souhaitez-moi l’as de pique pour cette nuit ! »

    Quelques membres entrèrent dans le courant de la soirée, mais le diable ne put compter qu’une douzaine de joueurs autour du tapis vert. Le prince sentit de nouveau qu’une certaine excitation agréable se mêlait à son inquiétude ; mais il s’étonna de voir Geraldine bien plus calme qu’il ne l’était la nuit précédente.

    « Il est extraordinaire, pensa-t-il, que le parti pris de la volonté puisse opérer un si grand changement !

    – Attention, messieurs ! » dit le président ; – et il se mit à donner.

    Trois fois les cartes firent le tour de la table sans résultat. Lorsque le président recommença pour la quatrième fois, l’émotion était générale et intense. Il y avait juste assez de cartes pour faire encore un tour entier. Le prince, assis auprès de celui qui se tenait à la gauche du banquier, avait à recevoir l’avant-dernière carte. Le troisième joueur retourna un as noir, c’était l’as de trèfle ; le suivant eut le carreau ; mais l’apparition de l’as de pique tardait toujours. Enfin Geraldine, assis à la gauche du prince, retourna sa carte : c’était un as, mais un as de cœur.

    Lorsque le prince Florizel vit sa destinée encore voilée sur la table devant lui, son cœur cessa de battre. Il était homme et courageux, mais la sueur perlait sur son visage : il avait cinquante chances sur cent pour être condamné. Il retourna la carte ; c’était l’as de pique. Une sorte de rugissement remplit son cerveau et la table tourbillonna sous ses yeux. Il entendit le joueur assis à sa droite partir d’un éclat de rire qui sonnait entre la joie et le désappointement ; il vit la compagnie se disperser, mais ses pensées étaient loin. Il reconnaissait combien sa conduite avait été légère, criminelle même.

    « Mon Dieu ! s’écria-t-il, mon Dieu, pardonnez-moi ! »

    Et aussitôt son trouble fit place à l’empire habituel qu’il avait sur lui-même.

    À sa grande surprise, Geraldine avait disparu. Il ne restait personne dans la salle de jeu, excepté le bourreau destiné à l’expédier, qui se concertait avec le président, et le jeune homme aux tartes à la crème. Celui-ci se glissa vers le prince et lui souffla dans l’oreille, en guise d’adieu :

    « Je donnerais un million, si je le possédais, pour avoir la même chance que vous. »

    Son Altesse ne put s’empêcher de penser qu’elle aurait vendu volontiers cette chance beaucoup moins cher.

    La conférence à voix basse était terminée. Le possesseur de l’as de trèfle quitta la chambre avec un signe d’intelligence, et le président, s’approchant de l’infortuné prince, lui tendit la main.

    « Je suis content de vous avoir rencontré, monsieur, dit-il, et content d’avoir été en état de vous rendre ce petit service. Au moins vous ne pouvez vous plaindre d’un long retard. À la seconde soirée, – quel coup de fortune ! »

    Le prince essaya vainement d’articuler une réponse quelconque, mais sa bouche était sèche et sa langue semblait paralysée.

    « Vous sentez-vous mal à votre aise ? demanda le président d’un air de sollicitude. Cela arrive à beaucoup de ces messieurs. Voulez-vous prendre un peu d’eau-de-vie ? »

    Florizel fit un signe affirmatif.

    « Pauvre vieux Malthus ! répéta le président, tandis qu’il vidait son verre. Il en a bu près d’un demi-litre, qui n’a paru lui faire que peu de bien.

    – Cela agit mieux sur moi, dit le prince, me voici redevenu moi-même, comme vous voyez. Permettez-moi une question : où dois-je me rendre ?

    – Vous allez suivre le Strand dans la direction de la Cité, sur le trottoir de gauche, jusqu’à ce que vous ayez rencontré l’individu qui vient de s’en aller. Il vous donnera ses instructions et vous aurez la bonté de vous y conformer ; il est investi de l’autorité du club pour cette nuit. Et maintenant, ajouta le président, je vous souhaite une promenade agréable. »

    Florizel répondit à ce salut avec une certaine gaucherie et se retira. Il traversa le fumoir, où l’ensemble des joueurs restait encore à consommer du champagne qu’il avait commandé et payé en partie, et fut surpris de s’apercevoir qu’il les maudissait du fond de son cœur. Il mit lentement son chapeau, son pardessus, choisit son parapluie dans un coin. L’habitude qu’il avait de ces actes familiers et la pensée qu’il les faisait pour la dernière fois le poussèrent à un éclat de rire qui résonna d’une façon sinistre à ses propres oreilles. Il éprouvait une répugnance à sortir de la maison et se tourna vers la fenêtre. La vue des réverbères qui brillaient dans l’obscurité le rappela au sentiment de la réalité.

    « Allons, allons, il faut être un homme et m’arracher d’ici. »

    Au coin de Box-Court, trois hommes tombèrent sur le prince Florizel à l’improviste et il fut transporté sans façon dans une voiture qui partit rapidement. Déjà, il s’y trouvait quelqu’un.

    « Votre Altesse me pardonnera-t-elle mon zèle ? » dit une voix bien connue.

    Le prince se jeta au cou du colonel dans l’élan de son soulagement.

    « Comment pourrai-je jamais vous remercier ? s’écria-t-il. Et par quel miracle cela s’est-il fait ? »

    Quoiqu’il eût accepté sa condamnation, il était trop heureux de céder à cette violence amicale, de retourner une fois de plus à la vie et à l’espérance.

    « Vous pourrez me remercier effectivement, répliqua le colonel, si vous évitez dans l’avenir de pareils dangers. Tout s’est produit par les moyens les plus simples. J’ai arrangé l’affaire durant l’après-midi. Discrétion a été promise et payée. Vos propres serviteurs étaient principalement engagés dans l’affaire. La maison de Box-Court fut cernée dès la tombée de la nuit, et cette voiture, l’une des vôtres, attendait depuis une heure environ.

    – Et le misérable voué à m’assassiner, qu’est-il devenu ? demanda le prince.

    – Il a été arrêté au moment où il quittait le Club, répliqua le colonel ; maintenant il attend sa sentence au palais, où bientôt il sera rejoint par ses complices.

    – Geraldine, dit le prince, vous m’avez sauvé contrairement à mes ordres absolus, et vous avez bien fait. Je vous dois non seulement la vie, mais encore une leçon, et je serais indigne de régner si je ne témoignais de la gratitude à mon maître. Choisissez votre récompense. »

    Il y eut un silence pendant lequel la voiture continua de rouler à travers les rues ; les deux hommes étaient plongés chacun dans ses propres pensées. Le silence fut rompu par le colonel.

    « Votre Altesse, dit-il, a en ce moment un nombre considérable de prisonniers. Il y a au moins un criminel dans ce nombre. Pour lui justice doit être faite. Notre serment nous défend tout recours à la loi, et la discrétion l’interdirait même si l’on nous dégageait du serment. Puis-je demander les intentions de Votre Altesse ?

    – C’est décidé, répondit Florizel, le président tombera dans un duel. Il ne reste qu’à trouver l’adversaire.

    – Votre Altesse m’a permis de choisir ma propre récompense, dit le colonel. Veut-elle confier à mon frère cette mission délicate ? Il est homme à s’en acquitter parfaitement.

    – Vous me demandez là une méchante faveur, dit le prince, mais je ne peux rien vous refuser. »

    Le colonel lui baisa la main avec la plus grande affection, et, en ce moment, la voiture roula sous le porche de la résidence splendide du prince.

    Une heure après, Florizel, revêtu de ses habits officiels et couvert de tous les ordres de Bohême, reçut les membres du Suicide Club.

    « Misérables insensés que vous êtes, dit-il, comme beaucoup d’entre vous ont été jetés dans cette voie par le manque d’argent, vous aurez des secours et du travail. Ceux que tourmente le remords devront s’adresser à un potentat plus puissant et plus généreux que moi. J’éprouve de la pitié pour vous tous, une pitié plus profonde que vous n’êtes capables de l’imaginer, et, si vous répondez franchement, je tâcherai de remédier à votre malheur. Quant à vous, ajouta-t-il en se tournant vers le président, je ne ferais qu’offenser une personne de votre sorte par quelque offre d’assistance ; au lieu de cela, j’ai une partie de plaisir à vous proposer. »

    Posant sa main sur l’épaule du frère de Geraldine :

    « Voici, ajouta-t-il, un de mes officiers qui désire faire un tour sur le continent, et je vous demande, comme une faveur, de l’accompagner dans cette excursion. Tirez-vous bien le pistolet ? continua le prince en changeant de ton. Vous pourrez avoir besoin de cet art. Lorsque deux hommes s’en vont voyager ensemble, le mieux c’est d’être préparé à tout. Laissez-moi ajouter que si, par suite de quelque accident, vous perdiez le jeune Geraldine en route, j’aurai toujours un autre des miens à mettre à votre disposition ; je suis connu, monsieur le président, pour avoir la vue longue et le bras long. »

    Par ces paroles prononcées avec sévérité, il termina son discours. Le lendemain, les membres du Club reçurent des preuves de sa munificence et le président se mit en route sous les auspices du frère de Geraldine, qu’accompagnaient deux laquais de confiance, adroits et bien dressés dans le service du prince.

    Enfin, des agents discrets occupèrent la maison de Box-Court : toutes les lettres, toutes les visites pour le Club du suicide devaient être soumises à l’examen du prince Florizel en personne.

    Ici se termine l’Histoire du jeune homme aux tartes à la crème, qui est maintenant un propriétaire aisé de Wigmore street, Cavendish-square. Je

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