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    2. Nouvelles Mille et une Nuits
    3. Chapitre 12
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    quoique vous ne soyez pas le premier que j’aie accompagné à cette porte. Plus d’un m’a précédé pour aller où je savais que je le suivrais bientôt. Mais ceci n’est d’aucun intérêt pour vous. Attendez-moi quelques instants ; je reviendrai dès que j’aurai arrangé les préliminaires de votre introduction. »

    Là-dessus le distributeur de tartes, ayant tendu la main à ses compagnons, traversa la cour, entra dans un vestibule et disparut.

    « De toutes nos folies, dit le colonel à voix basse, celle-ci me paraît la plus violente et la plus dangereuse.

    – Je le crois, répondit le prince.

    – Nous avons encore un moment à nous, continua le colonel. Que Votre Altesse profite de l’occasion et se retire. Les conséquences de cette démarche peuvent être si graves ! C’est ce qui m’autorise à pousser un peu plus loin qu’à l’ordinaire la liberté de langage que Votre Altesse daigne m’accorder.

    – Dois-je comprendre que le colonel Geraldine a peur ? dit Florizel en retirant le cigare de sa bouche et en fixant sur son écuyer un regard perçant.

    – Mes craintes ne sont certainement pas personnelles, répliqua fièrement Geraldine.

    – Je le supposais bien, dit le prince, avec une bonne humeur imperturbable ; mais je n’avais nulle envie de vous rappeler la différence de nos positions réciproques. Assez, ajouta-t-il, voyant que Geraldine était prêt à demander pardon, – vous êtes excusé. »

    Et il fuma tranquillement, appuyé contre une grille, jusqu’à ce que l’ambassadeur fût de retour.

    « Eh bien, demanda-t-il, notre réception est-elle arrangée ?

    – Suivez-moi, messieurs. Le président vous interrogera dans son cabinet. Et permettez-moi de vous avertir que vos réponses doivent être franches. Je me suis porté caution ; mais le Club exige une enquête sérieuse avant d’admettre qui que ce soit ; l’indiscrétion d’un seul membre amènerait la dispersion de la Société pour toujours. »

    Le prince et Geraldine s’entendirent à voix basse ; après quoi ils accompagnèrent leur guide au cabinet du président. Il n’y avait pas d’obstacles bien considérables à franchir. La porte extérieure était ouverte, la porte du cabinet entrebâillée ; et là, dans un local de petites dimensions, mais au plafond très élevé, le jeune homme les laissa seuls pour la seconde fois.

    – Le président se rendra ici tout à l’heure », dit-il, avec un signe de tête, en disparaissant.

    Des voix se faisaient entendre à travers la porte à deux battants qui formait l’une des extrémités, et par intervalles le bruit d’un bouchon de champagne, suivi d’un éclat de rire, se mêlait aux lambeaux de la conversation. Une grande fenêtre donnait sur la rivière, et la disposition des lumières leur fit supposer qu’ils n’étaient pas loin de la station de Charing Cross. Le mobilier leur parut mesquin sous des housses usées jusqu’à la corde ; ils remarquèrent la sonnette placée au centre d’une table ronde, les chapeaux et les pardessus nombreux accrochés le long des murs.

    « Quel est ce repaire ? dit Geraldine.

    – C’est ce que je veux voir, répliqua le prince, si le diable le permet ; la chose peut devenir amusante. »

    Sur ces entrefaites, la porte à deux battants s’ouvrit, mais pas plus qu’il n’était nécessaire pour le passage d’un corps humain, et un bruyant bourdonnement de voix accompagna l’entrée du redoutable président. Qu’on imagine un homme d’une cinquantaine d’années, grand de taille, à la démarche hardie, aux favoris hérissés, à la tête chauve, à l’œil gris voilé qui de temps en temps lançait une étincelle. Ses lèvres serraient un gros cigare qu’il mâchait et tortillait de droite à gauche, tout en regardant d’un air pénétrant et froid les deux étrangers. Il portait des habits de lainage clair, avec un col de chemise très dégagé à rayures de couleur.

    « Bonsoir, commença-t-il, après avoir fermé la perte derrière lui. On m’a dit que vous désiriez me parler.

    – Nous voulons, monsieur, nous joindre au Club du suicide », répliqua le colonel.

    Le président roula son cigare dans sa bouche.

    « Qu’est-ce que c’est que ça ? dit-il brusquement.

    – Je vous demande pardon, répondit Geraldine, mais je crois que vous êtes la personne la mieux autorisée à me donner des informations là-dessus.

    – Moi ? s’écria le président. Un Club du suicide ? Allons, vous voulez rire ! Je peux permettre à des jeunes gens d’avoir le vin gai ; mais il ne faudrait point insister trop.

    – Appelez votre Club comme vous voudrez, dit le colonel, mais vous avez quelque compagnie derrière ces portes et nous désirons nous joindre à elle.

    – Monsieur, répondit le président, vous êtes dans l’erreur. Ceci est une maison particulière et je vous saurai gré d’en sortir sur-le-champ. »

    Le prince était resté tranquillement à sa place pendant ce petit colloque ; mais, lorsque le colonel tourna les yeux vers lui, comme pour dire : « Allons-nous-en, de grâce… » – il retira son cigare et répondit :

    « Je suis venu ici sur l’invitation d’un de vos amis. Sans doute il vous a informé des motifs qui justifient notre démarche. Permettez-moi de vous rappeler qu’un homme qui se trouve dans les conditions où je suis, n’a point à se gêner et n’est nullement disposé à tolérer des impertinences. Je suis très pacifique d’ordinaire ; mais, cher monsieur, vous allez me rendre le service que je demande ou bien vous aurez lieu de vous repentir de m’avoir jamais admis dans votre antichambre. »

    Le président poussa un bruyant éclat de rire.

    « C’est ainsi qu’il faut parler, dit-il. Oui, vous êtes vraiment un homme. Vous connaissez le chemin de mon cœur et pouvez faire de moi tout ce qu’il vous plaira. Voudriez-vous, continua-t-il en s’adressant à Geraldine, vous éloigner un instant ? J’en finirai d’abord avec votre compagnon. Certaines formalités du Club doivent être remplies secrètement. »

    À ces mots, il ouvrit la porte d’un petit cabinet, dans lequel il enferma le colonel.

    « J’ai foi en vous, dit-il à Florizel, aussitôt qu’ils furent seuls, mais êtes-vous sûr de votre ami ?

    – Pas aussi sûr que je le suis de moi-même, assez cependant pour que j’aie pu l’amener ici sans inquiétude ; les raisons qui lui font désirer d’entrer dans votre Club sont encore plus puissantes que les miennes. L’autre jour, il s’est laissé prendre trichant aux cartes.

    – Une bonne raison, j’en conviens, répliqua le président, nous en avons un autre dans le même cas. Avez-vous été au service, monsieur ?

    – Oui, mais j’étais trop paresseux, je l’ai quitté de bonne heure.

    – Quel est le motif qui vous fait abandonner la vie ? poursuivit le président.

    – Toujours le même, autant que je peux m’en rendre compte, la paresse toute pure. »

    Le président tressaillit.

    « C’est impossible, s’écria-t-il, vous devez avoir une raison plus sérieuse que celle-là.

    – Je n’ai plus le sou, ajouta Florizel. C’est aussi un tourment. Mon oisiveté en souffre. »

    Le président tourmenta son cigare pendant quelques secondes en regardant droit dans les yeux ce néophyte extraordinaire ; mais le prince supporta son examen avec un sang-froid imperturbable.

    « Si je n’avais une si grande expérience, dit à la fin le président, je vous renverrais. Mais je connais le monde ; il arrive qu’en matière de suicide les causes les plus frivoles sont souvent les plus irrésistibles. Et, lorsqu’un homme me plaît, comme vous me plaisez, monsieur, je presse la conclusion plutôt que je ne la retarde. »

    Le prince et le colonel furent soumis à un interrogatoire long et particulier, le prince seul d’abord ; puis Geraldine en présence de ce dernier, de sorte que le président pouvait observer la contenance de l’un, tout en écoutant les réponses de l’autre. Le résultat fut satisfaisant et le président, après avoir enregistré quelques détails sur un carnet, leur proposa de prêter serment. On ne saurait imaginer de formule plus absolue de l’obéissance passive, rien de plus rigoureux que les termes par lesquels le récipiendaire se liait pour toujours.

    Florizel signa le document, mais non sans horreur. Le colonel suivit son exemple d’un air accablé. Alors le président ayant reçu la somme fixée pour l’entrée, introduisit sans plus de difficultés les deux amis dans le fumoir du Club.

    Ce fumoir était de la même hauteur que le cabinet dans lequel il donnait, mais bien plus grand et garni d’une imitation de boiserie de chêne. Un grand feu et un certain nombre de becs de gaz éclairaient la compagnie. Le prince compta : dix-huit personnes. La plupart fumaient et buvaient ; une gaieté fiévreuse régnait partout, entrecoupée de silences subits et quelque peu sinistres.

    « Est-ce un grand jour ? demanda le prince.

    – Moyen, répondit le président. Par parenthèse, si vous avez quelque argent, il est d’usage d’offrir du champagne ; cela soutient la bonne humeur et constitue un de mes petits profits.

    – Hammersmith, dit Florizel, occupez-vous du champagne. »

    Puis il fit le tour du cercle, en abordant celui-ci, celui-là ; son usage évident du meilleur monde, sa grâce et sa politesse, avec un mélange imperceptible d’autorité, imposèrent très vite à cette assemblée macabre et la séduisirent malgré elle ; en même temps il ouvrait les yeux et les oreilles. Bientôt il commença à se faire une idée générale du monde au milieu duquel il se trouvait. Les jeunes gens formaient une majorité considérable ; ils avaient les apparences de l’intelligence et de la sensibilité, plutôt que de l’énergie. Si quelques-uns dépassaient la trentaine, plusieurs étaient âgés de moins de vingt ans. Ils se tenaient appuyés contre les tables, changeant sans cesse de maintien ; tantôt ils fumaient très fort et tantôt ils laissaient s’éteindre leurs cigares ; quelques-uns s’exprimaient bien, mais la loquacité du grand nombre n’était évidemment que le résultat d’une excitation nerveuse, avec absence complète d’esprit et de bon sens. Chaque fois qu’une bouteille de champagne était débouchée, la gaieté augmentait d’une façon

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