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    2. Momo
    3. Chapitre 6
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    chats, et beaucoup d’autres choses encore.

    Gigi rêvait de devenir riche et célèbre. Il habiterait dans une maison d’une beauté féerique, entourée d’un parc. Il mangerait dans des assiettes en or et dormirait sur des coussins de soie. Imaginant sa gloire future, il se voyait comme un soleil dont les rayons réchauffaient déjà sa pauvreté actuelle.

    — J’y arriverai ! s’écriait-il pendant que les autres riaient de ses rêves. Un jour, vous vous rappellerez mes paroles.

    Quant à savoir comment il comptait y arriver, lui-même n’aurait su le dire. Car il n’était ni travailleur ni persévérant.

    — Ce n’est pas sorcier, expliquait-il à Momo, n’importe qui peut s’enrichir en travaillant. Mais tu as vu la tête de ceux qui ont vendu leur âme pour un peu de confort matériel ! Non, ça, jamais ! Même si je n’ai pas toujours de quoi me payer un café, Gigi restera Gigi !

    Il pourrait sembler difficile à croire que deux personnes aussi différentes que Beppo Balayeur et Gigi Cicérone se soient liées d’amitié. Pourtant, c’était le cas. Bizarrement, le seul qui ne reprochait jamais à Gigi sa légèreté était le vieux Beppo. De même, le seul qui ne se moquait jamais de l’étrangeté de Beppo était Gigi.

    Peut-être était-ce dû à la manière dont Momo les écoutait tous deux.

    Aucun des trois ne soupçonnait qu’une ombre menaçait leur amitié, mais aussi toute la région. Or cette ombre grandissait, sombre et froide, et s’étendait déjà sur la grande ville. Silencieuse et invisible, elle progressait chaque jour sans rencontrer de résistance parce que personne ne s’en apercevait. D’où venait cette ombre ?

    Même le vieux Beppo, qui voyait plus de choses que les autres, ne remarquait pas les messieurs gris qui rôdaient dans la grande ville, en proie à une activité incessante. D’ailleurs, ils n’étaient pas invisibles. On les voyait, mais sans les voir. Ils avaient une manière inquiétante de passer inaperçus – soit on ne leur prêtait aucune attention, soit on les oubliait aussitôt. C’est justement parce qu’ils ne se cachaient pas qu’ils pouvaient travailler en secret. Et comme on n’avait pas conscience de leur présence, on ne se demandait pas d’où ils venaient – et d’où ils continuaient de venir car leur nombre grandissait chaque jour.

    Ils parcouraient les rues dans d’élégantes voitures grises, ils entraient dans toutes les maisons, fréquentaient tous les restaurants. Souvent, ils notaient quelque chose dans leurs petits calepins.

    Ces messieurs étaient entièrement vêtus de gris, d’un gris évoquant une toile d’araignée. Et leurs visages ressemblaient à de la cendre grise. Ils étaient coiffés de chapeaux ronds et rigides et fumaient de petits cigares couleur cendre. Ils avaient toujours avec eux un porte-documents gris plomb. Même Gigi Cicérone ne s’était pas aperçu qu’à plusieurs reprises certains de ces hommes gris avaient visité le voisinage de l’amphithéâtre, écrivant toutes sortes de choses dans leurs carnets.

    Seule Momo les avait observés, un soir où leurs silhouettes sombres étaient apparues au sommet de la ruine. Ils s’étaient fait des signes, après quoi ils avaient rapproché leurs têtes comme pour se consulter. On n’entendait rien, mais Momo s’était soudain sentie glacée comme jamais. Elle s’était enveloppée plus étroitement dans sa grande veste, sans pourtant parvenir à se réchauffer, car il ne s’agissait pas d’un froid normal.

    Ensuite, les messieurs gris étaient repartis et elle ne les avait plus revus.

    Ce soir-là, Momo n’avait pas entendu la musique douce et puissante. Mais le lendemain, la vie avait repris son cours habituel et Momo ne s’était plus souciée des étranges visiteurs. Elle aussi les avait oubliés.

    Chapitre 5

    Des histoires pour tous

    et des histoires pour Momo

    Peu à peu, Momo était devenue indispensable à Gigi Cicérone. Ce garçon léger et inconstant s’était pris d’un amour profond pour la fillette ébouriffée et, s’il n’avait tenu qu’à lui, il l’aurait emmenée partout.

    Comme nous l’avons déjà dit, c’était un conteur passionné. Or, il sentait justement qu’une transformation s’était opérée en lui. Avant, il manquait parfois d’idées, se répétait ou s’inspirait de films et de lectures. Ses histoires allaient à pied en quelque sorte mais, depuis qu’il avait rencontré Momo, elles avaient des ailes. Quand Momo était là pour l’écouter, l’imagination de Gigi fleurissait comme une prairie au printemps. Enfants et adultes se pressaient autour de lui. Désormais, il était capable de se lancer dans des récits qui duraient des jours et des semaines, ses idées ne tarissaient pas. D’ailleurs, il s’écoutait lui-même avec curiosité, car il ne savait absolument pas où sa fantaisie le conduirait.

    Un jour que des touristes venaient visiter l’amphithéâtre (Momo était assise un peu à l’écart, sur les gradins), il commença en ces termes :

    « Très honorable public ! Comme vous le savez sans aucun doute, l’impératrice Irritantia Augustina menait d’innombrables guerres pour défendre son royaume contre les attaques perpétuelles du peuple des Trembleurs et Trouillards.

    Un jour qu’elle les avait encore vaincus, elle se montra si furieuse d’avoir sans cesse à se battre qu’elle menaça d’exterminer hommes et bêtes si leur roi Xaxotraxolus ne lui livrait pas son cyprin doré, communément appelé poisson rouge.

    À l’époque, mesdames et messieurs, le poisson rouge était inconnu dans cette contrée. Mais l’impératrice Irritantia avait appris par un voyageur que le roi Xaxotraxolus possédait un petit poisson qui se transformerait en or pur à l’âge adulte. Elle voulait absolument se procurer cette curiosité.

    Le roi Xaxotraxolus en rit secrètement. Il cacha le poisson rouge sous son lit. À la place, il fit porter à l’impératrice un baleineau dans une soupière ornée de pierreries.

    L’impératrice fut surprise de découvrir que l’animal n’était pas aussi petit qu’elle l’avait imaginé. Mais elle se dit que plus il était grand, mieux cela valait, car il n’en produirait que davantage d’or. En constatant que le poisson ne montrait pas le moindre éclat doré, elle s’inquiéta. Cependant, l’envoyé du roi Xaxotraxolus lui expliqua qu’il ne se changerait en or qu’à l’âge adulte, pas avant. Il ne fallait donc surtout pas contrarier son développement. L’impératrice Irritantia en prit son parti.

    Le jeune poisson grandissait de jour en jour et consommait une quantité invraisemblable de nourriture. Comme l’impératrice n’était pas dans le besoin, elle lui en donnait autant qu’il pouvait en avaler. Il devint gros et gras et, bientôt, la soupière fut trop petite pour lui.

    “Plus il est grand, mieux c’est”, déclara l’impératrice Irritantia, et elle le fit installer dans sa baignoire. Rapidement, celle-ci fut aussi trop exiguë. L’animal n’arrêtait pas de grandir. On le transporta alors dans la piscine impériale. Ce fut une opération assez compliquée, étant donné que le poisson avait déjà le poids d’un bœuf. Un des esclaves commis à son transport glissa. L’impératrice ordonna aussitôt qu’on jette le malheureux aux lions, car le poisson était devenu son bien le plus précieux.

    Chaque jour, elle passait des heures au bord de la piscine à le regarder. Elle ne pensait plus qu’à l’or. Comme elle vivait dans un luxe inouï, il lui en fallait toujours davantage.

    “Plus il est grand, mieux c’est”, ne cessait-elle de marmonner. Cette phrase fut érigée en maxime et inscrite en lettres d’airain sur tous les bâtiments officiels.

    Mais au bout d’un certain temps, le poisson se trouva également à l’étroit dans la piscine impériale. Irritantia fit alors construire le bâtiment dont vous voyez les ruines devant vous, mesdames et messieurs. C’était un gigantesque aquarium circulaire, rempli d’eau à ras bord, où le poisson pouvait enfin prendre ses aises.

    Désormais, l’impératrice en personne restait nuit et jour à cet endroit, là-bas, pour surveiller le poisson géant. Elle ne faisait plus confiance à personne, ni à ses esclaves, ni à ses proches, et craignait qu’on lui vole l’animal. Elle maigrissait de peur et d’inquiétude, incapable de fermer l’œil, et observait la baleine qui s’ébattait joyeusement et ne songeait pas un instant à se changer en or. Irritantia se mit à négliger les affaires de l’État. Ce qui arrangeait bien les Trembleurs et Trouillards. Sous le commandement de Xaxotraxolus, ils entreprirent une dernière expédition guerrière et conquirent le royaume en un tour de main. Ils ne rencontrèrent pas le moindre soldat. Quant au peuple, il se fichait de savoir qui le gouvernait.

    Lorsque l’impératrice Irritantia apprit ce qui s’était passé, elle prononça cette phrase célèbre : “Malheur à moi ! Oh, si seulement…” La suite, hélas, n’est pas connue. Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’elle se précipita dans l’aquarium et se noya près du poisson qui avait été le tombeau de tous ses espoirs. Pour fêter sa victoire, le roi Xaxotraxolus fit abattre la baleine et, pendant huit jours, le peuple eut du filet de poisson à manger. Cette histoire montre, mesdames et messieurs, jusqu’où peut conduire la crédulité. »

    Sur ces mots, Gigi conclut la visite guidée. Ses auditeurs, très impressionnés, contemplaient la ruine avec un respect craintif. Seul l’un d’eux, qui se montrait méfiant, demanda :

    — Et quand tout ça est-il censé avoir eu lieu ?

    Mais Gigi n’était jamais à court de réponses :

    — Comme chacun sait, l’impératrice Irritantia était contemporaine du célèbre philosophe Noiosius le Vieux.

    Bien sûr, le sceptique ne voulait pas avouer qu’il n’avait aucune idée de l’époque à laquelle avait vécu le célèbre philosophe Noiosius le Vieux. Il se contenta donc de dire :

    — Aha, merci beaucoup.

    Tous les visiteurs étaient ravis. Ils affirmèrent que la visite avait été très instructive et que, jusqu’alors, personne ne leur avait présenté les temps anciens de manière aussi détaillée et intéressante. Gigi tendit modestement sa casquette, et les gens furent aussi généreux qu’ils étaient satisfaits. Même le sceptique jeta quelques pièces.

    Depuis que Momo était là, Gigi ne racontait plus deux fois la même histoire. Cela lui aurait paru trop ennuyeux. Quand Momo se trouvait parmi les auditeurs, c’était comme si une vanne s’ouvrait en lui : des idées nouvelles ne cessaient de jaillir sans qu’il

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