▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
Recherche avancée
Sign in Sign up
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
    Sign in Sign up
    1. Home
    2. Momo
    3. Chapitre 5
    Prev
    Next

    Je suis fier de vous.

    — Je crois, dit la fillette qui était venue avec son petit frère, qu’il a vraiment plu. En tout cas, je suis trempée.

    Effectivement, l’orage avait éclaté pendant qu’ils jouaient. La fillette fut surprise, car elle n’avait pas du tout eu peur des éclairs et du tonnerre quand elle se trouvait sur le navire d’acier.

    Ils parlèrent encore un moment de leurs aventures, se racontant les choses qu’ils avaient vécues. Puis ils se séparèrent pour rentrer chez eux et se sécher.

    Seul un des enfants n’était pas entièrement satisfait du dénouement du jeu. C’était le garçon aux lunettes. En prenant congé de Momo, il lui dit :

    — C’est vraiment dommage que nous ayons coulé le Choum-Choum Caoutchoulasticum. Le dernier spécimen vivant ! J’aurais tellement voulu l’étudier de plus près.

    Mais il y avait un point sur lequel tous s’accordaient : on ne jouait jamais aussi bien que lorsque Momo était là.

    Chapitre 4

    Un vieil homme taciturne

    et un jeune homme bavard

    On peut avoir beaucoup d’amis, mais ceux qui vous sont vraiment proches, ceux que vous aimez le plus sont en général peu nombreux. C’était aussi le cas pour Momo.

    Elle avait deux grands amis, qui venaient la voir chaque jour et partageaient avec elle tout ce qu’ils avaient. L’un était jeune, l’autre vieux. Et Momo n’aurait su dire lequel elle préférait.

    Le vieux s’appelait Beppo Balayeur. En réalité, il avait sûrement un autre nom mais, comme il était balayeur de profession et que tout le monde l’appelait comme ça, il en avait lui aussi pris l’habitude.

    Beppo Balayeur vivait à proximité de l’amphithéâtre, dans une cabane qu’il avait construite à l’aide de briques, de morceaux de tôle ondulée et de carton bitumé. Il était très petit et marchait de plus toujours un peu voûté, si bien qu’il avait presque la même taille que Momo. Sa grande tête hérissée de courts cheveux blancs était toujours légèrement inclinée de côté, et son nez supportait de petites lunettes.

    Certains pensaient que Beppo avait l’esprit dérangé. Lorsqu’on lui posait une question, en effet, il souriait d’un air aimable mais ne répondait pas. Il réfléchissait. Et quand il jugeait qu’il était inutile de dire quoi que ce soit, il se taisait. Mais, dans le cas contraire, il réfléchissait. Il pouvait s’écouler deux heures, parfois même un jour entier avant qu’il ne donne une réponse. Entre-temps, son interlocuteur avait oublié sa question, de sorte que les paroles de Beppo lui paraissaient bizarres.

    Seule Momo était capable d’attendre et de comprendre ce qu’il disait. Elle savait qu’il prenait son temps pour éviter de raconter des choses fausses. Car Beppo pensait que tous les maux de ce monde résultaient des nombreux mensonges, intentionnels ou involontaires, qui étaient dus à la hâte ou à l’imprécision.

    Chaque matin, bien avant le lever du jour, il prenait son vieux vélo grinçant et se rendait en ville, dans un grand bâtiment. Là, il attendait dans une cour avec ses collègues qu’on lui donne un balai, une brouette, et qu’on lui attribue une rue à nettoyer.

    Beppo aimait ces heures précédant l’aube, où la ville dormait encore. Il accomplissait son travail avec plaisir et minutie, car il savait que c’était un travail nécessaire.

    Quand il balayait les rues, il le faisait lentement mais de façon continue : à chaque pas une respiration, à chaque respiration un coup de balai.

    Pas – respiration – coup de balai. Pas – respiration – coup de balai. De temps à autre, il s’immobilisait, songeur. Puis il reprenait : pas – respiration – coup de balai.

    Tandis qu’il se déplaçait ainsi, avec devant lui la rue sale, derrière, la rue propre, il lui venait souvent de grandes pensées. Mais c’étaient des pensées sans mots, des pensées qui se laissaient aussi difficilement exprimer qu’un parfum dont on se souvient à peine, ou qu’une couleur dont on a rêvé. Après le travail, quand il était assis avec Momo, il lui faisait part de ses réflexions. Et comme la fillette avait sa manière à elle d’écouter, la langue de Beppo se déliait et il trouvait les mots justes.

    — Tu vois, Momo, expliquait-il par exemple, parfois, on a devant soi une rue très longue. On se dit : elle est terriblement longue, je n’y arriverai jamais.

    Il observait un instant de silence puis reprenait :

    — Alors on commence à se dépêcher. Et on va de plus en plus vite. Chaque fois qu’on lève les yeux, on s’aperçoit que la distance n’a pas diminué. On se donne encore plus de mal, on prend peur et, à la fin, on est essoufflé, épuisé. Et la rue est toujours là… Ce n’est pas comme ça qu’il faut faire.

    Il réfléchissait, et continuait :

    — Il ne faut jamais penser à la rue dans sa totalité, tu comprends ? On ne doit voir que le pas suivant, la respiration suivante, le coup de balai suivant. Juste ce qui vient immédiatement après.

    Nouvelle interruption, puis il ajoutait :

    — Alors c’est agréable. C’est important, ça permet de bien faire son travail. C’est comme ça que ça doit être.

    Et après une grande pause :

    — Tout d’un coup, on s’aperçoit que, pas à pas, on a fait toute la rue, on ne sait pas comment, et sans être essoufflé.

    Il hochait la tête et concluait :

    — C’est important.

    Une fois, il arriva, s’assit sans rien dire près de Momo. La fillette vit qu’il réfléchissait et qu’il avait quelque chose de très particulier à lui communiquer.

    Brusquement, il la regarda dans les yeux :

    — Je nous ai reconnus.

    Il attendit longtemps avant de reprendre à voix basse :

    — Ça arrive parfois, à midi, quand tout dort dans la chaleur. Alors le monde devient transparent. Comme une rivière, tu comprends ? On voit le fond.

    Il hocha la tête, se tut, puis continua à voix encore plus basse :

    — Tout au fond, il y a d’autres temps.

    Il réfléchit de nouveau longuement, cherchant les mots justes. Mais il n’eut pas l’air de les trouver car il expliqua soudain, sur un ton parfaitement normal :

    — Aujourd’hui, je balayais près du vieux rempart. Dans le mur, il y a cinq pierres qui sont d’une couleur différente. Tu comprends ?

    Et du doigt, il dessina un grand « T » dans la poussière. Il le contempla, la tête inclinée, puis chuchota :

    — Je les ai reconnues, les pierres.

    Il poursuivit avec hésitation :

    — C’étaient les temps d’autrefois, quand on construisait le mur. Beaucoup de gens y travaillaient. Mais il y en a deux qui ont mis ces pierres dans le mur. C’était un signe, tu vois ? Et je l’ai reconnu.

    Il se passa la main sur les yeux. Ce qu’il avait à dire semblait lui coûter beaucoup d’efforts :

    — Ils avaient l’air différents, tous les deux, très différents.

    Et pour finir, d’un ton sans réplique et presque coléreux :

    — Mais je nous ai reconnus, toi et moi. Je nous ai reconnus.

    On ne peut pas en vouloir aux gens s’ils souriaient en entendant Beppo Balayeur parler de la sorte, et certains levaient les yeux au ciel derrière son dos. Mais Momo l’aimait et conservait ses paroles dans son cœur.

    L’autre grand ami de Momo était jeune et en tous points différent de Beppo Balayeur. C’était un beau garçon aux yeux rêveurs, mais à la langue incroyablement bien pendue. Il avait toujours mille blagues à raconter, il débordait d’idées saugrenues, et riait avec tant d’insouciance qu’on ne pouvait s’empêcher de l’imiter. Il s’appelait Girolamo, mais on le surnommait Gigi.

    Comme nous avons donné au vieux Beppo le nom de sa profession, nous ferons de même pour Gigi bien qu’il n’eût pas vraiment de métier. Mais parmi les activités qu’il exerçait à l’occasion, il y avait celle de guide, de « cicérone ». Appelons-le donc Gigi Cicérone.

    La seule chose qui le prédisposait à cela, c’était sa casquette : il la mettait dès que des voyageurs s’égaraient dans la région. S’approchant d’eux avec un air sérieux, il proposait de leur faire visiter le coin et de leur fournir toutes les explications nécessaires. Si les étrangers acceptaient, il démarrait illico en leur racontant des histoires extravagantes. Il jonglait avec des événements, des noms et des dates de son invention jusqu’à embrouiller complètement ses malheureux auditeurs. Certains s’en rendaient compte et coupaient court avec irritation. Mais la plupart prenaient ses récits pour argent comptant – et payaient Gigi en conséquence lorsque celui-ci faisait passer sa casquette à la fin de la visite.

    Les gens du voisinage riaient de ses trouvailles, tout en fronçant parfois les sourcils, estimant qu’on n’avait pas à réclamer d’argent pour des histoires qui étaient de l’invention pure et simple.

    — Pourtant, c’est ce que font tous les écrivains, répondait alors Gigi. Les gens en ont pour leur argent, je vous assure qu’on leur donne exactement ce qu’ils veulent. Et puis, quelle importance que l’histoire se trouve ou non dans un livre sérieux ? D’ailleurs, qui vous dit que ce qu’on lit dans ces livres n’a pas été inventé ?

    D’autres fois, il répliquait :

    — Qu’est-ce que ça signifie, « vrai » ou « pas vrai » ? Qui peut savoir ce qui s’est passé ici il y a mille ou deux mille ans ? Vous peut-être ?

    — Non, admettaient ses interlocuteurs.

    — Vous voyez ! s’exclamait Gigi. Alors comment pouvez-vous affirmer que mes histoires ne sont pas vraies ? Les choses ont très bien pu se dérouler comme ça. Et alors, j’aurais dit la pure vérité.

    Il était difficile de trouver quoi répondre à cela. Avec ce beau parleur de Gigi, il fallait se lever tôt.

    Malheureusement, les touristes qui voulaient visiter l’amphithéâtre étaient rares et Gigi était souvent obligé d’exercer d’autres métiers. Selon les besoins, il était gardien de parking, témoin de mariage, promeneur de chien, porteur de lettres d’amour, accompagnateur d’obsèques, marchand de souvenirs, vendeur de nourriture pour

    Prev
    Next
    SHARE THIS MANGA
    Share on Facebook Share
    0
    Share on TwitterTweet
    Share on Pinterest Share
    0
    Share on LinkedIn Share
    Share on Digg Share
    0
    Total Shares

    YOU MAY ALSO LIKE

    L’Histoire sans fin – Michael Ende
    L’Histoire sans fin
    August 17, 2020
    La Satanormaleficassassinfernale potion du professeur Laboulette – Michael Ende
    La Satanormaléficassassinfernale potion du professeur Laboulette
    August 17, 2020
    La cite des dragons – Michael Ende
    La cité des dragons
    August 17, 2020
    Tags:
    Classique, Fantaisie, Fiction, Jeunesse, Les enfants
    • Privacy Policy
    • ABOUT US
    • Contact Us
    • Copyright
    • DMCA Notice

    © 2020 Copyright par l'auteur des livres. Tous les droits sont réservés.

    Sign in

    Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Sign Up

    Register For This Site.

    Log in | Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Lost your password?

    Please enter your username or email address. You will receive a link to create a new password via email.

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!