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    2. Momo
    3. Chapitre 8
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    vas me le payer !

    De ses longs doigts verts, elle toucha la poitrine du prince Girolamo, figé sur son siège, et lui fit un nœud dans le cœur. Au même instant, il oublia qu’il était le prince du pays du Lendemain. Il quitta son château et son royaume, tel un voleur dans la nuit, et parcourut le monde jusqu’à atteindre le pays d’Aujourd’hui. C’est là qu’il vécut alors, en pauvre vaurien surnommé Gigi. La seule chose qu’il avait emportée, c’était l’image du miroir magique. Désormais, ce dernier était vide.

    Entre-temps, les habits de velours et de soie de la princesse Momo s’étaient transformés en loques. Elle portait maintenant une vieille veste d’homme beaucoup trop grande et une jupe de pièces de tissu multicolores. Elle vivait dans une ruine. C’est là qu’un beau jour, tous deux se rencontrèrent. Mais la princesse Momo ne reconnut pas le prince du pays du Lendemain, qui était devenu un vagabond. Et Gigi ne reconnut pas davantage la princesse Momo, car elle n’avait plus l’air d’une princesse. Mais dans leur malheur commun, ils devinrent amis et se réconfortaient mutuellement.

    Un soir que le miroir argenté flottait, vide, dans le ciel, Gigi sortit le reflet et le montra à Momo. Il était froissé et presque effacé, mais la princesse comprit aussitôt que c’était l’image qu’elle avait envoyée autrefois dans les airs. Et alors, sous le déguisement du pauvre hère Gigi, elle reconnut le prince Girolamo, qu’elle n’avait cessé de chercher et pour l’amour duquel elle était devenue mortelle. Elle lui raconta tout.

    Mais Gigi secoua tristement la tête en disant :

    — Je ne comprends rien à tes paroles, car dans mon cœur se trouve un nœud qui m’a fait tout oublier.

    Alors la princesse Momo lui posa la main sur la poitrine et défît avec délicatesse le nœud qui était dans son cœur. Aussitôt, le prince Girolamo se rappela qui il était et d’où il venait. Prenant la princesse par la main, il partit avec elle, bien loin, là où se trouve le pays du Lendemain. »

    Quand Gigi eut terminé son histoire, ils restèrent silencieux, puis Momo demanda :

    — Est-ce qu’ils se sont mariés plus tard ?

    — Bien sûr ! dit Gigi.

    — Est-ce qu’ils sont morts, maintenant ?

    — Non, répondit Gigi d’un ton ferme. Je l’ai appris par hasard. Le miroir magique ne rendait mortel que si on était seul à regarder dedans. Mais lorsqu’on s’y regardait à deux, on redevenait immortel. C’est ce qu’ils ont fait.

    Le grand disque argenté de la lune brillait au-dessus des pins noirs, baignant les vieilles pierres de l’amphithéâtre d’un éclat mystérieux. Assis en silence l’un près de l’autre, Momo et Gigi le contemplèrent longuement. Et à ce moment-là, ils sentirent qu’ils étaient tous les deux immortels.

    Deuxième partie

    Les messieurs gris

    Chapitre 6

    Un calcul faux

    qui tombe juste

    Il existe un grand secret, pourtant très ordinaire, qui concerne tous les hommes. Chacun le connaît, mais rares sont ceux qui prennent la peine d’y réfléchir. La plupart des gens l’acceptent tel quel, sans s’interroger. Ce secret, c’est le temps.

    On se sert de calendriers et de montres pour le mesurer, mais cela ne veut pas dire grand-chose : on sait bien qu’une heure peut durer une éternité ou un instant. Cela dépend de ce qu’on vit à ce moment-là. Car le temps, c’est la vie. Et la vie habite dans le cœur des hommes.

    Personne ne le savait mieux que les messieurs gris. Personne ne connaissait mieux la valeur d’une heure, d’une minute, et même d’une seule seconde de vie. À vrai dire, ils aimaient le temps comme une sangsue aime le sang, et ils agissaient en conséquence.

    Ils avaient leur plan, un plan à long terme, préparé avec soin.

    L’essentiel, c’était que nul ne remarque leurs activités. Ils s’étaient installés discrètement dans la vie de la grande ville et de ses habitants. Et petit à petit, sans que personne s’en aperçoive, ils progressaient et prenaient possession des hommes.

    Ils connaissaient ceux qui pouvaient favoriser leurs desseins bien avant que les intéressés en aient le moindre soupçon. Ils attendaient le bon moment pour s’emparer d’eux. Et ils s’arrangeaient pour que ce moment arrive.

    Il y avait par exemple M. Fusi, le coiffeur. Ce n’était pas un grand artiste de la coiffure, mais dans sa rue, il jouissait de l’estime générale. Il n’était ni riche ni pauvre. Il avait une petite boutique au centre-ville et employait un apprenti.

    Un jour, M. Fusi attendait le client sur le pas de sa porte. L’apprenti était en congé et M. Fusi était seul. Il regardait la pluie clapoter dans la rue. C’était une journée grise et, dans l’âme de M. Fusi, le temps était tout aussi couvert.

    « Ma vie s’écoule dans les cliquetis de ciseaux, les bavardages et la mousse de savon, se disait-il. Quel bénéfice est-ce que j’en retire ? Quand je serai mort, ce sera comme si je n’avais jamais existé. »

    En réalité, M. Fusi n’avait rien contre un brin de causette. Il adorait exposer ses idées et écouter ce que ses clients en pensaient. Et il n’avait rien contre les cliquetis de ciseaux et la mousse de savon. Son métier lui procurait beaucoup de plaisir et il savait qu’il le faisait bien. Lorsqu’il vous rasait sous le menton à rebrousse-poil, personne n’avait la main aussi légère. Mais il y a des moments où plus rien n’a de consistance. Cela arrive à tout le monde.

    « J’ai raté ma vie, songeait M. Fusi. Qui suis-je, en fin de compte ? Un petit coiffeur, voilà tout. Si j’avais accès à la vraie vie, je serais un autre homme. »

    Au fond, M. Fusi ne savait pas trop en quoi cette vraie vie pouvait consister. Il imaginait seulement quelque chose d’important, de luxueux comme on en voit dans les magazines.

    « Sauf que pour ça, il faudrait que mon travail me laisse du temps, se disait-il, morose. Pour la vraie vie, il faut être disponible. Moi, je suis prisonnier des cliquetis de ciseaux, des bavardages et de la mousse de savon. »

    À cet instant, une élégante voiture gris cendre vint s’arrêter juste devant la porte du salon de coiffure. Il en descendit un monsieur gris, qui entra dans la boutique. Il posa son porte-documents gris plomb sur la table devant le miroir, suspendit son chapeau rond et rigide au portemanteau, prit place dans le fauteuil, sortit son calepin et commença à le feuilleter tout en tirant des bouffées de son petit cigare gris.

    M. Fusi ferma la porte du magasin, car il lui semblait qu’un froid inhabituel régnait soudain dans la pièce.

    — En quoi puis-je vous aider ? demanda-t-il, troublé. Rasage ou coupe de cheveux ?

    Il se maudit aussitôt de son manque de tact car l’homme était chauve.

    — Ni l’un ni l’autre, répondit le monsieur gris sans sourire, d’une voix curieusement atone, pour ainsi dire cendrée. Je viens de la Caisse d’épargne du Temps. Je suis l’agent XYQ/384/b. Nous savons que vous voulez ouvrir un compte chez nous.

    — Première nouvelle, fit M. Fusi, encore plus troublé. Pour être franc, je ne savais même pas que cette institution existait.

    — Eh bien, maintenant, vous le savez, répliqua l’agent d’un ton brusque.

    Feuilletant son carnet, il poursuivit :

    — Vous êtes bien M. Fusi, le coiffeur ?

    — Tout à fait, c’est bien moi, répondit celui-ci.

    — Alors je suis à la bonne adresse, conclut le monsieur gris en refermant le calepin. Vous avez déposé une demande chez nous.

    — Comment ça ? interrogea M. Fusi, toujours surpris.

    — Voyez-vous, cher monsieur Fusi, dit l’agent, vous gâchez votre vie dans les cliquetis de ciseaux, les bavardages et la mousse de savon. Quand vous serez mort, ce sera comme si vous n’aviez jamais existé. Si vous aviez le temps de mener la vie que vous souhaitez, vous seriez un tout autre homme. Je me trompe ?

    — C’est justement ce à quoi je pensais, murmura M. Fusi et il frissonna car, malgré la porte fermée, le froid grandissait.

    — Vous voyez bien ! répliqua le monsieur gris en tirant avec satisfaction sur son petit cigare. Mais où prend-on le temps ? Il faut l’économiser ! Vous, monsieur Fusi, vous le gaspillez de manière totalement irresponsable. Je vais vous le prouver à l’aide d’un petit calcul. Une minute comporte soixante secondes. Et une heure soixante minutes. Vous me suivez ?

    — Parfaitement, dit M. Fusi.

    L’agent XYQ/384/b se mit à écrire les chiffres sur le miroir avec un crayon gris.

    — Soixante multiplié par soixante égale trois mille six cents. Une heure contient donc trois mille six cents secondes. Une journée comprend vingt-quatre heures, donc trois mille six cents par vingt-quatre, cela fait quatre-vingt-six mille quatre cents secondes par jour. Une année compte, comme on le sait, trois cent soixante-cinq jours. Ce qui fait, par conséquent, trente et un millions cinq cent trente-six mille secondes par an. Ou trois cent quinze millions trois cent soixante mille secondes sur dix ans. À combien estimez-vous la durée de votre vie, monsieur Fusi ?

    — Eh bien, bégaya celui-ci, tout désorienté, j’espère atteindre l’âge de soixante-dix ou quatre-vingts ans, si Dieu le veut.

    — Bon, poursuivit le monsieur gris, disons soixante-dix ans par précaution. Cela ferait donc trois cent quinze millions trois cent soixante mille par sept. Ce qui donne deux milliards deux cent sept millions cinq cent vingt mille secondes.

    Et il inscrivit ce nombre en grand sur le miroir :

    « 2 207 520 000 » secondes

    Il le souligna de plusieurs traits en expliquant :

    — Ceci, monsieur Fusi, est donc la fortune dont vous disposez.

    M. Fusi déglutit et se passa la main sur le front. Cette somme lui donnait le tournis. Il n’aurait jamais pensé être aussi riche.

    — Oui, dit l’agent en hochant la tête et en tirant de nouveau sur son cigare gris, c’est un chiffre

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