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    2. Nouvelles Mille et une Nuits
    3. Chapitre 14
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    paralysé. »

    En effet, tandis que Mr. Malthus commençait sa description, une autre porte à deux battants s’était ouverte ; le Club entier se mit à défiler, non sans quelque hâte, dans la pièce voisine.

    Elle était en tout semblable à celle que l’on venait de quitter, mais un peu différemment meublée. Le centre en était occupé par une longue table à tapis vert, devant laquelle le président était assis ; il mêlait un jeu de cartes avec beaucoup de soin. Même avec l’aide de sa canne et du bras de Geraldine, Mr. Malthus marchait avec tant de difficulté que chacun fut assis avant que ce couple et le prince qui les attendait entrassent dans l’appartement ; par conséquent tous les trois prirent place côte à côte, au bout inférieur de la table.

    « C’est un jeu de cinquante-deux cartes, dit tout bas Malthus. Veillez sur l’as de pique, qui est le signe de mort, et sur l’as de trèfle, qui désigne l’exécuteur de cette nuit. Heureux jeunes gens que vous êtes ! Vous avez de bons yeux et pouvez suivre la partie ! Hélas ! je ne saurais reconnaître un as d’un deux à travers la largeur d’une table… »

    Et il plaça sur son nez une seconde paire de lunettes.

    « Je veux au moins observer les physionomies », expliqua-t-il.

    En quelques mots rapides, Geraldine informa le prince de tout ce qu’il avait appris par la bouche du membre honoraire et de l’alternative possible qui leur était réservée. Le prince eut un frisson, une contraction au cœur ; il promena ses regards de côté et d’autre, comme un homme abasourdi.

    « Un coup hardi, dit tout bas le colonel, et nous pouvons encore nous échapper. »

    Mais cette suggestion rappela le courage du prince.

    « Silence, dit-il. Faites-moi voir que vous savez jouer en gentilhomme, l’enjeu fût-il sérieux. »

    Maintenant, il avait recouvré en apparence tout son sang-froid, quoique son cœur battit lourdement et qu’il eût une sensation de chaleur désagréable dans la poitrine. Les membres du Club étaient tous attentifs ; chacun d’eux très pâle ; mais nul ne l’était autant que Mr. Malthus. Ses yeux sortaient de leurs orbites ; sa tête se balançait, sur la colonne vertébrale par un mouvement d’oscillation involontaire ; ses mains, l’une après l’autre, se portaient à sa bouche pour tirailler ses lèvres livides et frémissantes.

    « Attention, messieurs ! » dit le président qui se mit à donner lentement les cartes.

    Il s’arrêtait jusqu’à ce que chaque membre eût montré la sienne. Presque tous hésitaient ; vous auriez vu les doigts trembler avant de réussir à retourner le funeste morceau de carton qui portait l’arrêt du destin. À mesure que le tour du prince approchait, il éprouvait une émotion grandissante, qui faillit le suffoquer ; mais sans doute il avait quelque peu le tempérament d’un joueur, car il reconnut qu’un certain plaisir se mêlait à cette angoisse. Le neuf de trèfle lui échut ; le trois de pique fut donné à Geraldine et la dame de cœur à Mr Malthus, incapable de réprimer un soupir de soulagement. Le jeune homme aux tartes à la crème, presque immédiatement après, retourna l’as de trèfle et resta glacé d’horreur, car il n’était pas venu pour tuer, mais pour être tué. Et le prince, dans sa sympathie généreuse, oublia presque, en le plaignant, l’extrême danger qui était encore suspendu au-dessus de lui-même et de son ami.

    La donne se renouvela, et, cette fois encore, la carte de la mort ne sortit pas. Les joueurs retenaient leur souffle, haletants ; le prince eut un autre trèfle, Geraldine, un carreau ; mais, lorsque Mr Malthus eut retourné sa carte, un horrible bruit, semblable à celui de quelque chose qui se brise, partit de sa bouche ; il se leva et se rassit sans aucun signe de paralysie. C’était l’as de pique. Le membre honoraire s’était amusé de ses propres terreurs une fois de trop.

    La conversation éclata de nouveau presque tout d’un coup. Les joueurs, renonçant à leurs attitudes rigides, commencèrent à se lever de table et revinrent en flânant, par deux et par trois, dans le fumoir. Le président étirait ses bras et baillait comme un homme qui a fini son travail journalier. Mais Mr. Malthus restait assis à sa place, la tête dans ses mains, les mains sur la table, immobile, atterré.

    Le prince et Geraldine s’échappèrent, l’impression d’horreur qu’ils emportaient avec eux, redoublant dans le froid de la nuit.

    « Ah ! s’écria le prince, être lié par un serment dans une affaire comme celle-ci, permettre que ce trafic de meurtre continue avec profit et impunité ! Si seulement j’osais manquer à ma parole !

    – C’est impossible pour Votre Altesse, répliqua le colonel. Son honneur est celui de la Bohême ; mais je me charge, moi, de manquer à la mienne avec bienséance.

    – Geraldine, dit le prince, si votre honneur souffre en quelqu’une de nos équipées, non seulement je ne vous pardonnerai jamais, mais ce qui, je crois, vous affectera plus vivement encore, je ne me le pardonnerai pas à moi-même.

    – J’attends les ordres de Votre Altesse, répondit le colonel. Nous éloignerons-nous de ce lieu maudit ?

    – Oui, dit le prince. Appelez un cab. J’essayerai de perdre dans le sommeil le souvenir de cette abominable aventure. »

    Mais il eut soin de lire le nom de l’impasse avant de la quitter.

    Le lendemain, aussitôt que le prince fut éveillé, le colonel Geraldine lui apporta un journal quotidien avec le paragraphe suivant intitulé :

    « Triste accident. – Cette nuit, vers deux heures, Mr. Barthélemy Malthus, domicilié n° 16 Chepstow place, Westbourne Grove, à son retour d’une soirée, est tombé par-dessus le parapet de Trafalgar-square et s’est fracturé le crâne en même temps qu’une jambe et un bras. La mort dut être instantanée. Mr. Malthus, accompagné d’un ami, cherchait un cab au moment de cet affreux accident. Comme Mr. Malthus était paralysé, on pense que sa chute a pu être occasionnée par une nouvelle attaque. Ce gentleman était bien connu dans les cercles les plus respectables et sa perte sera généralement déplorée. »

    « Si jamais une âme mérita d’aller droit à l’enfer, dit solennellement Geraldine, c’est bien celle de ce paralytique. »

    Le prince cacha son visage entre ses mains et resta silencieux.

    « Je me réjouis presque, continua le colonel, de le savoir mort. Mais, pour notre jeune homme aux tartes à la crème, ma pitié est grande, je l’avoue. »

    – Geraldine, dit le prince en relevant la tête, ce malheureux garçon était, la nuit passée, aussi innocent que vous et moi, et, ce matin, le poids d’un crime est sa conscience. Quand je pense au président, mon cœur défaille au dedans de moi. Je ne sais comment cela se passera, mais je veux tenir ce gredin à ma merci, comme il y a un Dieu au ciel. Quelle expérience, quelle leçon que celle de ce jeu de cartes !

    – Une leçon qu’il ne faudrait jamais recommencer », fit observer le colonel.

    Le prince resta si longtemps sans répondre que son fidèle serviteur devint inquiet.

    « Monseigneur, dit-il, vous ne pouvez penser à y retourner ? Vous n’avez déjà que trop souffert et vu trop d’horreurs, les devoirs de votre situation vous défendent de tenter le hasard.

    – Hélas ! répliqua le prince, je n’ai jamais senti ma faiblesse d’une manière aussi humiliante qu’aujourd’hui, mais elle est plus forte que moi. Puis-je cesser de m’intéresser au sort du malheureux jeune homme qui a soupé avec nous, il y a quelques heures ? Puis-je laisser le président poursuivre sa carrière d’infamie sans la surveiller ? Puis-je commencer une aventure aussi entraînante sans la continuer jusqu’à la fin ? Non, Geraldine, vous demandez au prince plus que l’homme n’est capable d’accomplir. Cette nuit, encore une fois, nous irons prendre place à la table de ce Club du suicide. »

    Le colonel tomba sur ses deux genoux.

    « Mon prince veut-il m’ôter la vie ? s’écria-t-il. Elle est à lui ; mais qu’il n’exige pas que je la laisse affronter un pareil risque !

    – Colonel, répliqua Florizel avec quelque hauteur, votre vie vous appartient absolument. Je ne demande que de l’obéissance, et, si celle-ci m’est accordée sans empressement, je ne la demanderai plus. »

    Le grand écuyer, se retrouva sur pied en un clin d’œil et dit simplement :

    « Votre Altesse veut-elle me dispenser de mon service durant l’après-midi ? Je ne puis me hasarder une seconde fois dans cette maison fatale avant d’avoir parfaitement réglé mes affaires. Votre Altesse ne rencontrera plus, je le promets, la moindre opposition de la part du plus dévoué et du plus reconnaissant de ses serviteurs.

    – Mon cher Geraldine, répondit le prince, je suis toujours aux regrets, lorsque vous m’obligez à me rappeler mon rang. Disposez de votre journée, comme bon vous semblera, et soyez ici avant onze heures sous le même déguisement. »

    Le Club, ce second soir, n’était pas aussi nombreux que la veille ; lorsque Geraldine et le prince arrivèrent, il n’y avait pas plus de six personnes dans le fumoir. Son Altesse prit le président à part et le félicita chaleureusement au sujet de la démission de Mr. Malthus.

    « J’aime, dit-il, à rencontrer des capacités, et, certainement, j’en trouve beaucoup chez vous. Votre profession est de nature très délicate, mais je vois que vous vous en acquittez avec succès et discrétion. »

    Le président parut touché des compliments que lui accordait un homme aussi supérieur de ton et de maintien. Il remercia presque avec humilité.

    Le jeune homme aux tartes à la crème était dans le salon, mais abattu et silencieux. Ses nouveaux amis essayèrent en vain de le faire causer.

    « Combien je voudrais, s’écria-t-il, ne vous avoir jamais conduits dans ce bouge infâme ! Fuyez,

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